Nouvelles de l'environnement

Une année dans les forêts tropicales : 2016

  • Après les avancées de 2015 dans le domaine de la transparence sur les forêts tropicales, entre les progrès des systèmes de surveillance de la couverture forestière et les mesures des entreprises sur l’approvisionnement en matières premières, les progrès ont ralenti en 2016, avec peu de nouvelles sur l’état de la couverture forestière, la réticence de certains gouvernements à communiquer les données sur les forêts et des retours en arrière notables sur des engagements de zéro déforestation.
  • Mais même sans les informations des régions tropicales, nous savons que la déforestation a augmenté considérablement dans la partie brésilienne de l’Amazonie, qui représente la plus vaste surface de forêt tropicale du monde.
  • Les prix en baisse des matières premières ont peut-être donné un peu de répit aux forêts.

D’énormes incendies au Congo et en Amazonie, une déforestation massive au Brésil et des mesures timides vers une réforme en Indonésie et au Myanmar : les péripéties n’ont pas manqué pour les forêts tropicales dans le monde en 2016. Voici une (longue) liste non exhaustive des histoires les plus marquantes de l’année passée sur les forêts tropicales.

Veuillez noter que cet article ne couvre pas les événements concernant les forêts subtropicales, ou des régions tempérées ou boréales. De plus, cette liste ne se prétend pas complète, n’hésitez donc pas à citer les histoires que nous avons oubliées dans les commentaires à la fin de l’article.

Analyses des années précédentes: 2015 | 2014 (en anglais) | 2013 (en anglais) | 2012 (en anglais) | 2011 (en anglais) | 2009 (en anglais)

La situation globale | Amérique Latine | Afrique | Asie | Matières premières | | Droits et gouvernance | Conservation et écologie

LA SITUATION GLOBALE

Après les avancées considérables de 2015 dans le domaine de la transparence sur les forêts tropicales, entre les progrès des systèmes de surveillance de la couverture forestière et les mesures des grandes entreprises sur la traçabilité des matières premières, les progrès ont ralenti en 2016, avec peu de nouvelles sur l’état de la couverture forestière, la réticence de certains gouvernements à communiquer les données sur les forêts et des retours en arrière notables sur des engagements de zéro déforestation.

Cependant, même sans les informations des régions tropicales, nous savons que la déforestation a augmenté considérablement dans la partie brésilienne de l’Amazonie, , qui représente la plus vaste surface de forêt tropicale du monde. Que cette tendance se reflète dans d’autres pays, cela reste incertain, mais les prix en baisse des matières premières ont peut-être donné un peu de répit aux forêts. L’index mondial des prix des matières premières a atteint son niveau le plus bas depuis 2004 et les prix de plusieurs matières premières, souvent produites aux dépens des forêts tropicales, telles que le bois, l’huile de palme, le caoutchouc, le soja et le bœuf, restent bien en dessous des récentes envolées.

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AMÉRIQUE LATINE

Une étude publiée dans Environmental Research Letters confirme que le déboisement pour la création de pâturages est de loin le plus important facteur de déforestation en Amérique Latine, responsable de 70 pour cent de la perte de couverture forestière dans la région de 1990 à 2005. L’agriculture commerciale vient en deuxième position avec 14 pour cent.

Brésil

Le pays ayant plongé dans une profonde crise politique et économique, il était facile d’oublier les forêts du Brésil, et pourtant les péripéties n’ont pas manqué, y compris une forte reprise de la déforestation qui a fait passer la perte de couverture forestière en Amazonie à 7.989 kilomètres carrés pour l’année arrêtée au 31 juillet 2016. Le niveau le plus élevé depuis 2008. Les données, qui sont encore provisoires, laissent penser que le taux annuel de déforestation en Amazonie est passé à 75 pour cent de plus que son niveau de 2012, qui était le plus bas depuis le suivi annuel commencé en 1988. Bien que cette augmentation ait été annoncée bien à l’avance par le gouvernement et l’ONG brésilienne Imazon, elle a suscité des inquiétudes sur les récentes pressions pour revenir sur des réglementations environnementales. Ainsi, en décembre le parlement a tenté de faire abroger un ensemble de lois pour l’environnement juste avant la pause annuelle.

L’ambition frénétique du Brésil pour la construction de barrages en Amazonie a subi quelques reculs en 2016. En avril, le permis du barrage de São Luiz do Tapajós a été suspendu par l’IBAMA, l’organisme de régulation environnementale du pays. Le barrage, qui aurait englouti sous les eaux 400 kilomètres carrés de terres et causé la perte de 2.200 kilomètres carrés de forêt, aurait été le plus grand du bassin du Tapajós, où sont programmés jusqu’à 40 barrages. La décision de l’IBAMA a été confirmée en août. En septembre, un juge brésilien a suspendu le permis du projet de Belo Monte, le plus grand barrage du Brésil et le troisième dans le monde. Quelques semaines plus tard, Luiz Alberto Araujo, chef du service environnement du gouvernement municipal d’Altamira, était abattu. Araujo avait mené une enquête sur des morts massives de poissons à Belo Monte et il avait joué un rôle clé dans l’arrestation d’un trafiquant de bois issu de l’abattage illégal.

Plusieurs rapports et autres études ont observé l’impact des barrages dans les forêts tropicales du Brésil, y compris la spéculation sur les terres avant la construction, les risques pour la biodiversité, les inondations et la déforestation.

L’industrie brésilienne du soja a prolongé son moratoire sur la déforestation. L’accord, signé pour la première fois en 2006 après une campagne de Greenpeace, avait d’abord été renouvelé annuellement, suscitant l’inquiétude des environnementalistes qui craignaient qu’il ne soit pas renouvelé malgré son efficacité dans la diminution de la déforestation pour la production de soja en Amazonie brésilienne.

Pão de Açúcar, l’une des plus importantes chaînes de supermarchés du Brésil, s’est engagée à ne plus s’approvisionner en viande de bœuf qui serait liée à la déforestation ou produite par des travailleurs esclaves.

Sur le front de la conservation, le Brésil a reconnu les droits ancestraux du peuple Arara. sur sa terre. La nouvelle réserve indigène, nommée Cachoeira Seca, couvre 734.000 hectares. Le Brésil a également annoncé son engagement à reboiser 22 millions d’hectares, incluant la réhabilitation de 12 millions d’hectares de terres déboisées et 10 millions d’hectares de terres agricoles. Et enfin, la province de São Paulo a confié la gestion de 25 parcs nationaux au secteur privé.

NASA image showing deforestation in the Brazilian Amazon.
la province de São Paulo a confié la gestion de 25 parcs nationaux au secteur privé.

Bolivie

La Bolivie a été frappée par la sécheresse la plus sévère depuis 25 ans. Cette sécheresse a affecté près de 40 pour cent du territoire.

Une expédition de deux ans dans le parc National de Madidi, menée par la Wildlife Conservation Society a mené à la découverte de la millième espèce d’oiseau du parc.

Certaines régions de l’Amazonie bolivienne sont actuellement envahies par des chercheurs d’or clandestins qui sont à l’origine de la pollution de l’eau et du déboisement.

Les communautés indigènes se sont inquiétées de la construction de barrages sur le fleuve Beni. Les barrages entraîneront l’inondation de vastes zones de forêts et de terres indigènes.

Une compagnie sucrière a intensifié la conversion de forêts en champs de canne à sucre près du parc national de Madidi. La compagnie prévoit d’abattre près de 12.000 hectares de forêt d’ici 2023.

Colombie

Les Colombiens ont pu se réjouir d’un accord de paix avec les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) après 50 années de conflit, mais certains se sont inquiétés du développement industriel que pourrait amener la paix dans les forêts qui étaient auparavant exclues des projets de forage, exploitation minière ou autre conversion en raison de la présence des FARC. Le gouvernement s’était cependant engagé à protéger de vastes étendues de la forêt amazonienne de Colombie et a confié la gestion de larges zones du pays aux indigènes.

Par ailleurs, une étude publiée dans Bioscience a conclu que l’impact de la culture de la coca sur la déforestation en Colombie aurait été surestimé.

Équateur

L’Équateur a commencé les forages pétroliers dans son célèbre parc National Yasuni.

On a pu constater une expansion rapide des petites exploitations de palmiers à huile auprès des grandes plantations établies. L’Équateur est le cinquième producteur d’huile de palme d’Amérique Latine.

Selon un rapport d’Amazon Watch, un groupe de défense de l’environnement basé en Californie, bien que les importations de pétrole brut des États-Unis soient en baisse, celles en provenance de l’Équateur augmentent.

Le Président Rafael Correa a continué sa politique de répression envers les journalises, les militants pour l’environnement et les leaders des communautés indigènes qui ont soulevé des questions sur les projets de développement, qu’il s’agisse d’exploitation pétrolière, minière ou des barrages.

Sunset in the Peruvian Amazon. Photo by Rhett A. Butler
Coucher de soleil sur la forêt amazonienne au Pérou. Photo : Rhett A. Butler

Pérou

2016 avait commencé sous de mauvais augures pour les forêts péruviennes quand le responsable de l’agence de surveillance des forêts du pays, l’OSINFOR, a été soudainement révoqué en janvier. L’OSINFOR avait mérité les louanges de la société civile pour avoir enquêté de manière indépendante sur la corruption et la mauvaise gestion dans le secteur forestier péruvien. Mais son succès lui avait valu de puissants ennemis au sein de la maffia de l’industrie forestière du Pérou.

En janvier également, le gouvernement a annoncé une nouvelle base militaire à Madre de Dios afin de combattre l’exploitation de mines d’or illégales.

L’Amazonie péruvienne a subi le fléau d’une série de marées noires qui ont causé une inquiétude générale chez les populations concernées. Des manifestants indigènes ont organisé un blocus de plusieurs mois contre Petroperú et le gouvernement péruvien.

L’exploitation illégale de mines d’or a continué à grignoter les zones protégées et des régions à la biodiversité unique. Des mines d’or illégales sont également apparues dans le nord du Pérou.

Pedro Pablo Kuczynski a été élu Président du Pérou en juin, battant ainsi Keiko Fujimori, qui avait fait campagne pour légaliser les activités des mines d’or illégales.

Par ailleurs, un rapport du gouvernement US a établi que 90 pour cent des exports de bois du Pérou sont illégaux.

L’empire de l’agroalimentaire Melka a subi quelques revers avec ses plantations de cacao et de palmiers à huile. Le gouvernement péruvien a déclaré que les plantations de United Cacao étaient abusives, tandis que la RSPO a averti le groupe Melka que ses plantations étaient en infraction de sa politique de durabilité. En juin, le groupe a diffusé une publicité dans le Djakarta Post dans le but de vendre certaines concessions douteuses de palmiers à huile et en octobre, il s’est officiellement retiré du RSPO compromettant ainsi ses chances de vendre son huile de palme à des acheteurs de premier plan. Les données satellite laissent penser que United Cacao a continué à déboiser la forêt tropicale malgré les injonctions reçues. L’action de la société, cotée à Londres, a perdu 61 pour cent cette année.

Les incendies aggravés par une sécheresse sévère ont poussé le gouvernement à déclarer l’état d’urgence en novembre. Dans la province de Junin, les feux ont été les pires de la décennie. Les autorités locales ont blâmé le changement climatique, bien que la dégradation de la forêt due à l’exploitation forestière et à la déforestation auxquelles s’ajoutent les effets du phénomène El Niño ont certainement été des facteurs plus important dans l’intensification des feux.

Enfin, le parc national de Manu a été nommé le premier haut lieu de la biodiversité par un groupe de chercheurs.

Surinam et Guyane

Selon un rapport de Caribbean News Now, le Surinam pourrait conclure un accord datant de 2004 qui ouvrirait des hectares de terre au le développement de l’huile de palme. Une société chinoise et une autre Indienne seraient en train de développer des projets.

La commission interaméricaine des droits de l’homme a établi que le gouvernement du Surinam violait les droits des populations indigènes en refusant de reconnaître, de délimiter et d’attribuer les territoires indigènes à leurs propriétaires.

Le gouvernement de Guyane a déclaré qu’il reprendrait la propriété de concessions accordées à une société chinoise d’exploitation forestière après qu’un audit ait mis à jour des fraudes. Baishanlin International Forest Development Inc. contrôlait 627.072 hectares de concessions, ce qui en faisait l’une des plus grosses compagnies d’exploitation forestière du pays.

Venezuela

Le Venezuela, en difficulté financière, a conclu avec l’Orinoco Mining Arc un accord controversé visant à ouvrir 12 pour cent de sa surface territoriale aux compagnies minières étrangères. Les zones les plus convoitées pour le coltan, l’or, le cuivre et les diamants abritent bien souvent les écosystèmes les plus diversifiés du pays.

Les mines d’or de petite envergure sont toujours of une source de controverse.

NASA / Google Earth satellite image showing deforestation in the Brazilian Amazon, São Miguel do Guaporé - State of Rondônia.
Image satellite NASA/Google earth montrant la déforestation dans l’Amazonie brésilienne, São Miguel do Guaporé, État du Rondônia.

AFRIQUE

Bassin du Congo

Les forêts tropicales dans les pays du bassin du Congo (République Démocratique du Congo (RDC), République du Congo, Cameroun, Gabon, République Centrafricaine et Guinée Équatoriale) ont eu une année 2016 mitigée.

La situation a été relativement calme en République Démocratique du Congo (RDC), qui abrite la plus grande partie des forêts du bassin du Congo. Au début 2016, la RDC a annoncé qu’elle envisageait de lever un moratoire de 2002 sur l’octroi des licences d’exploitation forestière, une proposition vivement dénoncée par les groupes de défense de l’environnement. Mais une incertitude politique persistante dans le pays a contribué à ralentir les investissements ainsi que la conversion et l’exploitation à grande échelle des forêts tropicales. Le déboisement à petite échelle a cependant continué, une étude affirmant que la production de cultures à destination commerciale était une cause plus importante de déforestation que l’agriculture de subsistance. Sur le front de la conservation, la RDC a déclaré la création de son premier parc national depuis 40 ans : le parc national de Lomami qui s’étend sur 890.000 hectares. Une ONG américaine, le Rainforest Trust a fourni un soutien financier au projet.

Tandis que la République du Congo mettait en place des programmes pour éventuellement accroître l’exploitation forestière et minière dans ses forêts début 2016, un énorme incendie a ravagé des forêts exploitées de manière sélective dans le nord du pays au moment même où Brazzaville accordait deux millions d’hectares de nouvelles concessions pour l’exploitation forestière, au grand dam des groupes militants qui s’alarment de la corruption et des abus constatés dans ce secteur par le passé. Une opération de déboisement a également commencé dans une parcelle de forêt réservée au projet Atama, une plantation de 170.000 hectares de palmiers à huile financée par une compagnie malaisienne. La plantation elle-même semble à l’arrêt, avec seulement 700 hectares de plantés, soulevant ainsi des doutes quant aux véritables objectifs du projet. Le ministère congolais des mines et de l’énergie a attribué au moins sept permis autorisant des sociétés à prospecter ou à creuser des mines d’or au sein du parc d’Odzala-Kokoua, le plus grand parc national du Congo, en dépit d’une interdiction sur l’exploitation minière dans les zones protégées.

Au Cameroun la déforestation autrefois sous le contrôle d’Herakles repris. Des communications ont été divulguées, révélant que les États-Unis ont encouragé le gouvernement camerounais à mener à bien le projet controversé en 2013 malgré des inquiétudes pour l’environnement et en dépit de l’opposition locale.

Le gouvernement du Gabon a finalement adopté une réglementation visant à améliorer le partage des profits entre les exploitants forestiers et les populations locales. Olam, un groupe agro-alimentaire basé à Singapour, a continué à déboiser des milliers d’hectares pour l’huile de palme. Le groupe affirme que ses activités sont responsables vis-à-vis de l’environnement, affirmation contestée par Brainforest, une ONG locale.

Une initiative pour cartographier les routes des exploitations forestières dans le bassin du Congo a fait des progrès en 2016. Les données sont disponibles sur Global Forest Watch et permettent aux chercheurs d’établir une corrélation entre le développement des routes et les perturbations dans les forêts et la déforestation.

Une étude du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR) a estimé que la population de pygmées dans le bassin du Congo s’élevait à 920.000 individus. Ses conclusions sont alarmantes quant aux menaces qui pèsent sur ces populations traditionnellement nomades en raison de la déforestation et des pressions externes.

A baby gorilla. As an agro-industrial boom looks set to hit Africa, Critically Endangered gorillas are under threat. Photo by Rhett A. Butler
Un bébé gorille. Alors qu’une expansion agro-industrielle semble devoir frapper l’Afrique, les gorilles en danger critique sont menacés. Photo Rhett A. Butler.

Événements majeurs dans d’autres pays africains

Au Nigéria un programme de construction d’une autoroute à travers la zone du parc national de River Cross, qui abrite la forêt protégée d’Ekuri, a déclenché un tollé mondial. Plus de 250.000 personnes ont signé une pétition exhortant le gouvernement à modifier le projet.

Une ruée sur le saphir à Madagascar a déclenché une invasion de la forêt tropicale par 45.000 mineurs.

Au Libéria, la confusion demeure sur les droits territoriaux, avec de nombreux conflits entre les compagnies, les habitants et le gouvernement entravant ainsi les efforts de partage des bénéfices issus de l’exploitation forestière et la conversion de la forêt en plantations industrielles. Une proposition pour vendre le bois en provenance d’une plantation de palmiers à huile, bien que rejetée par le gouvernement, a fait craindre que des compagnies agricoles puissent utiliser le « bois de conversion » pour contourner l’engagement pour une déforestation zéro.

A creek in the Cuc Phuong rainforest in Vietnam. Photo by Rhett A. Butler
Un ruisseau dans la forêt tropicale de Cuc Phuong au Vietnam. Photo Rhett A. Butler

ASIE

Cambodge

Le Cambodge a accordé un statut de zone protégée à cinq régions couvrant 1,8 millions d’hectares de forêt, parmi lesquels le parc national du sud des Cardamomes et la forêt âprement disputée de Prey Lang, où des journalistes et des activistes avaient été tués alors qu’ils militaient pour sa protection.

Selon un rapport par des enquêteurs infiltrés de Global Witness certains dirigeants politiques cambodgiens au plus haut niveau se seraient approprié des terres et des ressources naturelles pour leur propre bénéfice, en accumulant des avoirs dans des compagnies minières, agricoles, d’exploitation forestière et de plantations. Le rapport a critiqué le Cambodge pour ses mauvais traitements envers les contestataires, y compris les militants de l’environnement, et pour des violences répétées envers les journalistes et les activistes.

Un bras de fer acharné sur les ressources s’est poursuivi cette année entre le ministère de l’Agriculture, de la Forêt et de la Pêche, et le ministère de l’Environnement.

Des questions ont été soulevées sur l’efficacité des efforts pour protéger le parc national de Botum Sakor.

Indonésie

Après la catastrophe des incendies de forêts de l’année passée qui a affecté des dizaines de millions de personnes dans toute l’Asie du Sud-Est, l’Indonésie a débuté cette année en direction d’une réforme du statu quo sur la gestion des forêts. En janvier, le président indonésien Joko Widodo a nommé un défenseur de l’environnement, Nazir Foead, à la tête d’une nouvelle agence de restauration des tourbières (BRG), chargée de restaurer les tourbières endommagées par les feux de 2015 et de remédier aux causes de ces incendies de tourbières et de forêts. Avec ce qui semble être une indication de la volonté du gouvernement de poursuivre en justice les responsables de la crise des incendies, la responsable du nouveau ministère de l’Environnement et de la Forêt Siti Nurbaya a indiqué qu’elle se battrait personnellement pour faire annuler la décision de justice en première instance de ne pas poursuivre la société de production de pâte à papier pour les feux qui ont fait rage sur sa concession au plus fort du désastre de 2015. Les Indonésiens ont également pris des mesures pour tenir les sociétés et le gouvernement responsables, avec des citoyens qui ont entrepris des poursuites contre l’administration d’Aceh afin de bloquer un programme de révision du plan d’aménagement de la province qui ouvrirait la forêt à l’exploitation minière, forestière et aux plantations (plainte ultérieurement rejetée par le tribunal). ). Le secteur privé a également pris des mesures pour réduire les risques d’incendie, avec la société Asia Pulp & Paper (APP) qui a développé un modèle de restauration des tourbières et qui a entrepris la tâche énorme de cartographier les tourbières. APP était particulièrement vulnérable parmi les géants de l’industrie forestière en Indonésie en raison de la perte de vastes concessions de ses fournisseurs dans les incendies de 2015, qui ont détruit des centaines de milliers d’hectares de plantations de bois au moment où la société construit une énorme usine de pâte à papier. Rien que dans le sud de Sumatra, 293.065 hectares de terres sont partis en fumée.

En février, Astra Agro Lestari, l’une des plus importante compagnie d’huile de palme, est devenue la sixième société à rejoindre l’Indonesian Palm Oil Pledge (IPOP), une initiative du secteur privé visant à améliorer l’impact environnemental du secteur de l’huile de palme, y compris en faisant pression sur le gouvernement pour adopter et soutenir des politiques permettant aux entreprises de mieux protéger les forêts. Cependant, ce geste n’a pas été bien accueilli par tout le monde : plusieurs politiciens et officiels ont réclamé le démantèlement de l’IPOP, l’assimilant à un « cartel » entravant l’expansion de l’huile de palme en Indonésie et menaçant donc la souveraineté nationale. Finalement, c’est l’opposition qui a condamné l’initiative : fin juin l’IPOP a été dissout. Les entreprises (Wilmar International, Cargill, Golden Agri-Resources, Asian Agri, Musim Mas et Astra Agro Lestari) ont affirmé leur crainte de subir une enquête de l’agence indonésienne contre les monopoles. Certains défenseurs de l’environnement ont qualifié cette dissolution de recul majeur pour les efforts de durabilité.

D’autres événements plus positifs ont eu lieu en février et mars dernier pour les forêts indonésiennes. L’agence anti-corruption a mis l’accent sur l’initiative Korsup Minerba qui a lancé des enquêtes au niveau des provinces dans le secteur minier, enquêtes qui ont abouti à des centaines d’annulations de permis. La fondation américaine Packard s’est associée au gouvernement indonésien afin de mettre en place une récompense d’un million de dollars pour concevoir le meilleur moyen de cartographier les tourbières d’Indonésie.

Leonardo DiCaprio a attiré l’attention du monde sur le fléau qui décime les forêts de Sumatra et leur faune lors de sa visite surprise dans le nord de Sumatra et à Aceh. Les officiels indonésiens se sont démenés pour expulser l’acteur américain, venu dénoncer les pratiques destructrices de l’industrie de l’huile de palme pour ensuite apprendre qu’il venait de quitter le pays quelques jours auparavant. La pétition soutenue par DiCaprio a suscité des dizaines de milliers de signatures bien qu’elle ait porté sur un sujet assez obscur : la révision du plan d’aménagement d’Aceh.

La réapparition d’incendies à Sumatra a démontré une nouvelle fois l’importance de protéger et de restaurer les tourbières et les forêts. Les entreprises ont été appelées à la rescousse.

En avril, le président Jokowi a annoncé un gel des attributions de permis pour l’huile de palme et l’extraction minière. Un mois plus tard, le ministère de l’Environnement et de la Forêt a confirmé un moratoire, bien que non contraignant légalement. Un officiel a déclaré que le nouveau moratoire durerait cinq ans, mais il apparaît que l’interdiction ne sera valable que jusqu’à ce que le gouvernement termine la cartographie et la délimitation des tourbières du pays. Le ministère de l’Environnement et de la Forêt a également annoncé qu’il allait remanier le zonage de 3800 hectares de tourbières qui avaient été protégés par un moratoire de 2011 mais qui avaient été sinistrés ou convertis. Des zones déboisées pour des plantations de petite taille et pour l’agriculture seraient réattribuées à l’usage des petits exploitants, tandis que les zones converties par les grosses entreprises pourraient faire l’objet d’enquêtes et potentiellement de sanctions. La direction de l’agence pour la restauration des tourbières a demandé la protection de toutes les zones de tourbières.

Les incendies se sont multipliés pendant la saison sèche de juillet à octobre, mais jamais ils n’ont atteint les niveaux constatés en 2015. En Août, la police indonésienne a arrêté des centaines d’individus supposément liés aux incendies de Sumatra et du Kalimantan. Des officiels du ministère de l’Environnement et de la Forêt ont aussi critiqué avec plus de virulence les entreprises liées aux incendies de l’année précédente.

On a constaté nombre de transgressions environnementales de premier plan de la part de compagnies de plantations, parmi lesquelles Korindo en Nouvelle Guinée indonésienne et PT RAPP qui a creusé des canaux de drainage sur une île au large de Riau. Une étude publiée dans Applied Geography a fait état de 187 conflits territoriaux liés à l’expansion de l’huile de palme au Kalimantan. Un rapport de Chain Reaction Research a démontré que bien que certains des géants indonésiens de l’huile de palme aient adopté des politiques durables sous la pression de leurs clients, d’autres traînent encore les pieds.

Une étude de Deltares a découvert que la péninsule de Kampar à Riau subit un drainage insensé de la part des propriétaires de plantations. Certains secteurs de la péninsule sont maintenant tellement dégradés qu’ils s’affaissent sous le niveau des crues, risquant l’inondation par la mer.

L’Indonésie et L’Union Européenne sont parvenues à un accord de licence sur le bois visant à en limiter le commerce illégal.

Les autorités indonésiennes ont annulé un permis d’exploitation forestière sur les îles Mentawai suite à une forte mobilisation des populations locales. Cette annulation survient tout juste deux ans après qu’une autre compagnie ait essayé de déboiser Mentawai pour l’huile de palme. Un projet lui aussi bloqué par les protestations locales.

L’Indonésie a déclaré la création d’un nouveau parc national à Riau, une province qui a perdu la plus grande partie de ses tourbières et de ses forêts à cause du développement de l’industrie du papier et de l’huile de palme pendant ces dernières dizaines d’années. Le parc national Zamrud, qui couvre 31.480 hectares et contient deux lacs importants, offre un habitat au tigre de Sumatra, une espèce en danger.

La commission des droits de l’homme d’Indonésie a publié les résultats de son enquête nationale sur les conflits territoriaux affectant les peuples indigènes. Le rapport a appelé le gouvernement à reconnaitre les droits des peuples indigènes, ravivant les efforts pour redonner vie à une loi depuis longtemps bloquée sur ce sujet.

Les défenseurs de l’environnement ont exprimé leurs préoccupations concernant de nouveaux projets énergétiques la volonté de l’Indonésie d’établir de nouvelles centrales thermiques à charbon, un barrage de 17 milliards de dollars sur le fleuve Kayan au Kalimantan, et un projet de centrale géothermique dans le parc national Leuser d’Aceh (qui reste en attente de confirmation). Avant le sommet de l’ONU sur le climat qui se tenait au Maroc, le gouvernement indonésien a changé l’axe de sa stratégie de réduction des émissions du secteur de l’énergie vers le secteur de l’exploitation forestière.

En novembre, des militants ont essuyé un échec dans leur bataille contre la révision du plan d’aménagement d’Aceh quand le tribunal central de Djakarta s’est prononcé contre leur demande de poursuites en justice. Les plaignants ont déclaré qu’ils feraient appel mais les autorités de la province d’Aceh ont indiqué qu’elles agiraient à leur guise, quel que soit le verdict.

En danger critique, un rhinocéros de Sumatra est mort après avoir été blessé par le piège d’un braconnier. L’incident était significatif car la localisation de la population de rhinos avait été révélée en 2013, déclenchant un tollé de la part des écologistes persuadés que cette révélation entrainerait une augmentation du braconnage dans la région.

Des inquiétudes ont persisté en 2016 quant à la transparence des secteurs forestiers, agricoles, et miniers en Indonésie, bien que les observateurs affirment que le gouvernement du Président Jokowi a fait preuve de plus de transparence que les gouvernements précédents. Le ministère de l’Environnement et de la Forêt a été particulièrement intraitable, communiquant des informations confuses ou contradictoires à différentes parties, faisant barrage aux requêtes d’information des journalistes, et confiant apparemment certaines communications officielles au site internet d’un organisme tiers non gouvernemental. En décembre le ministère a assigné Greenpeace Indonésie en justice suite à une demande de publication de cartes géospatiales en format Shapefile. Le ministère, qui fournissait ces données sous format shapefile jusqu’en 2013, affirme que ce format n’est pas sécurisé et pourrait être manipulé. Les ONG se plaignent que les fichiers PDF et JPG publiés par le ministère sont quasiment inutilisables si l’on veut en faire une analyse exploitable. La justice indonésienne a créé un précédent considérable quand la plus haute cour a ordonné la publication des données minières suite à une réclamation sur la liberté d’information déposée par des ONG en 2014.

Deforestation for oil palm along this Kinabatangan River in Malaysian Borneo
Déforestation pour l’huile de palme sur les rives du fleuve Kinabatangan à Bornéo (Malaisie)

Malaisie

Le Sarawak a classé un total de 903.769 hectares en « zones totalement protégées » et a annoncé qu’il envisage de créer jusqu’à 451.000 hectares supplémentaires de parcs nationaux, réserves naturelles et sanctuaires pour la faune. La province, située dans la partie malaisienne de Bornéo, a été durement frappée par la déforestation et la dégradation des forêts pendant ces dernières dizaines d’années, principalement en raison de l’exploitation forestière et de la conversion des terres en plantations industrielles.

Des conditions critiques en Malaisie péninsulaire lors des incendies ont poussé le gouvernement à mettre en œuvre des mesures d’urgence anti-incendie et de protection contre les fumées.

Un projet de construction de route a déclenché des protestations chez les écologistes. La route couperait à travers une zone de Sabah à Bornéo (Malaisie) qui abrite éléphants et orang outans, qui voient leur habitat en continuel déclin.

Des scientifiques ont condamné des rapports « erronés » publiés suite à une importante conférence qui s’est tenue en Malaisie. Les rapports affirmaient que le drainage des tourbières était une activité conforme au développement durable et que ceux qui prétendaient le contraire étaient des « militants environnementaux » et des « ONG vertes ».

De nouveaux arbres ont décroché le titre de « plus grands du monde » en Malaisie. En juin, un groupe de chercheurs a identifié à Sabah un meranti de 89,5 mètres de haut comme étant l’arbre le plus haut des tropiques. Cependant, ce record n’a pas tenu longtemps. Une fois les données enregistrées dans le cadre d’un projet de cartographie aérienne entrepris par l’observatoire aérien Carnegie, près de 50 arbres encore plus grands ont été découvert à Sabah, parmi lesquels un géant de 94,1 mètres.

Sarawak Report, un site internet d’investigation qui traite de la corruption en Malaisie, a affirmé que les propriétaires du groupe forestier Samling ont redirigé des profits de leurs opérations forestières dans des investissements aux États-Unis entre autres dans des placements immobiliers.

Myanmar

Au Myanmar, l’exploitation forestière a fait les gros titres après une interdiction nationale mise en place par les autorités. Tandis que l’interdiction était bien accueillie par les écologistes, on a perçu des signes de discorde dans certains cercles, y compris au gouvernement. Certains indices ont aussi laissé penser que négociants et trafiquants ont continué à contourner l’interdiction, mais une baisse de la demande en provenance de Chine a sans doute temporairement allégé la pression sur les forêts du Myanmar. La situation était cependant encore dangereuse pour les journalistes et autres enquêteurs travaillant dans la région. L’Environmental Investigative Agency, une ONG internationale d’investigation, a déclaré que les exportations illégales de teck du Myanmar restent douteuses.

Illegal forest clear for oil palm in Riau Province. Photo by Rhett A Butler
Déforestation illégale pour l’huile de palme dans la province de Riau. Photo Rhett A. Butler

MATIÈRES PREMIÈRES

Zéro déforestation

Le nombre d’entreprises à s’engager pour une déforestation zéro a continué d’augmenter, y compris une première de la part d’un acheteur considérable de caoutchouc : le groupe Michelin, l’un des trois plus grands fabricants de pneus au monde. Les groupes militants avaient été plus lents à cibler le secteur du caoutchouc comparé à d’autres matières premières comme le soja, l’huile de palme, le bois, le bétail et la fibre de bois.

Divers rapports ont évalué les progrès des entreprises dans la mise en œuvre de leurs engagements. Greenpeace, Forest Trends et Union of Concerned Scientists ont été parmi les ONG qui ont fait pression dans les différents secteurs à ce jour. Le Carbon Disclosure Project (CDP) et Climate Focus ont conclu qu’il était peu probable que les objectifs de 2020 et de 2030 établis par le Consumer Goods Forum et les signataires de la Déclaration de New-York sur les forêts soient atteints.

Conservation International a publié un rapport affirmant que le café deviendrait un motif de déforestation considérable dans les années à venir.

Le gouvernement de la Norvège s’est engagé à une politique d’approvisionnement dans le respect du principe de zéro déforestation.

Huile de palme

Le prix mondial de l’huile de palme a connu une forte augmentation en 2016 mais il est resté bien en dessous des niveaux de 2006 à 2014, tempérant l’ardeur des producteurs à étendre leurs plantations. Cependant, l’huile de palme est restée un facteur majeur de déforestation dans des endroits sensibles comme Bornéo et Sumatra. Plusieurs pays ont mis en place des programmes pour développer et étendre leur industrie nationale.

Une étude publiée par PLOS ONE a identifié les régions les plus touchées par la déforestation liée à l’huile de palme sur ces 25 dernières années et celles qui devraient en subir l’expansion à l’avenir. Une autre recherche publiée dans Scientific Reports a établi que 4,5 à 4,8 millions d’hectares de forêt vierge avaient été déboisés pour des plantations d’huile de palme à Bornéo entre 1973 et 2015. Ce chiffre est plus élevé que les estimations précédentes.

Sur le front de la durabilité, les parties en présence sont parvenues à un accord sur la définition de « stock élevé de carbone ». Ce compromis établit une norme standard pour les politiques zéro déforestation qui sont de plus en plus souvent adoptées par les gouvernements et les entreprises.

Au sommet des Nations Unies pour le climat (COP22) à Marrakech, au Maroc, sept pays africains se sont engagés à protéger leurs forêts tropicales contre un développement « non durable » de l’huile de palme : le République Centrafricaine, la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, le Libéria, le Ghana, la République du Congo et la Sierra Leone. Au moins deux de ces pays (Congo et Libéria) sont critiqués pour leur développement de l’huile de palme.

La Table Ronde pour une Huile de Palme Durable (Roundtable on Sustainable Palm Oil, RSPO) a eu une année bien remplie. En mars, la RSPO a suspendu le géant malaisien de l’huile de palme IOI pour fraude supposée dans la province du Kalimantan Occidental en Indonésie. Cette suspension a conduit plusieurs acheteurs d’IOI (parmi lesquels Cargill, Bunge et Unilever) à suspendre ou à annuler leurs commandes, poussant IOI à intenter un procès contre la RSPO. Le procès a ensuite été abandonné et la RSPO a réintégré IOI malgré les protestations de groupes écologistes. PanEco a mis fin à son adhésion à la RSPO avec fracas, tandis que le groupe de défense des consommateurs Palm Oil Investigations a retiré son soutien à l’initiative de certification.

Certains acteurs majeurs du secteur, principalement les gouvernements indonésiens et malaisiens ont continué à ignorer les exigences pour plus de transparence. À l’extrémité opposée, le World Resources Institute (WRI), Proforest et Daemeter ont développé un outil d’évaluation des risques pour les acheteurs d’huile de palme.

Plus d’informations sur l’actualité de l’huile de palme dans les paragraphes par pays.

Oil and gas fields in Riau Province. Photo by Rhett A Butler
Champs de pétrole et de gaz dans la province de Riau. Photo Rhett A. Butler

DROITS et GOUVERNANCE

Droits des populations indigènes

Les droits des populations locales et indigènes dans les forêts sont restés une préoccupation majeure en 2016. Ils se sont trouvés sous le feu des médias en avril quand le groupe Maroon 5 a exprimé son soutien à des projets locaux pour la forêt au Guatemala, et quand Alec Baldwin et Helen Clark, Administratrice du Programme de Développement des Nations Unies se sont joints à des dirigeants indigènes au siège de l’ONU pour réclamer la protection des forêts et des droits territoriaux pour lutter contre le changement climatique.

De nombreux rapports ont affirmé que la protection des droits des populations locales et des terres gérées de manière traditionnelle sont les moyens les plus efficaces pour protéger les forêts et les écosystèmes qu’elles abritent. Ainsi, un rapport du World Resources Institute a affirmé que les gains économiques de la sécurisation des droits territoriaux des communautés d’Amazonie représenteraient des milliards de dollars. Une série d’autres rapports ont illustré des cas de communautés qui gèrent elles-mêmes les forêts dans des régions allant de la Méso-Amérique à l’Indonésie.

Survival International et le WWF ont continué leur affrontement sur la situation désespérée des pygmées Baka au Cameroun, les premiers affirmant que le WWF a une part de responsabilité dans leur statut de « réfugiés écologiques ». Le WWF dément vigoureusement cette accusation et prétend que Survival ne tient pas compte d’autres facteurs de la région.

Un rapport de Rainforest Foundation au Royaume Uni a déclaré que les efforts de conservation dans les pays du bassin du Congo ne donnent pas de très bons résultats auprès des populations locales ni de la nature. Le rapport a évalué 34 zones protégées et a conclu que dans 26 d’entre elles, il y avait des personnes déplacées, et que 21 connaissaient des conflits sociaux. Il a également mentionné que le braconnage restait généralisé dans la région.

L’Earth Innovation Institute a publié un rapport affirmant qu’une approche juridique bien conçue de REDD+ et un développement rural avec de faibles émissions en carbone pouvaient être profitables aux populations indigènes et aux communautés traditionnelles.

Défenseurs de la nature menacés

2016 a été une année dangereuse pour les environnementalistes et les journalistes couvrant des questions d’environnement. Bien que plusieurs douzaines d’entre eux aient été tués, certains meurtres ont fait les gros titres dans le monde entier pour leur audace, parmi eux le militant malaisien des droits territoriaux Bill Kayong, le journaliste birman Soe Moe Tun, le dirigeant local Walter Manfredo Méndez Barrios du Guatemala et le fonctionnaire brésilien Luiz Alberto Araújo.

Arhauco indigenous leader in a former coca-producing area in Colombia. Photo by Rhett A. Butler
Un chef indigène Arhauco dans une ancienne zone de culture de coca en Colombie. Photo Rhett A. Butler

Application de la loi

En juin, le service américain US Fish and Wildlife a exécuté un mandat de perquisition établi pour l’entreprise californienne Global Plywood and Lumber suite à des soupçons de violation de la loi Lacey, à savoir de la contrebande de bois abattu illégalement en provenance du Pérou.

Un rapport d’Interpol a établi que la corruption dans l’industrie forestière mondiale est estimée à 29 milliards de dollars par an. Les pots de vin sont la forme la plus courante de corruption dans ce secteur selon l’agence policière.

Un rapport établi en coordination entre l’IUFRO (International Union of Forest Research Organizations) et le CPF (Collaborative Partnership on Forests) a estimé un montant beaucoup plus important pour la corruption du secteur forestier : 152 milliards de dollars par an. Le rapport a affirmé que plus de 90 pour cent du bois en provenance de la République Démocratique du Congo est illégal, vient ensuite le Cambodge avec 90 pour cent, puis la Bolivie, le Pérou et le Laos avec 80 pour cent.

Une commission de révision de la loi de l’Union Européenne sur la réglementation du commerce du bois (EUTR) en a conclu que la loi contre le trafic de bois illégal n’était pas appliquée efficacement.

Rhino calf at the Sumatran Rhino Sanctuary. Photo by Rhett Butler.
Bébé rhino dans le sanctuaire de Sumatra pour la sauvegarde des rhinocéros. Photo Rhett A. Butler.

SAUVEGARDE DE LA FORÊT ET ÉCOLOGIE

Écologie

Plusieurs études de premier plan ont examiné les conséquences de la chasse sur les forêts tropicales, y compris la manière dont elle fait blocage à sa restauration et comment la disparition des gros animaux affecte la séquestration du carbone. Une autre recherche a démontré que la déforestation facilite l’invasion des régions de forêts tropicales par les rats.

Une équipe de chercheurs a publié un article dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) affirmant que la biodiversité de l’Amazonie pourrait permettre d’alimenter la quatrième révolution industrielle.

Des scientifiques ont établi une liste de toutes les espèces d’arbres connues de l’Amazonie, totalisant 11.676 espèces connues dans 1.225 genres et 140 familles d’arbres. Ils estiment qu’il reste environ 4.000 espèces à découvrir.

Une autre étude a également démontré que la sécheresse en Amazonie empêche le stockage du carbone. Like Tout comme de précédentes recherches, cet article a prévenu que le changement climatique pourrait accroître l’intensité des sécheresses en Amazonie, aggravant la mortalité des arbres et affaiblissant la capacité de la plus grande forêt tropicale de la Terre à agir en tant que puits de carbone. D’autre part, la NASA a prévenu du danger des sévères conditions de sécheresse subies par l’Amazonie, augmentant le risque d’incendies catastrophiques.

D’autres recherches ont fait état de l’impact dévastateur du développement des plantations sur les tourbières d’Indonésie, augmentant les risques d’incendie et les émissions de dioxyde de carbone.

Une étude menée en Inde a affirmé que la déforestation dans le pays entraîne une baisse des pluies de la mousson.

Un article publié dans Current Biology a tenté de mieux quantifier les extinctions d’espèces et la dette carbone dues à la déforestation passée. Les auteurs ont conclu que même si la déforestation s’était arrêtée en 2010, 140 espèces de vertébrés disparaîtraient encore et les zones déboisées continueraient à émettre l’équivalent de cinq à dix ans d’émissions dues au déboisement.

Une étude de Science Advances publiée en décembre a fourni un autre exemple de la manière dont la déforestation des forêts tropicales et le changement d’usage des terres affectent l’émergence de nouvelles maladies.

Restauration des forêts

La notion de reforestation a fait l’objet de beaucoup d’attention en 2016.

Une série d’articles publiés dans Biotropica ont affirmé que plus d’un milliard d’hectares de forêts dégradées dans les régions tropicales avaient un énorme potentiel de restauration et régénération de la forêt naturelle, enhancing ce qui améliorerait la biodiversité, la séquestration du carbone, et la résistance des écosystèmes au changement climatique.

Un rapport publié par World Resources a déclaré que la restauration de 20 millions d’hectares de forêt en Amérique Latine permettrait de séquestrer 5 milliards de tonnes de dioxyde de carbone tout en soutenant les revenus des foyers ruraux.

Le Kenya s’est engagé dans un programme de reforestation de 20 millions d’arbres axé sur la forêt de Kakamega et ses cinq « châteaux d’eau » : le Mont Kenya, les Aberdares, le Mont Elgon, les Collines de Cherangani et le complexe forestier de Mau.

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Technologie

Les avancées technologiques dans la surveillance des forêts et de la faune ont continué en 2016, parmi lesquelles des progrès dans le domaine des pièges photographiques, de la traçabilité du bois et de l’analyse de la chaîne d’approvisionnement et des capteurs satellites et aéroportés.

Global Forest Watch a révélé quelques-unes des nouvelles caractéristiques de sa plateforme de surveillance des forêts, à savoir un suivi des forêts en haute résolution et en temps quasi-réel dans plusieurs pays, des outils de surveillance de la chaîne d’approvisionnement des matières premières, et une meilleure qualité des images satellite. En juin, l’organisation a bénéficié d’une subvention de 14 millions de dollars du gouvernement norvégien.

Airbus, the Forest Trust et SarVision ont annoncé l’avènement de Starling, un service qui utilise les satellites d’Airbus pour observer à travers les nuages et surveiller les changements dans la couverture forestière.

Des scientifiques ont publié les conclusions d’un projet de surveillance acoustique de deux ans au Cameroun. Les données ont fourni des informations sur les habitudes de chasse qui pourraient être utiles aux efforts contre le braconnage.

Une étude publiée dans Conservation Letters a établi quele système de surveillance par satellite brésilien n’a pas permis de déceler 9.000 kilomètres carrés de forêt déboisés en Amazonie brésilienne entre 2008 et 2012.

Protection de la forêt et finance

Un rapport de l’ONG les Amis de la Terre et As You Sow a déclaré que les fonds communs de placement américains représentent un investissement net de plus de 5 milliards de dollars dans la production d’huile de palme. Les groupes de défense ont publié ces chiffres dans le but de faire pression sur le géant des fonds de pension américain TIAA pour qu’il adopte de meilleures garanties de durabilité.

Rainforest Action Network, Profundo et d’autres ONG ont mis en place une base de données qui suit les investissements des banques dans des secteurs à haut risque de déforestation. Les données montrent qu’entre 2010 et 2015, des banques d’Asie, d’Europe et des États-Unis ont investi plus de 50 milliards de dollars dans des entreprises à haut risque pour les forêts, opérant en Asie du Sud-Est.

Forest Trends a fourni une mise à jour sur l’état du marché financier du carbone forestier, selon laquelle près d’un milliard de dollars ont été investis en 2015.

La Fondation Gordon & Betty Moore s’est engagée à investir 100 millions de dollars supplémentaires pour établir et soutenir des zones protégées dans les régions des Andes et de l’Amazonie. La fondation a déjà alloué 358 millions de dollars dans la protection de régions de l’Amazonie et de territoires indigènes.

Une étude publiée dans Global Environmental Change a conclu que les membres les plus pauvres des communautés dépendantes de la forêt à Madagascar étaient les moins susceptibles de bénéficier directement des programmes d’aide carbone.

Le fonds de pension gouvernemental de la Norvège (GPFG), qui gère un fonds de 828 milliards de dollars, a désinvesti de 11 sociétés impliquées dans la déforestation.

Un rapport de Forest Trends a établi que le financement international pour la protection de la forêt en République Démocratique du Congo ‘RDC), au Ghana et au Libéria est en augmentation régulière depuis 2009.

Un groupe d’ONG écologistes a publié un rapport affirmant que le secteur de l’aviation pourrait en partie respecter ses objectifs de réduction d’émissions en soutenant la conservation des forêts.

Forêts et climat

Une étude de Nature a affirmé queles engagements actuels sur le changement climatique étaient loin d’être suffisants pour sauver les écosystèmes tropicaux de la planète, particulièrement les forêts tropicales d’altitude, les forêts tropicales humides, les mangroves et les récifs coralliens.

Les forêts secondaires d’Amérique Latine séquestrent une moyenne de 122 tonnes de carbone par hectare sur 20 ans tandis qu’elles se remettent du déboisement initial, démontrant les bénéfices pour le climat d’une forêt qui se régénère naturellement, selon une étude publiée dans Nature.

Un article publié dans Science Advances a signalé que les forêts anciennes sont essentielles dans la protection de la biodiversité contre les effets du changement climatique. La recherche a démontré que les forêts anciennes amortissent plus efficacement les températures que des forêts secondaires plus récentes.

Et tout le reste

L’orang outan de Bornéo a été reclassé dans la catégorie « en danger critique » sur la liste rouge de l’IUCN en raison de la chasse, de la destruction, de la dégradation et de la fragmentation de son habitat.

La Norvège et les États-Unis se sont engagés à intensifier leur travail sur la protection de la forêt.

Une analyse du World Resources Institute a découvert que les bassins hydrographiques du monde avaient perdu six pour cent de leur surface forestière en 14 ans seulement.

Une étude du journal Science utilisant des données fournies par le public a montré que les routes ont fragmenté la surface de la Terre en 600.000 parcelles, avec seulement sept pour cent des zones sans route mesurant plus de 100 kilomètres carrés. Les auteurs ont prévenu que ces résultats sont probablement sous-estimés, une proportion significative des routes du monde n’ayant pas été intégrée dans les données.

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Tropical rainforest at twilight in Sabah, Malaysian Borneo. Photo by Rhett A. Butler.
Forêt tropicale au crépuscule à Sabah, Bornéo, en Malaisie. Photo Rhett A. Butler.

Analyses des années précédentes: 2015 | 2014 (en anglais) | 2013 (en anglais) | 2012 (en anglais) | 2011 (en anglais) | 2009 (en anglais)

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