Nouvelles de l'environnement

Une entreprise productrice d’huile de palme à l’origine de plusieurs controverses est aujourd’hui accusée d’exploitation forestière illégale dans les forêts tropicales du Cameroun

Le groupe Greenpeace accuse désormais l’entreprise Herakles Farms d’exploitation forestière illégale. Celle-ci avait déjà été sévèrement critiquée par les scientifiques et les conservateurs pour son projet de plantation de palmiers à huile de 70 000 hectares dans l’une des forêts tropicales d’Afrique ayant la plus grande biodiversité. Au Cameroun comme à l’étranger, Herakles Farms et ses projets de plantation de palmiers à huile sont depuis des années dans la ligne de mire des groupes écologiques. L’entreprise fait aussi face aux protestations des habitants de la forêt.



Greenpeace déclare avoir désormais rassemblé des epreuves prouvant l’exploitation forestière illégale sur les terres de l’entreprise, dans deux cas différents. Dans le premier, on découvre que l’entreprise travaillait alors qu’elle était momentanément interdite d’exploitation forestière par le gouvernement Camerounais. Dans le second, et le tort est encore plus évident ici, Greenpeace affirme que « le marquage du bois indique clairement qu’il est destiné à la vente ». Cependant, Herakles Farms ne possède actuellement aucun permis de commerce du bois au Cameroun.



En 2012, Herakles Farms a renoncé à se procurer la certification de la Table Ronde pour le Développement Durable de la Production d’Huile de Palme (RSPO) suite aux nombreuses plaintes déposées par Greenpeace et d’autres groupes environnementaux. Herakles Farms a longtemps défendu l’exploitation forestière, prétextant qu’elle créerait de nouveaux emplois et qu’elle réduirait la pauvreté de la région. Néanmoins, les locaux, dépossédés de leurs terres traditionnelles par un bail de 99 ans, sont partagés. Une évaluation réalisée dernièrement par le Forest Peoples Programme (FPP) a montré qu’Herakles Farms n’a reçu aucun consentement préalable, libre et éclairé (FPIC) de la part des communautés de la région.



Si le projet voit le jour, la plantation s’étendra sur quatre zones protégées, y compris le Korup National Park. Une récente étude sur la biodiversité réalisée sur les terres de l’entreprise dénombre 23 espèces de grands mammifères, y compris le chimpanzé du Nigéria-Cameroun (Pan troglodytes ellioti), l’une des espèces de chimpanzé la plus menacée au monde. Parmi ces mammifères, on trouve aussi les éléphants de forêt, les singes drills (Mandrillus leucophaeus), recensés par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le colobe roux du Cameroun (Procolobus preussi), en sérieux danger, et le vulnérable Mangabay couronné (Cercocebus torquatus).



L’huile de palme est désormais présente dans de nombreux produits alimentaires transformés ainsi que dans les cosmétiques. Ces secteurs sont donc responsables de la déforestation massive en Asie du Sud, y compris en Malaisie et en Indonésie. Les exploitants développent désormais de plus en plus de plantations en Afrique et en Amérique Latine.



Adolf et les autres villageois ont découvert qu'Herakles, en plus d'avoir décliné leurs propositions, les ont complètement ignorés. C'est ainsi que l'entreprise a procédé au défrichement de leur territoire, à la frontière du village de Talangaye. © Jean-Pierre Kepseu/Greenpeace.

Adolf et les autres villageois ont découvert qu’Herakles, en plus d’avoir décliné leurs propositions, les ont complètement ignorés. C’est ainsi que l’entreprise a procédé au défrichement de leur territoire, à la frontière du village de Talangaye. © Jean-Pierre Kepseu/Greenpeace.



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