Nouvelles de l'environnement

Sauver le Macaque de Barbarie : une interview du Docteur Sian Waters

  • Le Macaque de Barbarie est le seul primate d'Afrique du Nord; il est menacé par le tourisme, le trafic d'animaux, la culture du cannabis et la chasse.
  • Le Dr Sian Waters a été surprise d'apprendre que ce primate, résidant aux portes de l'Europe, n'était pas étudié et qu'aucun effort n'était entrepris pour le protéger.
  • Elle a mis en place un excellent programme de conservation basé sur la confiance et le support des communautés locales.

On ne pense pas à l’Afrique du Nord comme lieu d’habitation d’une population de singes; on y trouve pourtant le Macaque de Barbarie (Macaca sylvanus).

C’est le seul primate qui survit dans le Nord du Sahara; ces espèces qui occupaient jadis toute la pointe Nord de l’Afrique se retrouvent de nos jours dans les endroits isolés du Maroc, de l’Algérie et à Gilbratar où on a introduit une petite population.

Le macaque de Barbarie (Macaca Sylvanus), classé comme espèce en voie de disparition par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des Ressources Naturelles (UICN), est menacé de partout en raison de la perte de son habitat dû au développement touristique, du trafic local et international d’animaux sauvages, de la chasse et même de la culture du cannabis.

A macaque looks around, alert for passing cars and people, while grazing in a grassy clearing on the outskirts of Bouhachem Forest. Photo credit: Andrew Walmsley.
Un macaque regarde passer les voitures et les gens, tout en se nourrissant dans une clairière des environs de la forêt de Bouhachem. Photo: Andrew Walmsley

Depuis dix ans, le Dr Sian Waters, Directrice Exécutive et Fondatrice du Programme de Sensibilisation et de Sauvegarde du macaque de Barbarie (BMAC) a étudié cette population de singes qui avaient été délaissée.

Dans une interview pour Mongabay, elle a dit (lire ci-dessous) : “cela me semble impossible qu’aucun primatologue n’ait étudié ce primate dans son environnement naturel si près de l’Europe; mais c’est pourtant le cas.”

Le Dr Sian Waters a débuté ce projet en 2009, quand elle s’était rendue compte que les populations locales étaient responsables de la mise en péril de ce singe en raison de leurs perceptions négatives. Elle a expliqué que son problème principal était d’être prise au sérieux à tous les niveaux de la société marocaine; les macaques sont l’objet de dérision; les discussions avec les groupes de bergers ont conduit initialement à beaucoup de moqueries et d’amusements.”

Elle a réalisé que son travail de préservation serait d’autant plus efficace s’il commençait par une simple discussion avec les populations locales, en travaillant directement avec les marocains pour comprendre leur point de vue et changer progressivement leur opinion. Ses recherches utilisent largement des données ethnographiques qu’elle collecte en discutant avec les populations locales, procédé qui créée des liens, forge des amitiés et surmonte les inquiétudes qui peuvent naître parmi les défenseurs de l’environnement et les communautés locales.

A macaque's eye view of Sian, Lucy and Kenza as they scan the forest for signs of monkey life. Photo credit: Andrew Walmsley.
Sian, Lucy et Kenza, vus par les yeux d’un macaque, pendant qu’ils sont à la recherche de traces de singes dans la forêt. Photo: Andrew Walmsley

Le docteur Waters nous a dit : ” pour obtenir leur confiance, j’ai passé du temps avec les bergers à discuter plutôt que de les interviewer formellement et de noter tout ce qu’ils disaient.”

BMAC a mis en place des programmes qui soulèvent des problèmes majeurs, ayant un impact direct sur les populations locales. On y a inclus un projet de vaccination des chiens contre la rage, la fabrication de masques de macaques avec les enfants et le sponsoring des matches de football pour les hommes, en un mot tout ce qui peut aider à sauver les macaques.

Au cours de sa sixième année maintenant, BMCA a pour projet d’ouvrir un centre de recherche et d’éducation qui accueillera des gens venant de tout le Maroc. Le Dr Waters est positive quant à l’avenir des Macaques de Barbarie, constatant que ” les marocains aiment apprendre des choses à leur propos. Nous croyons fermement que l’exploitation commerciale des macaques et autres animaux sauvages deviendra quelque chose d’inacceptable socialement aux yeux de l’opinion publique, en raison de l’éclosion du mouvement de défense de la protection animale.”

UNE INTERVIEW DU Dr SIAN WATERS

Sian Waters working in the field. Photo credit: Andrew Walmsley.
Le docteur Sian Waters sur le terrain. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: “Vous avez étudié une grande variété d’animaux dans le monde entier, comme le saki à tête blanche, l’ours brun, les renards véloces et les tapirs. Qu’est-ce qui vous a attiré au Maroc et en particulier chez les Macaques de Barbarie ?

Sian Waters: En 2003, je me suis intéressée à la dimension humaine de la préservation et plus particulièrement au conflit entre les hommes et la nature. J’étais à la recherche d’une possibilité de projet en Afrique, et tout en lisant les plans d’actions sur les primates d’Afrique, j’ai remarqué que peu de travail avait été fait sur l’état de préservation des macaques de Barbarie. Un projet recommandait d’étudier les conflits hommes-macaques notamment en ce qui concerne la tendance de l’espèce à s’attaquer aux récoltes.

Cela m’a semblé impossible qu’aucun primatologue n’ait étudié ce primate dans son environnement naturel si près de l’Europe; mais c’est pourtant le cas.” Ma recherche a été la première à essayer de mesurer le conflit entre les hommes et les macaques, et la deuxième étude qui porte sur les populations du Nord du Maroc.

Mongabay: Vous avez dirigé pendant plusieurs années BMAC tout en préparant votre doctorat. Comment êtes-vous restée motivée avec un tel emploi du temps?

Sian Waters: Je suis très déterminée et têtue; je suis convaincue à 100% que mon équipe et moi faisons la différence car les résultats sont visibles. Il nous serait très difficile de rester motivé si nous ne pouvions même pas entrevoir une petite amélioration chaque semaine.

Sian draws water from the newly-constructed well at the site of the almost-completed conservation and education centre. Photo credit: Andrew Walmsley.
Le Dr Sian puise de l’eau dans le tout nouveau puits du centre de conservation et d’éducation, qui est presque fini. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: Quel est l’état des populations de macaques depuis que vous êtes arrivée au Maroc?

Sian Waters: La population de l’endroit où j’ai conduit les recherches de mon doctorat se porte bien. Cependant la culture du cannabis exerce des pressions sur l’autre principale population de singes. Les fermiers veulent cultiver le plus possible cette plante, source de cash; dans cette optique, ils déboisent et vont même jusqu’à labourer les pentes les plus abruptes des montagnes. Cela a pour conséquence une érosion sérieuse des sols; les plants de cannabis qu’ils cultivent ont aussi besoin de beaucoup d’eau ce qui est problématique durant les mois d’été où les pluies sont rares. En conséquence, les groupes de macaques se réfugient haut dans les montagnes, où ils sont plus susceptibles de souffrir des facteurs climatiques.

Mongabay: Quels sont les principales difficultés pour BMAC?

Sian Waters: En dehors d’essayer d’obtenir des subventions pour “un macaque de couleur blanche si fade”, notre problème principal est d’être pris au sérieux à tous les niveaux de la société marocaine. Les macaques font l’objet de dérision; les discussions avec les bergers ont conduit initialement à beaucoup de moqueries et d’amusements. Les citadins ont réagi de la même façon.

Cependant, nous avons persévéré et il est maintenant courant de discuter sérieusement des macaques avec eux et avec les citoyens qui s’y intéressent. Nous recevons beaucoup de demandes d’informations et de renseignements de la part de la population marocaine, qui veut savoir comment ils peuvent nous aider. Cependant, il y aura toujours quelque part des gens qui se moquent des macaques.

BMAC team talking with local shepherds. Waters focussed her approach on building trust and dialogue among local people, listening to their concerns and shaping the BMAC operations accordingly   . Photo credit: Andrew Walmsley.
L’équipe de BMAC discutant avec des bergers locaux. L’eau est le principal facteur pour établir la confiance et le dialogue avec les populations locales en écoutant leurs problèmes et en construisant BMAC suivant leurs besoins. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: Les macaques font face à de nombreux dangers : trafic illégal, destruction de leur habitat, conflit avec les hommes; quel est leur danger principal selon vous?

Sian Waters: Au Nord, le danger principal est le développement du tourisme qui ne tient pas compte de l’environnement. Cependant, en ce qui concerne la plus large population de Macaques de Barbarie des montagnes du Moyen Atlas, leur plus grand risque est le commerce illégal dû principalement au manque de sensibilisation du public marocain; garder un macaque comme animal de compagnie a des implications sur sa sauvegarde et son bien-être, quelque chose qu’ils ignorent. L’exploitation des macaques, aux yeux et au vu de tous, comme sur la place Jmaa EL-Fnaa Square à Marrakech par exemple, est tolérée par les autorités car le tourisme est une source importante de revenus pour le pays.

Mongabay: Le commerce d’animaux sauvages est-il principalement un problème local ou international?

Sian Waters: C’est un problème international; chaque année, on assiste au passage en contrebande de macaques en Europe, soit achetés par des touristes comme animal de compagnie, ou soit passés illégalement par des organisations criminelles. La plupart de ces macaques finissent dans des centres européens de secours pour primates. Les tortues font aussi l’objet de trafic en grand nombre, et nous avons appris récemment que dans le Sahara, des renards Fennec sont vendus aux touristes et qu’ils sont aussi passés en contrebande en Europe.

Mongabay: Vous avez constaté précédemment les avantages et les inconvénients des réseaux sociaux pour s’attaquer aux trafics (voir les citations à la fin de l’article). Qu’en est-il de l’efficacité des réseaux sociaux comme instrument de préservation au Maroc?

Sian Waters: Il y a un manque de sensibilisation général des marocains concernant la protection des animaux sauvages. Ils n’ont aucune idée où s’adresser et que faire s’ils voient un macaque détenu de manière illégale. Notre page Facebook de BMAC permet aux gens de nous contacter afin de dénoncer ceux qui détiennent illégalement un macaque.

Nous agissons ensuite en tant qu’intermédiaire pour prévenir les autorités chargées d ‘assurer l’application des lois sur les animaux sauvages. La personne, qui a dénoncé le trafic peut de cette façon rester anonyme si elle le souhaite.

Un incident récent a visé un night club à Casablanca, dont les membres projetaient d’utiliser des animaux sauvages pour un cirque nocturne. Nous avons pu agir grâce à l’intervention des activistes pour la protection animale; nous avons averti les autorités et informé les dirigeants du night club du caractère illégal de leur projet. Il va de soi qu’ils ont modifié immédiatement leurs plans.

A female Barbary macaque sits on a rock in Talassemtane National Park. The BMAC team were able to identify several groups in the park and surrounding areas during their survey from Autumn 2014 - Spring 2015. Photo credit: Andrew Walmsley.
Un macaque de Barbarie assis sur un rocher du parc national de Talassemtane. Dans le parc et ses alentours, l’équipe de BMAC a été capable d’ en identifier plusieurs groupes au cours d’une étude menée sur la période automne 2014- Printemps 2015. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: Vous utilisez des données ethnographiques comme moyen principal pour construire vos programmes communautaires; en quoi cela consiste?

Sian Waters: Collecter des données ethnographiques, c’est s’immerger dans l’environnement de la population que vous étudiez. Avec mon assistant marocain, j’ai passé du temps à discuter avec les bergers pour obtenir leur confiance, plutôt que de les interviewer formellement et de noter tout ce qu’ils disaient. De cette façon, les bergers étaient maîtres du temps qu’ils voulaient ou non passer avec nous. Au lieu d’être le fruit d’hypothèses, une théorie émerge des données collectées : quand on retranscrit les interviews, on retrouve alors des thèmes communs que j’interprète après beaucoup de lectures et de discussions; c’est une méthode très subjective de travail qui rend naturellement sceptiques certaines personnes. Cependant, en travaillant de cette façon, j’ai pris conscience des dérives de ma culture occidentale; j’ai appris à réfléchira avec prudence sur ce que les gens me disaient (et sur ce qu’ils disaient à propos de BMAC) afin de développer des méthodes de communication sur la stratégie de conservation. Elles ont pour objectif de motiver les individus à adopter un comportement pro-conservateur envers les macaques.

Mongabay: Dans quelle mesure, collecter des données, a t-il été utile pour votre stratégie de conservation?

Sian Waters: Comme beaucoup de pays en voie de développement, le Maroc est une société très orientée vers l’homme; il est prioritaire et la protection de la faune est secondaire. De plus, les hommes sont responsables de la plupart des dangers qui menacent les espèces animales.

Par conséquent, je trouve logique de discuter avec les gens qui sont le plus souvent en relation avec les macaques et de comprendre comment ils les perçoivent et se comportent avec eux. En prenant en compte les bergers dans ma recherche, cela me permet d’être en contact avec eux; grâce à cette relation, j’ai découvert que leur attitude envers les macaques était complexe et liée à leur religion; elle varie aussi selon leur âge et leur situation familiale. Ainsi, j’ai été capable d’encourager les bergers à modifier leur comportement de manière positive; ce changement a été récompensé par un tournoi de football.

Sian, Ahmed and Mohamed conducting field research. Photo credit: Andrew Walmsley.
Sian, Ahmed et Mohamed dans leur recherche. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: Est-ce que tout conservateur doit être un ethnographe?

Sian Waters: Pas nécessairement. Cependant, dans les phases préliminaires de leur projets, il peut être utile à une équipe de faire appel à un ethnographe pour collecter des données de qualité.

Si, en tant que conservateur, je n’avais pas compris les relations complexes que les bergers avaient avec les macaques, j’aurai raté des occasions de faciliter les changements.

La plupart des espèces ont des connotations positives (et négatives) politiques et culturelles aux yeux des communautés locales. S’ajoute souvent un fossé entre ce que les gens disent et comment ils se comportent en réalité. L’observation des participants est aussi un facteur important pour la dimension humaine de la conservation.

Beaucoup de conservateurs intègrent dans leur recherche des éléments de sociologie que l’on retrouve plutôt sous la forme de questionnaires; ce sont des instruments quantitatifs limités quant leur possibilité de capturer les nuances de ce que les gens disent. Avant de soumettre un questionnaire, rassembler des données de qualités peut servir de base aux questions que les conservateurs doivent poser plutôt que celles qu’ils estiment devoir poser.

Mongabay: Comment avez-vous pu changer les comportements?

Sian Waters: Un engagement constant et sincère permet de continuer une relation positive avec les bergers.

J’encourage les bergers à percevoir les macaques d’une manière différente parce que je m’y intéresse et je viens de si loin pour les étudier. Les bergers connaissent très bien les macaques localement mais sans réaliser pour autant que cette espèce ne soit pas présente universellement.

Certains hommes venaient nous trouver pour discuter des macaques parce qu’ils s’intéressaient aux animaux, mais se cachaient de leurs collègues de peur du ridicule. Encouragés par l’équipe de BMAC, ils se sont mis à critiquer ceux qui persécutaient les macaques et à éduquer les bergers sur l’espèce.

La modification des comportements est favorisée par de telles critiques; la persécution des macaques devient quelque chose d’inacceptable socialement pour les plus anciens conduisant alors les jeunes bergers à cesser de leur plein gré de les persécuter.

(From left to right) Kenza, Lucy, Ahmed, Sian and Mohamed gather around the Monkey Bus for a group photo at the site of the conservation and education centre, with mountains shrouded by cloud in the background. Photo credit: Andrew Walmsley.
De gauche à droite Kenza, Lucy, Ahmed, Sian et Mohamed réuni autour du “bus macaque “pour une photo de groupe sur le site du centre de conservation et d’éducation; à l’arrière plan, les montagnes drapées de nuages. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: La connaissance des lieux où se trouvent les macaques vous a t’elle influencée?

Sian Waters: La connaissance des lieux s’exprime à travers les particularités des paysages les plus familiers, et pour les bergers de Bouhachem, ce n’est pas une exception; ils nomment les groupes de macaques des noms des lieux où ils les ont aperçus le plus souvent. Cela signifie que mon assistant de recherche, Ahmed et moi-même, nous avons dû apprendre à connaître les paysages d’une manière très précise. Au début, mon groupe de recherche utilisait des noms qui n’avaient aucun rapport avec les endroits; mais maintenant, je reconnais les groupes de macaques par le nom des endroits.

Mongabay: Les communautés locales sont largement impliquées dans vos projets : organisation de tournois de football et utilisation de masques de singes pour éduquer les locaux sur les macaques. Comment cela a-t-il été reçu par les enfants et les adultes?

Sian Waters: Au début, les enfants sont toujours un peu plus timides et gênés parce que les macaques sont jugés traditionnellement comme drôles et honteux. Les enfants n’ont pas l’habitude d’un apprentissage interactif; mais cela ne les a pas empêché d’entrer dans les jeux rapidement.

Dès que l’équipe de BMAC se met à porter les masques de singes, les enfants les suivent aussitôt et rentrent à la maison avec. Le tournoi de football est une façon de récompenser les garçons et les hommes des villages pour avoir changé leur comportement et devenir des protecteurs de macaques au lieu d’être des persécuteurs; ils aiment la compétition; leur équipe ont des coachs et des entraîneurs.

Mongabay: Les bienfaits d’un programme sur la santé des chiens ne sont pas facilement apparents. Pouvez-vous expliquer son rapport avec votre initiative de protection des macaques?

Sian Waters: Les chiens chassent les singes et le bétail qui paît dans la forêt. Nous avons vu des singes qui ont survécu à leurs attaques; par conséquent, nous avons peur qu’un macaque enragé puisse attaquer les gens et remettre en cause tout le travail positif de conservation que nous avons entrepris. Nous avons donc mis en place un programme de santé des chiens.

Le programme établit un rapport positif entre les villageois et l’équipe de conservation; il les réassure en montrant que nous sommes autant concernés par la santé publique que par celles des macaques.

Mongabay: Peut-on tirer des leçons de votre travail qui pourraient aider les conservateurs travaillant sur d’autres projets?

Sian Waters: Dans une société orientée vers l’homme, il est important pour le conservateur d’assurer les gens sur le fait que la faune n’est pas plus importante que les communautés vivant à ses côtés.

Cette croyance, souvent répandue, entraine rancune et absence de coopération de la part des communautés locales et conduit à l’échec des initiatives communautaire. En réfléchissant continuellement sur mes données et mes observations, j’essaye de garantir le développement de stratégies acceptables à la fois culturellement et socialement pour les communautés locales, afin qu’elles répondent positivement aux équipes de BMAC et aux macaques de Barbarie.

Mongabay: Votre équipe est en train de construire un centre de conservation et d’éducation près de Bouhachem; comment cela va-t-il améliorer les pouvoirs actuels de votre organisation?

Sian Waters: Le centre nous servira de base de travail pour l’ensemble de l’équipe, offrira une station de recherche pour les étudiants marocains et un endroit où les populations locales pourront améliorer leurs compétences.

Comme pour l’ensemble de nos projets, nous avons consulté les communautés sur leurs besoins et sur leurs désirs; nous les avons tenues au courant à chaque étape de notre projet.

Grâce à la connaissance que nous avons acquise, nous envisageons de ramener des experts de tout horizon, du travail manuel aux soins de santé, afin que notre centre soit un endroit où les gens soient vraiment bienvenus et intégrés. Quand il sera fini, nous continuerons de communiquer avec les populations locales pour évaluer le succès de notre programme que nous dirigeons et développerons de nouvelles idées pour des projets futurs qui leur seront bénéfiques.

Bouhachem from above. This photo, taken from a high rocky outcrop, shows the vibrance of the forest as autumn turns to winter. Photo credit: Andrew Walmsley.
Bouhachem vue du ciel. Cette photo prise sur les hauteurs d’un massif rocheux montre la forêt aux couleurs vibrantes de l’automne qui s’habille pour l’hivery. Photo: Andrew Walmsley

Mongabay: Vous avez parcouru un long chemin depuis la création de BMAC en 2009; quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière?

Sian Waters: Finir mon PHD l’année dernière, tout en maintenant le projet à flot après le départ de notre donateur en 2012. Je n’aurais pas pu le faire sans l’aide de beaucoup de gens auxquels je suis très reconnaissante.

Mongabay: Qu’espérez- vous pour le futur des macaques de Barbarie?

Sian Waters: Grâce à notre exposition itinérante, nous avons constaté que le public marocain aimait apprendre des choses sur les macaques de Barbarie quand on leur donnait des informations correctes et actuelles sur les espèces.

Certaines personnes se sentent concernées par les singes, même s’ils les trouvent toujours aussi ridicules. Nous espérons encourager d’avantage de marocains à s’intéresser publiquement aux macaques. Ensemble, avec le mouvement de protection animale en voie de développement au Maroc, nous sommes sûrs que l’exploitation des macaques et d’autres animaux, deviendra éventuellement quelque chose d’inacceptable aux yeux de l’opinion publique.

Mongabay: Que peut faire un individu face à autant d’animaux en danger à travers le monde?

Sian Waters: Les volontaires des plus petites organisations de protection (ONG ) peinent à survivre mais apportent une différence substantielle dans la protection d’espèces non charismatiques comme le Macaque de Barbarie. L’Afrique du Nord a aussi une faune, ne l’oubliez pas.

Avertissez vos amis et votre famille sur la cruauté du commerce des photos d’animaux sauvages; persuadez-les de ne pas avoir leur photos prises avec eux et encouragez- les à critiquer ceux qui le font. Devenez un ambassadeur de BMAC (ici) pour en savoir plus.

Je remercie Ahmed El Harrad et les usagers de la forêt de Bouhacem, sans lesquels mes recherches auraient été impossibles. Je voudrais rendre hommage à nos donateurs actuels : La Ligue de Protection des primates, l’Association des Zoos et Aquariums de France, le Conservatoire pour la Protection des Primates (France), Nature Beauval, la Ferme Folly, Parc d’aventure et zoo (UK); le Zoo Nature de la Rhein (Allemagne). La Société Royale du Zoo d’Ecosse qui a encouragé mes recherches de 2009 à 2012.

 

Citation:

Waters, El-Harrad, S.A. (2013) A note on the effective use of social media to raise awareness against the illegal trade in Barbary macaques. African Primates 8: 67-68.

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