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Ratel et plus encore : des pièges-photographiques révèlent une abondance de petits carnivores au Gabon (photos).

Le Gabon a perdu la plupart de ses gros carnivores, lions, hyènes tachetées et lycaons notamment (même si le pays compte encore beaucoup de leopards), une nouvelle étude se concentre sur des espèces gabonaises, certes moins connues, mais qui ont aussi un l’appétit pour la chair. Pour la première fois, des chercheurs ont enquêté sur les petits carnivores du Gabon, incluant 12 espèces allant du Ratel (Mellivora capensis) à la mangouste des marais (Atilax paludinosus).



Les chercheurs de l’équipe – constituée de scientifiques de Panthera, de la Wildlife Conservation Society (en français, la Société pour la conservation de la vie sauvage, WCS), de l’Universtité de Stirling et d’autres institutions – ont utilisé des clichés de pièges-photographiques issus de 16 études différentes, des données tirées de recherches de terrain exhaustives et des visites dans les marchés de viande de brousse en plein essor pour trouver quels petits carnivores peuvent encore être rencontrés au Gabon.



Au cours de leurs travaux, les chercheurs ont répertorié deux espèces – la mangouste svelte (Herpestes sanguineus) et la cusimance du Cameroun (Crossarchus platycephalus)- jamais encore repérées au Gabon. Ils ont également considérablement élargi le périmètre connu de la mangouste égyptienne (Herpestes ichneumon). Cette étude, publiée dans Small Carnivore Conservation (en français, Conservation des petits carnivores), en plus d’enquêter sur les espèces du pays, veillait également à juger si ces petits prédateurs sont actuellement menacés.



« [Les petits carnivores] pourraient disparaître sous les effets d’une crise de la viande de brousse balayant la région » écrit l’auteur principale, Laila Bahaa-el-Din qui a aussi étudié le chat doré africain(Profelis aurata) au Gabon, une des espèces de chats les moins documentée au monde. À peu près deux fois la taille d’un chat domestique, le chat doré africain n’était pas inclus dans les recherches abordées dans cet article.




La mangouste à pattes noires (Bdeogale nigripes) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.

La mangouste à pattes noires (Bdeogale nigripes) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.



La douzaine d’espèces incluse dans cette étude est classifiée en tant que « préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), et les résultats des chercheurs indiquent que dans l’ensemble, fort heureusement, les carnivores ne sont pas menacés de façon significative par le commerce de la viande de brousse – du moins pour l’instant. D’après l’étude, les petits carnivores ne constituent qu’environ 3 pour-cent des animaux trouvés sur les marchés, la nandinie ou civette palmiste africaine (Nandinia binotata) étant la plus représentée. Il y a de fortes chances pour que le peu d’espèces carnivores vendues dans le commerce de viande de brousse ait rapport aux normes culturelles de la population.



« Les Bakota, du nord est du Gabon, ont par exemple des restrictions concernant la consommation de viande d’animaux carnivores, » écrit la scientifique. « Tandis que les restrictions traditionnelles semblent s’atténuer, consommer ce type de viande reste un tabou pour beaucoup de groupes ethniques, et particulièrement pour les femmes. »



Il n’est donc pas surprenant de constater que les chasseurs de viande de brousse aient jusqu’ici habituellement chassé des ongulés (animaux à sabots), des primates et des rongeurs.



Cependant les chercheurs avertissent que les petits carnivores pourraient toujours être chassés en masse pour leurs peaux, diverses parties de leurs corps et en tant que nuisibles, puisque les locaux pensent que beaucoup d’entre-eux sont des prédateurs de volaille.



« Ces espèces semblent répandues et ne sont pas menacées actuellement, mais le commerce de la viande de brousse en augmentation et le fait que beaucoup de ces petits carnivores vivent près de zones d’habitées pourraient potentiellement affecter ces populations, » avance Fiona Maisels de la WCS. « À l’avenir, ces nouveaux résultats permettront une gestion plus informée des programmes de protection. »



Bien qu'il soit présent au Gabon, le ratel est rare et furtif dans le pays. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
Bien qu’il soit présent au Gabon, le ratel est rare et furtif dans le pays. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.






Mangouste des marais au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
Mangouste des marais au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.






Civette africaine (Civettictis civetta) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
Civette africaine (Civettictis civetta) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.






Mangouste égyptienne avec son petit (à droite) au Gabon. Photo de Torsten Bohm.
Mangouste égyptienne avec son petit (à droite) au Gabon. Photo de Torsten Bohm.






Genette servaline (Genetta servalina) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
Genette servaline (Genetta servalina) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.






Mangouste à long museau (Herpestes naso) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
Mangouste à long museau (Herpestes naso) au Gabon. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.






La civette palmiste africaine est le petit carnivore le plus commun sur les marchés de viande de brousse gabonais. Photo de  Laila Bahaa-el-din/Panthera. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.
La civette palmiste africaine est le petit carnivore le plus commun sur les marchés de viande de brousse gabonais. Photo de Laila Bahaa-el-din/Panthera.



Citations:





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