Nouvelles de l'environnement

« C’est notre foyer » : court métrage sur le combat pour la reconnaissance des pygmées en tant que protecteurs de la forêt

  • « Pygmées de la RDC : la naissance d’un mouvement » est un récent court métrage qui suit le combat pour la reconnaissance des droits fonciers autochtones en République démocratique du Congo (RDC).
  • Ce film met en évidence la place centrale qu’occupe la forêt chez les pygmées et leur rôle en tant que protecteurs de cette dernière.
  • D’après de nombreuses études récentes, la plupart du temps, les groupes autochtones à travers le monde protègent mieux les forêts que le font les parcs et les réserves.

Le terme « pygmée » évoque des images de chasseurs-cueilleurs vivant au plus profond de la forêt équatoriale congolaise, loin du monde moderne. Mais cette modernité se rapproche des pygmées, car on exploite leur habitat pour approvisionner le reste du monde en bois et pour faire place à des fermes industrielles.

À présent, les pygmées de la RDC se réunissent pour témoigner de la valeur qu’incarne la forêt dans leur société et de leur rôle en tant que protecteurs de cette ressource.

« C’est le siège des esprits, des invocations, des incantations et de la réincarnation », souligne Marie Lisenga dans ce récent court métrage : Pygmées de la RDC : la naissance d’un mouvement. « C’est notre foyer. ».

 

Ce documentaire fait partie du projet « If Not Us, Then Who? » dont la mission consiste à démontrer le rôle crucial que jouent les collectivités dans la préservation de la forêt et dans la lutte contre les changements climatiques. À l’instar de nombreux groupes autochtones du monde entier, les pygmées de la RDC peinent à garder les terres qu’ils ont cultivées de génération en génération.

« On ne reconnaît aucun peuple autochtone », affirme Kapupu Diwa Mutimanwa, un des chefs du groupe ethnique des Twa et le président de la Ligue Nationale des Associations des Autochtones Pygmées du Congo (LINAPYCO). « Il existe un droit coutumier autochtone, mais il n’est pas reconnu. Et c’est ce que nous devons changer. », ajoute-t-il.

La discrimination dont les pygmées estiment souffrir remonte à l’époque coloniale lors de laquelle des idées racistes sur l’identité pygmée étaient véhiculées.

« Nous sommes considérés comme des “sous-hommes”, comme une race inférieure, comme des gens qui ne savent pas réfléchir. », souligne Joseph Itongwa Mukukmo, membre du groupement Walikale de la province Nord-Kivu et coordonnateur pour le Réseau des Populations Autochtones et Locales pour la Gestion Durable des Écosystèmes Forestiers de la RDC (REPALEF).

En fait, de plus en plus de recherches démontrent que des groupes autochtones préservent la forêt d’une manière remarquablement efficace, voire mieux que le font les zones protégées traditionnelles comme les parcs et les réserves, et ce, dans de nombreux cas.

Pendant le court métrage, Marie Lisenga fait remarquer les plantes médicinales et comestibles alors qu’elle explique comment son peuple, qui dépend de la forêt, exploite la terre de manière durable.

« Nous n’abattons jamais les arbres. », affirme-t-elle, « Nous protégeons la forêt et ne prenons que les arbres tombés naturellement. ».

Un homme Batwa. Image source [CC BY-SA 2.5] via Wikimedia Commons.

La communauté internationale réalise que les pygmées jouent un rôle crucial en matière de protection de la forêt en RDC. En ce moment, les groupes dirigés par Joseph Itongwa et Kapupu Diwa militent pour la protection du droit à la terre des pygmées sous forme de réforme foncière. Selon eux, ces groupes autochtones servent non seulement à la RDC, mais aussi au reste du monde.

« On sait que les connaissances traditionnelles autochtones sont efficaces pour lutter contre les changements climatiques. », souligne Joseph Itongwa. « Nous sommes fiers, car nous construisons et nous conservons ce qui est important pour l’humanité. », ajoute-t-il.

Image de bannière d’une femme Batwa par Doublearc [CC0] via Wikimedia Commons.

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