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D’après une étude, le rift albertin, en Afrique de l’Est, doit désormais être protégé

  • Le rift albertin, en Afrique de l’Est, dénombre plus de 500 espèces de plantes et d’animaux se trouvant nulle part ailleurs dans le monde.
  • Les écosystèmes uniques du rift albertin, formés par le mouvement des plaques tectoniques, sont également menacés par l’accroissement de la population humaine et le réchauffement climatique.
  • Un nouveau rapport présente un plan visant à protéger les paysages qui constituent le rift. Celui-ci a un coût d’environ 21 millions de dollars par an, une somme très correcte, d’après les scientifiques, compte tenu du nombre d’espèces menacées qui pourraient être sauvées.

Les écosystèmes équatoriaux du rift albertin regorgent d’espèces végétales et animales qui ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. Ces dernières décennies, les conflits, la pauvreté, et une population humaine grandissante ont mis à mal ces habitats uniques, nés du mouvement progressif des plaques tectoniques au cours de millions d’années et se trouvant au sein de ce véritable épicentre de la biodiversité.

Désormais, un groupe travaillant pour la conservation de la nature œuvre en collaboration avec les autorités afin de mettre en place un programme pour protéger les forêts tropicales humides et de plaine, les lacs et les rivières, ainsi que les savanes et les milieux humides allant du sud du lac Albert jusqu’au lac Tanganyika.

Les six paysages formant le rift albertin. Image de WCS.

« Le rift albertin est le lieu le plus important pour préserver les espèces vertébrées en Afrique, puisqu’il abrite plus d’espèces endémiques et menacées qu’aucune autre région du continent » a affirmé Plumptre, un expert en biologie au sein du programme Africain de la Wildlife Conservation Society (WCS), et auteur principal de l’article.

La Wildlife Conservation Society, en collaboration avec des ONG locales, et le gouvernement du Burundi, du Congo, du Rwanda, de la Tanzanie et de l’Ouganda, a mené une étude qui s’étend sur 16 ans. Ceux-ci ont utilisé ces recherches afin de mieux analyser les six paysages géographiques, choisis en raison du nombre élevé d’espèces uniques et menacées qu’ils comptent, et élaboré des mesures détaillées afin de les protéger.

D’après le rapport, les scientifiques prévoient un coût d’environ 21 millions de dollars par année pour pouvoir mettre en pratique les solutions proposées. Un chiffre, qui selon eux, « offre une plus grande rentabilité, comparé à d’autres régions du monde présentant une plus faible variété d’espèces ».

Un gorille de l’Est, un primate vivant exclusivement dans le rift albertin. Photo de A.J. Plumptre/WCS.

« Nous avons recensé 163 vertébrés terrestres uniques à cette région, et nous découvrons sans cesse de nouvelles espèces », a déclaré Plumptre. Nous savons également que les lacs de la région, eux aussi, contiennent une grande variété de poissons et qu’au moins 350 espèces végétales existent uniquement dans cette région.

Le coût par espèce reviendrait à environ 2’500 dollars annuels, d’après les auteurs. Au sein du rift albertin résident les gorilles de montagnes (Gorilla gorilla beringei), les éléphants de savane (Loxodonta africana), et les chimpanzés communs (Pan troglodytes), tous figurant sur la liste rouge des espèces sévèrement menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).

La plus grande préoccupation de l’équipe est la grave déperdition des habitats dans la région, laquelle fait face à une densité de population extrêmement élevée, puisque dans certains endroits, on dénombre 1’000 habitants au kilomètre carré (soit 2’564 personnes par mille carré). D’autres études démontrent que les espèces endémiques (en d’autres termes, résidant exclusivement dans le rift albertin), ou en danger d’extinction, ont perdu en moyenne 40% de leur habitat.

Cercopithèque de l’Hoest. Photo de A.J. Plumptre/WCS.

De plus, les scientifiques affirment que ces milieux, créés par la topographie particulière du rift, sont très sensibles aux changements climatiques, ce qui peut potentiellement exacerber les pertes progressives d’habitats.

« D’ici à la fin du siècle, le nombre d’espèces endémiques devrait diminuer davantage, en raison du réchauffement climatique, puisqu’un grand nombre de ces espèces devra se déplacer en hauteur, au fur et à mesure que les températures augmentent », ont affirmé Sam Ayebare, un chercheur de la Wildlife Conservation Society en Ouganda, et un autre auteur du rapport. « Ces montées en flèche auront pour effet de réduire l’habitat viable de 75 %, un pourcentage conséquent ».

Le rapport met également l’accent sur certaines parties de la région, qui doivent être protégées en priorité, en particulier celles qui ne rentrent pas dans la circonscription des parcs et réserves. Même si la République démocratique du Congo a récemment dédié plus de 10’000 kilomètres carrés à la protection des espèces (3’861mille carré), de nombreux habitats, surtout en RDC, fondamentaux pour la biodiversité, ne bénéficient pas d’une telle protection, souligne Deo Kujirakwinja, un conseiller technique pour WCS et co-auteur du rapport.

« Il faut absolument nous concentrer sur ces régions, avant qu’elles, et les espèces uniques qui y résident ne disparaissent », alerte Kujirakwinja.

Les forêts du rift albertin. Photo de A.J. Plumptre/WCS.

Image bannière : Cercopithèque de l’Hoest. A.J. Plumptre/WCS.

REFERENCES

Plumptre, A.J., Ayebare, S., Segan, D., Watson, J. & Kujirakwinja, D. (2017) Conservation Action Plan for the Albertine Rift. Wildlife Conservation Society Report to Governments of Uganda, Rwanda, Burundi, Tanzania and Democratic Republic of Congo.

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