- The Global Alliance for Green and Gender Action (GAGGA) a recueilli des témoignages directs de femmes défenseurs de l’environnement.
- Lors des enregistrements, elles partagent leur point de vue sur la vie de famille, sur leur travail de protection, sur les abus criminels et commerciaux sur l’environnement et la vie à la maison au temps de la COVID-19.
- Les communautés locales essayent de répondre aux pénuries alimentaires et au manque d’équipement de protection individuelle, tout en essayant aussi d’atténuer la perte de moyens de subsistance.
Alors que la crise de la COVID-19 entre dans son cinquième mois depuis la déclaration du début de la pandémie en mars, les défenseurs de l’environnement qui protègent certains écosystèmes les plus menacés du monde ont eu à s’adapter aux répercussions de la pandémie sur leurs communautés et leurs femmes en particulier.
Des recherches ont montré que les femmes sont plus affectées que les hommes par le changement environnemental et climatique, elles sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et dépendent fortement des ressources naturelles pour survivre.
GAGGA, un réseau d’organisations communautaires principalement dirigées par des femmes, de fonds pour la justice environnementale et les droits des femmes et d’ONG qui se concentre sur les droits de l’homme et les problèmes environnementaux qui affectent les femmes dans le monde entier, a recueilli des témoignages oraux de femmes du monde entier. Les représentants de GAGGA disent que l’organisation est préoccupée par l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur les femmes et leur possibilité d’accès à l’eau. Accéder à l’eau est crucial pour empêcher la propagation du coronavirus.
L’organisation souligne comment la pandémie “impacte les femmes de manière différenciée. Etant les seules à être responsables de la gestion de la nourriture et des ressources en eau et à prendre soin de leurs familles et communautés, elles assurent la sécurité alimentaire et la réelle survie des populations locales.”
La série d’entretiens audio enregistrés par GAGGA avec ses membres et ses partenaires pour sa nouvelle série de podcasts “GAGGA Voices” tente d’aborder certains de ces problèmes. Les reportages comprennent des témoignages directs de femmes en première ligne de la lutte pour la protection de l’environnement. Selon le podcast des droits de l’homme, plusieurs “gouvernements des pays où nous travaillons utilisent les mesures contre le coronavirus comme excuse pour restreindre les droits et mettre en place des politiques qui marginalisent et discriminent en plus d’assouplir les règles environnementales.”
Des interviews avec des militants écologistes à travers le monde ont aussi mis à nu divers effets secondaires de la pandémie sur la vie quotidienne, comme le manque d’équipement de protection individuelle (EPI), les déplacements et l’insécurité alimentaire, mais montrent aussi les mesures qu’ils ont prises pour s’attaquer à ces problèmes.
Bhanu Kalluri travaille avec le Dhaatri Trust en Inde, en se concentrant sur les besoins des femmes indigènes et des femme affectées par l’industrie minière. Presque un million de cas de COVID-19 ont été confirmés là-bas, seuls les USA et le Brésil ont plus de cas. Le Dhaatri Trust dirige un programme de droits et de compétences forestières pour ses membres, et a constaté que la pandémie a affecté la capacité de ses membres à vendre les produits forestiers car les marchés hebdomadairesont été réduits.
Dans son entretien avec GAGGA, Kalluri a dit que la COVID-19 a eu un “sévère” impact sur les zones de grande migration du pays, “principalement pour les pauvres sans terre qui ont dû migrer vers d’autres états de l’Inde où ilstravaillent soit dans la construction, dans des mines ou dans des usines, parce qu’ils ont perdu leurs terres, et la plupart d’entre eux ont été déplacés de leurs terres d’origine.”
A cause de la pandémie, Kalluri a dit que “beaucoup de travailleurs migrants sont bloqués, et nous essayons de les aider à rester où ils sont et à trouver de la nourriture et un abri.”
Avec plusieurs personnes ayant survécu grâce aux rations alimentaires, Kalluri a dit que la Dhaatri Trust a “suivi les programmes d’aide sociale du gouvernement suite au COVID, particulièrement dans la distribution de nourriture et les médicaments,” et a mis en place des réseaux de jeunes volontaires qui collectent les données des familles qui sont rentrées ou non dans leurs foyers.
Il est inquiétant de constater qu’un certain nombre de femmes dans ces régions souffrent de silicose, une maladie qui peut cicatriser les poumons et affecter les capacités respiratoires et qui est courante parmi les personnes qui travaillent dans les mines.
“Ce que nous constatons surtout c’est que dans la plupart de nos régions, il y a beaucoup de veuves, de femmes célibataires et de femmes qui ont eu la silicose dans leurs familles, ce sont donc les familles les plus vulnérables car elles dépendent complètement du travail payé à la journée,” dit Kallari.
Riska Darmawanti travaille avec Ecological Observation and Wetlands Conservation (ECOTON) en mettant l’accent sur la responsabilisation des femmes et les bassins versants touchés par l’huile de palme à Sambas, à l’ouest de Bornéo. A ce jour, l’Indonésie compte plus de 81 000 cas confirmés de COVID-19 selon les chiffres récents du Ministère de la Santé.
“Les femmes avec lesquelles nous travaillons sont sapeurs d’hévéas, travailleuses dans les plantations, agricultrices ou rizicultrices. Ces femmes, spécialement les travailleuses et agricultrices, sont plus exposées au risque de pesticides, qui d’après notre identification (sont) pour la plupart de dangereux pesticides,” a dit Darmawanti à GAGGA.
Pendant l’épidémie de la COVID-19, ces femmes ne peuvent pas se permettre de rester chez elles ou de respecter la distanciation sociale car leurs revenus en découlent. En plus de cela, cette exposition à des pesticides dangereux augmente leurs risques de COVID-19 en raison des problèmes de santé (qui) en découlent.”
Darmawanti a également déclaré que les femmes subissent une pression accrue pour accéder à l’eau salubre, et que ECOTON essaie de “fournir des alternatives aux ressources en eau potable qui proviennent de l’eau de pluie.” ECOTON sensibilise également les femmes à de meilleures pratiques d’assainissement et d’hygiène.
Ailleurs en Indonésieoù une pénurie d’équipement de protection individuelle (EPI), tels que des masques, est survenue, des groupes de femmes se sont réunis pour trouver des solutions.
Selon Laili Khainur, directrice d’une ONG de base pour les femmes appelée Gemawan, les pénuries alimentaires et le manque d’EPI sont préoccupants.
En réponse, le groupe a “mobilisé le pouvoir des membres du groupe de femmes pour fabriquer leur propre équipement de protection individuelle, tels que des masques en tissu, et partager avec les membres des communautés,” a rapporté Khainur. Les membres sont également encouragés à changer leur stratégie de vente de produits alimentaires et de produits destinés à la vente en ligne” pour atténuer la perte de fonds qui seraient normalement réalisés sur les marchés locaux.
Dans son rapport annuel publiéen mai, GAGGA a déclaré que la pandémie avait “radicalement changé » la vie de nombreuses communautés dans le monde, “aggravant en particulier les conflits existants etempirant les pénuries pour la plupart des communautés marginalisées, y compris les femmes.”
Mais GAGGA dit que la crise était aussi une opportunité pour que les voix des femmes défenseurs de l’environnement soient amplifiées et pour que soient utilisées “leurs connaissances et pratiques traditionnelles.”
Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2020/07/environmental-defenders-voice-concerns-as-covid-19-crisis-deepens/. Traduction: GAGGA – Global Alliance For Green and Gender Action.