Nouvelles de l'environnement

Le visionnage de près de quarante ans d’archives télévisées d’une course cycliste met en évidence les effets du dérèglement climatique

  • Une équipe d'écologistes a utilisé des enregistrements télévisés de points stratégiques situés le long de la route du Tour des Flandres, course cycliste annuelle, pour analyser la réaction des plantes à l'augmentation régionale des températures.
  • Après avoir visionné plus de 200 heures d'archives télévisées de 36 années d'une course cycliste, l'équipe s'est rendue compte de la précocité saisonnière des feuilles et des fleurs sur les arbres.
  • En 2016, les arbres avaient 67 % plus de chance d'être couverts de feuillage au moment de la course qu'au cours des années 1980. À titre comparatif, une minorité d'arbres, voire aucun n'avait de feuilles les années antérieures à 1990.
  • Les chercheurs espèrent qu'en visionnant les enregistrements vidéo d'autres courses cyclistes et d'évènements sportifs similaires annuels, ils pourront mieux comprendre les modifications écologiques liées au changement des températures.

Des scientifiques, en Belgique, ont utilisé 36 années d’archives télévisées d’une course cycliste annuelle, pour identifier le moment précis, où chaque année, les feuilles et les fleurs apparaissent sur les arbres et les arbustes, leur permettant d’effectuer un graphique des effets du dérèglement climatique.

Les données collectées pourraient aussi aider les chercheurs à prédire les variations écologiques si les températures continuent d’augmenter.

Pieter De Frenne, un écologiste à l’Université de Ghent en Belgique et auteur principal de l’étude a déclaré : “c’est seulement en compilant les données du passé que l’on pourra prédire les effets du changement climatique sur les espèces et les écosystèmes”. Le 3 juillet dernier, De Frenne et ses collègues ont publié leurs résultats dans le journal Methods in Ecology et Evolution.

Les chercheurs ont compté les feuilles et les fleurs apparues sur chaque arbre étudié, situé à des points stratégiques de la course, tel le poirier que l’on aperçoit en arrière plan de la photo. Images@Flanders Classic.

Le Tour des Flandres est une course célèbre d’un jour, se déroulant au début du mois d’avril en général, qui attire l’élite des cyclistes du monde entier dans le Nord de la Belgique. La moyenne des températures de la région a augmenté de 1.5 degrés Celcius environ (2.7 degrés Farenheit) depuis les années 1980. De Frenne et ses collègues ont estimé que les enregistrements vidéo des points stratégiques de la course les aideraient à mieux comprendre les effets de l’augmentation des températures sur les plantes, puisque la course se déroule chaque année au printemps et que son parcours ne varie pas.

Ils ont commencé par rassembler les archives télévisées de la course cycliste, diffusées par la station de télévision flamande VRT entre les années 1981 et 2016. Ils ont ensuite analysé 200 heures d’enregistrement, étudiant 46 arbres et arbustes en particulier puis ont compté de manière approximative le nombre de feuilles et de fleurs que chacun d’entre eux avait par an.

Lorque les températures augmentaient, les arbres commençaient à avoir des fleurs et des feuilles (ce que les écologistes appellent “flushing” (“bourgeonner”) plus tôt dans la saison. En 2006, chaque arbre ou arbuste étudié avait 20 % plus de chance d’avoir bourgeonné pendant le Tour des Flandres que dans les années 1980. Cette figure atteignit 67 % en 2016. À titre comparatif, une minorité d’arbres, voire aucun n’avait de feuilles les années antérieures à 1990.

Les écologistes ont visionné plus de 200 heures de 36 années d’archives télévisées du Tour des Flandres. Image@Flanders Classics.

De Frenne a dit que l’augmentation de cette couverture de feuilles est le résultat d’un ensemble de facteurs.

Il a déclaré : “le feuillage précoce des arbres peut être avantageux pour certaines espèces qui poussent alors plus rapidement et produisent plus de bois “. “Mais leurs feuillages peuvent aussi avoir des effets néfastes. Quand les arbres bourgeonnent plus tôt dans l’année, ils font plus d’ombre pendant plus longtemps, affectant ainsi d’autres animaux et plantes, voire même l’ensemble de l’écosystème”.

De Frenne a ajouté que ces conséquences pourraient aussi avoir des répercussions sur l’écosystème local.

Il a dit : “certaines fleurs que l’on trouve sous les arbres risquent de ne pas recevoir assez de lumière pour s’épanouir. Par conséquent, les insectes n’ont pas assez de nectar pour se nourrir et d’endroits ensoleillés pour survivre.”

Les chercheurs ont ajouté qu’en visionnant des courses cyclistes similaires ainsi que des évènements culturels ou sportifs tels des concerts et tournois de golf, ils pourront approfondir leurs connaissances sur les effets du réchauffement climatique. Image@ Flanders Classics.

De Frenne a déclaré que l’équipe de chercheurs est persuadée qu’en visionnant des courses cyclistes similaires ainsi que des évènements culturels ou sportifs tels des concerts et tournois de golf, ils pourront mieux comprendre les modifications écologiques liées au réchauffement climatique.

Il a ajouté : “Notre méthode pourrait aussi être utilisée pour collecter des données sur d’autres aspects importants de la recherche écologique ou évolutive comme la santé des arbres, le niveau d’eau des rivières et des lacs et la multiplication des espèces envahissantes.”

prise de vue d’une photo d’archive du Tour des Flandres.

Citation

De Frenne, P., Van Lagenhove, L., Van Driessche, A., Bertrand, C., Verheyen, K., & Vangansbeke, P. (2018). Using archived television video footage to quantify phenology responses to climate change. Methods in Ecology and Evolution. https://doi.org/10.1111/2041-210X.13024

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