- Espèce menacée, le tapir de Malaisie (Tapirus indicus) est le plus gros tapir du monde, et le seul présent en Asie. Son territoire s’étend aujourd’hui de la péninsule malaise au Myanmar, en passant par la Thaïlande et l’île de Sumatra. Principalement mis en péril par la disparition totale ou partielle de son habitat naturel, il est également victime des chasseurs et de leurs pièges mais aussi d’accidents de circulation.
- Largement ignoré par le passé par les défenseurs de l’environnement et le public malaisien, le vent est doucement en train de tourner en sa faveur et l’intérêt pour la préservation de l’espèce va croissant.
- Le Projet de Préservation du Tapir de Malaisie (PPTM), aux côtés d’autres programmes scientifiques, travaillent activement sur le comportement du tapir afin d’être à même de développer des plans de préservation plus efficaces.
- Le gouvernement malaisien œuvre également pour la protection de l’animal. Des fonds ont été alloués à la préservation du tapir dans le cadre du plan de développement économique décennal en cours. La clé de la survie du tapir de Malaisie réside cependant dans un engagement renforcé envers la protection de la forêt.
Âgé de deux mois, Asahan boit goulûment le lait de sa bouteille. Le bébé tapir, dont le pelage tacheté de marron commence déjà à revêtir les couleurs noires et blanches distinctives de l’adulte, a été sauvé par des villageois locaux. Ils l’ont trouvé vagabondant au sein d’une plantation de palmiers à huile avant de le confier au service national de la protection de la faune.
Asahan est le tout dernier résident du refuge Sungai Dusun. Situé à 90 minutes au nord de Kuala Lumpur, la capitale de la Malaisie, le refuge est niché au cœur d’une réserve forestière de 5000 hectares abritant des espèces telles que l’ours malais ou le chat à tête plate. Bien que préservée, cette parcelle de forêt est cernée de plantations de palmiers à huile, dont l’exploitation constitue le pilier de l’économie actuelle du pays.
Le centre était destiné au départ à l’élevage en captivité du Rhinocéros de Sumatra, déclaré disparu l’an dernier. Désormais, le refuge se concentre sur le tapir dans le cadre du Projet de Préservation du Tapir de Malaisie, un programme financé en grande partie par le zoo de Copenhague.
Le refuge abrite actuellement 11 tapirs. Certains seront réinsérés et relâchés dans la nature, d’autres ne le seront pas, comme la plus âgée, une femelle aveugle de 19 ans prénommée Bendul.
Partir de zéro
Le tapir de Malaisie (Tapirus indicus) est le plus gros tapir du monde, et le seul présent en Asie. Les trois autres, plus connus, vivent en Amérique Centrale et du Sud.
Aujourd’hui, on trouve le T. indicus sur la péninsule malaise, au Myanmar, en Thaïlande ainsi que sur l’île indonésienne de Sumatra. Il est considéré comme étant en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en raison de « la disparition totale ou partielle de son habitat naturel, de la chasse, des pièges ou des accidents de circulation ». Des estimations évaluent la population totale inférieure à 2500 individus adultes, la plupart isolés dans les dernières parcelles de forêt tropicale.
« J’ai réalisé qu’il n’y avait pas d’information disponible sur le tapir [d’Asie], » explique le chercheur Carl Traeholt en se remémorant sa décision de mettre sur pied un projet dédié à la préservation de l’espèce, il y a plus de dix ans. « C’est un gros mammifère oublié de tous, en dépit de son caractère fascinant et de ses couleurs tout à fait uniques ». En 2008, Traeholt a lancé officiellement le Projet de Préservation du Tapir de Malaisie (PPTM).
Au XIXe siècle, le naturaliste anglais renommé Alfred Russel Wallace a fait preuve d’une véritable fascination pour l’unique tapir d’Asie, le caractérisant d’animal « curieux » et de « mystère » en termes de répartition géographique. Depuis, l’espèce a connu un regain d’intérêt de la part d’une poignée de scientifiques. Traeholt, directeur du programme de préservation de l’Asie du Sud-est du zoo de Copenhague est donc pratiquement parti de zéro.
La seule étude de terrain sur laquelle lui et son équipe ont pu s’appuyer date de 1970 et se compose des travaux de Keith Williams, scientifique australien devenu président fondateur du Groupe Spécialiste des Tapirs, une unité de la Commission de la sauvegarde des espèces (SSC) de l’UICN. Williams a notamment observé les tapirs au sein du parc national de Malaisie en utilisant des colliers émetteurs pour suivre leurs mouvements.
Traeholt et son équipe du PPTM – travaillant depuis des années en étroite collaboration avec le service national de protection de la faune, connu localement sous l’appellation Perhilitan – ont cherché à établir le nombre précis de tapirs restant sur la péninsule et à constituer une documentation sur leurs habitudes alimentaires et leur comportement, afin d’être en mesure de mieux guider les efforts de préservation.
Ils ont concentré leurs recherches initiales sur la réserve de faune de Krau, une étendue de forêt de plus de 60 000 hectares – en grande partie intacte – au cœur de la péninsule malaise. Les chercheurs ont ainsi installé des caméras à détection de mouvement le long de sentiers fréquentés par les animaux, compté leurs traces et capturé cinq tapirs qui ont ensuite été équipés de colliers émetteurs et surveillés pendant un an voire plus.
Les efforts de l’équipe ont débouché sur des résultats positifs : selon Traeholt, le premier Plan d’Action pour la Préservation du Tapir de Malaisie sera lancé cette année par le gouvernement. D’après Mahathir Mohamad, directeur adjoint de la Division de Préservation de la Biodiversité de Perhilitan, il fournira « [des] recommandation[s] spécifiques et réaliste[s] pour la gestion des espèces pour une durée de dix ans, de 2016 à 2025. » « C’est un projet en cours de réalisation, le premier atelier [stratégique] devrait se tenir cette année. »
Un animal fascinant mais difficile à étudier
Le tapir – en grande partie nocturne, plutôt timide et difficile à observer dans les sous-bois particulièrement denses de la forêt tropicale – représente un défi constant pour les scientifiques qui tentent de collecter et d’analyser des données sur l’animal. Les couleurs de son pelage sont particulièrement problématiques.
« Ils demandent sacrément plus d’efforts que la plupart des animaux avec lesquels j’ai travaillé, » affirme Traeholt. « Ils ne sont pas faciles à distinguer les uns des autres. Si le bout de leurs oreilles est tout à fait blanc, le reste est complètement noir. Cela les rend difficiles à photographier, le même problème se pose avec [l’analyse] des images numériques. » Les chercheurs ont fait une avancée majeure en réalisant que les tapirs pouvaient être identifiés grâce à de subtiles marques sur leurs cous trapus.
Les habitudes du Tapirus indicus posent elles aussi problème : « ils sont nocturnes. Comment capturez-vous un tapir dans une forêt équatoriale en pleine nuit ? » demande ironiquement Traeholt. « Vous pouvez l’entendre, mais si vous tournez les projecteurs et qu’il y a effectivement un tapir, il s’enfuira. Nous devons utiliser une lampe frontale [pour progresser dans la jungle], mais quand nous nous rapprochons nous basculons sur le mode infrarouge. »
Malgré ces défis, le PPTM a développé une série d’études fournissant des références pour les travaux de scientifiques partout dans le monde. Par exemple, l’équipe a déterminé que la population au sein de la réserve de faune de Krau comptait entre 30 et 50 animaux seulement, bien moins que les chiffres envisagés au départ. Cette découverte a laissé sous-entendre que la population de la péninsule entière serait également à revoir à la baisse. Aujourd’hui, Perhilitan estime le nombre de tapirs à environ 1500 sur la péninsule malaise.
Selon les recherches du biologiste australien Boyd Simpson, qui a rejoint le PPTM à un stade avancé, le tapir consomme une variété de plantes étonnamment large : 217 espèces pour être précis, et 380 selon des chiffres revus à la hausse par l’UICN. Cela signifie que l’animal pourrait jouer un rôle déterminant dans la dispersion des graines de la forêt tropicale. Certains chercheurs réfutent cependant cette thèse arguant du fait que le tapir semble mâcher minutieusement les graines qu’il consomme. L’équipe cherche actuellement à savoir pourquoi les tapirs de Krau apprécient autant les blocs de sels et les pierres à lécher dispersés dans la réserve.
L’équipe de recherche s’est également déplacée au-delà de Krau, et a mené des études dans des endroits semi-sauvages y compris à Sungai Dusun qui a fini par devenir un centre destiné à l’élevage en captivité. En 2007, les premiers tapirs jumeaux du monde sont nés en captivité. Dans la nature, la mère donne normalement naissance à l’issu de 13 mois à un seul petit, qui pourra rester à ses côtés pendant près de deux ans.
Le trafic de tapirs
Un des noms locaux utilisé pour désigner le tapir est badak tampung (rhinocéros tacheté), en lien avec les couleurs distinctives de cet imposant mammifère – un corps noir contrastant avec une selle blanche – et le fait qu’il s’agit d’un ongulé étroitement lié au rhinocéros et au cheval.
Mais sa trompe en forme de tronc – utilisée comme pelle, mais aussi comme tuba quand il nage – et ses pieds peu communs (quatre sabots individuels pour les pattes avant et trois pour les pattes arrière) en font un des animaux les plus caractéristiques de la planète. Son mode de communication est tout aussi inattendu : ce grand animal terrestre s’exprime par le biais de cris stridents – qui ressemblent parfois à ceux d’un singe – ainsi que par des clappements.
Comme beaucoup d’espèces des forêts tropicales asiatiques, y compris les charismatiques tigres ou orangs-outans, le tapir est menacé par la déforestation. L’UICN estime que le nombre de tapirs dans son aire de répartition a chuté de 50% lors des 36 dernières années, du fait de la conversion de l’habitat naturel de l’animal en plantations ou en domaines résidentiels.
Un tapir adulte est plutôt lourd : 350 kilos pour une taille d’un mètre environ. En sécurité au sein des forêts et des zones humides du fait de sa corpulence, la déforestation a cependant poussé l’animal à se rapprocher des humains à ses risques et périls.
Ces dix dernières années, 63 tapirs ont trouvé la mort dans des accidents de circulation selon Perhilitan. Le refuge Sungai Dusun a, quant à lui, sauvé 104 animaux victimes de tels accidents mais aussi de braconniers. Bien que les scientifiques affirment que les tapirs ne semblent pas avoir de prédateurs et ne sont pas prisés pour leur viande ou leur pelage, ils sont parfois victimes de pièges destinés à d’autres animaux convoités par le commerce illégal d’espèces sauvages.
« La plupart des décès [de tapirs] sont causés par des accidents de circulations, » affirme Mohd Zulfadli Zainor, directeur adjoint du refuge Sungai Dusun. « Ce sont des animaux nocturnes, c’est la principale raison pour laquelle ils sont renversés : parce qu’ils sortent la nuit. Avec leur pelage noir et blanc, les conducteurs remarquent à peine leur présence. »
Les animaux découverts pris dans des pièges ou blessés par un véhicule et qui ne sont pas trop durement touchés sont soignés et relâchés dans la zone où ils ont été trouvés. Ceux qui sont plus accidentés sont envoyés au refuge Sungai Dusun et sont pris en charge jusqu’à leur guérison complète. Ils sont ensuite reconduits dans la forêt si tout se passe bien.
La surveillance des animaux relâchés est cruciale. Les scientifiques peuvent ainsi observer comment les tapirs s’en sortent une fois réinsérés dans la nature, mais ils sont mis au défi par le collier émetteur. « Au sol, nous utilisons un récepteur [VHS] et cherchons jusqu’à trouver un tapir, » explique Mahatir de Perhilitan. « C’est très complexe, il est possible de détecter [un animal] situé à seulement cinq mètres de distance. »
Sensibiliser l’opinion publique
Le gouvernement malaisien a mis en place des panneaux de signalisation pour prévenir les conducteurs des zones rurales, là où ils sont le plus à même de croiser la route d’un tapir. Le pays envisage aussi de construire des passages à faune – des viaducs assurant plus de sécurité pour les animaux aux abords des routes. Les groupes de conservation s’accordent cependant sur le fait que c’est la préservation de l’habitat naturel du tapir qui est la plus cruciale pour la survie à long terme de l’espèce.
C’est particulièrement vrai du fait de la lenteur du cycle de reproduction du tapir et de sa longue période de sevrage, puisqu’une femelle ne peut avoir qu’un seul petit tous les trois ans. La qualité de l’habitat naturel est donc primordiale pour assurer une croissance sereine aux jeunes tapirs.
« La Malaisie a mis en place de nombreux plans à destination des tigres et d’autres espèces, y compris le rhinocéros, mais l’habitat naturel [du tapir] reste négligé, il est donc certain que sa population va chuter ou disparaître, » affirme I.S. Shanmugaraj, le directeur exécutif de la Société pour la Nature Malaisienne, le plus ancien groupe environnemental du pays. « Les scientifiques cherchent toujours à comprendre comment le tapir vit, mais le temps presse, et la forêt aura bientôt disparu. Nous devons protéger son habitat naturel, » dit-il alarmé.
La participation du public sera essentielle à sa préservation. Ces dernières années, les Malaisiens ont commencé à montrer des signes de conscience environnementale, et sont de plus en plus à même de militer en faveur des espèces menacées et de leurs habitats naturels. Des résidents de la région de Kuantan par exemple, dans la partie est du pays, ont récemment manifesté contre l’exploitation minière de terre rare Lynas, et contre la prolifération des mines de bauxite dans leur région, forçant ainsi le gouvernement à imposer à l’industrie une interdiction temporaire plus tôt cette année.
Quand le Fonds mondial pour la nature (WWF) a organisé son exposition itinérante « Le Tour du Monde des 1600 Pandas » à Kuala Lumpur en 2014, Kelvin Low, travaillant dans l’industrie publicitaire, y a vu une occasion inespérée d’attirer l’attention sur la situation critique des tapirs.
L’exposition de WWF, qui s’est tenue de Paris à Berlin en passant par Taipei et d’autres grandes villes, compte 1600 pandas de papier-mâché symbolisant leur nombre restant à l’état sauvage. Kelvin Low s’est servi de cette occasion pour mettre en scène ce qu’il a appelé un « détournement ». Il a placé des tapirs de céramique de fabrication maison aux côtés des pandas en ajoutant la mention manuscrite : #TAPITAPIR, qui se traduit en français par : « Et qu’en est-il des tapirs ? »
Rapidement chassé par la sécurité, ses amis ont tout de même eu le temps de poster des photos du « détournement » sur les réseaux sociaux – un petit pas de plus vers la reconnaissance du tapir.
Expulsé de l’exposition mais présent à l’extérieur du bâtiment aux côtés d’une de ses figurines, Kelvin Low a répondu aux questions des curieux : « Beaucoup de gens m’ont demandé, ‘Est-ce que c’est un fourmilier ?’ ou ‘Est-ce que c’est un éléphant ?’, » explique t-il. « J’ai été choqué par le caractère délirant de ces questions, puis j’ai constaté combien nous, Malaisiens, ne savons finalement presque rien à propos de l’animal. »
Combinée à des campagnes de relations publiques plus traditionnelles, cette guérilla publicitaire semble porter ses fruits. Cette année, lors de la journée mondiale du tapir en avril, le lieu où s’est tenue l’exposition WWF a accueilli une nouvelle exposition présentant 3000 tapirs de Malaisie, tous fabriqués par des écoliers Malaisiens.
Éduquer un pays, financer la préservation
Geetha Annavi, maître de conférences du département de biologie à l’Université de Putra en Malaisie, a un autre plan de sensibilisation en tête. Elle veut donner la chance à des bénévoles Malaisiens de travailler aux côtés de son équipe de recherche lors d’études de terrain.
Annavi et ses six étudiants chercheurs sont actuellement en train d’étudier le comportement du tapir, ainsi que la bactérie vivant dans ses intestins (permettant la digestion de plusieurs centaines de types de plantes) et sa diversité génétique. Même si son travail se concentre principalement sur des animaux semi-sauvages ou captifs, elle mène également une étude destinée à confirmer la présence de tapirs dans les forêts marécageuses de tourbe du nord de l’état de Selangor, une vaste tourbière sauvage à une heure au nord de Kuala Lumpur.
La scientifique, qui a étudié le comportement et l’arbre généalogique du blaireau dans la campagne britannique pour son doctorat, applique les techniques apprises au Royaume-Uni dans son travail avec les tapirs. Comme Traeholt, son intérêt est venu du fait qu’encore aujourd’hui beaucoup de choses restent à découvrir sur l’animal.
Au-delà de son programme bénévole, elle espère communiquer son enthousiasme pour le tapir aux salles de classe Malaisiennes.
« Il faut les éduquer jeunes, » affirme Annavi à propos de la nécessité d’impliquer les enfants dans la préservation. Une peluche de tapir aux oreilles blanches et duveteuses trône sur son bureau à côté d’une pile de dossiers. « [Les enfants] sont notre avenir. C’est leur responsabilité de prendre soin de ces animaux. »
Lentement mais sûrement, l’intérêt pour les tapirs n’a cessé de croître depuis la création du PPTM en 2008, un intérêt qui s’étend désormais au-delà du domaine vital de l’animal. La Malaisie a en effet mis en place un système de prêt avec le Japon en décembre dernier : deux tapirs de Malaisie ont été envoyés au Bioparc de Nagasaki où ils devraient rester une dizaine d’années. En mars, la femelle a donné naissance à un petit.
Même si la préservation du tapir reste sous-financée aujourd’hui, des fonds lui ont été alloués. Le gouvernement malaisien a réservé 1,18 millions de ringgits (environ 250 000 euros) pour la préservation de l’animal dans le cadre du plan décennal de développement économique en cours. Conjointement, la politique nationale sur la diversité biologique a fixé une série d’objectifs destinés à protéger le territoire, la faune et la flore jusqu’à 2025.
Le sauvetage d’une espèce, un tapir à la fois
Mohd Zulfadli Zainor confie que le financement est une de ses préoccupations majeures : la nourriture seule pour nourrir un animal séjournant au refuge Sungai Dusun coûte environ 200 000 ringgits (environ 43 000 euros) par an. Il espère cependant que la hausse du profil public du tapir, combinée au plan d’action national, assurera un afflux d’argent suffisant pour sa préservation.
Au sein du refuge, le travail quotidien de préservation du T. indicus se poursuit, un tapir à la fois. Le vétérinaire Donny Yawah applique de la pommade à un tapir ayant mal réagit à une piqûre d’insecte provenant d’un élevage de poulets des environs. Il capture également les insectes dans un tube à essais pour les analyser en laboratoire. Le docteur travaille avec les tapirs depuis 2012, il suspecte une des femelles dont il a la garde d’être enceinte. Des tests complémentaires sont prévus.
« Je crois que j’ai des atomes crochus avec le tapir, » explique t-il en faisant ses rondes. « Il est très docile en comparaison avec un animal comme le tigre, au moins je peux le toucher. Il est facile de comprendre ses sentiments et ses émotions. »
Pendant ce temps, Asahan a englouti une deuxième bouteille de lait : après tout, c’est un tapir en pleine croissance. Il boit deux litres par jour et devraient commencer à se nourrir d’herbe et de graines aux alentours de six mois.
Les gardes forestiers qui travaillent avec le refuge espèrent qu’une fois adulte, Asahan, de même que les autres jeunes adultes hébergés, sera capable de retourner à l’état sauvage. Cependant, au vu du développement fracassant de l’agro-industrie et de la déforestation, le futur d’Asahan dépendra uniquement du peu de nature restant dans lequel commencer une nouvelle vie.