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Nouvelle étude : L’exploitation forestière des îles doit surpasser les « meilleures pratiques » actuelles pour éviter l’érosion

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  • Dans une nouvelle étude, une équipe d’écologistes a simulé ce qui se passerait si des compagnies avaient la permission d’exploiter les forêts de l’île Kolombangara sous plusieurs scénarios de gestion, incluant ceux conçus pour minimiser l’érosion du sol et protéger la qualité de l’eau.
  • Alors que le modèle simule de plus grandes proportions de défrichage des terres, les méthodes les plus sévères ne peuvent arrêter l’érosion du sol qui polluerait l’eau potable et les terres agricoles des habitants de l’île, de même que les habitats des plantes aquatiques et des animaux de la région.
  • La Biodiversity Conservation Association de l’île Kolombangara est à la tête d’une initiative pour conserver intactes les forêts situées à des altitudes plus élevées que 400 mètres (1310 pieds) désignées comme un parc national de l’île.

Pour que l’exploitation forestière des îles soit durable, il faut adhérer à des paramètres clairement définis qui limitent l’impact sur la qualité de l’eau et l’érosion du sol, selon une nouvelle recherche aux Îles Salomon, dans le sud-est de l’océan Pacifique.

« Sauver les forêts tropicales à travers le monde dépend de législations plus serrées par des lois et politiques nationales, de même qu’un soutien local pour la gestion de la forêt » dit Stacy Jupiter, l’une des auteurs de la recherche et directrice du programme de la Mélanésie de Wildlife Conservation Society, dans un un communiqué. « Cette étude illustre bien pourquoi nous devons passer à l’action maintenant pour protéger le reste des paysages forestiers de la planète dans le but de préserver leur biodiversité et le service écosystémique pour la population. »

Exploitation forestière en cours sur les flancs de l’île Kolombangara aux Îles Salomon. Image par Joe McCarter/WCS.

Ce n’est pas un secret que les écosystèmes des îles sont particulièrement fragiles, comme le sont l’eau potable, l’habitat et les ressources que ces derniers procurent. Dans un même temps, plusieurs de ces ressources, telles que le bois que l’on retrouve dans les forêts tropicales des Îles Salomon, peuvent permettre de renforcer une économie luttant contre un haut taux de chômage et peu de sources de revenus. L’intérêt de l’exploitation forestière vise d’une façon accrue les pentes boisées des îles volcaniques de ce pays.

Les Îles Salomon ont des lois qui protègent les endroits les plus à risque de la forêt, incluant ces 400 mètres (1310 pieds) au-dessus du niveau de la mer ou les pentes particulièrement escarpées. En dépit de ces lois, les compagnies se font parfois donner l’accès, écrivent les auteurs de l’article dans le journal Environmental Research Letters, le 17 avril.

Pour leur recherche, une équipe de scientifiques a simulé ce qui se passerait si les compagnies avaient l’autorisation d’exploiter les forêts de l’île Kolombangara selon plusieurs scénarios de gestion. Plus de la moitié de l’île Kolombangara est constituée de forêt, et aucune exploitation commerciale ne s’est jamais produite à cet endroit – en partie parce qu’elle fourmille de plantes aquatiques et d’animaux, incluant plusieurs espèces de poissons d’eau douce qui ne se trouvent nulle part ailleurs.

Panache se vidant dans la mer pleine de sédiments dû à l’exploitation forestière en amont dans la Province de l’Ouest des Îles Salomon. Image par Wade Fairley/WCS.

Les arbres des hauts-plateaux de Kolombangara, où l’altitude monte jusqu’à 1750 mètres (5740 pieds), fixe aussi les écosystèmes qui fournissent des terres agricoles fertiles et de l’eau potable aux habitants de l’île. Mais alors que l’équipe simulait des proportions de plus en plus élevées de défrichage pour l’exploitation forestière, ils ont trouvé que les « meilleures pratiques » actuelles ne peuvent pas suffisamment arrêter l’érosion du sol pour éviter la pollution de ces piliers essentiels à l’environnement local.

« Lorsque l’étendue du défrichage des terres atteint 40 pour cent dans nos modèles, les standards internationaux concernant l’eau potable étaient dépassés dans presque 40 pour cent du temps, même si les meilleures pratiques pour l’exploitation forestière étaient suivies, » dit dans un communiqué Amelia Wenger, une écologiste à l’Université du Queensland en Australie et auteure principale du journal. « La perte de la forêt en terre haute compromettra l’accès local à l’eau potable essentielle pour la consommation, pour se laver et nettoyer la maison. »

Pour protéger cette région essentielle, un groupe de propriétaires autochtones des terres, appelé le Kolombangara Island Biodiversity Conservation Association, travaille à conserver intactes les forêts plus hautes que 400 mètres désignées comme un parc national. Ferguson Vaghi coordonne l’association, qui a pour but de protéger les ressources naturelles de l’île Kolombangara ainsi que de veiller aux intérêts social et économique des communautés locales. L’association s’occupe actuellement d’une réserve de plus de 194 kilomètres carrés (75 pieds carrés) des forêts à haute-altitude de l’île.

Gardes forestiers communautaires en train d’inspecter un défrichage récent dû à l’exploitation forestière dans la Province de l’Ouest, Îles Salomon. Image par Joe McCarter/WCS.

Vaghi mentionne que cette recherche démontre que les gestionnaires des terres doivent considérer les répercussions que l’exploitation forestière entrainerait.

« Auparavant, les habitants des Îles Salomon prenaient les décisions concernant l’exploitation forestière d’un point de vue uniquement économique, » dit-il dans un communiqué. « Cette étude souligne qu’il faut aussi considérer les incidences en aval sur l’environnement. »

Image de bannière d’un panache par Wade Fairley/WCS.

CITATION

Wenger, A., Atkinson, S., Santini, T., Falinski, K., Hutley, N., Albert, S., … & Jupiter, S. (2018). Predicting the impact of logging activities on soil erosion and water quality in steep, forested tropical islands. Environmental Research Letters.

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