Nouvelles de l'environnement

Un nouveau fonds aide les groupes de conservation à acquérir rapidement des territoires afin de protéger les espèces menacées





A view of the 5,000-acre Bábaco ranch, the purchase of which was supported by the Quick Response Biodiversity Fund to expand the Northern Jaguar Reserve in Sonora, Mexico. Photo by Miguel Gomez.
Vue panoramique du ranch Babaco de 5,000 acres, dont l’achat a été assisté par le Quick Response Biodiversity Fund afin d’étendre la Reserve Nord du Jaguar a Sonora, Mexique. Photo de Miguel Gomez.



Les avantages de l’acquisition de terrains comme stratégie de conservation sont assez évidentes. Si le terrain vous appartient, c’est à vous que revient la décision de ce qui va advenir de cette parcelle – ou pas, comme c’est plus souvent le cas.

Mais lorsque l’occasion d’acquérir un morceau de territoire vital se présente, les défenseurs de l’environnement n’ont pas toujours les fonds nécessaires à leur disposition pour pouvoir surenchérir sur les autres parties intéressées. Et le fait de passer par le réseau officiel pour mettre de cote les terrains protégés peut s’avérer un processus très lourd et fastidieux.

C’est là qu’intervient le Quick Response Biodiversity Fund, QRBF (Fonds d’intervention rapide pour la biodiversite), une nouvelle initiative dont l’objectif est de répondre rapidement aux opportunités d’achat de territoires dans les pays en voie de développement afin de protéger un habitat vital pour les espèces menacées et en voie de disparition. Le fond a été lancé en février par la Weeden Foundation (Fondation Weeden) basée à Londres et son bénéficiaire, 1% For The Planet, (1% Pour la Planete). Ce dernier est un groupe pour la conservation basé au Vermont, qui a développé un réseau de plus de 1,200 organismes effectuant un don d’au moins 1% de leurs ventes à des causes environnementales..

L’établissement de zones de conservation protégées est une stratégie prouvée. Une A étude effectuée l’an dernier sur plus de 80 parcs et réserves naturelles a démontré que ceux-ci non seulement abritaient plus d’espèces sauvages que les territoires avoisinants non protégés, mais qu’ils fournissaient également un habitat a une plus grande diversité de formes de vie.

« On achète les territoires afin de pouvoir stopper l’hémorragie, et la disparition complète de cet habitat, » a déclaré Don Weeden, Directeur Executif de Weeden Foundation, a mongabay.com. « Cela permet de mettre un terme à la menace, et pour l’instant, la gestion peut être assurée par une ONG. » Cela ouvre un éventail d’options à long terme, ajouta Weeden, telles que la passation ultérieure des terres au gouvernement afin qu’il puisse les transformer en parc ou réserves naturelles.

L’important, bien entendu, est d’être en position d’acheter la terre lorsqu’elle devient disponible. Weeden a ajouté que l’idée d’un QRBF est née suite à une trop grande multitude de propositions d’achats de terres restées sans suite des mois durant tandis que l’organisme ou la fondation qui les étudiaient s’acheminaient laborieusement à travers le labyrinthe de leurs propres procédures bureaucratiques. « Nous avons pris conscience que parfois c’est ainsi que l’on laisse passer des opportunités, » rapporta Weeden à mongabay.com.

L’acquisition de terres marche particulièrement bien pour la protection d’espèces endémiques, selon Weeden. Même une petite parcelle de terrain peut faire une énorme différence quant à leur chance de survie, en particulier du fait que cette approche peut être rentable, en élargissant des zones protégées existantes ou en aménageant pièce par pièce une toute nouvelle réserve naturelle.

« Pour les espèces endémiques et plus souvent les espèces d’oiseaux, par exemple, leur habitat n’est pas très grand. » a dit Weeden.

An endangered Santa Marta parakeet takes flight. 148 acres of land that supports the bird's largest breeding population was recently purchased with help from the new fund. Photo credit: Andy Bunting.
Envol d’une Perruche ou Conure des Santa Marta. 148 acres de terre abritant la plus large population reproductrice de l’espèce a été récemment achetée a l’aide du nouveau fonds. Crédit Photo : Andy Bunting.


Il cite en exemple le cas de l’espèce menacée de la Perruche ou Conure des Santa Marta (Pyrrhura viridicata). L’oiseau vit dans une chaine de montagnes relativement petite en Colombie, appelée la Sierra Nevada de Santa Marta, laquelle est grignotée par l’expansion agricole et autres activités humaines perturbatrices.

Récemment, le QRBF a octroyé un don au groupe de conservation The American Bird Conservancy (Groupe de conservation d’oiseaux d’Amérique du Nord) pour l’achat de 148 acres de terre partiellement boisée abritant la plus large population reproductrice de Conures des Santa Marta. Le terrain constitue un important ajout à la Reserve d’Oiseaux El Dorado de plus de 2,000 acres que le groupe American Bird Conservancy a aidé son partenaire colombien, ProAves, à aménager.

Cela faisait cinq années que ProAves était en négociations pour l’achat de la nouvelle parcelle de 148 acres. Un récent changement dans la situation du vendeur avait permis un prix de vente inferieur, mais il y avait une condition : le marché devait être conclu d’ici avril 2015. Par conséquent American Bird Conservancy a du se tourner vers le QRBF.

Du fait de la petite superficie du territoire de la perruche, la conservation de quelques douzaines seulement d’arpents de terre supplémentaires aura un énorme impact. Des douzaines d’autres espèces en bénéficieront également, y compris la Moucherolle endémique des Santa Marta (Myiotheretes pernix), la Paruline des Santa Marta (Myiothlypis basilica) et les palmiers indigènes ou les perruches se nourrissent et se reposent.


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Conure des Santa Marta, une espèce menacée. Crédit Photo : Andy Bunting.

Afin d’acheter des terres pour protéger des espèces telles que la Conure des Santa Marta, 1% For the Planet, grâce au soutien financier de ses sociétés membres, octroie des fonds a des groupes locaux de conservation, tandis que la Fondation Weeden apporte son expertise dans l’acquisition des terres et la conservation. L’autre élément clé du QRBF est son comité consultatif, composé de plus de 50 des meilleurs biologistes de la conservation au monde.

Le président du comité est Eric Dinerstein, actuellement Directeur de la Biodiversité et des Solutions de Suivis Environnementaux et Fauniques chez l’ONG Resolve, après avoir occupé le poste de Scientifique en Chef auprès du World Wildlife Fund (Fonds Mondial pour la Nature) durant la majeure partie des 25 dernières années. (Resolve est le partenaire de Mongabay sur l’initiative à venir de WildTech, dont l’objectif est d’étudier l’utilisation des technologies émergentes dans le domaine de la conservation). Dinerstein a déclaré à mongabay.com que QRBF possède une stratégie à deux volets en ce qui concerne l’acquisition de terres.

La première stratégie consiste à sécuriser les terres pour les espèces les plus menacées de la planète, dont la quasi-totalité, selon Dinerstein, sont des « espèces endémiques à aires de distribution restreintes », telles la Conure des Santa Marta.

La deuxième stratégie consiste à protéger les espèces a aires de distribution étendues en rajoutant des terres au patchwork de leurs zones protégées, tout particulièrement en achetant des « corridors » de terres reliant des territoires déjà protégés a d’autres habitats intacts.

Le premier don octroyé par le QRBF, annoncé lors de la cérémonie d’inauguration à New York en février, en est un bon exemple a dit Dinerstein. Ainsi, il a envoyé $45,000 pour l’acquisition d’habitat pour la population de jaguars la plus au nord du globe (Panthera onca), a Sonora, au Mexique, ou le braconnage et autres activités humaines empiètent sur son territoire. « Les jeunes males sont obligés de se disperser hors de leur territoire natal, ils ne peuvent demeurer là où ils sont nés, » a déclaré Dinerstein à mongabay.com. « Afin qu’ils puissent survivre dans des contrées dominées par les hommes, ils ont besoin de ces corridors. »

Le terrain va se rajouter aux 50,000 acres de la réserve nord du jaguar, établie par l’ONG Northern Jaguar Project, basée à Tucson, avec sa partenaire Naturalia de Mexico City. Les groupes utilisent la subvention du QRBF afin d’acquérir le ranch Babaco de 5,000 acres, lequel relie la réserve actuelle a une autre zone qui fut historiquement le centre de la population de base du jaguar.

A map shows the location and extent of the Northern Jaguar Reserve in Sonora, Mexico, along with the recent addition of the Bábaco ranch. Map credit: Northern Jaguar Project / Naturalia.
Carte révélant le lieu et l’étendue de la Reserve Nord du Jaguar a Sonora, au Mexique, avec le récent ajout du ranch Babaco. Crédit cartographique : Northern Jaguar Project/Naturalia.


Toutes les propositions soumises au QRBF doivent inclure les plans de gestion continue et de contrôle des terres, ce qui constitue l’un des principaux critères utilisé par le comité consultatif afin d’évaluer si une subvention en vaut la peine ou non, a déclaré Dinerstein. Mais, bien entendu, leur objectif principal est de débloquer des fonds pour les acquisitions vitales lorsque l’occasion se présente.

« Le Northern Jaguar Project a été une sorte de projet cobaye pour nous, » a expliqué Dinerstein. « Je voulais tester la rapidité de notre système. J’ai reçu la proposition le lundi et j’ai décidé de l’envoyer à 8 des 55 personnes inscrites au comité consultatif, uniquement pour vérifier la rapidité de leur réponse. J’ai établi un délai de trois jours pour les questions relatives à la proposition, laquelle faisait cinq pages. Tous les huit rapports me sont parvenus avant mercredi. » Un chèque a été remis au Northern Jaguar Project a la cérémonie d’inauguration a New York City.

A six-month-old jaguar cub named Pedro at the Bábaco ranch, which was recently added to a jaguar reserve in Sonora, Mexico. With eleven jaguars documented and an abundant water supply, the property offers important habitat for protection, according to project leaders. Photo credit: Northern Jaguar Project / Naturalia.
Bebe jaguar de six mois nommé Pedro au ranch Babaco, récemment rattaché à une réserve de jaguar à Sonora, au Mexique. Avec onze jaguars répertoriés et d’abondantes ressources en eau, la propriété offre un habitat vital à protéger, selon les responsables du projet. Crédit photo : Northern Jaguar Project / Naturalia.


Parmi les conseillers ayant donné le feu vert à la subvention se trouvaient deux des plus grands spécialistes en biodiversité du Mexique, deux des plus éminents experts en jaguars au monde, un expert des grands carnivores d’Amérique du Nord, deux personnes dotées d’une expérience approfondie en matière d’ONG mexicaines, et un ancien rédacteur d’un important journal spécialisé en biologie de la conservation, d’après Dinerstein.

Libélula, the mother of the baby jaguar shown in the preceding picture, at the recently protected Bábaco ranch. Photo credit: Northern Jaguar Project / Naturalia.
Libelula, la mère du bébé jaguar figurant sur la photo précédente, au ranch Babaco récemment protégé. Crédit photo : Northern Jaguar Project / Naturalia.


Ce qui rend réellement unique le QRBF, du moins d’après l’expérience de Dinerstein, c’est que 100% des fonds vont aux terrains, et non en frais généraux pour la Fondation Weeden ou 1% For The Planet. Ceci a été un argument majeur pour convaincre les entreprises considérant d’investir dans la conservation, a déclaré Dinerstein. Cela a également généré un grand enthousiasme parmi les membres du comité consultatif, dont la totalité fait don de son temps.

« Ces experts sont emplis d’excitation à propos du projet, » a dit Dinerstein. « Une grande partie de leur travail consiste à étudier des documents. Il est bien plus excitant d’étudier des propositions d’achat de terres destinées à sauver des espèces menacées. On obtient vraiment de très bons rapports. »

Ainsi que le confirmeront la plupart des biologistes de la conservation, dit Dinerstein, « la propriété est le moyen le plus simple et le meilleur que l’on puisse faire afin de protéger les espèces menacées, et c’est ce sur quoi nous œuvrons fermement. »

Citations:

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