Nouvelles de l'environnement

Même des perturbations mineures de la forêt peuvent entraîner un effondrement de la population des grands singes

  • Après la guerre civile en République Démocratique du Congo, des chercheurs ont découvert que même une légère perturbation au sein de leur habitat (quelques nouvelles ouvertures ça et là et une augmentation de la chasse) pouvait entraîner une chute de la population des bonobos et parfois leur disparition, même si presque toute la forêt est restée intacte.
  • Le succès de leur sauvegarde dépend de la coopération des populations locales, une confiance qu’il est souvent difficile d’obtenir pour les chercheurs. Mais il dépend aussi du contexte politique et économique au sens large, contexte qui peut changer très rapidement.
  • Le pronostic de survie des bonobos et d’autres grands singes est bien sombre si le développement global (agriculture industrielle, extraction minière, exploitation forestière et autres perturbations de la forêt) continue sans être maîtrisé.
A female aggregation of bonobos. Photo by Takeshi Furuichi
Groupe de bonobos femelles. Photo Takeshi Furuichi

Il semble que même les plus grands succès en matière de conservation peuvent être anéantis du jour au lendemain. C’est la dure leçon que Takeshi Furuichi a apprise quand le conflit a éclaté en République Démocratique du Congo (RDC), menaçant les populations de bonobos que lui et ses collègues étudiaient et protégeaient depuis des années.

Pris dans les remous grandissants et la violence terrible des années 90, les chercheurs (dont la vie était en danger) n’avaient d’autre choix que de retourner au Japon, à contre cœur, ne pouvant qu’espérer que tout se passe bien pour les animaux et les personnes qu’ils laissaient derrière eux.

Takeshi Furuichi, primatologue à l’université de Tokyo explique : « c’est vraiment compliqué car la nature et les bonobos restent les mêmes, mais la société humaine change très rapidement. Je ne peux pas dire voilà, nous sommes à un point d’équilibre satisfaisant, parce que je sais que l’année prochaine tout sera différent, c’est un effort incessant. »

Il aura fallu six ans pour que Furuichi et ses collègues puissent reprendre leurs recherches. Quand ils sont enfin retournés en RDC en 2002, leurs craintes concernant les conséquences de la guerre ont été confirmées : certains groupes de bonobos avaient complètement disparu, et certains autres qui avaient survécu se trouvaient réduits à moins de la moitié de leurs membres.

Bonobos taking a rest on a road between villages. Photo by Takeshi Furuichi
Bonobos au repos sur un chemin reliant des villages. Photo Takeshi Furuichi

Désabusés mais déterminés à comprendre les conséquences des années de soulèvement, les scientifiques se sont mis à la recherche des facteurs de la disparition des bonobos. Leur travail a donné des résultats surprenants qui pourraient contribuer à l’œuvre des protecteurs de la nature et s’avérer utiles à la protection d’autres grands singes menacés, des découvertes intéressantes grâce auxquelles la disparition des bonobos de RDC n’aura pas été vaine.

Bien que la destruction de l’habitat en raison du déboisement et de l’agriculture industrielle (y compris la culture du palmier à huile) représente la plus grande menace pour les populations de grands singes, Furuichi et son équipe ont découvert que ces lourdes perturbations ne sont pas les seules à causer ce déclin considérable. Comme l’a malheureusement démontré la disparition progressive des populations de bonobos, même des perturbations de relativement faible ampleur (une déforestation ici, un peu plus de chasse ailleurs) peuvent avoir des conséquences dévastatrices.

Selon Annette Lanjouw, vice-présidente des initiatives stratégiques et du Programme Grands Singes à la fondation Arcus, une ONG qui vise à promouvoir la diversité parmi les habitants et les animaux, « l’étude de cas des bonobos [en RDC] confirme le besoin d’une approche très prudente du développement des terres où l’on trouve des singes. Les découvertes mettent l’accent sur le besoin d’éviter toute perturbation à l’inverse de la position qui consiste à dire « ce n’est pas grave si nous intervenons dans cette zone, ils reviendront, ou bien nous la remettrons en état plus tard. » »

Isolated camps in the forest: temporary houses and cassava fields around them. Photo by Takeshi Furuichi
Camps isolés dans la forêt : habitations temporaires et les champs de manioc qui les entourent. Photo Takeshi Furuichi

Ces enseignements pourraient s’avérer considérablement utiles à l’effort des protecteurs de la nature pour concevoir de meilleures stratégies afin de protéger les grands singes et leur habitat face à l’attaque grandissante de l’exploitation forestière, de l’agriculture industrielle et du développement en général.

Le paradis des bonobos

Parfois appelé « le singe oublié », les bonobos ont été longtemps négligés par les primatologues. Alors que les chimpanzés et les gorilles étaient déjà bien connus au seizième siècle, ce n’est qu’en 1929 que les bonobos furent reconnus officiellement en tant qu’espèce. Leur apparition tardive sur la scène scientifique est due en partie à leur apparence : ils ressemblent tellement aux chimpanzés que les premiers explorateurs qui les ont rencontrés n’ont probablement pas remarqué leur particularité. En outre, les bonobos vivent dans une zone réduite et difficile d’accès, au cœur de la jungle, sur la rive gauche du fleuve Congo.

Une fois leur existence reconnue, cependant, la nouvelle d’une quatrième espèce de grands singes s’est vite répandue, et les bonobos ont commencé à apparaître dans les collections et les zoos, où les primatologues ont commencé à les étudier. Les bonobos à l’état sauvages, cependant, garderaient leur côté mystérieux jusqu’en 1973, quand Takayoshi Kano, un jeune primatologue de l’université de Tokyo établit le premier site d’étude de terrain sur les bonobos.

Mother and offspring. Photo by Takeshi Furuichi
Une mère et son petit. Photo Takeshi Furuichi

Kano avait parcouru la région du bassin du Congo à la recherche de bonobos quand il arriva dans un village du nom de Wamba, situé dans ce qui s’appelait alors le Zaïre, devenu maintenant la RDC. Kano comprit rapidement que Wamba avait tous les avantages nécessaires à un site de terrain. Situé sur le fleuve Luo et entouré d’une épaisse forêt, le village permettait un accès idéal vers les populations de bonobos.

Plus encore, cependant, les habitants de Wamba avaient un lien particulier avec les singes : ils pensaient que les bonobos étaient leurs ancêtres directs. Ils racontèrent à Kano que de nombreuses années auparavant, un jeune mâle bonobo en eut assez de manger de la nourriture crue et abandonna son clan de grands singes. Dieu entendit ses pleurs désespérés et le prit en pitié, lui apprenant à faire du feu pour cuire ses aliments. Ce bonobo finit par construire un village, le Wamba d’aujourd’hui, les villageois de cette époque étant donc tous ses descendants. Et pour cette raison, les habitants du village ne chassaient ni ne mangeaient les bonobos.

Kano entreprit d’établir un site d’étude de terrain. D’autres chercheurs, parmi lesquels Furuichi, le rejoignirent bientôt. Pendant vingt ans, ils étudièrent les bonobos, qui prospéraient dans des conditions proches de la paix absolue. Une fois, en 1984, un braconnier étranger tua un jeune mâle, et quelques années plus tard, des soldats capturèrent quelques bébés singes, soi-disant pour en faire cadeau à un dignitaire en visite. En dehors de ces exceptions, les animaux vivaient tranquilles, leur population croissant régulièrement.

Kano, Furuichi et leurs collègues firent des découvertes sans précédent sur le comportement des bonobos, leur évolution et leur mode de vie. Ils purent étudier quotidiennement l’espèce, observant le développement des familles et venant à connaître individuellement leurs sujets d’étude.

L’équipe japonaise, en collaboration avec des partenaires congolais, établit la réserve scientifique de Luo (479 kilomètres carrés), une zone protégée englobant Wamba et quatre autres villages. Les populations locales étaient gagnantes : toujours autorisées à chasser leur nourriture au sein de la réserve avec les arcs et flèches traditionnels, elles bénéficiaient d’un bonus : un afflux d’argent de la part des chercheurs du monde entier qui visitaient le site régulièrement.

Researchers joined by local children on the way back from bonobo observations in the forest. Photo by Takeshi Furuichi
Les chercheurs rejoints par un groupe d’enfants après avoir observé des bonobos dans la forêt. Photo Takeshi Furuichi

Pendant un temps, tout s’est bien passé. Les habitants récoltaient les bienfaits de la conservation tout en continuant à vivre de la forêt, les chercheurs pouvaient recueillir une somme considérable de renseignements et de connaissances sur l’espèce de singes la plus énigmatique du monde, et les animaux prospéraient dans la réserve.

Puis vint la guerre civile.

Équilibre écologique perturbé

Les premiers troubles survinrent en 1991, quand des émeutes éclatèrent à Kinshasa, la capitale. Tandis que la situation politique et économique se détériorait, les habitants des villes commencèrent à s’enfuir vers les zones rurales. En 1996, le pays plongeait officiellement dans la guerre civile et Furuichi et son équipe n’avaient d’autre choix que de partir.

Les années suivantes firent des millions de victimes, les animaux en souffrirent aussi. Dans une réserve, la population d’éléphants diminua de moitié pendant les années de guerre. Les ventes de viande de brousse sur un marché urbain augmentèrent de 23 pour cent et des pièces de viandes venant de gros animaux comme les gorilles, éléphants et hippopotame commencèrent à apparaître plus fréquemment. La faune sauvage nourrissait un peuple affamé.

Dans l’impossibilité de retourner en RDC, Furuichi ne pouvait savoir ce que devenaient les bonobos de Wamba. En 2002, lui et ses collègues ont finalement pu avoir un bref aperçu du destin des singes en participant à une expédition du National Geographic. Ils ont alors trouvé des soldats occupant les lieux de leur station de recherche, et ont appris que le gouvernement congolais avait stationné des troupes dans toute la forêt.

Les militaires étaient originaires de différentes tribus, la plupart n’avaient aucune tradition qui les aurait empêchés de tuer les bonobos. Les scientifiques ont entendu des histoires de soldats chassant les animaux, ou bien forçant les villageois à les tuer pour eux. Les soldats ont réclamé à maintes reprises à l’un des hommes, longtemps assistant de recherche, qu’il les conduise au refuge des singes. Il a commencé par les égarer en forêt mais rapidement les hommes armés, exaspérés, ont menacé de le tuer s’il ne leur révélait pas la cachette des animaux, il s’est exécuté.

En 2003, un cessez-le-feu a enfin été déclaré. Les scientifiques sont retournés à leur station de recherche et ont commencé le long processus visant à reconstituer ce qui s’était passé pendant leur absence. Ils ont alors découvert que trois des six groupes de bonobos existant dans la partie nord de la réserve avaient complètement disparu. Les effectifs étaient tombés de 250 en 1991 à environ 100 en 2004. Seul le principal groupe d’étude semblait encore en bon état par rapport à l’époque d’avant la guerre, probablement grâce à la protection des habitants de Wamba.

Mais qu’est-ce qui avait causé ce déclin sévère, exactement ? Les chercheurs se sont associés à des experts en cartographie spatiale pour voir si la forêt elle-même pourrait leur donner un indice. L’équipe a rassemblé des images satellite de 1990 à 2010, et a ensuite analysé la perte de couverture forestière et la fragmentation sur cette période pour Luo et une réserve voisine.

A family living in an isolated forest camp. Photo by Takeshi Furuichi
Famille vivant dans un camp isolé dans la forêt. Photo Takeshi Furuichi

Au cours des dix premières années de cette période, ont-ils découvert, le taux de déforestation a atteint le double de celui des dix ans qui ont suivi la guerre, particulièrement dans les zones reculées, loin des routes et des villages. Ce déboisement, toutefois, n’est pas dû à des coupes à blanc ou à de la culture sur brûlis à grande échelle. Au lieu de cela, les chercheurs ont pu observer quelques petites zones de perturbation éparpillées à travers la réserve, quelques perforations du manteau vert qui sinon demeurait ininterrompu.

Des entretiens avec les habitants ont pu compléter l’histoire racontée par l’imagerie satellite. « Pendant la guerre, les gens s’enfuyaient de leur village ou ville natale, et se cachaient dans la forêt pour échapper aux soldats rebelles, » explique Janet Nackoney, professeur chercheur assistante en sciences géographiques à l’université du Maryland, et qui a mené l’étude d’analyse spatiale.

Ces gens étaient des réfugiés qui avaient soit oublié leurs tabous traditionnels ou bien n’en avaient jamais eus. Ils ont commencé à tuer les singes pour se nourrir. Certains habitants, probablement poussés par la faim, ont aussi chassé les bonobos, en dépit des croyances traditionnelles.

Les campements en forêt (des ouvertures dans la canopée) ont permis un accès facile à des zones auparavant reculées où vivaient les bonobos, explique Furuichi, tandis que les fusils, qui se sont multipliés pendant la guerre, se sont avérés bien plus efficaces pour chasser que les arcs et flèches traditionnels.

Bonobo mother and offspring in the canopy. Photo by Takeshi Furuichi
Photo Takeshi Furuichi

« Ces résultats nous démontrent une vérité que nous devons envisager : les hommes sont énormément destructeurs, particulièrement ceux qui chassent et envahissent la forêt, » déclare Lanjouw. « Quand cela se produit, la faune disparaît, y compris les bonobos. » Même si les forêts demeurent, elles sont vidées de leur ancienne faune.

Une existence précaire

Les bonobos vivent encore dans la réserve scientifique de Luo, mais leur sort est très incertain. Tandis que la population du groupe d’étude principal est à nouveau en augmentation et a même dépassé les effectifs d’avant la guerre, les bonobos vivant dans la partie sud de la réserve ne s’en sortent pas aussi bien et ont disparu de certains endroit où ils vivaient. Des entretiens avec les habitants révèlent aujourd’hui qu’au moins la moitié des villageois de Wamba respectent encore leurs tabous traditionnels envers les bonobos, mais ceux des villages voisins ne citent pas ces tabous comme raison pour épargner les bonobos. Ils évitent plutôt de les chasser parce qu’ils espèrent en tirer bénéfice (du travail ou des aides) de la part des étrangers qui viennent dans un but écologique ou scientifique.

« Là où des activités de recherche ont lieu, les habitants sont enthousiastes pour protéger les animaux, » déclare Furuichi. « Mais dans les régions où il n’y a aucune recherche, les habitants n’hésitent probablement pas à tuer et à manger des bonobos. »

Parmi leurs efforts pour gagner les habitants à leur cause, les scientifiques apportent maintenant leur soutien à l’éducation des enfants et ont construit un petit hôpital. Ils emploient aussi certains membres de la communauté, bien que les différences de traitement perçues d’un individu à l’autre puissent parfois causer des problèmes, si un villageois « pense que ses collègues retirent plus de bénéfices que lui », il tue un bonobo par vengeance, explique Furuichi.

Luo Scientific Reserve. Yellow areas show secondary vegetation in and around agricultural fields. The research camp is located in the village in the northern section of the reserve. Map by Takeshi Furuichi
Réserve scientifique de Luo. Les zones jaunes montrent la végétation secondaire des champs cultivés et celle qui les entoure. Le camp de recherche est situé dans le village de la partie nord de la réserve. Carte Takeshi Furuichi

En effet, quand les scientifiques ont de bons rapports avec la population, la fréquence des activités illégales diminue, nous informe-t-il, mais quand des désaccords surviennent, les chercheurs entendent un plus grand nombre de coups de feu dans la forêt. « C’est une sorte de baromètre pour le succès de nos relations publiques, » déclare Furuichi. « Et c’est très frustrant. »

Les attentes des communautés augmentent aussi régulièrement. Alors que quelques donations et de petits salaires étaient suffisants pour satisfaire les habitants, les politiciens locaux approchent maintenant les chercheurs en disant « si vous voulez continuer ces recherches, il faudra nous construire une piste d’atterrissage » ou ce genre de choses, » déclare Furuichi. « Ils savent comment vivent les gens au Japon ou aux États-Unis, et ils veulent être traités en égaux. »

Malgré ces complications, Furuichi ne pense pas que des zones de protection exclusives, où toute activité humaine serait interdite, soient une solution. Une telle approche a souvent des conséquences injustes pour la population et, protégés ou non, les réserves fermées sont toujours vulnérables au braconnage et à la destruction de l’habitat.

Senior females try to remove a metallic snare from a hand of newly arrived young female. Photo by Takeshi Furuichi
Des femelles adultes tentent d’enlever un collet métallique de la main d’une jeune femelle nouvellement arrivée. Photo Takeshi Furuichi

Au contraire, dit-il, si le Japon et d’autres nations croient réellement que les bonobos valent la peine d’être sauvés, ces pays devraient établir un système par lequel les populations locales auraient davantage bénéfice à protéger ces animaux qu’à les chasser et à abattre des arbres. « Nous ne pouvons pas leur dire qu’il faut protéger les animaux juste parce que les animaux sont très importants, » dit-il.

Cependant, un tel soutien n’est pas près d’arriver, ni à l’échelle nationale, ni à celle du continent.

La complexité du problème pour les protecteurs de la nature : la consommation mondiale de ressources naturelles augmente rapidement, accentuée par une population croissante et des niveaux de vie plus élevés. Que ce soit sous la forme de la déforestation (pour des plantations de palmiers à huile, soja, caoutchouc ou café), de l’exploitation minière, de la construction de routes ou de villes, ou du commerce de la viande de brousse, le développement intensifie la pression sur les derniers habitats naturels dans le monde. Pour les bonobos et les autres grands singes, la conséquence pourrait être l’extinction. Et comme l’ont démontré Furuichi et son équipe, une espèce peut disparaître sans qu’il y ait eu destruction massive de la forêt.

« Nous voyons les populations de singes diminuer lentement et inexorablement à travers tout le continent, » déplore Lanjouw. « Si nous continuons vers un développement des terres sans aucune retenue, nous allons assister à la disparition de ces animaux. »

Furuichi confirme : « dans certaines zones protégées, les bonobos survivront peut-être à l’avenir, mais dans d’autres régions, la situation actuelle est très, très dangereuse pour leurs chances de survie. Je suis moi-même plutôt pessimiste quant à l’avenir de la protection des grands singes en Afrique. »

 

Citations:

Nackoney J., Molinario G., Potapov P., Turubanova S., Hansen, MC, Furuichi T. (2014) Impacts of civil conflict on primary forest habitat in northern Democratic Republic of the Congo, 1990-2010. Biological Conservation, Volume 170, February 2014. Pages 321-328

Local children collecting caterpillars in the forest and watching bonobos along with researchers. Photo by Takeshi Furuichi
Des enfants ramassent des chenilles dans la forêt et observent les bonobos avec les chercheurs. Photo Takeshi Furuichi
Bonobos grooming and relaxed on a fallen tree in a cassava field. Photo by Takeshi Furuichi
Bonobos à leur toilette, sur un arbre abattu dans un champ de manioc. Photo Takeshi Furuichi
Mother and offspring at play in the forest. Photo by Takeshi Furuichi
Une mère et son petit au repos dans la forêt. Photo Takeshi Furuichi
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