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Une jeune baleine noire de l’Atlantique Nord décède suite à un empêtrement dans du matériel de pêche

  • La mort d’une jeune baleine noire de l’Atlantique Nord, au large de la côte du Massachusetts en août, semble être due à un empêtrement dans du matériel de pêche.
  • Après des siècles de chasse, le nombre de baleines noires de l’Atlantique Nord peine à croître, en grande partie parce que celles-ci sont souvent victimes d’empêtrement.
  • Il ne reste environ que 450 baleines, puisqu’entre fin 2016 et 2017, après la mort de 17 d’entre elles, aucun baleineau n’a été aperçu l’hiver dernier.

En 2018, une deuxième baleine noire de l’Atlantique Nord (Eubalaena glacialis) est morte des suites d’un empêtrement dans du matériel de pêche, d’après les rapports de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA).

Des plaisanciers ont aperçu le corps flottant d’une baleine au large des côtes de Martha’s Vineyard, une île de l’état du Massachusetts, le 26 août. Deux jours après, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) et la garde côtière américaine ont posé un émetteur satellite sur la carcasse et prélevé des échantillons de tissus, mais ont décidé de ne pas la remettre sur la terre ferme, au vu de son état de décomposition avancé.

Une baleine noire de l’Atlantique Nord. Image de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) (domaine public), via Wikimedia Commons.

On ne dénombre plus qu’environ 450 baleines noires de l’Atlantique Nord, ce qui en fait l’un des mammifères marins les plus sévèrement menacés de la planète, d’après la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN). Depuis fin 2016 et jusqu’à fin 2017, 17 décès ont été recensés, ce qui a amené la NOAA à qualifier ce chiffre de « taux de mortalité inhabituel ».

Après des siècles de chasse, où, lorsqu’harponné, l’animal flottait et constituait ainsi la baleine « la plus à même » d’être tuée, le rétablissement de cette espèce a par la suite été mis à mal par des taux de reproduction très bas. Les scientifiques n’ont vu aucun baleineau dans les zones de reproduction l’hiver dernier, sur les côtes de la Géorgie et de la Floride. D’après une récente étude, les empêtrements récurrents dans les filets de pêche, qui prennent au piège plus de 80 % des baleines noires de l’Atlantique du Nord au moins une fois dans leur vie (selon une étude de 2012), empêcheraient les femelles de prendre du poids et mener à bien leurs gestations.

La dernière baleine noire de l’Atlantique Nord retrouvée morte cette année était une femelle âgée de 10 ans, mesurant environ 12 mètres de long.

Une baleine prise en mer de Norvège, au cours d’une expédition dédiée à la recherche, avant 1900. Image : Librairie national de Norvège (domaine public), via Wikimedia Commons.

La carcasse trouvée au mois d’août, en revanche, était un mâle de 9 mètres de long, d’après les mesures prises pendant de la nécropsie effectuée lorsque l’animal flottait près du rivage. Vu sa longueur, la NOAA estime qu’il devait avoir environ 1 an et demi. Ainsi, il serait l’un de cinq baleineaux nés durant la période de 2016-2017. L’équipe ayant réalisé la nécropsie a noté la présence de lésions sur son corps, lesquelles suggèrent un empêtrement, même si celui-ci n’était marqué par aucune ligne, au moment de l’analyse.

« Si elles sont prises dans les filets, il leur est impossible de remonter à la surface pour respirer », a déclaré Sarah Sharp, une vétérinaire travaillant pour le Fonds international pour la protection des animaux, (International Fund for Animal Welfare, IFAW) dans un article du Cape Cod Times.

Le squelette de Stumpy, une baleine noire d’Atlantique Nord, exposé au musée des sciences naturelles de Caroline du Nord, à Raleigh. Image: Nate J E (CC BY-SA 3.0), via Wikimedia Commons.

Un groupe de scientifiques et chercheurs dédiés à la conservation, d’ingénieurs et de pêcheurs de la côte Est du Canada et des Etats-Unis ont formé un consortium « sans filet ». Ceux-ci travaillent en collaboration afin de créer et de promouvoir l’utilisation d’un nouveau type de matériel de pêche qui serait moins susceptible de mettre en danger les baleines noires. Le groupe s’est réuni en février dernier, et prévoit une autre rencontre en novembre. Le but est de réduire les probabilités d’un empêtrement, afin d’éviter le décroissement de la population des baleines, et comme dans ce cas, la noyade de ces mammifères.

Charles “Stormy” Mayo, un chercheur spécialiste des baleines noires et travaillant au Center for Coastal Studies, à Provincetown (Massachusetts) a affirmé au Cape Cod Times : « Une mort par noyade est absolument horrible pour un mammifère. En supposant qu’elle s’est noyée ou qu’elle a souffert de coupures, voire d’inanition, toutes ces situations sont très tristes pour la baleine, et comme l’ont dit certains, cela peut être presque considéré comme une forme de torture ».

Image de bannière: une équipe aidant une baleine à se défaire d’un filet de pêche. Photo de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) (CC BY 2.0), via Wikimedia Commons

Citations

Knowlton, A. R., Hamilton, P. K., Marx, M. K., Pettis, H. M., & Kraus, S. D. (2012). Monitoring North Atlantic right whale Eubalaena glacialis entanglement rates: a 30 yr retrospective. Marine Ecology Progress Series, 466, 293-302.

Pace, R. M., Corkeron, P. J., & Kraus, S. D. (2017). State-space mark-recapture estimates reveal a recent decline in abundance of North Atlantic right whales. Ecology and Evolution, 7(21), 8730-8741.

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