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Des pièges photographiques confirment la présence de gorilles des plaines de l’Ouest dans le centre de la Guinée équatoriale continentale pour la première fois depuis plus de dix ans

  • Des images de gorilles sauvages des plaines de l'Ouest ont été filmées par des pièges photographiques au plus profond des jungles du centre de la Guinée équatoriale continentale, marquant la première apparition filmée de ces gorilles dans la région depuis plus de dix ans.
  • Les pièges photographiques installés par les écologistes avec l’aide de la Bristol Zoological Society (BZS) et de l’Université de l’Ouest de l’Angleterre (UWE) ont pris les photos dans le parc national de Monte Alén, situé au centre de Rio Muni, la région continentale de la Guinée équatoriale. Les communautés locales avaient signalé avoir vu des gorilles dans la région, mais les écologistes n'avaient, jusqu’à présent, pas encore vu les animaux par eux-mêmes.
  • Les photos ont été prises dans le parc national de Monte Alén et sont importantes car elles confirment la présence continue des gorilles malgré la forte pression exercée par la chasse.

Des images de gorilles sauvages des plaines de l’Ouest ont été filmées par des pièges photographiques au plus profond des jungles du centre de la Guinée équatoriale continentale, marquant la première apparition filmée de ces gorilles dans la région depuis plus de dix ans.

Les pièges photographiques installés par les écologistes avec l’aide de la Bristol Zoological Society (BZS) et de l’Université de l’Ouest de l’Angleterre (UWE) ont pris les photos dans le parc national de Monte Alén, situé au centre de Rio Muni, la région continentale de la Guinée équatoriale. (Le pays d’Afrique centrale comprend également l’île de Bioko dans le golfe de Guinée et l’île d’Annobón au sud de l’équateur). Les communautés locales avaient signalé avoir vu des gorilles dans la région, mais les écologistes n’avaient, jusqu’à présent, pas encore vu les animaux par eux-mêmes.

La docteure Gráinne McCabe, qui dirige le Conservation and Field Science program à la BZS, a déclaré que le peu d’observations de gorilles par les écologistes travaillant dans le parc pourrait laisser croire que les animaux sont en nombre réduit. Elle a ajouté que cela fait plus de dix ans que les chercheurs n’ont pas travaillé dans la région. Les images des gorilles dans le parc national de Monte Alén ont été prises dans le cadre d’un partenariat entre la BZS, l’UWE et l’ONG de conservation The Biodiversity Initiative qui cherche à créer un inventaire de la faune de Guinée équatoriale.

“Nous étions tellement excités quand nous avons vu les images. Un de nos assistants a poussé un cri quand il a ouvert la première photo du gorille”, a déclaré McCabe. “Voir ces animaux en vrai serait magique, mais c’est la prochaine étape, et cet évènement est donc vraiment spécial. Cela représenterait certainement un fait saillant de notre carrière”.

McCabe a précisé qu’il est particulièrement intéressant d’observer sur les photos de jeunes gorilles d’environ quatre ans. Autrement dit, il y a une nouvelle génération de gorilles des plaines de l’ouest de la Guinée équatoriale et elle semble bien se porter.

Photo d’un gorille des plaines de l’Ouest prise par un piège photographique. Image offerte par la BZS.

Le gorille des plaines de l’Ouest (Gorilla gorilla gorilla) est l’une des deux sous-espèces reconnues du gorille de l’Ouest (Gorilla gorilla). La deuxième sous-espèce est le gorille de la rivière Cross (Gorilla gorilla diehli). La population de gorilles des plaines de l’Ouest du parc national de Monte Alén est particulièrement importante pour la survie de l’espèce, qui est classée dans la catégorie “en danger critique d’extinction” sur la liste rouge de l’UICN. Les gorilles des plaines de l’Ouest se trouvent dans la plupart des zones protégées et dans de nombreuses exploitations forestières qui se situent sur leur aire de répartition, comprenant également l’Angola, le Cameroun, la République centrafricaine, le Gabon et la République du Congo.

Selon l’UICN, le nombre de gorilles des plaines de l’Ouest a chuté de presque 20% entre 2005 et 2013. On estimait qu’il restait un peu plus de 360 000 individus en 2013, mais leur nombre a continué à baisser, pour atteindre environ 316 000 individus fin 2018. Aujourd’hui, le nombre de gorilles n’est pas connu car ils vivent dans certaines des forêts tropicales les plus denses et les plus reculées d’Afrique.

Le braconnage est la principale menace pour les gorilles, surtout la chasse de la viande de brousse. Cette menace s’est intensifiée par l’introduction d’opérations d’exploitation forestière dans toute l’aire de répartition des animaux.

Selon l’UICN, “jusqu’au milieu des années 1990, une grande partie de l’aire de répartition du gorille des plaines de l’Ouest comprenait de vastes blocs de forêt dépourvus de route et extrêmement difficiles d’accès, où les densités de population humaine étaient très faibles et les densités de gorilles élevées. Cependant, au cours du dernier quart de siècle, presque toute la terra firma non protégée de cette région a été allouée à l’exploitation forestière. Cela signifie qu’une grande partie de la forêt autrefois éloignée et inaccessible est maintenant traversée par un réseau de routes pour l’exploitation forestière, ce qui facilite l’accès tant aux chasseurs entrant dans la forêt qu’aux trafiquants”.

McCabe a déclaré que d’autres primates, y compris les mandrills et plusieurs espèces de singes à petit corps, sont également chassés dans le centre de Rio Muni pour la viande de brousse car cette viande est considérée comme étant un mets raffiné dans les villes d’Afrique centrale.

Elle a ajouté qu’il est important de photographier des gorilles dans le parc national de Monte Alén car cela confirme leur présence continue malgré la forte pression exercée par la chasse. “Le braconnage dans le parc est très fréquent et nous avons donc toujours été très préoccupés par le fait que les gorilles risquent d’être chassés jusqu’à l’extinction dans cette zone”.

Les photos des gorilles aideront également à établir un plan de conservation pour le parc. “Nous pourrons travailler aux côtés du parc national pour trouver des zones où les patrouilles devraient être positionnées afin d’éviter le braconnage, par exemple”, a déclaré McCabe. “A terme, si le braconnage peut être contrôlé, nous pourrons peut-être contribuer à réintroduire l’écotourisme dans la région”.

Une équipe de terrain, en collaboration avec la BZS, met actuellement en place d’autres pièges photographiques en Guinée équatoriale, avec 30 pièges qui devraient être installés dans le parc national début avril afin de recueillir plus de données sur la population et la répartition des gorilles.

Le Dr David Fernández, écologiste comportementaliste des primates et biologiste de la conservation à l’UWE, qui codirige le projet de catalogage de la faune de Guinée équatoriale avec McCabe, a déclaré que les données des pièges photographiques seront utilisées pour déterminer le nombre de gorilles et leur localisation dans le parc. “Nous utiliserons ces informations pour définir la meilleure façon de travailler avec les autorités du parc national dans la région”.

Photo d’un gorille des plaines de l’Ouest prise par un piège photographique. Image offerte par la BZS.

Article original: https://news.mongabay.com/2020/02/camera-traps-confirm-presence-of-lowland-gorillas-in-central-mainland-equatorial-guinea-for-first-time-in-over-a-decade/

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