Nouvelles de l'environnement

L’ibis chauve de Syrie n’a-t-il plus qu’un unique représentant ?

La population des ibis chauves (Geronticus eremita) au Moyen-Orient est probablement réduite aujourd’hui à un seul individu : c’est ce que rapportent les défenseurs de l’environnement qui suivent de près cette communauté en déclin. À partir de 1989, on a cru l’animal éteint, jusqu’à la découverte d’un petit groupe en 2002 en Syrie. Mais ces derniers ibis semblent désormais disparaître un à un eux aussi, malgré les efforts des environnementalistes pour protéger cette population unique.



Cette année, un seul ibis est revenu au site de nidification à Palmyre en Syrie. Zenobia, la femelle en question, est donc peut-être la dernière représentante de son espèce. Elle avait autrefois un partenaire, Odeinat, mais la balise de ce mâle a cessé d’émettre des données satellite en juillet 2012. L’ibis chauve de Syrie migre une fois par an vers les hauts plateaux d’Éthiopie.



L’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) estime que les ibis chauves de Syrie ne constituent pas à proprement parler une espèce ni même une sous-espèce distincte. Néanmoins, ces oiseaux diffèrent génétiquement de leurs cousins occidentaux d’Afrique du Nord et ce sont les seuls de l’espèce qui entreprennent des migrations à longue distance.



« C’est très probablement la première fois que la reproduction de l’ibis chauve n’a pas lieu dans la région du Moyen-Orient… la première fois depuis des millénaires. Cette population d’oiseaux migrateurs unique et légendaire a aujourd’hui un pied – voire les deux – dans la tombe », nous confie le biologiste de la conservation Gianluca Serra, qui a travaillé parmi les ibis de Syrie, avant de nuancer : « mais il y a peut-être encore quelques oiseaux immatures dispersés sur la Péninsule arabique ».



Dernier espoir de préserver les ibis du Moyen-Orient : une colonie semi-sauvage d’une centaine d’individus qui a vu le jour en Turquie. Il faut noter cependant que les oiseaux de cette colonie sont élevés en captivité et ne migrent pas encore. En outre, selon Gianluca Serra, ils seraient incapables de retrouver leur site d’hivernage une fois relâchés puisqu’il semblerait que cette information soit transmise culturellement d’individu à individu.



L’ibis chauve a été classé « En danger critique d’extinction » par l’UICN. À l’état sauvage, on ne dénombre pas plus de 500 individus environ pour toute l’Afrique du Nord.





Lubomir Peske attache une balise à un iris chauve afin d'assurer le suivi de l'animal par satellite (Syrie, printemps 2006). Crédits photo : G.Serra.
Lubomir Peske attache une balise à un iris chauve afin d’assurer le suivi de l’animal par satellite (Syrie, printemps 2006). Crédits photo : G.Serra.





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