- Les développeurs de la centrale thermique au charbon de Tanjung Jati B de 2 640 mégawatts à Java central prévoient d’ajouter une capacité de 2 000 mégawatts.
- Afin de satisfaire les engagements pour lutter contre le changement climatique, la Société Générale, une banque française qui devait aider à financer l’agrandissement de la centrale, a promis de ne plus financer les projets liés au charbon.
- L’attention s’est maintenant tournée vers les établissements financiers restants, le Crédit Agricole en France et la Banque japonaise pour la coopération internationale.
Les Amis de la Terre un groupe d’activistes français, a annoncé mardi que la banque française, la Société Générale, confirmait le retrait de son financement du projet d’agrandissement de la centrale thermique de Tanjung Jati B-2 située dans le district de Jepara de la province indonésienne de Java central.
La centrale thermique de Tanjung Jati B de 2 640 mégawatts, située dans le district de Jepara à Java a débuté ses opérations en 2006. L’opérateur de la centrale PT Central Java Power prévoit d’ajouter deux unités de 1 000 mégawatts chacune, ce qui coûterait environ 4 milliards de dollars américains. La centrale, ainsi que ses plans d’agrandissement, ont été la cible de protestations persistantes de la part de groupes locaux et internationaux qui affirment que la centrale pollue l’eau, l’air et les cultures, menaçant la santé et les moyens de subsistance des communautés voisines.
La décision de la Société Générale d’abandonner le financement respecte son récent engagement consistant à ne plus financer de projets incompatibles avec les accords de Paris sur le climat.
En octobre 2016, préalablement aux pourparlers de Marrakech sur le changement climatique, la banque a annoncé qu’elle « ne financerait plus les centrales ou infrastructures associées au charbon partout dans le monde. » Celle-ci s’était déjà engagée à cesser de financer ces projets dans les pays à revenu élevé.
Tanjung Jati se situe dans une zone grise ; le contrat final n’a pas encore été signé, mais l’accord de la banque avec le promoteur du projet, Sumitomo, a été initié avant l’annonce de la nouvelle politique en octobre.
Selon Lucie Pinson, chargée de campagne finance privée chez Les Amis de la Terre, la Société Générale a donné aux commanditaires du projet jusqu’à décembre 2016 pour terminer le financement afin « d’épargner ses relations avec ses clients promouvant le projet Tanjung Jati B. » Cette période de grâce est désormais dépassée.
« Le projet étant davantage retardé, la Société Générale est désormais obligée de se dissocier du groupe de bailleurs de fonds afin de respecter son engagement pris en octobre », a ajouté Pinson dans un communiqué de presse.
Il y a deux banques internationales qui encore financent le projet: Le Crédit Agricole et la Banque japonaise pour la coopération internationale (JBIC).
« Le Crédit Agricole est toujours impliqué, non pas dans un, mais deux projets de centrale à charbon en Indonésie. Être la dernière banque française à financer directement de nouvelles centrales à charbon serait un sombre héritage, a déclaré Pinson. En octobre 2016, la banque s’est engagée, tout comme la Société Générale, à ne plus financer de nouveaux projets de centrales à charbon dans le monde entier. Avec les résolutions du Nouvel An encore dans les esprits, il est crucial que le Crédit Agricole respecte ses promesses faites en 2016. »
La JBIC fait déjà face à des protestations dans son pays et en Indonésie en rapport avec son implication dans le financement des projets de charbon en Indonésie.
Le mois dernier, les habitants javanais et les dirigeants d’ONG se sont rendus à Jakarta pour soumettre leurs objections au financement de la JBIC de la centrale thermique de Batang à Java central, organisant une manifestation devant l’ambassade japonaise et soumettant une pétition déclarant que le projet a entrainé de graves violations des droits humains dans leurs communautés.