Nouvelles de l'environnement

La vie de Cécile Ndjebet une Camerounaise dans la protection durable des écosystèmes

Cécile Ndjebet, activiste féminin qui protège la nature au Cameroun

Cécile Ndjebet, activiste féminin qui protège la nature au Cameroun

  • Cécile Ndjebet est née en 1962 à Édéa au Littoral, dans une famille d’agriculteurs, dont ses parents qualifiaient de « travail de la terre ». Ça a permis à leur fille d’être en contact direct avec la nature et enfin de l’aimer.
  • L’activiste camerounaise prédit que certaines villes ou quartiers, notamment Douala, sont menacés suite à la coupe de la mangrove et risquent de disparaitre.
  • Plus de 85% des habitants des villes font recours à la mangrove dans leur vie, ce qui accentue la pression sur cet arbre qui, pourtant, protège ces mêmes villes des inondations, vents et autres intempéries.

Cécile Ndjebet  est une pionnière dans la lutte pour la protection de la nature et de la biodiversité au Cameroun. Elle commence la lutte alors qu’elle était âgée d’au moins 29 ans entre 1990 et 1992.

Un des facteurs qui l’ont encouragé est la publication des premières recherches sur la destruction de l’environnement liées à l’action humaine par les institutions internationales, notamment la destruction de la couche d’ozone.

Durant ces années, le Cameroun n’avait pas une loi sur la protection de l’environnement. Elle a contribué à la reconnaissance du droit des communautés dans la gestion durable. Il a fallu attendre 1994 et 1996 pour avoir des textes juridiques portants régimes des forêts, de la faune et de la pêche et la loi portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement qui sont toujours en vigueurs.

Cécile Ndjebet a participé à la configuration de la loi forestière de 1994 citée plus haut dont le décret d’application a été promulgué en 1995. Elle a participé à plusieurs conférences bien avant entre 1994 et 2022 sur l’environnement et la protection de la nature.

Compétences : Agronome avec spécialisation en foresterie communautaire

L’animatrice communautaire est un ingénieur agronome avec une spécialisation en foresterie communautaire. Elle a lutté pour la foresterie sociale et continue le  plaidoyer pour les droits des femmes par rapport à leurs accès à la propriété foncière et forestière.

Depuis 2021, elle est membre du conseil consultatif de la décennie des Nations Unies sur la restauration des écosystèmes.

L’amour de la nature est un héritage des parents « mon père est un agriculteur et ma mère est une agricultrice », se souvient Cécile Ndjebet, sourire aux lèvres avec fierté de ses origines. Cette proximité avec la nature a joué un rôle important dans son orientation scolaire. En tant qu’ingénieur agronome, elle continue de travailler dans la nature.

Ses premiers pas dans le monde du travail commencent au ministère de l’agriculture au Cameroun, dans lequel sa mission était la sensibilisation des populations au respect et protection de la nature.

Ndjebet animait les émissions radiodiffusées pour montrer le bienfondé de l’utilisation des pratiques durables dans l’agriculture ce qui lui a valu une grande popularité. Quelques années plus tard, avec la création du ministère de l’environnement, elle plie bagage pour intégrer ce nouveau venu qui correspondait à ce qu’elle désirait. Désormais, Cécile Ndjebet laissera le micro pour s’occuper de la mobilisation communautaire autour des aires protégées et surtout de la gestion participative.

Cécile Ndjebet deviendra rapidement une préférée dans les organisations régionales, continentales et internationales notamment sur les sujets portant sur les zones à écologies fragiles comme les mangroves.

La protection de la mangrove

Cécile Ndjebet sera aussi remarquée au front contre la coupe de la mangrove. Possédant 3 zones de mangroves notamment le Rio Del Rey, le Rio Ntem et l’estuaire du Wouri sur une superficie estimée à 12 millions d’hectares, le Cameroun reste plutôt menacé de disparition de mangrove.

« Toutes ces trois zones sont menacées », regrettent amèrement l’activiste Cécile Ndjebet.

« L’importance de la mangrove pour la vie humaine devrait susciter chez chacun un grand amour pour sa protection ; malheureusement, bien que le gouvernement interdise sa coupe, la coupe continue au vu et su de tout le monde, y compris même le gouvernement. »

Pour stopper l’évolution de la destruction de la mangrove, l’activiste pense qu’il est temps de tirer des leçons des erreurs passées. Et il est plus que jamais urgent d’impliquer tous les acteurs : le gouvernement, les populations riveraines et environnantes, les ONG et les associations. Et si cela n’est pas bien coordonné, « nous irons vers la catastrophe, Douala, ne sera pas épargné jusqu’à Edéa, tout comme les villes de Tiko, Limbé disparaitront jusqu’à Nkonsamba » regrettent- elle.

La femme et l’écosystème : Une histoire d’amour de longue date 

Cécile Ndjebet dit que de par son expérience, dans la forêt, une bonne partie des femmes ne coupent pas les essences, elles se contentent juste de ramasser les branches qui tombent au sol.

Par contre chez les hommes ce n’est pas le cas. Les hommes convertissent les essences en matière de rentabilité financière ce qui se traduit par la coupe systématique des essences pour les vendre soit aux forestiers ou à d’autres personnes désireuses. Dans la pratique de gestion durable la femme contrairement à l’homme est dans la pratique de la gestion durable des écosystèmes.

«  La pratique de la gestion durable est innée chez la femme » ajoute-t-elle. La femme connait mieux l’environnement et elle sait aussi mieux la valoriser. La femme doit être associée à toutes les initiatives en faveur de la protection de l’environnement, selon l’activiste. Cécile Ndjebet, à l’image de sa mère agricultrice, montre que la femme est le moteur de l’activité agricole au Cameroun, la femme doit avoir une place dans la gestion de l’environnement.

Plaidoyer pour la femme

Cécile Ndjebet aimerait voir un assouplissement des lois en matière des délivrances des titres fonciers et forestiers  pour les femmes qui sont moins nombreuses sans avoir accès à la terre.

« Jusque-là nos politiques ne sont pas trop explicitement favorables à la femme », regrette-t-elle.

Une réforme des textes juridiques et des coutumes sont impératives pour permettre et veiller au respect strict de la parité entre les hommes et les femmes dans la gestion durable de l’environnement.

C’est aussi un des plaidoyers majeurs de Cécile Ndjebet auprès des autorités en faveur de l’implication massive des femmes en tant qu’actrices dans les projets de gestions durables des écosystèmes. Ce plaidoyer demande un apport véritable des ressources nécessaires pour une réelle participation des femmes dans la gestion durable des écosystèmes.

« Notre travail de plaidoyer c’est la révision de toutes ces lois que nous ne pensons pas favorables pour l’épanouissement de la femme dans son rôle de protectrice de l’environnement », insiste-t-elle.

 

Phgoto de Cécile Ndjebet, activiste féminin qui protège la nature au Cameroun/ Chrystophe Nyemeck Beat

 

 

 

 

 

 

 

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