Nouvelles de l'environnement

“Les premières coupes” dans les forêts vierges conduisent à une perte progressive de la biodiversité

  • L'étude a analysé "les premières coupes" dans les forêts tropicales et leurs conséquences qui pèsent sur le niveau de menace des espèces.
  • Les chercheurs ont trouvé que le rythme actuel de la déforestation dans les zones à haute priorité comme Bornéo, le Bassin du Congo et l'Amazonie pourrait entraîner l'extinction de 121 à 219 espèces dans les 30 prochaines années.
  • Les auteurs soulignent que leurs conclusions ne sont pas qu'un appel à conserver les paysages intacts; les données récoltées pourraient être utiles au Législateur, travaillant avec des ressources limitées, au moment de décider où mettre en place de nouvelles zones de protection.

Dans les zones tropicales, les premiers signes de déforestation ainsi que les activités qui souvent en découlent comme la chasse, l’agriculture et l’exploitation minière, peuvent pousser à l’extinction de beaucoup plus d’espèces qu’envisagé, à cause de la perte de leurs habitats.

C’est ce qu’a conclu Matthew Betts, paysagiste écologique à l’Université de l’Etat de l’Orégon. Betts et son équipe ont examiné comment le rythme de la déforestation affecte le niveau de menace des amphibiens, des oiseaux et des mammifères; leurs conclusions soulignent l’importance de sauvegarder “les paysages intacts”.

Dans une interview, Betts a déclaré : “Nos résultats montrent que les premières zones où nous devrions essayer de ralentir ce rythme, sont les zones forestières adjacentes. L’équipe a publié ses recherchesdans le journal Nature paru le 27 juillet.

Les états Malaisiens de Sarawak et Sabah ont perdu réciproquement 66.800 hectares environ (258 miles carrés) de leurs forêts primaires entre les années 2000 et 2013. Les résultats de cette étude ont mis en évidence l’ile de Bornéo, le Bassin du Congo et l’Amazonie, comme zones à haute priorité, où la perte de la biodiversité due à une déforestation permanente pourrait être considérable. Les données de l’Université du Maryland sont visualisées sur le Global Forest Watch.

Ces résultats contredisent les conclusions de nombreux biologistes sur les conséquences du rythme de la déforestation sur les espèces.

Il a dit : “La plupart des théories mettrait en avant, qu’en réalité, nous devrions nous préoccuper davantage de la perte des habitats dès que la quantité globale de forêts et de ces derniers chute en-dessous du seuil critique, souvent indiqué en pourcentage de déforestation. En général, il est admis que ce seuil est assez bas.”

En d’autres mots, l’accent est souvent mis sur la protection des zones qui souffrent déjà des effets d’activités humaines. On pense que beaucoup d’espèces peuvent survivre à une perte moyenne de leurs habitats, tant qu’ils ne disparaissent pas tous en même temps.
Mais quand Betts et ses collègues ont observé l’évolution du niveau de menaces des espèces depuis les années 2000, ils se sont rendus compte, que dans les zones couvertes à plus de 90 % par des forêts, “la première coupe” était plus dommageable qu’anticipé. Dans ces zones, il y avait plus de chance pour une espèce de devenir menacée à la suite de la déforestation que dans les zones couvertes moyennement de forêts.

Betts a dit : “cette découverte prouve que les premiers signes de destructions forcent beaucoup d’espèces à ce que les scientifiques appelle “le facteur d’extinction”.

Il a ajouté : “avec le recul, cela se comprend; les premières espèces que nous perdons sont celles qui sont les plus spécifiques et les plus sensibles au développement.”

Un rhinocéros Hornbill ( Buceros rhinoceros), répertorié espèce presque menacée sur la liste de IUCN. Les chercheurs ont trouvé que les premières déforestations de forêts primaires augmentent possiblement le niveau de menace des oiseaux, des amphibiens et des mammifères.Photo par John C. Cannon.

L’équipe a exploité des données provenant d’images satellites d’arbres; ces informations recueillies par l’équipe de l’écologiste Matt Hansen de l’Université du Maryland, recouvrent les diminutions et les augmentations dans les zones de forêts primaires essentiellement. IFLS, en bref, sont des zones de forêts vierges d’au moins 500 kilomètres carrés (193 miles carrés) qui sont manifestement dénuées de tous signes d’activités humaines.

Pour traquer les populations sauvages, Betts et ses collègues ont observé environ 19 500 animaux, dont 23 % sont répertoriés comme espèce menacée, s’appuyant sur la liste rouge IUCN et les données rassemblées par Birdlife International et NatureServe.

Les analyses ont révélé plusieurs “points chauds”, notamment l’Amazonie Centrale, le Bassin du Congo et l’île de Bornéo comme zones où 121 à 219 espèces pourraient être amenées à disparaître dans les 30 prochaines années si la déforestation continue à ce rythme.

Les données satellites de l’Université du Maryland ont montré que dès les années 2000, on trouvait très peu d’IFLs à Bornéo (la partie Malaisienne), en particulier. La plupart de celles qui subsistaient ont été gravement dégradées entre les années 2000 et 2013.

Betts a dit que Lundi, la présentation de ses recherches au Congrès International pour la Conservation de la Biologie à Carthagène en Colombie avait provoqué des froncements de sourcils; il avait réagi de manière similaire à la vue de ces résultats.

Il a dit : “j’ai été moi-même surpris de voir que les effets du rythme rapide de la déforestation étaient beaucoup plus importants dans les zones couvertes en majorité de forêts.

Un Bonobo en danger critique d’extinction (Pan paniscus) en République Démocratique du Congo. La recherche montre que la déforestation prématurée de zones couvertes en majorité de forêts met en danger la biodiversité Photo par John C.Cannon.

Néanmoins, Betts nous met en garde sur le danger de tirer des conclusions hâtives de ces résultats.

Il a dit : “Il ne s’agit pas de réagir ainsi: ne protégeons que les paysages de forêts primaires et laissons tomber le reste.”

Betts a dit : “Eliminer tous les habitats dans les zones dégradées conduirait aussi de manière inévitable à l’extinction des espèces”.

Cependant, cette étude pourrait apporter des informations supplémentaires qui pourraient aider les défenseurs de l’environnement et les législateurs quand ils se heurtent aux décisions difficiles d’identifier les zones où les habitats forestiers doivent être protégés.

Cela montre aussi que des possibilités de protection existent dont le résultat pourrait être la conservation de plus d’espèces. Les chercheurs déclarent que moins de 18 % des zones à haute priorité qu’ils ont identifiées en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie sont protégées, et que seulement 9 % d’entre elles environ répondent aux critères “d’une protection stricte” d’après les directives de IUCN.

Betts a dit : “l’idéal serait d’étendre cette protection dans le monde entier”. Mais à cause de ressources limitées et du besoin en produits forestiers, nous avons besoin d’identifier les zones où nous devrions essayer de ralentir le rythme de la déforestation.”

CITATIONS

Banner image of Monkey frog (Phyllomedusa bicolor) in Peru by Rhett A. Butler.

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