- Madagascar accueillera la 56e réunion annuelle de l'Association of Tropical Biology and Conservation en juillet.
- Les organisateurs ont lancé une pétition afin d'obtenir un soutien pour prendre des mesures urgentes afin de préserver la biodiversité unique de l'île.
- La pétition sera présentée au président du pays, qui a été invité à la signer et à la nommer « la Déclaration d'Ivato », qui correspond au nom du lieu où se fera la réunion.
- Le document, disponible en quatre langues, est accessible en ligne jusqu'au 2 août.
Alors que Madagascar se prépare à accueillir un important sommet sur la conservation le mois prochain, l’organisateur a lancé une pétition pour attirer l’attention sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité unique de l’île et sur sa population.
Les délégués de plus de 50 pays sont attendus à la 56e réunion annuelle de l’Association of Tropical Biology and Conservation (ATBC) qui se tiendra du 31 juillet au 3 août à l’Ivato International Convention Centre situé dans la capitale, Antananarivo. Le président de Madagascar, Andry Rajoelina, a été invité à signer la pétition à la clôture de la conférence afin qu’elle puisse être instituée comme la Déclaration d’Ivato.
La pétition est une tentative de la part de la communauté scientifique de faire la lumière sur les préoccupations exprimées dans un commentaire published in Nature Sustainability qui a été publié dans Nature Sustainability en mai et qui recommande au gouvernement et aux principaux intervenants de prendre des mesures. Il souligne la place unique que Madagascar occupe en tant que plus ancienne île du monde et abrite des espèces uniques qui sont à la fois bizarres et merveilleuses, mais aussi gravement menacées.
L’étonnante variété d’espèces végétales et animales de Madagascar, dont on estime que 90 % sont introuvables ailleurs sur la Terre, est le résultat de son isolement durant des dizaines de millions d’années. Cela a permis aux forces évolutives de façonner le biote en toute liberté. Le pays abrite plus d’une centaine d’espèces de lémuriens énigmatiques et d’espèces de reptiles et d’amphibiens moins connues, mais tout aussi remarquables.
La plupart de ces espèces sont menacées par la perte incontrôlée des forêts, la dégradation de l’habitat, la fragmentation et le trafic d’espèces sauvages. En 2018, Madagascar a perdu 2 % de ses forêts tropicales primaires, le pourcentage le plus élevé de tous les pays du monde. Les forêts restantes sont gravement fragmentées, environ la moitié d’entre elles se trouvant désormais à moins de 100 mètres d’une lisière.
L’installation d’un nouveau gouvernement sous Rajoelina cette année suscité l’espoir qu’un certain degré de stabilité politique pourrait contribuer à enrayer la destruction de l’environnement. Au cours de son précédent mandat présidentiel, de 2009 à 2014, lorsqu’il est arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’État, Rajoelina a connu une période d’exploitation incontrôlée de ses ressources naturelles.
L’ATBC, dans sa pétition, reconnaît la réalité de la conservation dans un pays qui est l’un des plus pauvres d’Afrique, avec 75 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté en 2018, et qui souffre d’un taux élevé de malnutrition infantile. « La préservation de la biodiversité doit donc contribuer aux efforts de développement économique du pays, et non les entraver », peut-on lire dans la pétition.
Cette dernière souligne la nécessité de sauvegarder le patrimoine naturel de Madagascar et d’en faire la base de son redressement économique, ce qui représente un défi majeur pour le président en exercice actuellement. On peut également lire dans la pétition : « Il s’agira d’une occasion cruciale de souligner aux dirigeants politiques et économiques de la nation les points de vue des communautés scientifiques et de conservation nationales et internationales, en particulier l’importance du patrimoine naturel de l’île à l’échelle mondiale et la nécessité de prendre de nouvelles mesures décisives ».
Le document énumère cinq actions urgentes pour sauver les forêts et la biodiversité et assurer l’avenir de la population : lutter contre la criminalité environnementale, investir dans les zones protégées de Madagascar, veiller à ce que les grands projets d’infrastructure limitent les impacts sur la biodiversité, renforcer les droits fonciers des populations locales sur les ressources naturelles et faire face à la crise croissante du bois de chauffage à Madagascar.
Selon la Banque mondiale, seulement 20 % environ des ménages malgaches ont accès à l’électricité, et ce pourcentage est encore plus faible dans les zones rurales, forçant les gens à se tourner vers les forêts pour leurs besoins énergétiques. La majorité des ménages utilisent du bois de chauffage ou du charbon de bois pour cuisiner. Avec la croissance de la population — entre 2007 et 2017, la population du pays a augmenté de plus de 6 millions de personnes — la pression sur les forêts ne fera que s’intensifier.
L’ATBC vise 2500 signatures* pour la pétition ; au 24 juin, plus de 800 personnes l’avaient déjà signée. L’espoir est de recueillir encore plus de signatures et d’appuis dans le monde entier pour inciter le gouvernement malgache à agir. La pétition est disponible en anglais, français, espagnol et malgache, et sera accessible jusqu’au 2 août.
Image de la bannière : Une femelle lémurien noire sur l’île de Nosy Komba à Madagascar, 2012. Crédit : Rhett A. Butler
[*Note de la rédaction : l’article a été mis à jour pour montrer le changement dans l’objectif du nombre de signatures de la pétition.]
Malavika Vyawahare est la rédactrice de Mongabay à Madagascar. Retrouvez-la sur Twitter : @MalavikaVy
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Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2019/06/science-community-rallies-support-to-save-madagascars-natural-riches/