Nouvelles de l'environnement

Y aura-t-il réellement suffisamment d’huile de palme durable pour tout le marché ?

  • Un rapport par CDP, une association à but non lucratif, suggère que les compagnies ont une fausse confiance quand à leur capacité à rouler suffisamment d'huile de palme durable pour satisfaire leurs engagements.
  • L’huile de palme certifiée durable était particulièrement rare l’été dernier, et les prix ont monté quand deux grands producteurs ont été suspendus par la principale association de certification de l'industrie, révélant ainsi des lacunes dans les réserves.
  • Une meilleure planification pour sécuriser les réserves futures inclurait un travail plus intense avec les fournisseurs, dit CDP.

En été 2016, deux des plus grands producteurs mondiaux d’huile de palme, un produit présent partout, du rouge à lèvres jusqu’à la margarine, ont perdu la capacité de vendre leurs produits comme étant certifiés par la Table Ronde sur l’Huile de Palme Durable (RSPO), la plus grande association au monde pour la production éthique de cette commodité.

Les compagnies étaient responsables pour presque un cinquième des réserves mondiales d’huile de palme certifiée RSPO, qui est de plus en plus demandée tandis que les utilisateurs industriels d’huile de palme promettent de purger leurs opérations de destruction environnementale et d’abus de droits humains, des maux souvent associés à l’industrie. La pression résultante exercée sur les réserves à fait décoller les prix de l’huile certifiée.

Un rapport (pdf) publié en Décembre par l’association à but non lucratif basée à Londres CDP, anciennement connu sous le nom de Carbone Disclosure Projection, a découvert que la montée des prix de l’été dernier n’est potentiellement qu’un avant-goût de ce qui va suivre. CDP a interviewé 187 des compagnies les plus grandes et les plus influentes au monde au sujet des risques de déforestation. Bien que 75% des compagnies parlant d’huile de palme disent avoir identifié suffisamment de sources d’huile durables pour leurs besoins opérationnels futurs, le CDP a conclu que « cette confiance est peut-être mal placée.

« Il n’est pas clair, à ce stade, qu’il y aura suffisamment de réserves des commodités durables pour répondre à toute la demande, ce qui créé le risque que certaines des compagnies manquent à leurs engagements, ou doivent faire face à des prix exorbitants tandis que la demande dépasse l’offre », explique le rapport.

Tandis que l’expansion rapide des plantations d’huile de palme en Asie du Sud-Est et, de plus en plus, en Afrique et en Amérique Latine, entraîne la perte de la forêt tropicale, la saisie de terres, et des abus d’ouvriers, de nombreux agents dans l’industrie se sont fixés des buts pour nettoyer leurs chaînes d’approvisionnement d’ici 2020.

« Nous sommes maintenant en 2017, et nous nous rapprochons vraiment des buts », dit Katie McCoy, directrice du programme forêts de CDP, à Mongabay. « Pour maintenir cet engagement, il faut une évaluation exhaustive des risques, qui examine l’avenir ».

An oil palm plantation on Indonesia's main western island of Sumatra. Photo by Rhett A. Butler
Plantation d’huile de Palme à Riau, Sumatra. Photo de Rhett.A. Butler.

En 2016, on découvrit la ‘fragilité’ des réserves d’huile de palme durable

Soixante-et-onze pourcent des compagnies rapportant sur l’huile de palme ont dit au CDP qu’elles dépendent de la certification RSPO pour s’assurer que ce qu’elles achètent est écologiquement produit. En Avril 2016, le RSPO suspendit le certificat d’un des plus grands fournisseurs d’huile de palme certifiés, le IOI Group, après que la boîte Malaisienne ait été accusée de plusieurs infractions en Indonésie. Peu après, un autre fournisseur, Felda Global Ventures, a volontairement retiré la certification de 58 de ses plantations en Malaisie après avoir reconnu des problèmes de durabilité.

Ces deux fournisseurs sortis du jeu, 18,5 pourcent de toute l’huile de palme certifiée RSPO au monde s’est évaporée selon l’associé de RSPO GreenPalm. Résultat, « la prime pour l’huile de palme durable plutôt que conventionnelle est passée de $25/tonne métrique à $30-35, et celle sur l’huile de palmiste à double, Allan de $80-100/tonne métrique à plus de $200 », rapporte CDP.

Un communiqué issu de GreenPalm à l’époque décrivait les leçons tirées de cet épisode : « Les nouvelles de la suppression du certificat RSPO de IOI et Felda ont mis en avant la fragilité des réserves physiques. En même temps, cela montre l’importance de construire des chaînes d’approvisionnement solides ».

Le RSPO a redonné son certificat à IOI quatre mois après la suspension — trop tôt, d’après certains observateurs insatisfaits des plans de changement de la compagnie et souhaitant voir plus de progrès sur le terrain. Cependant, l’impact sur la réserve d’huile certifiée RSPO demeure, car beaucoup de compagnies hésitent à acheter les produits d’IOI.

Selon McCoy, la hausse est un signal positif aux producteurs, car indiquant qu’il y a de la demande pour l’huile de palme durable. Le directeur général de GreenPalm, Bob Norman, a aussi noté dans un communiqué que les prix élevés étaient un cadeau pour les vendeurs, mais un obstacle pour les acheteurs souhait utiliser de l’huile de palme certifiée RSPO.

En d’autres termes, 2016 à montré que trop dépendre de quelques fournisseurs certifiés peut représenter un risque. Les montées des prix peuvent encourager les entreprises des plantations à créer un produit certifié et en demande ; mais de telles montées peuvent aussi dissuader les acheteurs de choisir les produits certifiés plus chers, ce qui bloque les tentatives de changement.

Fruit d’huile de palme de la province indonésienne d’Aceh. Photo de Rhett.A. Butler

Signaux confus : abondance ou manque ?

Il est possible qu’il y ait suffisamment d’huile de palme certifiée pour satisfaire la demande grandissante mais la clé est de s’assurer que les vendeurs et acheteurs aient un bon rapport, selon le chef de communication de RSPO, Stefano Savi.

Il désigne un paradoxe offre-demande : « Du point de vue des planteurs, certains diront, « Il n’y a pas suffisamment de demande ». Du point de vue des acheteurs, certains diront, « Je ne trouve pas suffisamment d’huile de palme durable certifiée ». D’une certaine façon, les deux ont raison ».

L’huile de palme certifiée RSPO est un produit-créneau qui nécessite à ce que les compagnies traitent individuellement avec les fournisseurs, explique Savi. « Ce n’est pas comme ci on peut prendre un téléphone et appeler un bureau d’échanges de commodités pour dire, « Je veux X-tonnes d’huile de palme durable certifiée ». À l’heure actuelle, ce n’est pas comme ça que cela marche ».

Certains des produits certifiés par RSPO finissent pas être vendus d’autres façons, comme le système International de Certification de Durabilité et de Carbone, souvent utilisé pour l’huile de palme destinée à devenir des biocarburants en Europe. Le reste est vendu en tant huile de palme conventionnelle.

Des réserves plus stables pourraient être établies par une communication plus claire entre les producteurs certifiés et les acheteurs potentiels, dit Savi.

Actuellement, la demande pour l’huile de palme durable vient principalement d’Europe et d’Amérique du Nord, qui à eux deux consomment environ 8 million de tonnes métriques d’huile de palme par an, selon l’Outil de Transparence de l’Huile de Palme Certifiée. En 2016, le RSPO a certifié environ 11 million de tonnes métriques. Il existe suffisamment d’huile de palme certifiée pour satisfaire toute la demande dans ces régions, si les producteurs réussissent à se connecter aux acheteurs.

En même temps, la Chine et l’Inde à eux deux importent environ 16 millions de tonnes annuellement. Si la demande pour l’huile de palme certifiée RSPO augmente dans ces régions, cela pourrait réellement mettre la pression sur les réserves si elles n’augmentent pas en tandem, dit John Buchanan, directeur principal des marchés de nourriture et d’agriculture durables de à Conservation International, une ONG.

« Le problème n’est pas résolu en nettoyant une partie de l’industrie pour fournir l’Europe ou les États-Unis », dit-il. « Je pense que la clé est de vraiment insister sur le fait que, en fin de compte, nous avons besoin de la demande ».

Il ajoute, « J’aimerais bien voir la demande dépasser l’offre. Cela pourrait avoir des implications pour les prix…[et] c’est possible qu’il y ait des obstacles au court terme, comme ce que nous avons vu avec IOI et Felda l’an dernier, mais… la chose la plus importante est que la demande continue à augmenter, car en fin de compte, nous devons tous être pro-huile de palme durable ».

Le soleil se lève derrière une plantation huile de palme dans la province Sumatra Nord d’Indonésie. Photo de Rhett A. Butler

Bâtir des réserves stables

McCoy, la cheffe des programmes des forêts de CDP, dit que la meilleure façon d’assurer des réserves futures stables est que les compagnies cultivent la durabilité dans leurs chaînes d’approvisionnement plutôt que de chercher de nouvelles sources déjà certifiées.

Bien que le rapport CDP mette en valeur le manque de compagnies planifiant rigoureusement pour une stabilité des réserves au long terme, certaines compagnies — comme le géant d’huile de palme d’Amérique du Sud Agropalma— ont des plans solides pour les décennies à venir, selon McCoy. Cela inclut un travail intensif avec les fournisseurs, qui manquent souvent de fonds et de familiarité avec les besoins des marchés internationaux, explique-t-elle.

McCoy a souligné certains chiffres du rapport CDP pour montrer de quel type de collaboration on manque généralement : « Trente-sept pour-cent vérifient les comptes des fournisseurs, 31 pourcent dirigent des ateliers et formations, 17 pourcent font des projets joints, et seul 9 pourcent propose un support technique ».

Quand ces chiffres montent, dit-elle, la réserve stable d’huile de palme durable devrait augmenter.

Plantation d’huile de palme dans le Bornéo malaisien. Photo de Rhett A. Butler

Construire un standard solide

Et puis il y a le problème de la qualité du label vert du RSPO.

Le standard de la table ronde ne proteste que les forêts premières de vieille poussée et les tourbières. Mais la la tendance chez les compagnies est de cesser le dégagement de toute parcelle forestière ou de terre de tourbière riche en carbone.

Emma Lierley du Rainforest Action Network a dit à Mongabay : « RAN remet sérieusement en question la légitimité de lhuile de palme « certifié durable » sur le marché Le RSPO en tant que standard est inadéquat, et on ne peut pas le prendre comme une source d’huile de palme réellement responsable – l’huile de palme responsable étant faite sans déforestation, destruction des tourbières, ou violations des droits des ouvriers et des droits humains ».

C’est une critique fréquemment émise, à laquelle le RSPO répond généralement qu’il ne souhaite pas mettre la barre tellement haut que les boîtes non certifiées soit découragées de poursuivre le standard existant. « Tout le modem ne devrait pas bien commencer, avant qu’on relève le standard ? », demande Savi.

Le RSPO a débuté RSPO NEXT l’année dernière comme un niveau optionnel zéro-déforestation pour les membres. Mais, explique Savi, il y a une inquiétude que les niveaux différents de certification pourraient dévaluer les niveaux plus bas, ce qui rend difficile de trouver une balance aidant tous les acteurs.

Savi reconnaît qu’il y a des cas dans lesquelles le RSPO échoue à enfoncer ses propres standards, ce qui, pour beaucoup, sape la valeur de son huile de palme certifiée. « Nous reconnaissons qu’il y a beaucoup de problèmes dans la mise en œuvre. Parfois les choses n’atteignent pas la perfection », dit-il.

« C’est un processus », ajoute-t-il. « Nous devons nous focaliser sur l’amélioration ».

Un orang-outan de Sumatra. Ce singe en danger critique d’extinction est de plus en plus rare, tandis que les plantations d’huile de palme s’étendent dans son habitat forestier

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