Une société minière cotée à Toronto a déclaré qu’elle travaillait étroitement avec le gouvernement indonésien pour retirer le statut protégé à quelques 1,2 million d’hectares de forêt sur l’île de Sumatra.
Dans un communiqué publié mardi, la East Asia Minerals Corporation, une société de développement et mise en valeur des ressources minières (connue sous le nom d’EAS à la bourse de Toronto) a annoncé qu’elle était activement impliquée dans le processus de création d’un nouveau plan spatial pour la province d’Aceh, province la plus à l’ouest de Sumatra. Les changements suggérés pour le plan spatial, qui gère l’utilisation des terres dans la province, réattribueraient de vastes zones de forêt protégée en Aceh à des activités industrielles : notamment près d’un million d’hectares à l’exploitation minière, 416 086 ha à l’abattage ; et 256 250 ha à des plantations de palmiers à huile.
« La société travaille étroitement avec les représentants du gouvernement du pays et a des représentants de la société en Aceh afin d’obtenir la reclassification de la zone forestière actuellement « forêt protégée » en « forêt de production » », a indiqué la société East Asia Minerals dans un communiqué de presse annonçant les effets potentiels pour son projet d’extraction d’or à Miwah. « Une fois la désignation de la forêt reclassée, la société aura la garantie de pouvoir continuer le programme d’extraction ayant pour objectif d’étendre ses ressources à Miwah. »
La société East Asia Minerals a ajouté qu’elle « avait mis en place un nouveau programme de responsabilité sociale d’entreprise et recruté d’anciens représentants du gouvernement pour l’aider dans ces efforts ». Elle a aussi remarqué que la lenteur de la reclassification « était principalement due à la gestion d’une coalition de groupes environnementaux et d’ONG ».
Les exploitations minières d’EAS en Aceh selon le rapport financier 2010 de la société
Le plan spatial suggéré pour Aceh a été fortement contesté par certains groupes environnementaux en Aceh, qui disaient que cette réattribution des zones pourrait mettre en péril la biodiversité mondialement reconnue de la province, notamment les orangs outans, rhinocéros, tigres et éléphants en danger. Leurs inquiétudes ont été répétées le mois dernier par un groupe de biologistes et scientifiques de la conservation, qui a signalé que les changements potentiels apportés au plan spatial pourraient ébranler les services écologiques qui soutiennent l’économie de la province et le bien-être des citoyens.
« Les forêts de l’Aceh sont essentielles à la sécurité alimentaire, régulent les inondations à la fois pendant la mousson et les saisons sèches, en irrigant les champs de riz et autres cultures commerciales » est-il indiqué dans une déclaration publiée en conclusion de la réunion annuelle tenue par la filiale asiatique de l’Association pour la Biologie Tropicale et la Conservation (ATBC). « Les changements forestiers sur les hauteurs de l’Aceh augmenteront les risques d’inondations destructrices pour les personnes qui vivent en aval sur les basses terres côtières ».
Le groupe, qui constitue la plus grande association de scientifiques de la conservation tropicale, a déclaré que ce plan pourrait remettre en cause la sécurité alimentaire d’Aceh et exacerber les conflits dans une région qui a souffert de troubles civils pendant plus d’une décennie, du début des années 1990 au début des années 2000.
Le site de Miwah tel que présenté dans un document de 2013 de l’EAS
Les partisans de la révision du plan spatial affirment qu’il attirera plus d’investissements dans la province et stimulera la production industrielle de denrées de base.
La société East Asia Minerals possède des exploitations minières d’or, d’argent et de cuivre en Aceh et au Sulawesi du Nord. En 2011, elle a acheté la moitié de Carbon Conservation, un développeur de projet carbone forestier, qui avait pour objectif de capitaliser des crédits carbone générés dans le cadre du Programme de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+) avant de s’effondrer en raison de la lenteur du marché.
La société East Asia Minerals avait une capitalisation de marché de 18 million de $ au 16 avril 2013, un chiffre bien inférieur aux 48 millions de $ qu’elle avait capitalisée 52 mois avant, en mai 2012.