Nouvelles de l'environnement

Une nouvelle étude révèle les endroits où nous devrions planter plus de forêts pour lutter contre le changement climatique

  • Dans une nouvelle étude publiée cette semaine par la revue Nature, des chercheurs ont constaté qu’au niveau mondial, les taux de séquestration potentielle de carbone par les forêts présumés par le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) avaient été sous-estimés de 32%. En prenant uniquement en compte les régions tropicales, ce chiffre se monte à 53%.
  • De même, l’étude a montré que le potentiel maximal d’atténuation du changement climatique par le reboisement, soit 2,43 milliards de tonnes métriques, est de 11% plus bas que précédemment rapporté. Ceci est dû au fait que l’étude a analysé les éventuelles zones de reboisement de façon plus nuancée, alors que le GIEC a appliqué ses estimations plus uniformément à l’ensemble de la planète.
  • L’étude révèle que la Chine, le Brésil, et l’Indonésie détiennent le potentiel le plus important de séquestration hors sol de carbone dans les zones de restauration potentielles, avec la Russie, les États Unis, l’Inde, et la République Démocratique du Congo qui suivent de près.

Le reboisement est un outil majeur de l’arsenal de lutte contre le réchauffement climatique, mais la réelle mesure de son apport est encore un mystère. Une nouvelle étude publiée par la revue Nature Nature éclaire davantage sur la quantité de carbone que les forêts replantées peuvent absorber, et sur les zones où les efforts devraient se concentrer pour plus d’efficacité. L’étude montre aussi que le reboisement permet d’absorber plus de carbone que précédemment estimé, mais que globalement il en absorbe moins.

La recherche a été menée par des scientifiques représentant plus d’une douzaine d’organisations, dont l’institut The Nature Conservancy and World Resources Institute basé aux États Unis. Les chercheurs ont combiné les données de plus de 250 études menées antérieurement pour cartographier l’accumulation de carbone hors sol des forêts sur l’ensemble de la planète; essentiellement la quantité et la vitesse de pousse des arbres. Ensuite, pour évaluer le rapport entre pousse de la forêt et séquestration potentielle de carbone dans les zones dégradées qui pourraient être restaurées, ils ont analysé les différents facteurs environnementaux qui ont pu favoriser cette croissance; comme le climat de la région, son relief, et la composition de ses sols.

“Nous savons déjà les nombreux bénéfices de la restauration du couvert forestier mondial, depuis la capture du carbone et le nettoyage de notre air et eau, jusqu’au fait de fournir un habitat pour la faune et des opportunités de développement durable pour les communautés locales”, rappelle Susan Cook-Patton, chercheuse à The Nature Conservancy et principale auteure de l’étude. “Ce qui jusqu’à présent a manqué, ce sont des données solides et exploitables pour aider les décideurs environnementaux à comprendre où la régénération de la nature est la plus pertinente en tant qu’outil de lutte contre le changement climatique. Notre étude va contribuer à changer cela”.

Reforestation project in Sabah, Malaysia. Image by Rhett Butler/Mongabay.
Projet de reboisement à Sabah, Malaisie. Image par Rhett Butler / Mongabay.

Les résultats montrent qu’au niveau mondial, les taux de séquestration du carbone présumés par le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) ont été sous-estimés de 32%. En prenant en compte les régions tropicales uniquement, ce chiffre se monte à 53%. Cela signifie que pour combattre le changement climatique, le reboisement pourrait être un moyen plus puissant qu’on ne l’avait pensé.

Mais la situation est bien plus compliquée qu’il n’y paraît. Les taux par défaut du GIEC sont moins nuancés, parce qu’ils se basent sur moins de facteurs. En analysant de plus près les conditions sur le terrain dans un plus grand nombre d’endroits, la nouvelle étude a démontré que les taux du GIEC avaient surestimé le potentiel d’accumulation du carbone dans certaines régions. L’étude conclut que le potentiel maximal d’atténuation climatique par le reboisement; soit 2,43 milliards de tonnes métriques de carbone absorbé, est inférieur de 11% à ce qui avait été annoncé. Et les chercheurs admettent que même ce taux demanderait des changements conséquents comme l’abandon de la viande dans le régime alimentaire mondial, ce qui permettrait aux terres précédemment utilisées pour le pâturage et l’alimentation du bétail d’être rendues aux forêts.

In addition to absorbing carbon, reforestation can help provide habitat for wildlife - like this rainbow whiptail (Cnemidophorus lemniscatus). Image by Rhett Butler/Mongabay.
En plus d’absorber le carbone, le reboisement peut aider à fournir un habitat à la faune, comme à cette espèce de saurien (Cnemidophorus lemniscatus). Image par Rhett Butler / Mongabay.

Mais pour Cook-Patton et ses collègues, ces défis ne doivent pas dissuader du potentiel de la replantation des forêts comme moyen peu couteux et à fort impact pour faire face au changement climatique. Ils affirment que les résultats de leur étude, ensemble avec d’autres stratégies, indiquent la voie à suivre pour les efforts de reboisement.

“Basée sur l’ensemble des données les plus solides qui aient été rassemblées à ce jour, notre carte met en évidence les endroits du monde où la régénération des forêts peut être une solution climatique naturelle, efficace et rentable”, a déclaré Bronson Griscom, chercheur à Conservation International et co-auteur de l’étude. “Nos recherches fournissent ainsi un rappel utile du puissant potentiel de la régénération naturelle des forêts comme partie d’un éventail plus large de solutions climatiques naturelles, incluant la protection, la restauration, et la gestion améliorée des forêts, des terres humides, des prairies, et des terres agricoles”.

Les résultats de l’enquête sont à retrouver sur l’Atlas mondial des solutions climatiques naturelles. Ils montrent qu’au niveau national, la Chine, le Brésil, et l’Indonésie ont le plus grand potentiel de séquestration de carbone hors sol dans les zones de restauration potentielles. La Russie, les États Unis, l’Inde, et la République Démocratique du Congo ne sont pas loin derrière.

Image from Nature4climate.org
Image de Nature4climate.org

“Nous savons qu’il n’y a pas qu’une solution unique et universelle pour affronter le changement climatique. Notre but avec cette étude est de montrer où les forêts peuvent capturer le carbone de la façon la plus rapide; une stratégie d’atténuation qui complète le maintien des forêts sur pied”, a déclaré Nancy Harris, co-auteure de l’étude et chercheuse au World Resources Institute.

“Les forêts peuvent faire une partie du travail d’atténuation du changement climatique pour nous si nous le leur permettons”.

 

Note de la rédaction: Mongabay a un partenariat de financement avec le World Resources Institute (WRI). Le WRI n’a cependant aucune influence éditoriale sur le contenu de Mongabay.

 
Article original: https://news.mongabay.com/2020/09/new-study-shows-where-we-should-grow-more-forest-to-fight-climate-change/

Quitter la version mobile