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RDC : Un nouveau rapport révèle les violences infligées aux villageois autochtones par les gardes forestiers dans le parc aux gorilles

  • Selon un nouveau rapport d’enquête de Minority Rights Group (MRG), 20 membres de la communauté autochtone batwa ont été tués, 15 femmes ont été violées et 2 enfants ont été brûlés vifs par des gardes forestiers et des militaires au sein du parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), refuge du gorille des plaines orientales en danger d’extinction.
  • Les analystes du rapport, qui ont recueilli des preuves auprès de témoins oculaires et des gardes du parc impliqués dans les attaques, indiquent que les agences gouvernementales allemandes et américaines et la Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society en anglais, WCS) ont continué de fournir un soutien paramilitaire aux gardes forestiers tout en ayant connaissance de ces crimes commis entre 2019 et 2021.
  • La WCS réfute toutes les accusations émises à son encontre, niant toute implication dans les opérations militaires. Lors d’une rencontre avec l’agence gouvernementale en charge de la gestion du parc en février dernier, le journal du PNKB a lui aussi nié des accusations de violences similaires.
  • Des agences gouvernementales et un secrétaire de cabinet allemands ont appelé à la conduite d’une enquête indépendante, mais pour le MRG, il ne s’agit que de la « partie émergée de l’iceberg ». D’après certaines sources, une autre enquête serait en cours.

Un nouveau rapport d’enquête dénonce de manière détaillée les violations des droits humains commises à l’encontre du peuple autochtone batwa entre 2019 et 2021 au sein du parc national de Kahuzi-Biega (PNKB), dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Le rapport publié par l’organisation non gouvernementale (ONG) Minority Rights Group (MRG) début avril révèle que 20 Batwa ont été tués, 15 femmes batwa ont été violées et 2 enfants ont été brûlés vifs par les gardes du parc.

Les enquêteurs de MRG, dirigés par le journaliste Robert Flummerfelt, ont passé neuf mois, d’octobre 2020 à décembre 2021, à interroger les témoins des violences, les parents de ceux qui auraient été tués, et des Batwa détenus dans la province du Sud-Kivu. Ils se sont également entretenus avec les militaires et les gardes du parc qui ont décrit leur participation à ces actes de violence organisés à grande échelle. Le MRG a découvert que ces violences avaient été exercées pour chasser la communauté batwa de ses terres ancestrales situées à l’intérieur de l’aire protégée.

Shell casings from the rifles used by park guards and soldiers left behind at a village that was destroyed in the July 2021 attacks.
Des douilles qui auraient été utilisées par les gardes du parc et les militaires dans un village détruit par les attaques de juillet 2021, selon le rapport de MRG. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

D’après l’enquête, les donateurs internationaux du PNKB, tels que les agences gouvernementales américaines et allemandes et l’ONG Société pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society en anglais, WCS), ont été informés de l’escalade de la violence, mais ont tout de même continué de fournir des formations et du matériel militaire à l’unité spécifique des gardes du parc responsable de ces crimes. Ce soutien représente une violation à l’embargo sur les armes imposé en RDC par le Conseil de sécurité des Nations Unies. La WCS a nié les accusations émises à son encontre.

Le journal du PNKB a lui aussi nié des accusations similaires émises en décembre dernier à l’encontre des gardes du parc.

Le PNKB, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est le sanctuaire des derniers gorilles des plaines orientales (Gorilla beringei graueri) et de 136 espèces de mammifères protégées par le parc. Il a également été le théâtre de nombreux actes de violence envers la communauté batwa dans les années 1970, lorsque 6 000 Batwa avaient été chassés de leurs terres ancestrales pour créer le parc. Tout ceci a mobilisé l’attention des organisations de droits humains qui reconnaissent ici un symbole de « conservation forteresse ».

Le rapport « purger la forêt par la force » dénonce de manière détaillée les trois vagues d’attaques violentes menées dans le territoire de Kalehe, à l’est de la RDC, de juillet 2019 à décembre 2021. Des centaines de personnes auraient été déplacées et laissées sans terres. Mongabay a couvert l’un de ces rapports en décembre 2021.

Map of Kahuzi-Biega National Park. Image courtesy of Mongabay.
Carte du parc national de Kahuzi-Biega. Image de Mongabay.

« Les gardes du parc et les soldats de l’armée ont incendié des villages entiers, utilisé des armes lourdes telles que des mortiers et des grenades propulsées par roquettes pour bombarder les villages », indique le rapport.

Le rapport a révélé que les gardes et les militaires avaient tiré sans distinction sur des civils non armés, qu’ils les avaient tués, mutilés et avaient ensuite brandi des parties de leurs corps tels des trophées, et soumis des dizaines de femmes batwa, dont une jeune fille de 17 ans, à des viols collectifs sous la menace d’une arme. Ces informations ont été rapportées et décrites par des témoins oculaires.

Selon le MRG, une enquête « mixte et indépendante » sur les accusations de violations des droits humains au sein du parc aurait été commandée par la direction de la cellule chargée des droits humains auprès de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) – l’agence gouvernementale de la RDC en charge de la gestion du parc national de Kahuzi-Biega.

Mongabay a tenté de joindre l’ICCN pour obtenir ses commentaires, mais aucune réponse n’avait été reçue au moment de la publication de cet article.

Vincent Imbongo, directeur général adjoint de l’ICCN, s’est rendu au PNKB en février dernier pour rencontrer les groupes autochtones et les organisations de la société civile. Sa délégation se composait d’un conseiller juridique, du directeur de la coopération internationale, du conseiller de la vice-Première ministre et ministre de l’Environnement.

Paysage du parc national de Kahuzi-Biega. Image d’Andrew Kirkby/WCS pour Mongabay.

Un compte-rendu de sa visite sur le site Internet du PNKB indique qu’aucun incident majeur impliquant des gardes ou des militaires dans les violences émises à l’encontre des groupes autochtones ces trois dernières années ne lui avait été signalé.

« En revanche », indique le journal du parc, « les groupes autochtones ont expliqué qu’ils étaient régulièrement sollicités par quelques ONG, en mal de financements étrangers, afin de les retourner contre le PNKB et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) au nom du respect des droits humains ».

En réponse aux rapports du mois de décembre faisant état des violences, le site Internet du parc a révélé qu’une association de malfaiteurs avait commis des actes atroces dans la ville environnante de Bukavu et que ces derniers s’étaient retirés dans le parc. Les gardes les ont repérés et ont alerté les autorités ; une décision a été prise à Kinshasa pour trouver et arrêter les assaillants. Il ne s’agissait en aucun cas d’une attaque sur les résidents autochtones, selon le journal du PNKB, qui a ajouté qu’aucun Batwa ne vivait plus au sein du parc depuis 2018.

D’après le site, Vincent Imbongo aurait promis de surveiller les accusations contre le PNKB et les aires protégées, ainsi que de mettre un terme aux actions viles des ONG hostiles.

Plongée au fin fond de l’enquête

L’équipe d’analystes de MRG a obtenu des preuves sur le décès d’au moins 20 membres de la communauté batwa et sur le viol d’au moins 15 femmes batwa en lien avec la campagne d’expulsion forcée menée depuis trois ans.

« Nous vivons dans la forêt. Lorsqu’ils nous attaquent, ils nous violent », a déclaré l’une des femmes qui a demandé à rester anonyme et a été témoin oculaire du rapport. « Ceux d’entre nous qui vont mourir, vont mourir, mais la forêt est l’endroit où nous resterons. »

A screenshot from a video, taken by a Mutwa community member, in which Batwa homes were burnt by park guards.
Des habitations brûlées par les gardes du parc sur une capture d’écran d’une vidéo prise par un membre de la communauté batwa. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

Les données du rapport ont été recueillies par le biais d’entretiens semi-structurés conduits en kiswahili, kinyarwanda et lingala, les langues communément parlées dans la région. Ces entretiens se sont tenus dans 19 villages et villes au sein du PNKB et dans ses environs. Les enquêtes ont débuté en 2020 et se sont achevées en décembre 2021, soit une durée totale de neuf mois.

Parmi les personnes interrogées figuraient des témoins oculaires des violences commises au sein du parc, des individus blessés ou violés dans les attaques, des parents de personnes tuées et des membres de la communauté batwa actuellement détenus dans un grand centre de détention dans la province du Sud-Kivu.

Parmi les autres personnes interrogées, se trouvaient des soldats et des gardes du parc qui avaient affirmé avoir participé aux actes de violence organisés à grande échelle à l’intérieur du PNKB, des sources des Nations Unies, des acteurs de la société civile basés à Bukavu et des chercheurs qui avaient travaillé au sein du PNKB.

L’équipe d’analystes a mené des discussions en groupes avec les batwa ainsi qu’avec les membres d’autres communautés locales. Le rapport indique qu’ils ont cherché à corroborer les déclarations des communautés batwa et d’autres sources en compilant les preuves physiques des violences perpétrées au sein du PNKB avec les rapports des recherches menées précédemment par les organisations de la société civile.

The gravesite of one of several Batwa community members killed in the attacks targeting Batwa villages at the end of 2021. Arguing to eyewitnesses, in the attacks at least four civilians were killed, including two children who were burnt alive. Batwa women also described being subjected to group rape by park guards and soldiers.
Tombe de l’un des plusieurs membres de la communauté batwa tués dans les attaques des villages batwa fin 2021. Selon les témoins oculaires, au moins quatre civils ont été tués dans ces attaques, dont deux enfants brûlés vifs. Des femmes batwa ont également rapporté avoir été soumises à des viols collectifs par les gardes du parc et les soldats. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

« Nous assistons à une politique de violence d’État visant à terroriser une communauté autochtone, déjà fortement marginalisée, pour qu’elle quitte un parc qui a été créé sur ses terres ancestrales », a déclaré Agnes Kabajuni, directrice régionale Afrique de MRG.

Parmi les agences apportant un soutien financier au parc, figurent la WCS, l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development en anglais, USAID), la Banque allemande de développement, la KfW, et l’Agence allemande de coopération internationale pour le développement, la GIZ.

L’enquête de MRG a par ailleurs révélé l’existence d’une unité spécifique de gardes du parc responsable de ces actes de violence. Selon le rapport, cette unité aurait offert des formations et fourni des équipements paramilitaires à diverses périodes entre 2015 et 2021 avec le soutien de certains partenaires internationaux, en violation à l’embargo sur les armes imposé en RDC par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

La WCS, GFA Consulting Group et Maisha Group Limited sont les partenaires qui auraient fourni les formations et les équipements aux gardes sous couvert de projets de biodiversité financés par les gouvernements allemand et américain.

Si la WCS et certaines agences américaines et allemandes n’ont pas ordonné les attaques, elles ont été informées par écrit en mai 2019 que les gardes du parc tiraient sur les Batwa et les menaçaient. Soit deux mois avant le début des attaques.

Headstone of one of several Batwa community members killed in July 2021 attacks conducted by park guards and soldiers. According to eyewitnesses, the Mutwa buried here was killed execution-style while members of his family watched.
La tombe de l’un des plusieurs membres de la communauté batwa tués en juillet 2021 dans les attaques perpétrées par les gardes du parc et les soldats, comme l’indique le rapport de MRG. Selon les témoins oculaires, le Mutwa enterré ici aurait été exécuté sous les yeux de sa famille. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

« Les donateurs internationaux du parc ont été informés à plusieurs reprises que leur financement et leur soutien matériel se traduisaient par des violences massives contre les populations civiles », a déclaré Robert Flummerfelt dans le rapport. « Ils ne peuvent pas plaider l’ignorance ou prétendre que leur soutien était insignifiant. »

Dans un communiqué, la WCS a condamné les actes de violence à l’encontre du peuple autochtone, mais a nié les accusations révélant son implication ou son influence dans les formations, le soutien financier et matériel, la préparation ou la direction des opérations militaires.

« [L’idée selon laquelle] la WCS soutiendrait un modèle de conservation militarisé associé à une exclusion forcée des communautés qui vivent au sein des aires protégées est manifestement fausse », a déclaré l’organisation. La WSC a également indiqué que des enquêtes internes étaient en cours et que des mesures avaient été prises pour répondre aux informations reçues entre 2019 et 2021 faisant état d’actes de violence.

Dans un commentaire publié par Mongabay en février, la WCS a déclaré être sur le point de conclure un partenariat avec l’ICCN qui viserait à garantir le respect des droits du peuple batwa et à réparer les injustices passées.

« Décrire nos décennies de travail consacrées à la protection de la vie sauvage et de l’habitat des espèces du PNKB, à la promotion d’une bonne gouvernance du parc et à l’amélioration des conditions de vie des communautés locales comme une « conservation de forteresse » revient à essayer de rejeter la responsabilité d’une situation complexe qui dure depuis des décennies dans l’est de la RDC sur des organisations qui opèrent pourtant sur le terrain en toute bonne foi pour tenter d’y apporter des solutions », a déclaré la WCS.

Selon certains gardes du parc et certaines organisations environnementales basées en RDC, certains membres de la communauté batwa vivant au sein et à proximité du PNKB se seraient adaptés à la société congolaise moderne. Ces individus ont abandonné leurs moyens d’existence traditionnels durables pour s’adonner à des pratiques non durables, telles que l’abattage et le braconnage.

The shoes of a Mutwa community member warped by flames, lying among the ashes in a village entirely burnt to the ground in park guards and soldiers in July 2021.
Chaussures d’un Mutwa déformées par les flammes et reposant au milieu des cendres dans un village qui aurait été entièrement brûlé par les gardes du parc national et les soldats en juillet 2021, selon le rapport de MRG. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

Après un retour sur leurs terres au sein du PNKB en octobre 2018 à la suite d’une attaque, les Batwa ont reconstruit leurs habitations et ont été accusés d’avoir déboisé jusqu’à 300 hectares du parc, selon le rapport. En réponse, la direction du parc national et les FARDC ont commencé à mener une campagne pour les expulser une nouvelle fois, poursuit le rapport.

Appel à des investigations complémentaires

À la suite des accusations prononcées à l’encontre des gardes du parc l’année dernière, la KfW a appelé l’ICCN à mettre en place une enquête indépendante. La GIZ lui a emboîté le pas. Selon le MRG, l’enquête aurait déjà commencé.

« Vu la gravité des violations des droits humains exposées dans le rapport de MRG et notre coopération existante avec l’ICCN, nous soutenons vivement l’enquête indépendante menée sur les différentes accusations, et nous serions reconnaissants de pouvoir compter sur la collaboration de MRG dans cette enquête », a déclaré un porte-parole de l’agence de développement.

Jochen Flasbarth, secrétaire d’État allemand au ministère de la Coopération économique et du Développement, a déclaré début avril dans un communiqué que les accusations contenues dans le rapport étaient prises très au sérieux par le gouvernement allemand. Il a ajouté que les résultats de cette enquête seraient déterminants pour la continuité des fonds versés par l’Allemagne au PNKB.

Homes burned inside Kahuzi-Biega National Park in 2019. Image courtesy of RCF-RDC.
Des photos de maisons réduites en cendres à l’intérieur du parc national de Kahuzi-Biega en 2019. Image de RCF- RDC pour Mongabay.

Lors d’une conversation téléphonique avec Mongabay, Lara Dominguez, responsable litige stratégique auprès de MRG, a déclaré que les résultats du rapport n’étaient que la partie émergée de l’iceberg, car seules trois vagues d’attaques avaient été étudiées, au sein d’un seul et unique parc national de la RDC. Des organisations de défense des droits humains ont fait état d’autres actes de violence perpétrés au sein du parc.

Lara Dominguez nous a expliqué que même si les violations des droits humains avaient déjà été dénoncées par les organisations de la société civile opérant sur le terrain, aucune enquête n’avait encore été commandée dans le passé, à croire que les donateurs et les autorités fermaient les yeux sur le problème.

Selon Catherine Long, responsable de l’ONG Forest People Programme (FPP) en RDC, la dernière confrontation signalée au sein du PNKB aurait eu lieu le 20 janvier 2022, lorsqu’un groupe de batwa avait été chassé du parc par des gardes.

Catherine Long a ajouté que lorsque le FPP avait contacté les donateurs et mis en avant les violences au sein du parc, ces derniers avaient demandé des preuves.

Maintenant qu’une enquête a été publiée, elle espère que les donateurs vont se pencher de plus près sur les opérations menées dans le parc et s’attaquer au problème.

« On n’a pas besoin d’un parc patrouillé par des gardes avec des armes », a-t-elle souligné. Elle a ajouté que les Batwa avaient déjà manifesté un intérêt à participer aux efforts de conservation du PNKB et que le FPP allait les aider à y arriver.

En mars, les avocats de la Chambre des représentants des États-Unis ont proposé un projet de loi qui obligerait le service américain de la pêche et de la faune (U.S. Fish and Wildlife Service, USFWS) à veiller au respect des droits humains pour les bénéficiaires des projets de conservation. Si ce projet est voté, la loi imposera aux groupes qui reçoivent des fonds de la part de l’USFWS de mettre en place des procédures immédiates de règlement des griefs et de mener des enquêtes sur les accusations des violations « graves » des droits humains, et s’ils refusent de se soumettre à ces conditions, ils perdront leur financement.

One of many homes burnt and destroyed in a major attack targeting Batwa villages in July 2021.
L’une des nombreuses maisons brûlées et détruites lors d’une importante attaque ciblant les villages batwa en juillet 2021. Image de Minority Rights Group pour Mongabay.

 

Image de bannière : Une des nombreuses maisons brûlées et détruites lors d’une importante attaque ciblant les villages batwa en juillet 2021, selon le Minority Rights Group. Image de Minority Rights Group pour Mongabay. 

Écoutez le podcast de Mongabay (en anglais) : Anuradha Mittal, directrice générale de l’Oakland Institute, et Christian-Geraud Neema Byamungu, chercheur congolais, nous expliquent les répercussions de l’extraction des ressources sur les droits humains et l’environnement en République démocratique du Congo.

Article original: https://news.mongabay.com/2022/04/rangers-in-drc-gorilla-park-abused-indigenous-villagers-report-says/

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