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Une banque de données d’ADN de rhinocéros aide les autorités à capturer les braconniers et les trafiquants

  • En Afrique, les autorités réussissent à poursuivre en justice et à condamner les braconniers et les trafiquants de cornes de rhinocéros en s'appuyant sur un système qui contient le profil ADN de ces animaux.
  • Le système, baptisé Rhodis repose sur une banque de données d'informations génétiques provenant d'environ 4000 spécimens de rhinocéros.
  • En comparant la fréquence allélique de la corne confisquée et des produits qui en dérivent avec les allèles des tissus de l'animal braconné, les enquêteurs peuvent établir une correspondance génétique probable avec celle de l'origine de la corne.
  • À ce jour, Rhodis a permis d'établir neuf convictions en Afrique de l'Est et du Sud.

Dans le cadre de la lutte contre le braconnage de rhinocéros en Afrique, les autorités, en charge de leurs protections, disposent maintenant d’un outil basé sur l’analyse très précise de différents profils ADN provenant d’une sélection multiple d’individus.

Le système de données d’index du rhinocéros ou Rhodis (en abréviation) a déjà été utilisé dans neuf cas de poursuite judiciaire pour établir la conviction d’individus associés au commerce illégal de cornes de rhinocéros en Afrique de l’Est et du Sud. Un des accusés a été condamné à plus de 29 ans de prison après avoir tenté de tuer deux rhinocéros blanc (Ceratotherium sumum) dans le parc national du Kruger en Afrique du Sud.

Cindy Harper, vétérinaire à l’Université de Pretoria en Afrique du Sud a déclaré : “RHODIS fournit des correspondances individuelles semblables au profil ADN d’un individu, contrairement aux travaux de recherche similaires où la base de données génétiques ne nous donne qu’une indication de l’origine géographique; ces dernières peuvent alors être utilisées comme une preuve directe dans des affaires criminelles.”

Produits issus de corne de rhinocéros saisis à Hong Kong en 2017. Photo propriété du gouvernement américain sous la responsabilité du Bureau de Washington D.C Etats-Unis (Domaine Public via Wikimedia Commons).

Les braconniers et les trafiquants de cornes de rhinocéros échappent à la réglementation parce qu’il est difficile d’identifier avec précision l’origine exacte de la corne de rhinocéros; en effet, une fois prélevée du corps de l’animal, elle est dirigée rapidement vers les marchés locaux et les pays où la corne est recherchée pour sa valeur ornementale ou utilisée dans la composition de certains médicaments. La Chine et le Vietnam sont les principaux acheteurs.

Rhodis permet d’établir le lien entre les produits originaires de la corne de rhinocéros et l’endroit où l’animal a été tué. Harper et ses collègues ont mis en banque le profil ADN de plus de 3000 rhinocéros blancs et d’environ 900 rhinocéros noirs (Diceros bicornis); ils ont observé combien de fois on retrouve des variations de gênes, connus sous le nom d’allèle sur un ensemble de population différente. En comparant la fréquence allélique de la corne avec celle des tissus de l’animal braconné, ils peuvent ensuite identifier une correspondance probable avec les allèles de l’animal dont la corne est originaire.

L’équipe a publié récemment les résultats de son étude dans la revue Current Biology.

Rhinocéros noir. Photo prêtée par Staycoolandbegood (fruit de son travail) Domaine Public par Wikimedia Commons.

Le braconnage de rhinocéros a augmenté récemment de manière significative, avec plus de 6 100 animaux tués illégalement en Afrique du Sud depuis les neuf dernières années. Plus de 1 200 individus ont été massacrés en 2014 comparé aux 13 tués en 2007 selon les sources du site internet Stop Rhino Poaching (halte au braconnage du rhinocéros).

Le rhinocéros noir est classé en danger de disparition sur la liste rouge d’IUCN alors que le rhinocéros blanc est reconnu proche de l’extinction.

Les auteurs de cette étude montrent que le résultat favorable à la suite de la poursuite judicaire, de la conviction et de la condamnation des braconniers et des trafiquants crée un précédent juridique qui encourage l’utilisation de cette preuve scientifique dans la poursuite des crimes contre les animaux sauvages dans d’autres pays. Mais pour s’attaquer à l’augmentation du commerce international de corne de rhinocéros, la coopération entre les pays est primordiale.

Plusieurs agences en Afrique du Sud ont montré l’exemple, en se réunissant et en soutenant le développement de Rhodis, d’où une des raisons de son succès.

Harper a dit : “je vous remercie pour votre soutien; depuis que nous avons lancé cette banque de données, nous assistons à l’augmentation rapide de son utilisation comme information indispensable sur les données génétiques de rhinocéros dans le cadre d’une application à la fois scientifique et administrative. Cette coopération sans précédent et le soutien des autorités pour ce programme m’a surprise, et est encourageante.”

Le nombre de rhinocéros braconnés en Afrique du Sud a augmenté dramatiquement depuis 2008. Source d’après: Stop Rhino Poaching (Halte au braconnage des rhinocéros)

CITATIONS

Harper, C., Ludwig, A., Clarke, A., Makgopela, K., Yurchenko, A., Guthrie, A., … O’Brien, S. J. (2018). Robust forensic matching of confiscated horns to individual poached African rhinoceros. Current Biology, 28(1), R13–R14. https://doi.org/10.1016/j.cub.2017.11.005

Banner image of white rhinos by Ikiwaner (Own work) [GFDL 1.2], via Wikimedia Commons.

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