Nouvelles de l'environnement

RDC : une croyance liée à la sexualité menace les pangolins

Vente de pangolin fraichement tué à Mbandaka, en RD Congo

Pappy, un chasseur de pangolin en train de negocier le prix/ Photo David Kalinga Safari

  • Actuellement le pangolin risque de disparaitre parce que certaines croyances disent qu’il aide à rétablir la sexualité chez l’homme.
  • Le pangolin se présente comme l’animal le plus vendu en République Démocratique du Congo ces derniers jours.
  • Des cargaisons ne cessent de venir de certains coins du pays, notamment à Mbandaka, dans la forêt équatoriale congolaise.
  • Une écaille d’un pangolin adulte peut même couter 2000FC c’est-à-dire un dollar américain (1USD), générant ainsi jusqu’à $450 au total par animal.

A Ngobila, une écaille de Pangolin se vend à 2000Fc soit 1 dollar américain. Sur les rues de Bandal (Bandalungwa), le pangolin reste le plat du chef. Dans certains restaurants alignés au bord des routes, dans certains coins de Kinshasa, la capitale congolaise, la viande du pangolin est servie comme si rien n’était selon le constat du reporter.

Un chef cuisinier dit : « Il faut passer une commande 4 jours avant pour espérer en trouver un puisqu’il y a une forte demande ».

Dans certains restaurants chics même dans des quartiers huppés de Kinshasa, on y trouve les grands dignitaires et des politiciens qui attendent leurs plats commandés il y a deux ou trois jours.

Une visite dans le fleuve Congo non loin de Kinshasa nous fait constater le pire. Des bateaux de fortunes connus sous le nom de « charinaires » sont chargés des marchandises venant de l’intérieur du pays en destination de Kinshasa. Quand on y regarder de près, nous constatons qu’ils  sont chargés des animaux exclusivement et majoritairement des pangolins.

Mbandaka qui est relié de Kinshasa par deux voies dont, la voie aérienne et la voie maritime et la région qui fournit pas mal de viande et d’écailles de pangolins destinés à la vente à Kinshasha.

Morts ou vivants

Dans ce transport dans le fleuve Congo, les choses ne sont pas faciles pour les animaux attrapés et en cours de livraison pour la vente. Certains crient encore parce qu’ils sont encore en vie. D’autres sont morts car ayant été transpercés par des lancés, des balles, ou égorgés dès qu’ils sont tombés dans les filets des chasseurs.

Une fois à Maluku, une forme de port sur le fleuve Congo, on voit des voiture frappés devant, derrières ou même en face avec des logos des hôtels et ceux des particuliers venir récupérer leurs colis venant de Mbandaka et d’ailleurs. Ici, les gens se bousculent pour prendre les colis des pangolins plus que les autres colis car l’animal est plus prisé dans cette partie de la RD Congo.

 Deux jours de marché par semaine

Au passage, la ville de Mbandaka compte deux jours par semaine de grand marché. Chaque jour du marché, les pangolins sont tellement visibles sur certains étagères du marché que d’autres animaux, bien que de temps en temps, les vendeurs les cachent juste pour ne pas se faire remarquer par les activistes de l’environnement. Ils craignent beaucoup plus les activistes que les policiers ou autres agents de l’ordre.

Le sexe

Le pangolin est beaucoup plus sollicité ces derniers jours à Kinshasa non seulement pour sa viande ou ses écailles. Ces derniers jours, une croyance se repend à une grande vitesse dans certains coins de la RD Congo comme quoi le pangolin stimule le désir sexuel, ce qui le rend en conséquence la proie de ceux qui désirent se soulager sexuellement.

En essayant de savoir le pourquoi, la marchande, une jeune femme d’une trentaine d’années nous répond sous couvert d’anonymat :

“ Je ne sais pas trop pourquoi mais, mes clients qui sont à Kinshasa n’arrêtent pas de me demander de leurs envoyer vite la viande du pangolin, mort ou vivant ; une fois la commande faite, de mon côté je fais aussi pression sur les chasseurs qui me fournissent soit 30 et des fois 50 pangolins que je dois en suite expédier à Kinshasa via les radeaux ou « charinaires » qui peuvent faire 5 a 7 jours pour atteindre Kinshasa”.

Du pognon

Concernant le prix du pangolin sur les marchés de Mbandaka, tout n’est que question d’arrangement et de négociation selon la taille et le poids de l’animal.

Des fois le prix varie de 3 à 5 dollars par pangolin que  la vendeuse peu envoyer sur Kinshasa au prix de 15 à 20 dollars l’unité. Concernant les écailles, à Mbandaka on ne connait pas trop à quoi elles servent, donc elles sont jetées dans le fleuve Congo. Mais les vendeurs eux peuvent faire entre $600 et $800 par mois, issus dans ce commerce illicite.

Sachant qu’un pangolin adulte peut avoir jusqu’à 448 écailles, les pangolins revendus à Kinshasa peuvent générer au tour de $450 chacun, sans compter le prix de la viande qui, elle aussi peut couter au tour de $50 selon les circonstances.

La chasse à l’aide de fusil

Le constat est que des armes pullulent dans cette région de la forêt équatoriale. Profitant de la présence des armes, des braconniers tuent beaucoup plus d’animaux que dans les chasses traditionnelles avec des lances ou autres objets traditionnels.

Papy Kabangano (nom changé) raconte que sa famille vit de la chasse des pangolins depuis des siècles. D’abord il chasse pour la viande qu’il consomme dans la famille et va vendre le surplus au marché de Mbandaka.

“ Je vais voir s’il n’y a pas à manger à la maison pour qu’on en mange, mais dans le cas contraire, j’irai le vendre à Mbandaka pour nous acheter autres chose et nous acheter des petites choses pour la maison ; soit du savon et du sucre”.

Par ailleurs, selon lui, consommer le pangolin ne date pas d’hier :

“ On en mange depuis des années, nos ancêtres et grands parents en mangeaient et il n’y avait personne qui était tombé malade », répond-il visiblement agacé par l’idée selon laquelle le pangolin donnerait de maladies à ceux qui en consomment.

Les marchands se bousculent pour le pangolin

Au marché de Mbandaka, de retour de la chasse, pangolin à la main l’animal est prisé et les gens se bousculent pour acheter l’animal miraculeux qui, selon certaines croyances, répare le manque d’appétit sexuel.

D’autres stands ou étagères au marché de Mbandaka abritent des crocodiles, antilopes, serpents, tortues mais l’animal la plus préféré d’abord est le pangolin.

De temps en temps, on remarque de sacs qui bougent sur les étagères. Il s’agit en réalité des animaux cachés dedans, toujours en vie qui bougent pour pouvoir s’échapper mais en vain.

Ramadhani Mukanda Nkomo, étudiant à l’Université de Kinshasa connue sous l’appellation de UNIKIN aspire d’être un défenseur des animaux dans son pays.

Il raconte : « Franchement ce qui se fait ici dans cette ville de Kinshasa ou au marché des animaux de Mbandaka dépasse l’entendement. On dirait que nous n’avons pas de lois dans ce pays. Imaginez-vous ce commerce des animaux vivants sur les étagères en pleine journée ! ».

Le jeune s’étonne qu’il y ait des  autorités de la police, de l’armée et même des hommes politiques qui sont parmi les consommateurs de la viande des pangolins et qui croient que leurs vies sexuelles sera réparée par la consommation du pangolin.

« Franchement ça fait mal au cœur de voir cette situation. On dirait que nous vivons encore le Moyen Age » ajoute-il, demandant au Gouvernement d’encourager les gens à faire autre chose que la chasse notamment l’agriculture et l’élevage des animaux domestiques.

«  Le désir de la vie facile chez certains congolais est à l’origine de la chasse des animaux, mais cela sape à l’ordre environnemental » dit le jeune étudiant.

Mais la femme de Papy le chasseur, Madame Kati dit qu’elle aussi est chasseuse des chauves-souris qu’elle vend au marché comme le fait son mari pour les pangolins.

Elle regrette que son pays n’ait pas encore donné de terres à ceux qui veulent cultiver pour les stimuler à abandonner la chasse.

 

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