Nouvelles de l'environnement

Au-delà du tourisme : Un appel à des idées d’entreprises qui protègent la vie sauvage et les écosystèmes africains

  • L'African Leadership University a lancé un défi de l'innovation pour développer de nouvelles idées commerciales pour les moyens de subsistance ruraux qui protègent la biodiversité.
  • Le tourisme de la faune est l’"entreprise de la conservation" la plus connue, mais on ne sait pas exactement dans quelle mesure elle contribue directement au financement de la conservation, même si elle se remet de la pandémie de COVID-19.
  • Les candidats au défi de l'innovation développeront des idées commerciales non touristiques qui protégeront les écosystèmes, renforceront les communautés et convaincront les investisseurs qu'elles sont à la fois évolutives et financièrement durables.

Le Cap – Un défi de l’innovation lancé ce mois-ci espère inspirer de nouvelles idées pour les entreprises qui fourniront aux populations africaines des revenus durables tout en protégeant les écosystèmes.

La School of Wildlife Conservation (SOWC) de l’African Leadership University, basée à Kigali, aborde la conservation dans le but de permettre aux communautés africaines de “s’approprier la faune et l’environnement” pour les inciter à protéger les écosystèmes. Le défi de l’innovation “Au-delà du tourisme en Afrique”, qui vise à découvrir des idées commerciales non touristiques pour l'”économie de la faune”, découle de la vision de l’école qui considère la nature comme “un grand pilier de la croissance économique pour l’Afrique”.

Le défi est né de l’association de la SOWC, du Bureau régional du WWF pour l’Afrique et de l’Institut Luc Hoffmann, basé en Suisse. Les candidatures ont ouvert le 1er septembre et jusqu’à 15 finalistes seront sélectionnés en novembre. L’année prochaine, ils participeront pendant plusieurs mois au programme d’incubation de l’ALU, développant leurs idées avant de les présenter aux investisseurs en septembre 2021.

Le tourisme est l’exemple le plus familier d’une “entreprise de conservation”. Parmi les exemples fructueux, citons les excursions pour voir les gorilles en Ouganda, qui génèrent 60 % des revenus de l’Uganda Wildlife Authority.

Elephant and tourists at Ngorongoro Crater. Photo by George Lamson. Source: Wikimedia Commons, licensed under CC BY-SA 2.0.
Un éléphant et des touristes au cratère du Ngorongoro. Photo de George Lamson via Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0).

Le tourisme de la faune crée des emplois et des revenus et constitue une incitation commerciale à protéger la vie sauvage dont dépendent les safaris-photos ou la chasse aux trophées. Mais nous constatons avec étonnement combien la contribution directe du tourisme à la conservation de la biodiversité manque de clarté.

Sue Snyman, directrice de recherche à la SOWC, affirme qu’il n’y a pas assez de données pour montrer le poids du tourisme en tant qu’industrie. “La plupart des revenus du gouvernement provenant du tourisme vont dans les caisses de l’Etat et sont ensuite dispersés selon les besoins et [il n’y a] donc aucune transparence”, dit-elle.

Snyman rassemble des données provenant d’une série d’industries liées à la conservation, notamment l’écotourisme, la chasse, l’élevage et les projets forestiers non ligneux, en se concentrant sur l’Afrique du Sud, le Gabon, le Ghana, le Kenya et les Seychelles. C’est la première fois que quelqu’un rassemble des données pour établir la valeur économique, le nombre d’emplois et la taille des zones que chacune de ces industries peut protéger. Le rapport, qui devrait être publié en février 2021, suggérera également quelles activités conviennent le mieux à quels paysages.

“Pour moi, la clé est la diversification”, déclare Snyman. “Ne pas compter sur une seule chose.” Les dangers de cette situation ont été démontrés cette année, le tourisme s’étant tari lors de la pandémie de COVID-19.

Brian Child, professeur agrégé à l’université de Floride, est spécialisé dans la gestion des zones protégées et l’économie de la vie sauvage en Afrique australe. Il se dit sceptique quant au potentiel de revenus des industries non touristiques existantes liées à la vie sauvage, telles que les projets REDD+ et la culture du café d’ombre.

“Les gens parlent de moyens de subsistance alternatifs depuis 20 ans, mais je n’en ai encore jamais vu en application sur le terrain”, dit-il. “A l’exception peut-être de l’apiculture.” Il ajoute que de nombreux projets dépendent du financement des ONG et ne sont pas autosuffisants. On constate quelques exemples de réussite, mais le tourisme reste l’industrie qui domine.

Les organisateurs disent espérer que le défi de l’innovation, et son appel à candidatures pour toute industrie, inspirera des idées créatives et originales qui vont bien au-delà de la réflexion actuelle sur la conservation, déclare Julia Pierre-Nina, responsable des acteurs de la conservation à la SOWC de l’ALU. Ils accueillent les idées non développées qui bénéficieront du programme d’incubation de l’ALU.

Les principaux critères sont que l’entreprise crée de la valeur pour les communautés et la nature en Afrique, qu’elle ne dépende pas du tourisme, qu’elle donne aux communautés un pouvoir de décision et qu’elle soit financièrement durable et évolutive. Au-delà de cela, le domaine est vaste.


Écoutez le podcast de Mongabay : Fred Swaniker, de l’African Leadership University, parle de la conservation comme d’une opportunité de croissance économique pour l’Afrique :


Image de bannière : Des femmes tanzaniennes portent de nouvelles ruches dans la forêt. Photo de Felipe Rodriguez/APW.

Article original: https://news.mongabay.com/2020/09/beyond-tourism-a-call-for-business-ideas-that-protect-african-wildlife-ecosystems/

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