Nouvelles de l'environnement

Assainir les cuisines cambodgiennes pourrait freiner la déforestation et le changement climatique

  • Des ONG et des entreprises au Cambodge prennent des mesures pour répondre à l’utilisation massive de charbon de bois et de biomasse forestière dans les cuisines des ménages et des restaurants du pays. L’abandon de ces combustibles polluants pour des sources d’énergie plus propres est suscité par des inquiétudes en matière de santé et d’environnement.
  • L’éducation est une stratégie clé pour la mise en œuvre de l’abandon du charbon de bois et du bois, car leur utilisation est ancrée dans la culture, de nombreux Cambodgiens disant que les aliments n’ont pas aussi bon goût lorsqu’ils sont cuits avec d’autres combustibles.
  • Une solution innovante transforme les coques de noix de coco du pays en « charbon de bois vert », ce qui vaut déjà au pays d’être reconnu comme un leader mondial dans le secteur du charbon de bois durable.
  • Les exploitants agricoles cessent aussi l’utilisation de biomasse forestière comme source d’énergie, et utilisent à la place des biodigesteurs pour transformer les déchets ménagers et fermiers en biogaz pour cuisiner et fabriquer des engrais organiques.

Sim Saran a utilisé pendant des années la cuisine traditionnelle mal ventilée de sa petite maison familiale dans la province cambodgienne de Siem Reap. Suffoquant quotidiennement dans la fumée âcre, elle avait du mal à respirer quand elle cuisinait pour sa famille de six personnes au-dessus du feu de bois, comme les générations précédentes l’avaient fait. « Je sais que c’est enfumé, mais je n’avais pas le choix », a dit la jeune femme de 20 ans.

La famille de Sim n’était que l’une des 2,5 millions de familles cambodgiennes qui utilisent des fourneaux traditionnels alimentés par de la biomasse forestière, principalement du charbon de bois et du bois, ce qui a une incidence sur leur santé, entraîne de la déforestation et contribue au changement climatique.

Mais la situation évolue rapidement, à mesure que Sim et sa communauté découvrent des méthodes de cuisson plus propres qui sont bonnes pour les personnes, les forêts et la planète.

Au Cambodge, les fourneaux traditionnels sont alimentés avec de la biomasse forestière, principalement du charbon de bois et du bois. Image d’Alan Morgan via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Une tradition de brûlage du bois profondément ancrée

La Clean Cooking Alliance, une ONG, rapporte que le brûlage de biomasse représente 74 % de la consommation d’énergie des Cambodgiens, 80 % de cette biomasse étant utilisé pour la cuisine. C’est principalement parce que seuls 32 % des Cambodgiens ont accès à un fourneau de cuisine propre selon la Banque mondiale.

Ce déficit encourage aujourd’hui des efforts nationaux majeurs d’assainir les cuisines cambodgiennes.

« Cela a d’énormes conséquences pour les moyens de subsistance et l’environnement », a dit Bastiaan Teune, coordinateur mondial pour la cuisson propre pour SNV, une organisation de développement néerlandaise, au Cambodge. L’ONG s’emploie à promouvoir des méthodes de cuisson propres et sûres là-bas depuis 2015.

Le travail de SNV protège probablement déjà des vies et des arbres. Près de 14 000 Cambodgiens meurent chaque année en raison de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). À titre de comparaison, 15 000 meurent du tabagisme. L’OMS avertit qu’inhaler de minuscules particules de suie pendant la cuisson avec du bois et du charbon de bois peut provoquer des maladies respiratoires, pulmonaires et cardiovasculaires et des cancers des poumons. Les femmes et les enfants sont les plus exposés.

Cuisine de restaurant à Kampong Chhnang au Cambodge. Image de Charles Pieters via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

« C’est principalement les femmes et les enfants qui s’occupent de la cuisine », a expliqué Teune. « Nous voyons que ce sont en particulier les enfants qui s’occupent du fourneau quand la fumée est la pire, provoquée par du plastique, du caoutchouc ou des brindilles qui libèrent des produits chimiques et des particules nocives. Avec les enfants en particulier, la pneumonie est un problème et [pour cette maladie] il existe une corrélation très forte avec la qualité de l’air. »

L’utilisation quasi universelle des fourneaux à bois est aussi un problème dans un pays où les taux de déforestation sont parmi les plus rapides au monde. Entre 2002 et 2020, Le Cambodge a perdu 1,28 million d’hectares de forêt tropicale humide primaire, selon Global Forest Watch.

Alors que ces pertes d’arbres sont principalement dues à la déforestation illégale et à l’agriculture à grande échelle, l’utilisation de biomasse forestière pour la cuisine commence aussi à peser. Dans la capitale Phnom Penh seule, par exemple, plus de 100 000 tonnes de charbon de bois sont utilisées chaque année, l’équivalent de 1 million de tonnes de bois. La ville obtient principalement son charbon de bois de producteurs à grande échelle basés à Phnom Aural à l’intérieur de la réserve naturelle de Phnom Aural, une zone protégée.

Les fourneaux au bois et au charbon de bois traditionnels, comme le fourneau Lao que les 85 ménages dans la commune de Sim utilisent deux fois par jour, contribuent aussi au changement climatique.

« À l’échelle mondiale, les émissions totales de la cuisson avec de la biomasse sont les mêmes que celles du secteur de l’aviation mondial », a dit Teune. « Alors, lorsque vous vous inquiétez des avions gros porteurs, les émissions cumulées sont égales à celles de tous ces petits feux de bois et de charbon de bois que les gens utilisent pour cuisiner. »

Une villageoise participe à l’un des événements pédagogiques « Village sans fumée » de SNV. Image fournie par SNV.

Recherche d’une solution à l’échelle de la communauté par l’éducation

En 2015, SNV a lancé un programme pour faire entrer des fourneaux plus propres dans tout le Cambodge. Ils ont collaboré avec le secteur privé pour offrir des incitations financières pour encourager les communautés rurales à échanger leurs fourneaux traditionnels contre des alternatives modernes, notamment des fourneaux à gaz ou à charbon de bois propre.

Mais le programme a été ralenti au début en raison d’un manque d’éducation, d’accessibilité, et de l’incapacité à rapidement augmenter le remplacement des fourneaux.

« Pour réduire les risques pour la santé, vous ne pouvez pas [seulement] vendre un fourneau par rue, vous devez remplacer ceux de toute la rue ou de tout le village. Autrement, la fumée viendra de chez votre voisin », a expliqué Teune. « Vous avez besoin d’un mouvement collectif dans lequel les habitudes de cuisine changent. Nous avons réalisé à partir des expériences de nos programmes en matière d’eau et d’assainissement que l’éducation et les changements de comportement [à l’échelle de la communauté] sont essentiels. »

Au milieu de l’année 2020, SNV a modifié ses méthodes pour se concentrer sur l’éducation et la promotion au sein des communautés par le biais de son initiative Village sans fumée. En travaillant avec les autorités locales, comme le conseil communal des femmes et des enfants, le programme a fourni un ensemble d’activités pédagogiques sur la cuisson saine à des écoles, des centres de santé et des pagodes.

Le village de Chreas, qui est le village de Sim était le premier à tester le programme. Une série d’événements tenus dans la communauté ont utilisé des jeux et des discussions pour souligner les dangers de la fumée des feux de cuisson, et les solutions pour y remédier. Depuis mai 2020, 56 des 85 ménages y ont participé.

Un présentateur anime une séance en classe du programme Village sans fumée de SNV. Image fournie par SNV.

« C’était la première fois que je comprenais à quel point il est mauvais pour la santé d’utiliser les fourneaux traditionnels », a dit Sim. En juin, elle a mis de côté ses deux fourneaux Lao traditionnels et a investi dans un cuiseur à riz électrique et un petit fourneau à gaz. « Cuisiner est moins difficile pour moi maintenant », explique-t-elle. « C’est tellement plus efficace et plus facile, et notre cuisine est aussi plus propre. »

Entre septembre 2020 et mars 2021, plus de 1 900 fourneaux propres ont été achetés par les habitants qui ont participé à des événements pédagogiques. SNV s’est engagé à poursuivre le programme d’éducation jusqu’en 2024, avec l’objectif d’obtenir que 80 % des villageois dans les provinces passent de fourneaux traditionnels à des fourneaux propres. Le premier village devrait être déclaré sans fumée d’ici à la fin de 2021.

Cuire avec… des noix de coco ?

Khmer Green Charcoal (KGC) est une autre organisation à proposer des solutions novatrices pour réduire les 300 000 tonnes de charbon de bois consommées annuellement au Cambodge. Trouver ces solutions n’a jamais été plus urgent, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) prédisant que la consommation en charbon de bois augmentera jusqu’en 2035 au moins au niveau mondial.

Le fondateur de KGC, Carlo Figà Talamanca s’emploie à trouver l’une de ces alternatives, en particulier une qui soit acceptable par les Cambodgiens. « Ce n’est pas comme si les gens peuvent faire une cuisson au barbecue avec de l’électricité », a-t-il dit, remarquant aussi que la cuisson au charbon de bois est profondément ancrée dans la tradition nationale. « Les gens pensent que s’ils cuisent du riz sur un fourneau à charbon de bois, il a meilleur goût. C’est dans leur culture, c’est bon marché, il y en a partout. On ne peut pas simplement s’en débarrasser, alors nous voulions développer une alternative durable » qui peut être adoptée avec enthousiasme par les gens.

La société primée pense qu’elle a précisément trouvé cette parfaite solution. Depuis 2018, elle produit du charbon de bois « propre » fabriqué à partir de déchets de coques de noix de coco et de déchets de biomasse dans son usine à l’extérieur de Phnom Penh. Le résultat : des briquettes plus propres et plus respectueuses de l’environnement.

Le premier charbon de bois propre et durable du Cambodge emballé dans l’entrepôt de KGC par des employés. Image fournie par KGC.
Cambodians enjoying a barbecue with KGC charbriquettes.
Des Cambodgiens se régalant d’un barbecue fait avec des briquettes de charbon KGC. Image fournie par KGC.

Aujourd’hui, KGC fournit ce charbon de bois vert à plus de 6 500 ménages et entreprises dans tout le pays. Depuis le début de ses opérations, l’entreprise déclare avoir sauvé l’équivalent de 400 terrains de football de forêt cambodgienne, soit 1 hectare d’arbres tous les trois jours.

Mais, protéger l’environnement n’est pas toujours au premier plan des préoccupations des clients de KGC, qui sont principalement des vendeurs de nourriture de rue et des propriétaires de restaurants routiers. « Ce n’est pas assez de vendre votre produit », a expliqué Figà Talamanca. « Il doit être de bonne qualité. Les gens n’achètent pas quelque chose de moins bien ; on doit proposer quelque chose qui est au moins aussi bien ou mieux. Mais la chose la plus importante est le prix. »

Si les « charbriquettes » de déchet de noix de coco et de bois de KGC sont légèrement plus chères que le charbon de bois traditionnel, elles ont un autre avantage. Elles brûlent plus longtemps, à presque cinq heures, elles ne génèrent pas d’étincelles et dégagent significativement moins de fumée.

Cette innovation a fermement campé le Cambodge sur la carte en tant que leader mondial du secteur du charbon de bois durable, amassant une série de récompenses, notamment les prix environnementaux de l’Energy Globe Award pour le Cambodge et de l’International Ashden Award.

Plus importantes que les récompenses, ces charbriquettes de déchets de coques de noix de coco et de bois ont reçu l’approbation des vrais connaisseurs de charbon de bois du Cambodge.

KGC’s award-winning, clean-burning coconut husk charbriquettes, hot off the production line.
Les briquettes de charbon à combustion propre primées de KGC, fraîchement sorties de la chaîne de production. Image fournie par KGC.

« Nous savons que nos charbriquettes sont de bonne qualité et que leur niveau de prix est correct, car beaucoup de nos clients sont des utilisateurs professionnels de charbon de bois et ils reviennent », a dit Figà Talamanca. « Ils n’achètent que ce qui est bon pour leurs affaires et leur portefeuille. »

Lin Hai est un bon exemple. Elle est propriétaire d’un restaurant de Phnom Penh et cliente fidèle de KGC. Elle préfère les charbriquettes parce qu’elles génèrent moins d’étincelles dangereuses dans les grills, protégeant les clients et les cuisiniers, tout en réduisant le risque d’incendie.

L’argent économisé est un autre plus. Hai a expliqué qu’elle n’a besoin d’utiliser que deux ou trois charbriquettes pour cuire une fournée de cha trop sach chruk (un plat cambodgien traditionnel de porc) à la perfection.

« Je les aime aussi parce qu’elles font peu de fumée », a-t-elle ajouté. « Elles ne laissent pas de tâches sur mes casseroles, ma cuisine est propre et l’air est frais. En plus, mes plats ont bon goût et ne sentent pas la fumée. »

Il y a un revers de la médaille à l’énorme succès de KCG. La société n’a jusqu’ici pas été capable de capitaliser complètement sur sa popularité parce qu’elle ne peut pas produire suffisamment de ses charbriquettes pour approvisionner l’immense marché cambodgien du charbon de bois à cause d’un manque de coques de noix de coco. Pour surmonter cette difficulté, KCG a récemment lancé KjuonGo, qui produit du charbon de bois traditionnel avec une empreinte carbone réduite.

À l’intérieur de l’usine KGC, qui utilise une technologie de carbonisation propre pour transformer des coques de noix de coco et des déchets de biomasse en charbon de bois « vert ». Image fournie par KGC.

KjuonGo obtient du bois durable à partir de résidus de plantations d’arbres et de forêts communautaires gérées, où les habitants ont un quota annuel limité de bois qu’ils peuvent couper et replanter. KjuonGo a aussi numérisé le marché par le biais d’une application mobile qui suit la chaîne d’approvisionnement du bois coupé jusqu’à l’utilisateur final.

« Nous essayons de formaliser le secteur » a dit Figà Talamanca, qui remarque que les combustibles de cuisson n’ont actuellement pas de normes officielles. « Nous avons [créé] un produit qui a reçu une réponse très positive du gouvernement et des consommateurs. Le gouvernement est content parce qu’il veut trouver une solution [à la pollution et la déforestation liée] au charbon de bois. Les consommateurs l’aiment parce que lorsque nous produisons du charbon à partir de bois, nous utilisons une technologie améliorée au lieu des fours en terre cuite traditionnels, et il est donc de meilleure qualité à un prix compétitif. »

Un autre projet innovant que l’entreprise est en train de déployer en partenariat avec le ministère national de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche est un projet concernant la couvaison du poulet. Pendant les 21 premiers jours de vie, un poussin doit être gardé au chaud en permanence, sans quoi le taux de mortalité augmente jusqu’à 30 à 40 %.

Au Cambodge, les éleveurs de poulets brûlent du charbon de bois traditionnel pour garder leurs volailles au chaud. Ce charbon est maintenant remplacé par des charbriquettes KGC. « Elles sont très bien pour les éleveurs, comme elles brûlent plus longtemps, alors [les producteurs] n’ont pas besoin de se lever la nuit pour changer le charbon de bois », a déclaré Figà Talamanca.

Une vendeuse de nourriture de rue utilise des charbriquettes pour réchauffer de la nourriture pour ses clients. Image fournie par KGC.

Internationalisation

En 2019, fort de son succès cambodgien, KGC a formé OTAGA, une holding basée à Singapour pour franchiser son modèle en matière de cuisson durable et propre dans le monde entier.

L’épidémie de COVID-19 a retardé les plans d’affaires, mais dès que les voyages reprennent en Asie, OTAGO compte s’installer en Indonésie, qui a l’avantage d’être le plus gros producteur de noix de coco du monde. OTAGO prévoit aussi d’étendre ses activités au Kenya et de travailler avec le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (UNHRC) pour construire des usines dans des camps de réfugiés (les réfugiés sont parmi les principaux utilisateurs de biomasse de bois pour la cuisson, en particulier le charbon de bois, dans le monde).

« L’un des plus gros problèmes est le combustible. Les gens pensent, nous devons donner de la nourriture [aux réfugiés], mais comment la font-ils cuire ? Le problème est que si vous commencez à couper du bois [sur] le [terrain] des agriculteurs, cela provoque des tensions. Et les femmes [seules] courent le risque d’être agressées lorsqu’elles ramassent du bois. À la place, nous installerons des usines de charbriquettes qui utilisent des déchets agricoles provenant des agriculteurs et qui créeront des emplois », a expliqué Figà Talamanca.

KGC compte aussi travailler avec la FAO à Kiribati, un archipel éloigné dans l’océan pacifique comprenant 33 petites îles, dont 20 sont habitées. « Ils n’ont pas de combustible, mais ils ont beaucoup de noix de coco ! », a dit Figà Talamanca.

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Des employées emballent des charbriquettes. Image fournie par KGC.

Une autre solution : les biodigesteurs

Les biodigesteurs, qui décomposent des déchets organiques dans un environnement anaérobie pour faire du biomethane (aussi appelé gaz naturel renouvelable), sont un autre outil aidant les ménages et exploitations cambodgiens à assainir leur cuisine et à répondre aux besoins énergétiques. Depuis 2015, la startup de biogaz et entreprise sociale cambodgienne ATEC s’est positionnée en leader du domaine, offrant des systèmes de biodigesteurs aux agriculteurs.

La technologie convertit du fumier animal et des déchets verts et de cuisine en gaz méthane propre pour la cuisson, tout en produisant aussi de l’engrais organique comme sous-produit. Les biodigesteurs aident à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à réduire l’utilisation d’engrais chimiques, et à libérer les cuisines de la suie et des fumées de bois nocives.

Depuis qu’ATEC a commencé ses activités, la société affirme que ses biodigesteurs ont fait plus de 552,8 millions de litres de biogaz et 28 400 tonnes d’engrais organique.

Les familles d’agriculteurs récoltent aussi des avantages financiers. Une famille de sept, utilisant les déchets de seulement trois cochons ou vaches, peut économiser 500 dollars par ans avec le gaz gratuit produit par un biodigesteur ATEC. Ce biodigesteur produira aussi jusqu’à 20 tonnes d’engrais organique par an, ce qui peut permettre d’augmenter le rendement des cultures d’à peu près 30 % pour les fruits et légumes, et d’à peu près 12 % pour le riz.

Toutefois, chaque système de biodigesteur (comprenant le biodigesteur lui-même, les raccords à la cuisine, un fourneau et un cuiseur à riz) coûte initialement 700 dollars, une charge financière potentiellement importante pour une famille d’agriculteurs. Pour contrer ce problème, ATEC a lancé son programme Paygo, permettant aux consommateurs de payer leur investissement par l’intermédiaire d’un règlement mensuel de 30 dollars sur 27 mois, sans aucune caution demandée.

Sur une exploitation agricole, une cliente se tient à côté de son biodigesteur ATEC. Image fournie par ATEC.

« Nous ciblons les ménages à faibles revenus, le budget est donc un problème », a dit le directeur national Nikolai Schwarz. « Nous avons dû trouver une solution et le système avec des paiements échelonnés semblait être le meilleur moyen. [Les agriculteurs] économisent de l’argent sur l’achat de gaz ou de bois et d’engrais, et cet argent peut donc être utilisé pour les paiements mensuels. »

Les biodigesteurs sont relativement nouveaux au Cambodge, donc établir la confiance des clients est essentiel pour ATEC. Mais l’organisation a déjà dépassé son objectif quinquennal, en atteignant plus de 8 000 installations et en touchant 12 % des villages du pays.

« Nos agriculteurs sont curieux et aventureux, ils veulent essayer quelque chose de nouveau », a dit Schwarz. « C’est le genre d’agriculteurs qui ne veulent pas utiliser d’engrais chimiques, car ils peuvent vendre des produits bio [à un meilleur prix]. C’est le moment ! Si nous voulons vendre à tous les agriculteurs, il faut plus d’éducation et de promotion. »

Pour lutter contre la résistance des ventes, ATEC a récemment lancé sa garantie de promesse de la marque, permettant aux agriculteurs d’essayer le biodigesteur de la société pendant trois mois. Si l’utilisateur ne réussit pas à produire du gaz et de l’engrais gratuits, l’unité peut être rendue sans frais. À ce jour, l’entreprise a vu un taux de rétention de la clientèle de 100 %.

ATEC a de grands plans pour l’avenir. Ils visent à tripler leur production mensuelle d’ici au milieu de 2022 et à s’étendre à cinq pays : l’Inde, le Myanmar, l’Indonésie, la Papouasie–Nouvelle-Guinée et la Thaïlande. Cette poussée de croissance a commencé avec de nouvelles activités au Bangladesh en 2020. ATEC a aussi étendu la portée de son programme de cuisson propre. Plus tôt cette année, l’entreprise a lancé eCook, une cuisinière à induction (cuisson sans flamme utilisant un champ magnétique) qu’elle met à la disposition des agriculteurs qui ont accès au réseau électrique.

« Ces cuisinières sont plus économes en énergie, plus propres, rapides et sûres à utiliser qu’un feu de bois ou que les fourneaux à gaz, et une autre étape vers des cuisines plus propres et plus saines dans tout le Cambodge », a conclu Schwarz.

Un marché à Phnom Penh, où plus de 100 000 tonnes de charbon de bois sont utilisées chaque année, l’équivalent de 1 million de tonnes de bois. Image par Gerd Eichmann via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).

 
Image de bannière : Un agriculteur applique de l’engrais organique produit par son biodigesteur ATEC. Image fournie par ATEC

Article original: https://news.mongabay.com/2021/06/cleaning-up-cambodias-kitchens-could-curb-deforestation-climate-change/

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