Nouvelles de l'environnement

Les mesures de conservation des bonobos entravées par la déforestation et les violations des droits humains

  • Le bonobo, parent du chimpanzé, vit exclusivement au sud du fleuve Congo, en République démocratique du Congo (RDC). La dégradation de son habitat et le commerce de la viande de brousse représentent ses principales menaces et placent l’espèce en danger. La réserve naturelle du Sankuru est la plus grande réserve naturelle de la RDC œuvrant pour la conservation du bonobo.
  • Les chercheurs attribuent la disparité des taux de déforestation entre Sankuru et Lomami à l’absence d’installations humaines et à une stratégie managériale plus transparente à Lomami. Selon eux, Sankuru souffre d’un manque de ralliement de la part des communautés locales, et les conflits de revendications territoriales rendent les efforts en matière de conservation plus difficiles.
  • Toutefois, un côté plus obscur derrière le succès de Lomami n’est pas à exclure. D’après des sources, les militaires, chargés de protéger les parcs nationaux de la RDC, seraient impliqués dans des affaires de tortures de personnes suspectées de braconnage. On rapporte aussi qu’une communauté de Lomami aurait été déplacée sans concertation préalable ni solution de relogement alternatif adapté à leurs besoins.
  • Les chercheurs déclarent qu’afin de garantir un ralliement efficace de la population, les communautés autochtones vivant dans la forêt doivent bénéficier d’une sécurité adéquate de jouissance de leurs terres, et qu’une gestion forestière communautaire doit être mise en place dans le périmètre du parc.

Le bonobo, à la différence du chimpanzé, son proche parent, préfère de loin l’amour à la guerre. Toutefois, d’année en année, il y a de moins en moins de place sur terre pour ce primate amoureux. Le plus grand refuge mondial du bonobo continue en effet de perdre des milliers d’hectares de forêts tropicales au profit de l’expansion de l’agriculture.

Le chimpanzé (Pan troglodytes) et le bonobo (Pan paniscus) sont les deux grands singes africains les plus proches de l’homme. Le chimpanzé et le bonobo d’aujourd’hui ont très vraisemblablement divergé d’un ancêtre commun il y a 1,5 à 2 millions d’années, après la séparation de leur territoire en deux parties distinctes lors de la formation du fleuve Congo, le deuxième plus grand fleuve au monde.

Le bonobo vit exclusivement au sud du fleuve Congo, en RDC, pays déchiré par la guerre. Culturellement, le bonobo est très différent du chimpanzé : il vit en société de type matriarcal et préfère la sexualité à l’agressivité pour résoudre les conflits. Les violents conflits dans la région et l’isolement de son habitat forestier ont rendu les études sur le bonobo difficiles. On peut néanmoins affirmer que la population de l’espèce a été classée en danger et en déclin par l’UICN.

La réserve naturelle de Sankuru est la plus grande réserve naturelle du pays créée pour la conservation des bonobos. Sally Coxe, fondatrice et présidente du comité en charge de la conservation du bonobo (Bonobo Conservation Initiative, BCI) explique que l’idée de la réserve est née d’un mouvement organisé par une ONG locale, Action communautaire pour la protection des primates de Kasai (ACOPRIK), créée en 2001 pour répondre à la pression croissante de la chasse sur les primates de la région.

« Grâce au soutien du BCI, Heritier Mpo, directeur du site de conservation de Sankuru, a pu sauver Esake, un bonobo orphelin, qui a été remis au sanctuaire pour bonobos orphelins, Lola ya Bonobo, un peu plus tôt dans l’année », déclare Sally Coxe. « Les bonobos sont victimes de braconnage dans certaines zones de Sankuru. Grâce à de nouvelles subventions, le BCI et ses partenaires prévoient d’intensifier la surveillance et la protection des bonobos et de mener une campagne de sensibilisation et de lutte contre le braconnage. » Image fournie par Sally Coxe.

ACOPRIK a fini par contacter le BCI et a sollicité son aide pour développer une zone protégée contrôlée par la communauté. L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) a réalisé sa propre étude à Sankuru et a décidé de donner la priorité de protection officielle à cette zone en 2007. Coxe indique qu’un accord a été conclu à cette date avec les communautés locales qui ont alors accepté de ne plus chasser les bonobos, et qui se sont alliées pour créer une réserve naturelle gérée par les communautés.

« Comme son nom l’indique, la réserve naturelle de Sankuru n’est pas un parc national ; c’est une réserve naturelle », explique Coxe dans un e-mail envoyé à Mongabay. « Sankuru est contrôlée et gérée localement…Les habitants de Sankuru restent gardiens de leurs propres terres », poursuit-elle.

Coxe souligne que les analyses biologiques réalisées au moment de la création de la réserve révélaient une riche biodiversité, avec des « espèces rares et endémiques, comme l’okapi, le bonobo, et au moins dix autres espèces de primates dont le cercopithèque à tête de hibou et le singe bleu, ainsi que le paon du Congo et l’éléphant de forêt ».

Au moment de sa création, la réserve de Sankuru a été proclamée plus grande zone protégée du monde pour la conservation des grands singes. Toutefois, la réserve continue de perdre des milliers d’hectares de forêt chaque année. Des données satellitaires de l’université de Maryland (UMD) indiquent que Sankuru a perdu plus de 136 000 hectares de sa forêt primaire tropicale entre 2001 et 2018. En outre, la déforestation semble s’être accélérée depuis la création du parc en 2007 : entre 2014 et 2018, la forêt aurait perdu plus de la moitié de ses arbres décimés entre 2001-2018, soit 70 800 hectares. Des prévisions pour l’année 2019 indiquent que la réserve connaitra encore autre grosse année de déforestation.

Des données satellitaires affichent cette année des niveaux de déforestation élevés dans la réserve naturelle de Sankuru, alors que le parc national voisin de la Lomami n’est pratiquement pas touché. Source : GLAD/UMD, via Global Forest Watch.

Des images satellitaires indiquent que la majeure partie de la déforestation de Sankuru des 20 dernières années s’est concentrée près des villes, ainsi que le long des routes et des voies qui traversent la réserve. Selon Coxe, la déforestation de Sankuru est principalement due à l’expansion de l’agriculture.

Des images satellitaires indiquent que la majeure partie de la déforestation de Sankuru des 20 dernières années s’est concentrée près des villes, ainsi que le long des routes et des voies qui traversent la réserve. Selon Coxe, la déforestation de Sankuru est principalement due à l’expansion de l’agriculture.

Outre la perte de leur habitat entrainée par la déforestation, les bonobos sont également menacés pour le commerce de la viande de brousse. Si la chasse traditionnelle pour la viande de brousse constitue une des premières denrées et sources de revenus pour les populations des forêts et pour les communautés en RDC, son commerce s’est aussi considérablement développé. La viande et les parties d’animaux sont en effet aujourd’hui vendues dans les grandes villes, voire exportées vers d’autres continents.

Le commerce de la viande de brousse s’est en partie accéléré en même temps que l’industrie du bois, car les routes construites pour le transport d’engins, de grumiers et de bois permettent aussi aux chasseurs commerciaux d’atteindre des populations d’espèces sauvages précédemment inaccessibles, comme les chimpanzés, les bonobos et les gorilles.

L’okapi (okapia johnstoni), parent unique de la girafe, est en danger. On le trouve exclusivement en RDC. Image de Rhett Butler/Mongabay.

Terese Hart, directrice américaine du projet TL2 et de la fondation Lukuru, a joué un rôle-clé auprès du gouvernement pour concrétiser la création du parc national voisin de la Lomami en 2016. Selon les données satellitaires de l’UMD, à la différence de la réserve de Sankuru avec laquelle il est limitrophe, le parc national de la Lomami connait un très faible taux de déforestation.

En 2009, la Société pour la conservation de la vie sauvage (the Wildlife Conservation Society, WCS) a mené une étude sur 30 % de la superficie totale de Sankuru. L’étude n’a identifié que neuf anciens nids de bonobos situés sur une couverture de 4 km à l’est de la réserve, et aucune preuve de présence d’éléphants ou d’autres grands mammifères n’a été relevée. Hart affirme que son équipe a découvert des preuves de présence de bonobos et d’okapis près de la rivière Lomami, à l’est de la réserve, mais précise que les éléphants « ont été tués il y a plusieurs années ».

Comparaison entre la conservation de type communautaire et les parcs nationaux

Selon Terese Hart, la disparité entre les taux de déforestation de la réserve naturelle de Sankuru et ceux du parc national de la Lomami est due à l’absence d’installations humaines et à une stratégie managériale plus transparente à Lomami. « Il n’y a aucun village au sein du parc national de la Lomami », souligne-t-elle. « Comme Lomami est un parc national, ce qui est autorisé à l’intérieur du parc et ce qui ne l’est pas est très clair. La réserve, en revanche, n’est pas aussi transparente. »

Hart explique que Sankuru souffre d’un manque de ralliement de la part de la communauté, et que les conflits liés aux revendications de terrains rendent les efforts de conservation encore plus difficiles.

« Le paysage humain est particulièrement problématique, car il compte différentes ethnies opposées par des conflits de revendications de terres. Il est très facile de satisfaire une des ethnies et de pratiquement causer un soulèvement dans une autre », déclare Hart.

Selon Sally Coxe, l’approche d’une conservation à Sankuru reposant sur une gestion de la réserve par la communauté était peut-être un peu trop en avance sur son temps, et son manque d’efficacité actuel serait dû à un mauvais financement. Elle met en opposition cette approche et celle du parc national de la Lomami, beaucoup plus radicale.

Essylot Lubala de l’Observatoire de la gouvernance forestière en RDC (OGF) a participé à des réunions avec différents intervenants et à des « échanges d’informations » avec les communautés de Sankuru, d’après Sally Coxe. Sur la photo, il se tient près d’une zone de savane, au sein de la réserve naturelle de Sankuru. Image fournie par Sally Coxe.

« Les zones protégées cogérées par la communauté représentent un phénomène relativement nouveau en RDC. Elles restent les parents pauvres et délaissés des parcs nationaux africains », souligne Coxe. « La réserve naturelle de Sankuru est une aire protégée, constituée de sous-zones, gérée par la communauté locale. Par opposition, Lomami est un parc national et la population qui vivait à l’intérieur du parc a été expulsée. »

Les violations des droits humains troublent le ciel du parc national

Avant la création du parc national de la Lomami, le village d’Obenge se trouvait à l’intérieur de son périmètre. Selon Terese Hart, les habitants du village chasseur de viande de brousse avaient planifié de quitter les lieux bien avant la création du parc ou de toute aire protégée. Elle précise que la population a pris cette décision après que l’Agence allemande de coopération internationale pour le développement (German Corporation for International Cooperation, GIZ) et la Banque mondiale leur aient promis un nouveau village dans un autre endroit – promesse qui ne s’est pas encore concrétisée.

« Si le GIZ a fourni du matériel et des équipements qui sont maintenant utilisés par le TL2 pour la construction de leurs habitations, la Banque mondiale, quant à elle, n’a absolument rien apporté. Ces retards importants sont extrêmement regrettables, mais il faut aussi noter que le premier déplacement d’Obenge n’avait absolument rien à voir avec la création du parc », déclare Hart.

Mongabay a tenté de contacter la Banque mondiale afin d’obtenir leur version des faits, mais au moment de la parution de cet article, aucune réponse n’avait été reçue.

Le bonobo diffère du chimpanzé sur plusieurs aspects : sa tête est plus petite, la peau de son visage est plus foncée, il a de plus longs poils des deux côtés de la face et une raie au milieu du crâne. Il marche souvent sur ses deux jambes. Image fournie par Sally Coxe.

Dans un e-mail envoyé à Mongabay , Maud Salber, coordinatrice senior de projets pour la Rainforest Foundation UK, explique que son équipe a observé 28 villages aux abords du parc national de la Lomami pour recueillir les impressions des communautés locales et indigènes sur le parc et sur les mesures de conservation. Son récit au sujet du village d’Obenge diffère de celui de Terese hart.

« Les communautés ont quitté Obenge pour la première fois en 2013 pour échapper aux conflits entre des groupes armés qui sévissaient dans la région. Certains d’entre eux sont revenus au village, mais les forces du gouvernement les ont ensuite expulsés en 2017, en vue de la création du parc, et tout ceci sans consultation préalable », rapporte Maud Salber.

« Ils n’ont pas eu leur mot à dire sur leur nouvel habitat, qu’ils ont décrit comme totalement inadapté à leur mode de vie, et les promesses de constructions de maisons et d’infrastructures n’ont pas encore été toutes concrétisées. Le processus ne respectait clairement pas les lois internationales : aucune consultation, aucune compensation et aucun programme mis en place pour compenser leurs pertes », ajoute-t-elle.

Selon Salber, des efforts de reconfiguration des limites du parc pour éviter de toucher aux villages ont été mis en œuvre, mais bon nombre de communautés ont, malgré tout, perdu accès à d’importantes parcelles de terres coutumières utilisées traditionnellement pour la chasse, la pêche ou pour s’y réunir entre habitants – ajoutant ainsi une pression supplémentaire à leur vie déjà très précaire. Par ailleurs, elle souligne que les communautés se sont plaintes de harcèlements ; les autorités du parc abusent de leurs pouvoirs pour assouvir leurs intérêts personnels. Des cas de violations des droits humains ainsi qu’un cas de harcèlement sexuel ont été rapportés.

Le Dr Mwanza Ndunda, directeur général du Centre congolais de recherches multidisciplinaires, traversant un pont lors d’une mission à Sankuru. Image fournie par Sally Coxe.

En complément, Terese Hart écrit sur son blog qu’un homme innocent a été torturé par des gardes congolais militaires du parc. Il aurait été pris par erreur pour un informateur opérant pour le compte d’un chef de guerre braconnier, Thoms, qui aurait violé des femmes et tué plusieurs gardiens du parc affectés à la protection des éléphants. Hart ajoute que l’homme accusé par les soldats de collaboration avec Thoms n’était en fait qu’un vendeur de médicaments qui s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.

Hart déclare que les violations des droits humains commises par les autorités du parc sont « regrettables », mais que « la vérité est très complexe… ». Le « respect des bonnes pratiques » est difficile à garantir dans les zones très éloignées où il n’existe aucune force de police ni présence gouvernementale ».

En 2017, Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a exhorté la RDC à mettre fin aux cas de violations des droits humains commises par les militaires dans le pays. L’armée congolaise supervise essentiellement l’exploitation des ressources nationales et protège les intérêts économiques et commerciaux des élites.

Hart souligne que les ONG privées n’ont pas eu leur mot à dire sur un appel émanant du haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. Elle ne cite, toutefois, aucune étape précise prise par les autorités du parc pour s’assurer que ces abus ne se répètent pas dans le futur. Mongabay n’a reçu aucune réponse aux emails envoyés aux bureaux du gouvernement de RDC.

Accorder des droits de jouissance des terres pour sauver les bonobos ?

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat de l’ONU (GIEC) a inclus des droits pour les peuples autochtones dans son rapport spécial de 2019 sur le changement climatique et les terres émergées. Ce rapport stipule que la participation des populations autochtones est cruciale dans le combat contre les changements climatiques pour lutter contre la déforestation et préserver les écosystèmes.

Maud Salber estime qu’il existe un moyen d’assurer la conservation des bonobos et d’autres espèces en danger sans pour autant entrainer des cas de violations des droits humains à l’encontre des peuples autochtones vivant dans les forêts. « La tendance actuelle qui privilégie les efforts de conservation par les mesures et actions militaires n’est certainement pas la direction à suivre », déclare-t-elle.

« Nous travaillons avec une multitude de communautés aux alentours du parc, et il est clair qu’elles sont très engagées dans la conservation des ressources pour les générations futures. Il est donc essentiel de faire participer ces communautés dans la mise en place de mesures et d’actions de conservation pour lutter contre le braconnage », ajoute-t-elle.

Sièges sociaux de l’Action communautaire pour la protection des primates du Kasai (ACOPRIK), l’ONG congolaise qui a dirigé la création de la réserve naturelle de Sankuru. Image fournie par Sally Coxe.

Selon Maud Salber, pour parvenir à une participation efficace et réussie des communautés autochtones vivant dans la forêt, ces dernières devraient recevoir une garantie de propriété de leurs terres, et des systèmes de gestion communautaire des forêts devraient être mises en place autour du périmètre du parc. Hart semble partager cette idée, ajoutant que Sankuru devrait mener « une série de projets de conservation communautaire autour de points spécifiques » afin de freiner la déforestation et la perte de l’habitat des bonobos.

Dans son livre paru en 2013, Des bonobos et des hommes, Deni Béchard relate les conflits entre la réserve naturelle de Sankuru et le parc national de la Lomami, qui tous deux tentent de protéger la même zone riche en biodiversité et habitat d’une grande population de bonobos et d’okapis, près du fleuve Lomami. On peut y lire Coxe déclarer que les conservationnistes s’attachant à la sauvegarde des grands singes doivent collaborer davantage pour « être plus centrés sur les besoins des bonobos en matière de conservation » parce que « la sauvegarde des bonobos représente un énorme enjeu et très peu de personnes sont disponibles pour s’y employer ».

 

Mise à jour (le 30 octobre 2019) : Après la publication de cet article, Terese Hart (directrice américaine du projet TL2) et Jo Thompson (présidente-directrice générale de la fondation Lukuru et directrice du projet Lukuru) nous ont contactés pour nous apporter de plus amples informations. Hart réfute le récit de Rainforest Foundation UK quant à l’expulsion de la communauté d’Obenge du parc national de la Lomami, alors que Thompson confirme et appuie ses dires au sujet des difficultés rencontrées pour former les gardiens du parc de la Lomami et de l’efficacité de la stratégie de conservation de la concession communautaire.

Hart: « Contrairement à l’information dont vous disposez, la communauté d’Obenge a choisi elle-même le site pour son nouvel habitat. Il n’y a pas eu de consensus immédiat pour le choix d’un seul site, mais en interne les membres se sont accordés pour utiliser l’ancien site de Bangaliwa (village abandonné) qui se trouvait dans la même zone et continuait alors de présenter l’avantage d’une communication relativement « facile » avec l’est (secteur de Mituku), où vivent bon nombre de leurs parents

Nous avions, en fait au départ, favorisé l’option défendue par un autre clan pour un site plus éloigné (également un village abandonné) qui se trouvait plus proche des marchés. Toutefois, au moment du consensus général pour Bangaliwa, nous avons tous essayé de rendre le nouveau Obenge2 réalisable. Il y a deux ans, avant la création du parc, nous avons écrit un récit relativement détaillé sur Obenge avant et pendant le déplacement de la communauté. La communauté n’a pas oublié les ‘’engagements’’ reçus de la part de la Banque mondiale et d’autres organisations. Les ressources de notre propre projet FZS-TL2 sont limitées pour satisfaire ces besoins, mais des constructions de toits métalliques sont en cours grâce aux dons de matériaux de la part de GIZ. Obenge dispose d’un avantage concernant son nouveau site : beaucoup de ses habitants ont maintenant un travail grâce au parc. Certains sont gardiens et d’autres travaillent à temps partiel ou à temps complet sur nos projets. »

Thompson: « Peu d’éléments attestent que les réserves communautaires agissent en faveur de la conservation des bonobos. À ce stade, on compte en effet peu d’exemples (voire aucun) indiquant que les concessions communautaires seront plus efficaces que les réserves nationales pour la protection des bonobos et le contrôle de l’exploitation naturelle des ressources. Dans certaines zones, la pression démographique est élevée, et dans de nombreuses zones, l’exploitation des ressources est le seul moyen de gagner de l’argent, même avec une augmentation de la population. Alors comment les communautés individuelles gèrent-elles cela ? Que devons-nous inclure dans chacun des programmes de gestion ? Quel soutien extérieur continue de se révéler nécessaire pour ces communautés ? En 2012, nous avons proposé qu’un ensemble de concessions communautaires (communautés avec une propriété foncière) soit créé dans le périmètre du parc national de la Lamomi. Nous espérons que ces concessions puissent représenter un premier pas vers un meilleur système de gestion. Mais il ne s’agit ici que d’un petit pas.
Le gardien en chef du parc national de la Lomami est très enclin à former les gardiens sur le respect des pratiques des droits humains et de l’application des lois. Son prédécesseur l’était également. Le problème (comme indiqué par Sally Coxe) vient généralement du financement de ces opérations. Il est nécessaire de faire appel à des formateurs, de revoir les équipes de gardiens, et tout doit être pris en charge : la logistique, les rations alimentaires, les contrôles.
Nous sommes très partisans d’un système de sécurité plus professionnel et plus humain dans le parc, mais cela représente une partie minime dans les efforts colossaux qu’il va falloir mettre en œuvre pour arriver à une société juste et humaine, à tous les niveaux. La solution, à laquelle nous espérons arriver et laquelle la majorité d’entre nous travaillant ici (Congolais ou non-Congolais) espère arriver, est un système judiciaire renforcé et plus développé avec des forces de police qui auront bénéficié d’une nouvelle formation, qui seront mieux assistées et qui seront déployées sur l’ensemble du territoire, ainsi qu’un rôle plus limité pour une armée plus restreinte. C’est un problème financier et d’engagement politique. Nous ne nous décourageons pas – l’enjeu est trop important – mais il n’existe pas de solution facile. Une longue implication et un engagement durable sur le terrain sont nécessaires pour apporter notre soutien à la fois aux communautés humaines et à l’incroyable diversité de la faune vivant dans ce pays. »

 

Image de bannièr e de DORIS META F via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Citation : Hansen, M.C., A. Krylov, A. Tyukavina, P.V. Potapov, S. Turubanova, B. Zutta, S. Ifo, B. Margono, F. Stolle, and R. Moore. 2016. Humid tropical forest disturbance alerts using Landsat data. Environmental Research Letters, 11 (3). Accessed through Global Forest Watch on October 23, 2019. www.globalforestwatch.org

Note de la rédaction : Cet article a été réalisé grâce à Places to Watch, un projet de GFW conçu pour identifier rapidement les menaces de déforestation dans le monde entier et pour promouvoir des enquêtes complémentaires dans ces zones. Places to Watch s’appuie sur une combinaison de données satellitaires, en temps quasi réel, d’algorithmes automatisés et de renseignements sur le terrain pour identifier de nouvelles zones à risque chaque mois. En partenariat avec Mongabay, GFW soutient le journalisme de données en offrant des données et des cartes géographiques générées par Places to Watch. Mongabay conserve l’intégralité de son indépendance éditoriale sur les récits publiés à partir de ces données.

Pour plus d’informations sur la conservation des bonobos, veuillez consulter :

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Article original: https://news.mongabay.com/2019/10/bonobo-conservation-stymied-by-deforestation-human-rights-abuses/

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