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Burundi : L’armée et la police fer de lance dans la politique de reboisement

Des militaires burundais dans une pépiniere

Des militaires burundais dans une pépiniere

  • Pour mettre fin à la réduction du couvert forestier burundais, le Burundi a initié depuis 2018 un vaste programme national de reboisement en cours d’exécution jusqu’en 2025.
  • Le Burundi dont la taille est inférieure à celle de Maryland ou la Belgique est un pays d’Afrique se trouvant à cheval entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Est. Il appartient en même temps à deux bassins hydrographiques : Bassin du Congo et Bassin du Nil.
  • Sur ce projet de reboisement, l’expert en conservation Meindert Brouwer trouve que la reforestation pour le Burundi est une belle chose sur tout que les arbres plantés sont variés.
  • Cependant, des acteurs clés de la société civile dans la conservation de la nature suggèrent que ces efforts devraient être suivis par des mesures de sensibilisation des populations et communautés locales pour la protection de plants déjà plantés.

En 1993, le Président de la République démocratiquement élu, Melchior Ndadaye fut assassiné dans un coup de force. A cette époque, les institutions démocratiques étaient encore jeunes de 3 mois seulement.  Le pays s’embrase  et les ethnies s’entretuent dans ce pays dont la taille est légèrement inférieure à  celle de la Belgique.

« On mangeait tout ce que l’on trouvait sur notre passage. On abattait des arbres pour la cuisson d’une façon désordonnés. La forêt nous a caché et nous a nourris  lors de la guerre civile », raconte Ndayuwundi Joseph, ancien combattant et membre d’un comité local au centre du Burundi pour le reboisement.

Dans cette guerre, des forêts ont été détruites et selon l’Office burundais de Protection de l’Environnement OBPE, seules 6,6% de forêts restent dans ce pays.

« Quand deux éléphants se battent, ce sont les arbres qui périssent »

Un adage du Burundi dit que « quand deux éléphants se battent, ce sont les arbres qui périssent ». Sa signification nous renvoie dans le contexte de guerre qu’a connu le Burundi. En effet, les forêts ont été réduites suite à ce conflit qui a duré plus de10 ans.

Aujourd’hui, travailler avec les militaires et les policiers burundais est plus que symbolique. Ils représentent des grandes communautés vivant ensemble et qui consomment beaucoup de bois pour la cuisson de leurs aliments. En plus, ce sont des anciens belligérants qui, aujourd’hui forment ensemble des corps de sécurité et de défense après intégration des anciens combattants.

« Ce que j’ai vu les années 90 étaient terrible. Les militaires brulaient les forets à la recherche des rebelles. Ceux-ci à leur tour utilisaient la forêt pour se cacher. La forêt était leur maison et leur source d’aliments (…). Tout ceci détruisait l’environnement » Barampama Laurent ajoute.

Barampama, et une vingtaine de gens sont membres d’une communauté de Shoots and Roots Burundi et entretiennent des pépinières des arbres qu’ils vont planter dans le cadre de cette campagne de plantation des arbres.

« Habiller » les montagnes

En 2018, le Gouvernement a lancé une campagne de plantation  des arbres intitulé « Ewe Burundi Urambaye !» qui se traduit littéralement comme « Un Burundi bien habillé ! ».

Le premier Ministre burundais Allain Guillaume Bunyoni s’est montré préoccupé par la pression des habitants contre la nature suite à leurs activités anthropiques.

« Auparavant, on n’observait que les bananeraies, les arbres fruitiers, les palmiers à huile…Actuellement, on n’en voit plus. Les montagnes sont dénudées. Raison pour laquelle il y a  des inondations qui menacent les infrastructures (…)» a-t-il déploré.

L’objectif ultime du projet pour lui est de lutter non seulement contre le changement climatique mais aussi de sensibiliser et mobiliser toute la population qu’il a invité à y prendre part massivement.

« Le projet est le vôtre, il n’y a pas de développement durable dans un pays où on bafoue le secteur de l’environnement. Vous devez vous approprier de celui-ci puisqu’il va permettre la protection de vos terres cultivables contre l’érosion afin de les rendre plus fertiles, (…) » a-t-il souligné.

Au moins 150 millions d’arbres plantés

Depuis le début de cette campagne, au moins 150 millions d’arbres des espèces variés ont été plantés à travers le pays sur une superficie de 50.000ha.

Selon le Chef d’Etat-major de l’armée Prime Niyongabo qui est chargé de piloter le comité de coordination et  l’exécution du projet, la première phase  était d’organiser « des recensements de toutes les espaces non reboisés appartenant à l’Etat » suivi par  la constitution des  « pépinières et la vérification des types d’arbres à planter ».

Certains espèces comme l’eucalyptus ont été écartés car ils constituent une menaces pour les petites rivières une fois plantés aux bords des celles-ci.

 Des malfaiteurs  s’invitent

Selon des reportages des médias locaux, certains des plants ont été arrachés par des inconnus, notamment dans la partie est du Burundi.

Selon la Radio Isanganiro, dans un reportage d’il y a quelques mois, au moins 50 ha des plantations du projet ont été incendiés ou touchés par des activités destructrices par des inconnus.

Mais pour le militant forestier Leonidas Nzigiyimpa lauréat du prix Wangari Maathai ‘Forest Champions’ 2019, trouve qu’il ne faut pas seulement planter, mais aussi il faut sensibiliser les populations riveraines.

Selon lui, les communautés locales à la base doivent jouer un rôle important dans la plantation et dans protection des arbres plantés bien que ceux-ci sont plantés dans des espaces essentiellement publics.

Il y en a pour la plupart « qui n’ont pas encore compris l’importance de préserver les forêts, qui pensent que ce sont des espaces inutiles qui doivent être cultivés et valorisés d’une autres manière ».

Nzigiyimpa propose même des sanctions contre quiconque se fera attrapé en train de détruire les arbres plantés.

Des mesures d’accompagnement.

Les mesures d’accompagnement définies dans le décret présidentiel a précisément pour objectif d’aider les populations à résoudre certains besoins essentiels ou encore à développer les activités rémunératrices.

Elles vont permettre également de réduire les obstacles du développement local mais surtout d’acquérir les connaissances et compétences de restaurer et/ou de conserver la gestion des ressource du milieu.

Un deuxième activiste suggère qu’il y ait changement de mentalité. Faustin Ndikumana, président d’une ONG locale souligne quant à lui qu’il faut une bonne gouvernance avant tout.

Pour lui, ces mesures devraient être « accompagnées d’une amélioration de la gouvernance, d’une bonne  gestion de la chose publique ainsi que des actions concrètes de sensibilisation pour le changement de mentalité ».

L’initiative est bonne mais, elle manque quand même des mesures d’accompagnement, a souligné le militant anti-corruption, Faustin Ndikumana.

Selon Meindert Brouwer, écrivain et chercheur en solutions écologique, “la reforestation au Burundi est très importante ».

L’auteur qui est connu pour ses publications sur la conservation notamment sa dernière publication « Les forêts de l’Afrique Centrale pour toujours » trouve que la politique de la forêt analogique qu’adopte le Burundi est importante.

“La façon dont la reforestation se passe est très importante. La forêt analogique est une bonne méthode de reforestation. (…). La forêt avec plusieurs arbres est bonne que celle avec peu d’espèces d’arbres », soutien Meindert Brouwer.

 

 

 

 

 

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