Nouvelles de l'environnement

L’humain responsable de la disparition des mammifères sauvages, selon une étude sur la biomasse

  • Une équipe de scientifiques a passé au peigne fin des études antérieures à la recherche d’estimations de la masse totale de carbone que représente chaque groupe d’organismes vivants sur Terre afin de mesurer la biomasse relative.
  • L’équipe a découvert que quelques 450 des 550 gigatonnes de carbone présent chez toute forme de vie sur Terre, soit environ 80 %, étaient stockées dans les plantes puis qu’un autre 15 % était détenu par les bactéries.
  • Les humains ne représentent que 0,01 % de la biomasse de notre planète. Malgré ce fait, nous en sommes arrivés à diminuer la biomasse des animaux terrestres de 85 % et celle des mammifères marins d’environ 80 % depuis le commencement de la dernière grande extinction, il y a environ 50 000 ans.

Selon une étude récente, les humains ont un impact énorme sur les autres formes de vie ; les conséquences sont beaucoup plus lourdes que l’infime biomasse que l’on représente.

Le professeur Ron Milo, spécialiste de l’environnement à l’Institut Weizmann des Sciences en Israël, affirmait au quotidien The Guardian que « la place disproportionnée que nous occupons sur Terre est absolument frappante ».

Milo et ses collègues ont passé au peigne fin des études antérieures à la recherche d’estimations de la masse totale de carbone que représente chacun des groupes d’organismes vivants sur Terre afin de mesurer la biomasse relative. Le résultat de leurs recherches a été publié le 21 mai dernier dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.

Iguane à queue épineuse du Panama. Crédit photo : Rhett A. Butler/Mongabay.

Des évaluations antérieures qui avaient pour but de découvrir la répartition de la vie ont tenu compte du nombre d’espèces présentes tandis que d’autres ont plutôt considéré le poids des organismes vivants moins la quantité d’eau qu’ils contiennent, aussi connu sous le nom de « poids sec ». Cependant, personne à ce jour n’avait effectué de recensement sur l’ensemble de la biosphère afin de connaître la répartition de la biomasse calculée à partir du carbone, élément essentiel à toute forme de vie. Pourtant, il en résulte de nouvelles découvertes sur la composition de la vie sur notre planète tout comme sur le rôle que nous jouons à lui donner sa forme.

L’équipe a découvert que les plantes sont de loin les « poids lourds » de la biomasse, hébergeant quelques 450 des 550 gigatonnes de carbone que l’on retrouve chez toute forme de vie sur Terre. Ils ont également calculé que les humains ne détiennent que 0,01 % de tout ce carbone. Toutefois, cette infime fraction n’est pas représentative de notre influence considérable sur l’environnement.

Par exemple, en intégrant les animaux dans notre espace depuis l’avènement de la domestication, nous, les humains, avons créé un déséquilibre dans la répartition des espèces. Aujourd’hui, les mammifères sauvages comptent pour à peine plus de 4 % de la biomasse des mammifères de la planète. En revanche, la biomasse du bétail, dont la majeure partie est composée des espèces bovine et porcine, est 14 fois plus grande que celle de leurs cousins sauvages.

« Lorsque je fais un casse-tête avec mes filles, on peut apercevoir un éléphant, à côté d’une girafe, à côté d’un rhinocéros » a expliqué Milo au journal The Guardian. « Si toutefois je voulais leur montrer un portrait un peu plus réaliste du monde, on y verrait une vache, à côté d’une vache, puis une autre, à côté d’une poule. »

Les bactéries ubiquitaires constituent, quant à elles, 15 % de la biomasse mondiale. Mais d’autres groupes réputés dominants, comme le million d’espèces qui forment la classe des arthropodes (que nous appelons insectes) ne détiennent qu’une minuscule part du carbone, selon les chercheurs.

Éléphants à un point d’eau en Afrique du Sud. Crédit photo : Rhett A. Butler/Mongabay.

Il est également étonnant de comparer la fraction de la biomasse qui se trouve sur la terre ferme à celle des océans du globe. Malgré le fait que ceux-ci couvrent près des trois quarts de la planète, la portion des océans équivaut à environ 1,2 % de la portion terrestre.

Cependant, les environnements terrestre et marin ressentent les effets des 200 000 dernières années de présence humaine sur Terre, ce qui est relativement bref. La biomasse des mammifères terrestres sauvages a chuté de 85 % depuis la dernière grande extinction des animaux de grande taille qui a débuté il y a environ 50 000 ans, décrivent les auteurs. La pêche à la baleine et d’autres types de chasse ont réduit la biomasse des mammifères marins de 80 % durant la même période.

« L’humanité a réduit, et parfois même éradiqué certains mammifères sauvages pour se nourrir, ou même pour le plaisir, sur pratiquement tous les continents » affirmait au quotidien The Guardian l’océanographe biologiste de l’université Rutgers Paul Falkowski, qui n’était toutefois pas impliqué dans les recherches.

Selon lui, les conclusions de l’étude démontrent que « les humains sont extrêmement efficaces dans l’exploitation des ressources naturelles. »

Image de bannière : Bétail en Colombie, par Rhett A. Butler/Mongabay.

Citation

Bar-On, Y. M., Phillips, R., & Milo, R. (2018). The biomass distribution on Earth. Proceedings of the National Academy of Sciences, 201711842.

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