Nouvelles de l'environnement

La province des îles Salomon interdit l’exploitation forestière dans l’espoir de protéger l’environnement

  • Les dirigeants de la province centrale de l’île, qui appartient aux îles Salomon situées dans le Pacifique Sud, ont décidé de ne plus octroyer de licence commerciale aux sociétés d’exploitation forestière et minière. Cette décision fait suite à une pétition locale et à de récents rapports détaillant le manque de viabilité et de légalité dans le secteur de l’exploitation forestière du pays.
  • Les pratiques corrompues et non viables d’exploitation forestière ont été accusées, par les organisations locales et internationales, de détruire les habitats sensibles des îles et de créer des troubles civils chez les autochtones.
  • Les gouvernements provinciaux des îles Salomon n’ont pas les moyens de totalement bloquer l’exploitation forestière, ce qui conduit la province centrale à suivre cette approche de permis pour mettre fin aux nouvelles opérations.

La province centrale des îles Salomon a bloqué toute nouvelle opération d’exploitation forestière et minière dans un effort manifeste d’enrayer la dégradation des écosystèmes sensibles de l’archipel.

« Étant donné que le bois est récolté à un rythme insoutenable dans les îles, il s’agit là d’une première étape importante » a twitté l’observatoire londonien Global Witness le 14 janvier.

Le bois représente près d’un tiers des exportations des îles Salomon, selon une étude de la Banque mondiale parue en 2013. En octobre 2018, Global Witness a rapporté que les sociétés coupaient les arbres du pays à un rythme 19 fois supérieur à ce qui est jugé viable.

Vue aérienne des îles Salomon. Image de Jim Lounsbury (usage gratuit et libre de droits d’auteur) via Wikimedia Commons.

L’organisation a par ailleurs découvert que plus de 12 600 kilomètres de chemins forestiers sillonnaient le territoire.

La province centrale de l’île, également connue sous le nom d’îles centrales ou de province centrale, abrite Tulagi, capitale coloniale des îles Salomon, un groupe d’îles qui s’étend jusqu’à l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée sur 1,34 million de kilomètres carrés dans le Pacifique Sud.

La province centrale de l’île renferme des mégapodes, tels que le mégapode mélanésien (Megapodius eremita) figurant sur cette photo. Image de Joseph Smit (domaine public).

Le gouvernement national a le pouvoir d’autoriser l’exploitation forestière dans le pays, a indiqué Patrick Vasuni, responsable de la province par intérim à ABC Radio Australia (ce dernier est officiellement « responsable par intérim » jusqu’aux prochaines élections prévues pour 2020). Mais les entreprises doivent aussi obtenir des licences commerciales auprès de gouvernements provinciaux avant de démarrer les opérations.

« Voici la zone que nous interdisons. » a-t-il expliqué, ajoutant que l’injonction s’inscrivait dans la foulée d’une pétition locale visant à stopper l’exploitation forestière dans la province.

Vaeno Vigulu, qui chapeaute le ministère des Forêts du pays, a confirmé par SMS à ABC Radio que l’ordre n’était pas venu de son agence.

Les îles Salomon comptent plus de 12 600 kilomètres de chemins forestiers, qui exposent des habitats sensibles à de potentielles dégradations et destructions. Image de Global Witness.

Les groupes de conservation mettent en garde depuis longtemps contre l’exploitation forestière et minière qui détruit les habitats des régions montagneuses, de la forêt vierge et du littoral partout dans le pays, tout en incitant aux troubles civils. L’enquête menée par Global Witness a découvert que 82 % des exportations de bois des îles Salomon se retrouvaient en Chine, la plupart provenant sans doute d’abattages illégaux ou non viables, voire les deux.

Ceci « devrait réellement alarmer les entreprises et les responsables de politique chinois » avait révélé à l’époque Beibei Yin, militant auprès de Global Witness, à Mongabay.

Global Witness a en outre recommandé un moratoire sur l’exploitation forestière jusqu’à ce que les autorités puissent s’attaquer aux enjeux de corruption, de viabilité et aux questions juridiques qui se posent dans le secteur. En l’absence d’une telle directive gouvernementale, il semble que la province centrale de l’île ait décidé d’intervenir pour protéger son environnement.

« Bien que nous continuions de recevoir de nouvelles informations, nous sommes convaincus que la province essaie de trouver un nouveau modèle de développement plus viable », a déclaré Yin Beibei dans un courrier électronique.

Patrick Vasuni avoue qu’il ne s’attendait pas à ce que d’autres provinces suivent l’exemple de la province centrale, vu leur niveau de dépendance économique envers l’exploitation forestière.

Image de bannière d’un village des îles Salomon prise par Irene Scott/AusAID via Wikimedia Commons (CC BY 2.0).

COMMENTAIRES : utilisez ce formulaire pour envoyer un message à l’auteur de ce post. Si vous voulez poster un commentaire public, ceci peut être fait au bas de la page.

Quitter la version mobile