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Plus de 10% de la population totale d’une espèce retrouvée dans le sac d’un trafiquant

Ploughshare and radiated tortoises confiscated in Bangkok. Photo by: P.Tansom/TRAFFIC.
Tortues à soc et tortues étoilées confisquées à Bangkok. Photo de : P.Tansom/TRAFFIC.


Vendredi 15 mars dernier à l’aéroport international Suvarnabhumi, les autorités thaïlandaises arrêtaient un homme de 38 ans qui tentait de récupérer un sac contenant 54 tortues à soc (Astrochelys yniphora) et 21 tortues étoilées de Madagascar (Astrochelys radiata). Présentes uniquement à Madagascar, ces deux espèces sont répertoriées « en danger critique d’extinction » et sont protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES, Convention on International Trade of Endangered Species). Mais elles sont devenues des cibles lucratives pour le commerce d’animaux au marché noir à cause de leur rareté et de leur beauté.



« Les criminels responsables de cette cargaison de tortues à soc ont en effet volé plus de 10% de cette population estimée sauvage », informe Chris Shepherd au journal TRAFFIC. Les experts estiment qu’aujourd’hui il y aurait 400 tortues à soc dans la nature, donc 54 tortues volées signifie environ à 13%.



Quant aux tortues étoilées, il fut un temps où on les comptait par millions. Mais son commerce illégal, la dégradation de son habitat et la chasse dans la région a décimé sa population. Les scientifiques préviennent qu’aujourd’hui, sans travail ciblé de conservation, l’espèce pourrait s’éteindre d’ici 2050.



Essayant de récupérer le sac, l’homme thaïlandais, O. Visarnkol, a été arrêté sur place. Avant son arrestation, il était déjà placé en liberté sous caution pour trafic d’espèces protégées. Le sac était enregistré au nom d’une femme malgache, Clara Rahantamalala, 25 ans, qui voyageait de Madagascar en direction de Bangkok. Elle fût également arrêtée.



« Nous encourageons les autorités à inculper ces deux criminels au maximum. Faire un exemple de leur cas servira de moyen de dissuasion envers d’autres trafiquants », espère Shepherd. « Relâcher des individus sous caution ne semble pas faire partie d’une stratégie efficace visant à réduire le trafic illicite. »



Heureusement comme les tortues étaient destinées au commerce illégal d’animaux et non à la consommation, elles étaient encore en vie lorsqu’on les confisqua.



« Les autorités thaïlandaises ont placé les animaux dans un centre de sauvetage gouvernemental, le centre d’élevage Bang Pra à Chonburi » nous explique Shepherd. « On espère voir les tortues rapatriées à Madagascar le plus tôt possible. Plus elles resteront en Thaïlande, où le climat et les conditions ne sont pas les mêmes qu’à Madagascar et donc non appropriés, plus le taux de mortalité aura de risque d’être élevé. De plus, il y a des experts à Madagascar prêts à accueillir et à prendre soin des tortues récupérées. »



Shepherd ajoute qu’à cause de leur faible population à Madagascar, « chaque individu est extrêmement précieux pour la survie de l’espèce. »



Une soirée de gala et une vente aux enchères d’art ont été organisées à New York le mois dernier afin de collecter de l’argent pour la protection des tortues avec la tortue à soc comme espèce phare.



Shepherd déclare que bien que des progrès concernant la conservation des animaux sont faits à Madagascar, il faut que toute tentative réussie de sauvetage de ces espèces ait une portée internationale « incluant Madagascar, les pays utilisés comme point de transit et les pays consommateurs, comme la Thaïlande, la Malaisie et l’Indonésie. »



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