Nouvelles de l'environnement

Selon l’UICN, plus de 40 pour cent de la faune et de la flore d’eau douce de Madagascar risquent l’extinction

  • Lors d'une étude sur 653 espèces végétales et animales vivant à Madagascar et sur les îles environnantes, des biologistes ont trouvé que 43 pour cent d'entre elles sont menacées d'extinction ou que le manque de connaissances ne permet pas d'évaluer si elles sont en danger ou non.
  • Près de 80 pour cent des plantes endémiques étudiées font face à un risque d'extinction.
  • L'équipe a pointé les pratiques agricoles non durables, la déforestation, la construction de barrages, l'exploitation minière et la surexploitation des ressources naturelles, comme la surpêche, parmi les causes de ces nombreux déclins de populations.

Madagascar est connue comme étant un havre de biodiversité unique en son genre. Malheureusement, le pays est aussi tristement célèbre pour le cortège de menaces qui pèse sur les espèces particulières qui vivent dans ses forêts tropicales, ses marais et ses bois. Aujourd’hui, l’Union Internationale pour le Conservation de la Nature rapporte qu’une grande partie de la faune et de la flore d’eau douce de l’île, tout comme celles d’autres îles de l’Océan Indien, est dangereusement proche de l’extinction.

Une équipe de biologistes a comparé les données connues sur 653 espèces d’eau douce, allant des poissons aux crustacés en passant par les libellules et les plantes aquatiques, pour découvrir que 43 pour cent d’entre elles étaient soit menacées d’extinction, soit trop peu connues des scientifiques pour évaluer leur statut. Ce pourcentage est deux fois plus important que celui des espèces équivalentes menacées sur le continent africain, selon une étude sur la biodiversité menée par l’UICN en 2011.

Une rizière à Madagascar. Les auteurs du rapport ont désigné les pratiques agricoles non durables comme l’une des causes premières du déclin de ces espèces. Crédit photo Mike Averill, UICN.

Plus de 150 espèces de libellules étudiées sont endémiques à Madagascar, ce qui signifie qu’on ne les trouve nulle part ailleurs dans le monde. D’autres espèces endémiques comprennent un espèce d’escargot d’eau douce qui donne naissance à des petits vivants. Deux des espèces, Madagasikara madagascariensis et Madagasikara johnsoni, sont classées dans la catégorie « en danger ».

Les auteurs ont désigné les pratiques agricoles, y compris la culture sur brûlis utilisée dans l’agriculture de subsistance à travers le monde, comme la menace la plus sérieuse, tout particulièrement quand elles impliquent l’assèchement des marais pour augmenter les surfaces de terre arable. La déforestation, la construction de barrages et l’exploitation minière jouent aussi un rôle dans la pollution des cours d’eau, qui à son tour affecte les plantes et les animaux qui y vivent.

Les auteurs ont mentionné la surexploitation des ressources naturelles, telle la surpêche, comme catalyseur du déclin du nombre d’espèces. Cette découverte est particulièrement préoccupante pour les Malgaches, a déclaré Laura Máiz-Tomé, agent de l’UICN et coéditrice du rapport.

Demoiselle pennipatte à face bleue (Proplatycnemis pseudalatipes), que les scientifiques n’ont trouvé qu’à Madagascar. Photo © Allan Brandon, crédit photo UICN.

« Étant donné le niveau de pauvreté de la population, les Malgaches dépendent fortement des espèces aquatiques pour leurs moyens de subsistance, que ce soit avec la pêche ou l’utilisation des plantes pour la fabrication de paniers, par exemple, » a expliqué Laura Máiz-Tomé. « Pour mettre fin à ce déclin dramatique, le développement des capacités de conservation de ces espèces d’une grande valeur économique et environnementale doit être une priorité. »

Les 23 pour cent d’espèces animales et végétales de la catégorie où l’on « manque de données » sont la preuve d’une déficience importante dans notre compréhension de la biodiversité de Madagascar, explique William Darwall, responsable de l’unité en charge de la biodiversité aquatique pour l’UICN et qui a également contribué au rapport.

« Nous avons un besoin urgent d’études plus poussées afin de protéger efficacement les espèces de ce lieu crucial pour la biodiversité mondiale, » a déclaré M. Darwall.

Écrevisses d’eau douce (Astacoides granulimanus), espèce endémique de Madagascar, en vente sur un marché. Photo © Christian Ranaivoson, crédit photo UICN.

L’étude a révélé que des plantes aquatiques n’existant qu’à Madagascar sont particulièrement menacées, selon Sylvie Andriambololonera, coordinatrice avec l’un des partenaires de l’étude, le Missouri Botanical Garden. Près de 80 pour cent des plantes endémiques étudiées font face à un risque d’extinction. Mais, comme pour les espèces animales, les découvertes ont démontré le peu de connaissances actuelles sur la flore aquatique de Madagascar.

« De nombreuses espèces [de plantes] n’avaient pas été répertoriées au cours des 50 années précédant l’étude, démontrant la nécessité de mener des études de terrain plus régulièrement, » a déclaré S. Andriambololonera. « Des évaluations régulières permettent de combler les déficiences dans nos connaissances et d’établir des priorités dans la protection des espèces. »

Image en bannière : libellule photographiée à Madagascar par Rhett A. Butler/Mongabay.

Suivre John Cannon sur Twitter: @johnccannon

CITATION

Máiz-Tomé, L., Sayer, C. and Darwall, W. (eds) (2018). The status and distribution of freshwater biodiversity in Madagascar and the Indian Ocean islands hotspot. Gland, Switzerland: IUCN. viii+128pp.

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