Nouvelles de l'environnement

RDC : La rivière Kassaï polluée par des substances des mines de diamants de l’Angola

Rivière Tchikapa polluée

Rivière Tchikapa polluée par des déchets venus de l'Angola

  • La rivière Kasaï, important affluent du fleuve Congo en République Démocratique du Congo est polluée depuis le début du mois d’août par des substances toxiques issues de 3 usines de diamants en Angola.
  • Camaxia-Camagico, Luo et Catoca sont des usines de diamants de l’Angola voisin qui sont accusées par les autorités Congolaises d’être à l’origine de cette pollution
  • Les eaux polluées avancent vers Kinshasa, selon la Vice-Ministre, Ministre de l’Environnement et du Développement Durable.

L’alerte est faite, le 12 août 2021 par les autorités provinciales du Kassaï, après avoir constaté l’altération des eaux de cette rivière devenues rougeâtres. Et de surcroît, les autorités ont aussi annoncé la mort  des poissons et autres animaux aquatiques dont les hippopotames. Des corps ont été vus flottant dessus la rivière, des témoins racontent.

Des humains aussi touchés

Les autorités du Kassaï ont, depuis cette période, saisie l’occasion pour annoncer l’opération d’identification des personnes supposées avoir été en contact de ces eaux polluées.

«Nous avons prélevé et expédié au laboratoire vétérinaire de Kinshasa les échantillons des eaux, poissons et os des animaux aquatiques morts pour déterminer la substance qui menace l’écosystème » a annoncé le gouverneur de la province du Kasaï, Dieudonné Piemé.

C’est dans la ville de Tshikapa, chef-lieu de la province du Kassaï où tout semble avoir commencé. La pollution a été constatée sur la rivière Tshikapa qui porte le nom de cette ville. Cette dernière est une  affluente de la rivière Kassaï, tirant sa source en Angola.

Selon le Gouverneur de Kassaï Dieudonné Piemé, à la base  de cette pollution il y a un déversement, par un complexe minier de traitement des matières premières dont le diamant, de substances toxiques depuis la province de Lunda sul en République d’Angola.

« Nous nous sommes interrogés sur l’origine de ce problème et nous avons pu remonter vers la province de Lunda sul en Angola » confie l’autorité provinciale avant d’ajouter : « Une usine de traitement de diamant a connu une défaillance de fonctionnement au point de déverser des matières toxiques dans la rivière de ce côté-là. Ceci m’a conduit, à prendre contact avec mon collègue Ernest Mwangala, (gouverneur de la province de Lunda Norte, Ndlr) en Angola avec qui nous avons échangé sur cette situation et nous avons relevé qu’il y a eu effectivement un accident dans le fonctionnement d’une entreprise dont le nom est bien connu, ceci a donné comme conséquence la pollution de la rivière et la menace des animaux aquatiques »

La nappe aussi      

Au Centre de Recherche en Ressources en Eau du Bassin du Congo (CRREBaC) basé à l’Université de Kinshasa, on évoque les conséquences plus importantes pour la région, notamment la contamination des « eaux souterraines » qui pourraient avoir des effets négatifs durant plusieurs années.

« Il y a crainte sur les conséquences possibles, notamment l’intoxication et la perte de la faune et la flore aquatique, les maladies d’origine hydrique pour les populations riveraines, la perturbation des activités de pêche et de la navigation, et le manque d’accès aux services d’eau à usage domestique et de récréation » a alarmé le Raphaël Tshimanga, Directeur du CRREBaC.

Tshimanga dit que des études sérieuses sont envisageables dans les plus brefs délais pour savoir beaucoup plus sur la situation de la nappe phréatique après cette pollution.

Des personnes affectées

La santé des habitants des rives de ces rivières sont aussi en danger.  Peu avant l’annonce de cette catastrophe aussi environnementale qu’humaine par les autorités, les populations riveraines du bassin de la rivière Kassaï utilisaient ces eaux. Celles-ci  consommaient tout de même les espèces animales sans vie qui flottaient sur la rivière.

Au ministère de l’Environnement, on révèle, après prélèvement des échantillons que plus de 400 personnes présentent des cas de diarrhée dus à l’usage de ces eaux contaminées. Selon toujours ce même Ministère, 13 des 18 zones de santé que compte la province du Kassaï sont affectées, ce qui veut dire que plus de 950.000 personnes sont exposées.

« Il y a plus de 400 personnes connaissant des cas de diarrhée, le gouvernement est en train de s’atteler pour des actions humanitaires, sur le terrain nous savons que ça sera très difficile (….) » selon Eve Bazaiba Masudi, la Vice-Ministre, Ministre de l’environnement et de Développement Durable.

Selon elle  les substances déversées dans la rivière sont en train de progresse vers Kinshasa, la capitale de la RD Congo.

« On n’est plus dans le Kassaï seulement, demain ou après-demain on peut retrouver ces substances ici à Kinshasa, sur le fleuve Congo » déplore-t-elle.

Les actions du Gouvernement

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo envisage des actions humanitaires et diplomatiques. Le Vice-Premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères de la RD Congo est attendu en Angola en compagnie de son collègue de l’Environnement et Développement Durable pour ainsi déterminer avec précision la source de la pollution et établir les responsabilités. Ceci suit une note verbale du Gouvernement congolais formulée envers les autorités de Luanda.

« Il y a l’aide humanitaire nécessaire pour que la population puisse s’approvisionner autrement… Il y a une forte équipe de haut niveau qui va arriver sur le terrain en mission de solidarité, en mission humanitaire dans tous ces contrées» a indiqué Bazaiba.

Sur le plan diplomatique, Eve Bazaiba rassure que Kinshasa ne veux pas prendre les choses à la légère et a déjà convoqué l’ambassadeur de l’Angola pour plus d’explications ce que le gouvernement appelle « carte de la fermeté ».

Les experts congolais croient que le Fleuve Congo pourra jouer son « rôle d’autoépuration », si non, les substances toxiques pourraient être remarqués à plusieurs kilomètres de Kassaï a dit Modeste Kisangala Moke, hydro-climatologue


Image mise en avant: Faustin Tshilumba

Quitter la version mobile