Nouvelles de l'environnement

Recrudescence des populations de plantes des îles du Pacifique après l’éradication des rats

  • Dans le cadre d'une étude réalisée sur plusieurs années dans l'atoll Palmyra, dans l'océan Pacifique, des scientifiques ont constaté que le nombre de pousses d'arbres avait augmenté de plus de 5 000 % après l'élimination des rats qui peuplaient l'endroit.
  • Les rongeurs, qui avaient envahi les îles au cours de plusieurs siècles de débarquements de bateaux, dévoraient les pousses d'arbres et la végétation, et étaient également responsables du dépeuplement des oiseaux marins.
  • En 2011, l'atoll a entrepris d'éliminer ces animaux nuisibles. En l'espace d'un mois, les jeunes pousses ont commencé à reprendre leurs droits.

Une nouvelle étude montre que le nombre de plantes a grimpé en flèche dans l’atoll Palmyra, un groupe de 25 petites îles situé à quelque 1 600 kilomètres au sud-ouest d’Hawaii, dans l’océan Pacifique, après que les rats qui avaient envahi l’endroit et engloutissaient les graines et la végétation ont été éradiqués.

Alex Wegmann, écologiste collaborant avec The Nature Conservancy of Hawaii, l’organisation pour la préservation naturelle d’Hawaii, et directeur de son programme à Palmyra, a indiqué dans un communiqué que l’étude a permis de démontrer la résilience des écosystèmes naturels.

« Dans une ère marquée par des inquiétudes réelles sur la situation environnementale », a expliqué Alex Wegmann, « la reconstitution de la végétation de Palmyra, permise par l’absence des rats, nous rappelle la résilience intacte des écosystèmes et nous donne l’espoir d’un avenir meilleur. »

Une nouvelle pousse d’arbre dans l’atoll Palmyra. Image d’Abram Fleishman (Island Conservation).

Selon les scientifiques, le simple fait d’éliminer les rats des îles qu’ils ont envahies, le plus souvent en s’introduisant clandestinement sur des bateaux, aura un effet réellement positif sur les oiseaux marins, car les petits mammifères s’attaquaient notamment aux œufs et aux oisillons. Une étude récente a par ailleurs montré que les récifs coralliens abondent aux abords des îles dépourvues de rongeurs grâce au rôle essentiel du guano, riche en nutriments, que les oiseaux marins déposent dans les eaux environnantes. Pour l’instant, toutefois, les répercussions de l’éradication des rats sur la résurgence des populations de plantes ne sont pas encore aussi marquées que prévu.

Depuis le début des années 2000, les chercheurs surveillaient les arbres qui peuplent l’atoll Palmyra. Puis, en 2011, l’ONG californienne Island Conservation s’est alliée avec l’organisme américain pour les poissons et animaux sauvages, dénommé U.S. Fish and Wildlife Service, et The Nature Conservancy pour débarrasser les îles de la quasi-totalité des rats qui y avaient élu domicile.

De nouvelles pousses de Pisonia grandis. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Island Conservation.

Lorsque les petits rongeurs étaient présents, l’étude faisait état de 140 pousses de cinq spécimens d’arbres considérés comme « rares dans la région », distribués dans une cinquantaine d’endroits sur l’atoll. En 2016, cinq ans après leur élimination, elle recensait alors 7 756 pousses de ces arbres, ce qui correspond à une augmentation de plus de 5 400 %. La densité d’une espèce d’arbre en particulier, le Pisonia grandis, est montée en flèche seulement un mois après que les muridés ont été éradiqués.

Connue notamment sous les noms d’arbre à chou ou de bird-catcher (attrape-oiseaux) chez les anglophones, cette espèce constitue un pilier important des forêts tropicales, offrant aux oiseaux marins des océans Pacifique et Indien des endroits où se percher et où nicher. L’équipe de chercheurs a dénombré en moyenne 688 pousses par 100 m2, alors qu’elle n’en avait aperçu aucun lorsque les rongeurs peuplaient encore les îles.

« Après la disparition des rats, nous avons immédiatement observé des changements », s’exclamait Coral Wolf, une biologiste de la conservation de Island Conservation, dans une communication. « Nous étions tellement fiers de marcher au milieu de ces peuplements forestiers de gigantesques pisonias et de découvrir un tapis de minuscules pousses sur le sol de la forêt. Pour autant que je sache, cela n’avait plus été observé à Palmyra depuis des dizaines d’années. »

Coral Wolf est la principale auteure de l’étude, qui a été publiée le 17 juillet dans la revue PLOS ONE.

Coral Wolf dans un bosquet de Pisonia grandis, en 2014, approximativement trois ans après que l’atoll a été débarrassé des rats. Image reproduite avec l’aimable autorisation de Island Conservation.

Les chercheurs ont également constaté une multiplication par 13 du nombre de cocotiers allogènes (Cocos nucifera) après la disparition des rats, ce qui pourrait bousculer la diversité des arbres de ces forêts. Selon eux, il sera peut-être nécessaire de mettre au point une solution pour restaurer complètement l’écosystème naturel. Ils ont cependant aussi indiqué que l’intervention a été profitable aux arbres natifs, en les rendant plus résistants à un environnement changeant.

« La montée du niveau des eaux et les changements de température de l’océan, ainsi que l’industrie chimique, continueront de malmener les écosystèmes de Palmyra », indiquait Alex Wegmann. « La régénération des forêts tropicales natives de Palmyra permet une meilleure résilience de l’intégralité des écosystèmes face aux répercussions du changement climatique. »

L’image d’en-tête représentant des fous à pieds rouges a été prise par Erik Oberg (Island Conservation).

Citation

Wolf, C. A., Young, H. S., Zilliacus, K. M., Wegmann, A. S., McKown, M., Holmes, N. D., … Croll, D. A. (2018). Invasive rat eradication strongly impacts plant recruitment on a tropical atoll. PLOS ONE, 13(7), e0200743.

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