- Les pygmées sont devenus marginalisés ces derniers jours dans la Région des Grands Lacs, notamment dans le bassin du Congo où ils subissent des traitements inhumains.
- L’Unesco alerte que les langues et les cultures des autochtones sont menacées d’extinction au moment où certains des autochtones décident de récurer dans la forêt pour sauver leurs cultures.
- Les conflits armés, les exploitants miniers, les fermiers, les maladies et le manque de terres sont sur la longue liste des causes du malheur des pygmées.
Dans le nord de la République Démocratique du Congo, et dans certains coins du bassin du Congo, les pygmées ont décidé de se réfugier au fond de la forêt pour sauver leur culture. Ils sont au moins 900.000 répartis dans au moins 9 pays de la Région des Grands Lacs, toutes familles confondues. Mais ce mouvement semble concerner des familles Aka-Mbezel au nord de la RDC.
Au nord du pays, les pygmées Aka-Mbezel transmettent leur culture à leurs enfants. Leurs initiations et pratiques dès le bas âge permettent de garder sur une ligne droite de discipline liée à la chasse, la cueillette, les langues, la culture et d’autres pratiques des générations et des générations.
Cependant, les pygmées Aka-Mbezel au nord de la RDC, dans la région des Grands Lacs Africains se sont volatilisés dans la nature et n’affichent plus aucune trace de leur existence. Ils ne sont pourtant pas morts, mais ont décidé de quitter leurs lieux connus pour se réfugier au fond de la forêt.
De là, ils espèrent continuer à transmettre leur culture à leurs enfants et surtout les moins âgés, à qui, ils commencent déjà dès leurs naissances à leur souffler certaines pratiques et valeurs Aka-Mbezel.
Les pygmées Aka de la famille Bezel sont situés notamment au nord de la République Démocratique du Congo et au sud de la République Centrafricaine où de temps en temps, ils entretiennent des relations avec des fermiers.
Des attaques et des stigmatisations
À part la perte de leurs terres, leurs savoir-faire et surtout leur culture, les pygmées Aka se lamentent du fait qu’ils sont soumis à des attaques et surtout des stigmatisations de la part des autres communautés.
« Certains sont considérés comme des sous-hommes par certaines personnes », Sorel Eta, ethnologue de la République du Congo raconte. Il est aussi initiateur d’un musée dédié aux peuples autochtones situé à Brazzaville.
C’est une situation difficile pour cette communauté d’environ 10.000 âmes éparpillées dans certains pays du bassin du Congo, ajoute Eta.
Par ailleurs, les peuples autochtones sont considérés dans certains coins du bassin du Congo comme étant des « sous-hommes » et certains même n’hésitent pas à les prendre comme esclaves.
Un cycle de malheurs
Depuis 2010, les Nations Unies, à travers l’une de ses agences le HCR, présentaient les pygmées comme étant des « grands perdants » du conflit armé qui a ravagé l’Est de la RDC depuis des décennies.
À l’Est de la République Démocratique du Congo, les pygmées comme les Bambutis ont été sévèrement touchés par la crise de l’est de ce pays dont la taille est évaluée à 2.345 millions de km2 avec une population en 2020 estimée à 89,56 millions d’habitants.
Les choses ne semblent pas s’être améliorées ces derniers jours parce que les médias n’ont pas cessé de reporter des cas d’attaques contre les pygmées de cette région du bassin du Congo.
En janvier 2021 par exemple, il y a une année, au moins 46 pygmées vivant en Ituri à l’est de la RDC avaient été attaqués et tués par des inconnus ayant des liens avec les rebelles ADF.
L’ADF, groupe rebelle ougandais, ne semble pas affronter l’Ouganda, mais plutôt fait la guerre en RDC et est souvent accusée d’exactions dont des massacres des civils.
Les membres de la communauté des pygmées ou même leurs alliés avaient dénoncé un « massacre des pygmées » orchestrés par d’autres communautés appelant aux enquêtes.
Les pygmées vivent dans au moins 90 pays dans le monde et possèdent au moins 5.000 cultures qu’ils transmettent de génération en génération.
Les Nations Unies qui livrent cette information disent que les pygmées représenteraient 5% de la population mondiale soit, 370 millions d’habitants.
L’Unesco soulignait en 2019, année dédiée aux langues autochtones, que sur 7.000 langues autochtones, au moins 2.680 étaient menacées d’extinction, ajoutant qu’il faut plutôt les protéger.
Les pygmées Aka du nord de la RD Congo et ceux du sud de la République Centrafricaine sont bel et bien sur cette liste des autochtones dont la culture et la langue sont menacées, raison pour laquelle ils ont opté de récurer dans le cœur de la forêt pour sauver le peu qui leur restait.
Image de banniere: des Femmes pygmées dancent devant un envoyé de l’ONU en Ituri/RDC: Photo de Abel Kavanagh