Nouvelles de l'environnement

Burundi : Le Président entame une réforme du secteur minier

Le Président Evariste Ndayishimiye à la tribune de l'ONU/ Photo de Présidence de la République du Burundi.

Le Président Evariste Ndayishimiye à la tribune de l'ONU/ Photo de Présidence de la République du Burundi.

  • Le Burundi se possède d’énormes potentiels miniers selon le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye. Par exemple, il se classe parmi les 10 premiers pays au monde avec de grands dépôts de nickel.
  • Mais les activités de 4 sociétés ont été provisoirement suspendues juste le temps de mettre de l’ordre dans le secteur et surtout négocier des contrats gagnant-gagnants entre le Gouvernement, les opérateurs et les communautés locales.

Depuis l’arrivée au pouvoir en juin 2020 deux mois plutôt que prévu suite au décès de son prédécesseur Pierre Nkurunziza,  rien n’échappe aux réformes du nouveau Président burundais Evariste Ndayishimiye.

Parmi les réformes urgentes du nouveau président, on note par exemple le secteur minier.

« Nous voulons des conventions gagnant-gagnant » martèle Evariste Ndayishimiye, ancien général de l’armée burundaise, devenu en 2018, Secrétaire Général du Parti CNDDFDD au pouvoir depuis 2005 et président de la République en 2020.

Après une décennie de guerre civile, la majeure partie du territoire Burundais a atteint le degré de sécurité qui permet la reprise des activités socio-économiques, estime le Gouvernement.

Les partenaires techniques et financiers du Burundi notamment la Banque Mondiale  ont effectué de nombreuses études qui ont prouvé que l’exploitation minière au Burundi pourrait promouvoir l’économie nationale en générale et améliorer le bienêtre de la population en particulier.

Mais, estime le Gouvernement Evariste Ndayishimiye, il faut un gain de la population à travers des contrats miniers. En plus, chaque société impliquée dans l’industrie minière doit respecter l’environnement.

C’est dans cet ordre d’idée que depuis 2007, l’Etat du Burundi s’investit dans la relance et la promotion des projets miniers auprès des sociétés étrangères afin de s’intéresser à la recherche des substances minérales et à les exploiter.

Mais, il semble que certains des contrats ne sont pas favorables au Gouvernement d’où la mesure de suspendre les exportations des matières premières par des sociétés minières opérant au Burundi.

« Je m’adresse à ceux qui ont négocié ces contrats : Qu’ils retournent chez ceux à qui ils ont donné ces mines et leurs dit que nous allons les réformer » a dit le Président Ndayishimiye estimant que normalement un contrat bénéfique devrait avoir une part importante pour le gouvernement propriétaire du sol.

 Les contrats qui se multiplient

Le Conseil des Ministres, organe exécutif de haut niveau au Burundi s’est réuni pour analyser dans les plus brefs délais, des réformes nécessaires de l’industrie minières.

Le Burundi possède l’une des grandes réserves mondiale de Nickel et se range parmi les dix premiers au monde, tandis que 80% de son sol serait plutôt riche en minerais.

« Nous avons du Nickel, vanadium, de l’or et d’autres minerais » a renchérie Evariste Ndayishimiye  devant un parterre de burundais de la diaspora à New York, en marge des activités de l’Assemblée Générale des Nations Unies (UNGA76) il y a peu en leur demandant de faire venir dans le pays des investissements même dans le domaine minier.

Des sociétés étrangères opèrent déjà au Burundi depuis belles lurettes. C’est notamment   Rainbow Mining Burundi coté à la Bourse de Londres et impliqué dans les terres rares, Tanganyika Mining Burundi  et Ntega Holding Ltd qui sont impliquées dans l’exploitation de l’or respectivement au nord-ouest et au nord du Burundi.

La protection de l’environnement

La venue des sociétés étrangères ou la formations des sociétés locales œuvrant dans le domaine de l’environnement doit être bien régulée selon les experts.

Charles Niyonkuru est en même temps Professeur d’université et activiste de l’environnement. Il raconte que  lorsque les activités minières ne sont pas gérées correctement avec des mesures adéquates, le résultat est la dégradation de la nature.

« L’un des défis qui hantent l’exploitation minière au Burundi est l’éboulement de terrains. Beaucoup d’éboulement dans la mine ont occasionné de nombreux dégâts humains comme la mort des gens (…) en Juillet 2018 et (…) en 2019(…)» dit Charles Niyonkuru.

Elles perturbent des terrains naturels qui constituaient l’habitat de nombreuses espèces de nombreux écosystèmes.

Des infrastructures publiques aussi sont mises en danger par des travaux non régulés des entreprises minières, surtout que le Burundi ne dispose pas assez de sociétés qui exploitent les mines d’une façon plus au moins moderne.

 La santé mise en jeu

Tandis que l’exploitation des mines au Burundi reste essentiellement artisanale Niyonkuru parle d’une exploitation à risque et qui peut engendrer des maladies respiratoires (toux, pneumonie, (…)…).

L’inhalation de la poussière et des accidents souvent mortels comptes tenus des techniques d’extraction des minerais qui s’avèrent archaïques sont souvent présents au Burundi.

Niyonkuru suggère à l’Etat de garder un œil sur les sociétés impliquées notamment dans l’exploitation des mines parce que certaines d’entre elles n’hésitent pas à utiliser des méthodes qui mettent en danger la santé de la population.

Le Plan National de Développement (PND 2018-2027) et les mines

Le Gouvernement du Burundi s’est doté, il y a quelques années d’un Plan National de Développement sur une période de dix ans.

En principe, le Gouvernement dans son Plan National de Développement a prévu une croissance d’au moins 11% en 2027 et les dividendes de ces minerais doivent jouer un rôle important.

En effet, selon  le PND, au moins 47% des revenues attendus en 2027, date d’expiration du Plan doivent provenir des minerais, chose impossible avec un contrat consacrant seulement 10% à l’Etat alors qu’il est propriétaires des sols.

Pour mettre de l’ordre dans le secteur, le Gouvernement a suspendu les exportations des sociétés minières.

Dans une correspondance du 24 Juin 2021, adressée à ces sociétés dont nous avons consulté la copie, le ministre ayant les mines dans ses attributions, Ibrahim Uwizeye, déclare que cette décision avait été prise dans le but de renégocier toutes les conventions au profit du peuple car ces minerais doivent servir à financer le développement du pays.

Gabriel Rufyiri président de l`OLUCOME, une ONG locale principale organisation de lutte contre la corruption au Burundi souligne qu’il faut plus de traçabilité des fonds des minerais et montrer la part des revenues des minerais burundais dans le budget de l’Etat année par année.

 

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