- Le livre autobiographique, publié au début de mars 2022, retrace la vie de Stany Nyandwi et raconte les relations qu’il a établies avec les chimpanzés.
- L’auteur, qui a fui le Burundi dans les années 90, est perçu par certains comme Adrien Deschryver, cofondateur du Parc national de Kahuzi-Biega en République démocratique du Congo. Selon plusieurs, ce dernier communiquait facilement avec des gorilles dans ce parc de plus de 600 000 hectares.
- Ce livre raconte le témoignage de Stany Nyandwi, rescapé du génocide du Burundi qui a décimé une grande partie de sa famille. Il décrit comment sa foi en Dieu, les chimpanzés et leurs amis l’ont sauvé.
- Stany Nyandwi appelle au monde entier à la protection du bassin du Congo, un bassin qui représente selon lui un poumon de l’humanité après celui de l’Amazonie. C’est aussi dans ce poumons que vivent pas mal de chimpanzés selon l’activiste.
Paru aux éditions Arcade Publishing aux États-Unis, le livre de Stany Nyandwi retrace l’itinéraire d’un homme exceptionnel qui a le don de communiquer avec les chimpanzés. Après avoir quitté le Burundi, il s’est rendu en Ouganda puis en Afrique du Sud où il travaille actuellement.
L’ouvrage intitulé The Chimpanzee Whisperer (celui qui sait parler aux chimpanzés) est signé par Stany Nyandwi qui a été assisté par David Blisset.
Le qualificatif « chimpanzee whisperer » a été attribué à l’auteur par Jane Goodall et par d’autres qui ont compris qu’il avait « une façon unique de communiquer et de comprendre les chimpanzés ».
C’est ce qu’affirme Stany Nyandwi originaire de Mutambu, dans la province de Bujumbura, non loin de Bujumbura, capitale économique du pays. Ce rescapé des massacres qui ont suivi l’assassinat du président Ndadaye Melchior en 1993, deux mois seulement après la prestation de son serment à titre de premier président élu démocratiquement au Burundi, travaille actuellement en Ouganda et en Afrique du Sud.
S’il a perdu une grande partie de sa famille pendant la guerre civile, il n’a pourtant pas renoncé à faire preuve de courage et n’a pas perdu cette facilité à communiquer avec les primates acquise lorsqu’il travaillait dans un musée en gestation au Burundi. Cette capacité de communication lui a valu le surnom de « chimpanzee whisperer », c’est-à-dire celui qui sait parler aux chimpanzés, d’où il tient le titre de son livre.
Dans la culture burundaise, Nyandwi est le nom donné au septième enfant d’une fratrie. Bien qu’il fût né dans une fratrie élargie, une grande partie de sa famille a été touchée par la guerre civile.
Un livre et son contenu
Après avoir côtoyé les chimpanzés pendant plus de trois décennies, Nyandwi a noué avec eux des relations solides et réciproques Que ce soit au Burundi en Ouganda ou en Afrique du Sud où il vit actuellement, Nyandwi raconte sa vie passée au milieu des primates.
« Pendant plus de trente-trois ans, je me suis efforcé de sauver les chimpanzés, les créatures qui nous ressemblent le plus. Mon histoire concerne les chimpanzés et bien plus encore. Dans ma vie, il y a eu l’aventure et le danger, le sang et le feu, l’amour et la perte », raconte-t-il.
« J’ai voyagé à travers l’Afrique et dans le monde. Mon histoire est celle de la survie et de la confiance. La confiance des autres êtres humains, qui m’a parfois fait défaut, et mon amour pour mes amis les chimpanzés et leur amour pour moi, qui m’a permis de survivre lorsque les humains ont faibli ».
Après avoir connu les affres de la guerre civile, Nyandwi dit avoir vu son moral remonter grâce aux chimpanzés.
À dix-neuf ans, il se chargeait des travaux ménagers d’une famille aisée de Bujumbura, capitale économique du Burundi.
L’aventure ne s’est pas arrêtée là. « Avant l’âge de dix-neuf ans, j’ai fait des petits boulots comme garçon de maison puis je suis devenu jardinier à l’Institut Jane Goodall, où j’ai rencontré les chimpanzés pour la première fois. Depuis lors, je consacre ma vie à leur conservation », dit-il d’un air joyeux.
« Il s’agit avant tout de l’amour inconditionnel que nous devons tous avoir les uns pour les autres, pour les animaux et pour notre planète. »
Sauvé par Dieu et les chimpanzés en pleine crise
« J’ai dû fuir le Burundi pendant la guerre avec un groupe de chimpanzés », se souvient l’homme dont le sourire ne fait jamais défaut.
Deux collègues, Debby Cox et Ally Wood, ainsi que l’Institut Jane Goodall, lui ont sauvé la vie de même que celle des chimpanzés. Ce sont des noms, selon lui, qui ne s’effaceront jamais de son cerveau car ces sont des noms de ceux qui, au milieu de la crise, lui ont sauvé la vie.
De confession chrétienne, il remet sa vie aujourd’hui « à la grâce de Dieu » qui a mis sur son passage des amis comme Cox, Wood et l’Institut Jane Goodall et celui qui l’a assisté dans la réalisation de son livre, David Blisset sans oublier bien sûr Jane Godall elle-même. Il remercie aussi tous ceux qui l’ont aidé à publier son ouvrage.
Il estime que n’eût été sa proximité avec les chimpanzés et son travail à Bujumbura, il aurait été tué comme la plupart des membres de sa famille de Mutambu ou aurait péri dans les rues de Bujumbura.
Nyandwi et l’Institut Jane Gooddall ont quitté Bujumbura avec un groupe de chimpanzés transférés au Kenya par la suite. Comme d’autres Burundais, il espère pouvoir rapatrier ces animaux qui aideraient le Burundi à profiter d’un tourisme bien organisé.
« J’ai aidé à sauver ce groupe de chimpanzés et j’ai fini par rester avec eux au Kenya pendant la guerre. Ils sont devenus ma deuxième famille et m’ont aidé à traverser cette période difficile. À cause de la guerre, je n’ai pas pu retourner au Burundi pendant plus de quatre ans. Je ne savais même pas si ma famille était vivante ou non », ajoute-t-il.
Plusieurs membres de sa famille élargie sont morts pendant la guerre. Heureusement, sa femme et ses enfants ont survécu et l’ont rejoint plus tard.
L’auteur de The Chimpanzee Whisperer craint pour la survie des chimpanzés dans les jours ou années à venir.
« Maintenant, la situation est alarmante », déplore-t-il, ajoutant que le non-respect des forêts et le braconnage forcent la disparition des animaux, surtout des gorilles.
« À ce rythme, ils disparaîtront si nous n’agissons pas rapidement. Nous devons protéger leurs forêts. Nous devons arrêter d’y braconner et nous devons apprendre à nos enfants à les respecter et à les préserver ».
Préserver le bassin du Congo, l’un des poumons de l’humanité
Nyandwi appelle à la protection du bassin du Congo et, surtout, des espaces abritant les chimpanzés comme les parcs nationaux du Burundi et de la République démocratique du Congo. Il précise que les chimpanzés sont présents dans presque toutes les forêts d’Afrique centrale ou du bassin du Congo.
« L’Afrique a la chance de posséder les forêts du bassin du Congo qui sont considérées par beaucoup comme le deuxième poumon de l’humanité », insiste-t-il.
« Nous devons réaliser qu’en abattant la forêt, nous tuons lentement l’humanité. Le plus gros problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est de penser que quelqu’un d’autre agira à notre place. Chacun doit lutter contre l’exploitation forestière, lutter contre la corruption, travailler pour sauver la forêt et, ce faisant, nous sauver nous-mêmes. ». Et nos amis les primates.