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En Inde, la combustion de charbon tuerait plus de 100 000 personnes par an.

Bhagwat Saw, 69 ans, dans un hôpital après un diagnostique de pneumoconiose. Durant plus de 40 ans, il a travaillé comme chargeur de charbon. @ Peter Caton / Greenpeace.
Bhagwat Saw, 69 ans, dans un hôpital après un diagnostique de pneumoconiose. Durant plus de 40 ans, il a travaillé comme chargeur de charbon. @ Peter Caton / Greenpeace.


La dépendance énergétique de l’Inde aux les centrales électriques à combustion de charbon pourrait conduire à la mort de 80 000 à 115 000 de ses citoyens chaque année, selon les premiers rapports jamais réalisés dans le pays sur les impacts sanitaires du charbon. Le rapport, commissionné par le Trust d’action de conservation de la nature ainsi que Greenpeace Inde, ne s’intéresse qu’aux impacts directs du charbon sur la santé, et non aux changements climatiques. Mais même si on ignore le mal grandissant du réchauffement de la planète, ce rapport peu réjouissant souligne que la consommation de charbon en Inde est à l’origine chaque année de 20 million d’attaques d’asthme, de près d’un million de visites aux urgences et de la mort de quelques 10 000 enfants de moins de cinq ans.



« Le fait le plus choquant que l’on pourrait éclairer, est peut être celui que l’Inde se situe vraiment loin derrière la majorité des grandes économies en ce qui concerne la règlementation des polluants provenant des centrales électriques au charbon, » écrit Ashish Fernandes de Greenpeace dans un blog. « Les standards de l’Inde pour la matière à particules (150 à 350 ¬µg/m3) sont bien plus faibles de ceux de la Chine (20 à 50 ¬µg/m3) dont la consommation excessive de charbon à conduit à des niveaux de pollution records et a scandalisé tout le monde l’hiver dernier. Pour le sulfure, les dioxydes d’azote et le mercure, l’Inde n’a AUCUN standard en place. »



Les impacts de la combustion de charbon sur la santé sont étudiés par les scientifiques depuis longtemps.



« Les impacts sur la santé les plus marquants entraînants des morts prématurées incluent des maladies d’obstruction pulmonaire chronique, des infections respiratoires, des affections cérébro-vasculaires, des ischémies myocardiques, des cancers de la trachée, des bronches et des poumons, » dénonce le rapport.



Le bilan économique des problèmes de santé liés au charbon est énorme, selon le rapport, et coûte chaque année au gouvernement de l’Inde et à ses habitants quelques 3.3 à 4.6 milliards de dollars.



Actuellement 66 pourcent de l’énergie de l’Inde provient de la combustion de charbon, et le pays étudie le projet de construire 455 centrales à charbon supplémentaires. Les compagnies de charbon visent aussi des forêts dans lesquelles ouvrir d’énormes mines à ciel ouvert, comprenant des forêts où vivent des tigres et des éléphants menacés d’extinction.



« À la fin, le gouvernement et les groupes citoyens doivent exiger des énergies propres en gardant à l’esprit les impacts sanitaires des émissions produites par les centrales électriques en Inde, » conclut le rapport, en demandant que soient faits des investissements sur les énergies renouvelables, et des lois strictes sur les centrales existantes.



En plus de ses impacts sur la santé, le charbon est la source d’énergie la plus productrice en carbone. Selon le rapport, les 111 plus grandes centrales électriques à charbon produisent actuellement 665 million de tonnes dioxyde de carbone par an. Au cours des conférences internationales sur les changements climatiques, l’Inde a fortement débattu que les pays industrialisés doivent se conformer à leurs obligations historiques (les É.-U. sont, historiquement, le plus grand émetteur mondial), en réduisant rapidement leurs émissions. Mais la pression politique monte aussi en Inde, tout comme en Chine, pour reconnaître leur très grand rôle dans le fait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, même quand celles des É.-U. et de l’U.-E. sont en baisse. L’Inde est actuellement le troisième plus important émetteur dans le monde après la Chine (premier) et les È.-U. (deuxième). De façon ironique, aucun de ces tops trois émetteurs n’a de texte de lois complet en place pour y mettre fin à leurs émissions.



Le charbon n’est pas nécessaire en Inde, écrit Fernandes, « mis ensemble, le solaire et l’éolien ont le potentiel de combler bien plus que les seuls besoins de l’Inde. »



Pourtant, il déclarait au Climate Wire que le gouvernement doit encore réaliser le total potentiel du solaire et de l’éolien.



« Le gouvernement est toujours borné à voir le charbon comme réponse aux besoins énergétiques de l’Inde, dit-il, et jusqu’à ce que tout le monde commence à comprendre le coût réel de ce que ça engendre, ce sera une rude bataille. »


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