Roger Peet (en t-shirt bleu) posant avec les gardes forestiers. Photographie fournie par Roger Peet.
L’année dernière, l’artiste américain Roger Peet s’est rendu en République démocratique du Congo (RDC) pour visiter l’une des forêts les plus reculées et les plus sauvages au monde. Peet a passé trois mois dans une région en grande partie inconnue du monde extérieur, mais où un groupe de professionnels de la conservation, conduits par Terese et John Hart, travaillent assidûment à créer un nouveau parc national connu sous le nom de Lomami. Là-bas, l’artiste-imprimeur a rencontré un seigneur de guerre local, découvert un avion écrasé, élaboré une tombe pour un garde forestier emporté par la maladie, tout en entrevoyant une partie de l’époustouflante faune de la région. Le parc national encore bourgeonnant de Lomami abrite notamment la dernière espèce de singe en date, qui n’a été annoncée au monde par les scientifiques qu’en septembre dernier.
« J’ai vu quelque chose se déplacer devant nous sur le transect et j’ai pris mes jumelles : un singe se tenait à environ 3 mètres de haut sur un petit arbre d’un côté du sentier, et descendait rapidement en se balançant. Alors que je l’observais, il s’est penché à découvert et m’a regardé, révélant une bande blanche distinctive sur son nez : clairement un lesula », a déclaré Peet à mongabay.com dans une récente interview. « Puis il s’est tourné vers la forêt et a sauté silencieusement à l’intérieur du feuillage. Je crois que j’ai poussé des cris d’excitation assez embarrassants à ce moment, mais mes compagnons ont été assez polis pour ne pas me le faire remarquer. »
La découverte d’une nouvelle espèce de singe, le lesula (Cercopithecus lomamiensis), a fait la une internationale en septembre et seulement quelques mois plus tard, Peet en voyait un de ses propres yeux.
« L’abondance pour tous ». Illustration réalisée par Roger Peet. |
Peet, un membre fondateur du réseau d’artistes Justseeds, a voyagé jusqu’à la forêt équatoriale reculée du Congo comme bénévole pour les Hart. Mais il n’est pas arrivé les mains vides : l’artiste-imprimeur a apporté avec lui des centaines de bandanas arborant des images de la faune locale menacée.
« L’objectif était de créer quelque chose que les gens voudraient posséder, quelque chose qui piquerait leur curiosité, qui pourrait être utilisé de plusieurs manières, qui serait à la fois durable, fonctionnel et éducatif », explique-t-il. « J’ai réalisé une illustration détaillée au stylo et à l’encre des espèces protégées que j’ai ensuite sérigraphiée sur environ 500 bandanas que j’ai emporté avec moi. Je les ai distribués aux personnes impliquées dans le projet de parc, à des gens rencontrés sur la rivière, à des chefs de village, des travailleurs de terrain et leurs familles, et même à un seigneur de guerre braconnier et sa bande de déserteurs lourdement armés. »
Les Hart ont lancé le projet TL2 (en référence aux trois rivières de la région : la Tshuapa, la Lomami et le Lualaba) pour aider à faire du parc national de Lomami une réalité. S’il était créé, ce parc couvrirait 9 000 kilomètres carrés et protégerait des populations de lesulas, de bonobos (Pan paniscus), d’éléphants de forêt (Loxodonta cyclotis), de bongos des basses-terres (Tragelaphus eurycerus eurycerus) et d’okapis (Okapia johnstoni).
« Cette zone représente probablement la dernière véritable chance de créer un nouveau parc national au Congo », explique Peet. « C’est une étendue de forêt qui est principalement inhabitée, et qui est suffisamment éloignée de toute infrastructure pour réduire à néant certaines des pressions auxquelles d’autres forêts congolaises doivent faire face : il n’y a pas d’exploitation forestière commerciale, pas d’extraction de métaux rares et seulement un peu d’extraction sauvage de diamant. »
Contrairement aux précédents parcs de la RDC, qui ont été créés sur décret par le dictateur Mobutu Sese Seko, le parc national de Lomami se construit depuis le bas de l’échelle, grâce à la participation des communautés. Bien qu’il soit reculé, le parc et sa faune doivent néanmoins faire face à un certain nombre de dangers.
« Des intérêts commerciaux solidement implantés continuent de menacer la faune du parc à travers des opérations de chasse à grande échelle pour la viande et à travers le braconnage des espèces protégées. À Obenge, le village reculé où j’ai séjourné, on pouvait voir clairement à quel point l’exploitation commerciale de certaines espèces contribuait à la destruction de la forêt. Des espèces cruciales telles que les éléphants et les potamochères sont d’abord chassés hors d’une zone. […] En leur absence, les gens coupent plus d’arbres et plantent plus de champs, puis ils doivent avancer plus loin dans la forêt pour chasser. C’est comme ça que le processus se perpétue », explique Peet.
Bien qu’elle abrite de nombreuses espèces menacées et de magnifiques étendues de forêt, la RDC est également l’une des nations les plus pauvres et les plus déchirées par la guerre. Les décennies de guerre civile ont rendu les gens résilients, généreux et paranoïdes, selon Peet.
Grande araignée non identifiée au Congo. Photographie réalisée par Roger Peet. |
« Il y a tellement de choses que nous considérons comme allant de soi qui sont impossibles au Congo : par exemple, j’ai proposé d’envoyer une carte postale aux personnes qui s’engageraient à verser une certaine somme d’argent à ma campagne de financement, avant de réaliser à mon arrivée qu’il n’existait absolument aucun service postal depuis plus de cinq ans », explique Peet. « Les gens endurent. Ils haussent souvent les épaules. Ils rient de leur situation, même si ce sont des rires amers. Ils comptent les uns sur les autres pour s’aider dans les moments difficiles, ils restent proches de leurs familles, et ils partagent leur temps et leurs ressources de façons très surprenantes pour un étranger comme moi. Il faut également dire qu’ils ont souvent du mal à se faire confiance, qu’ils s’accusent de crimes terribles sans fondement, et qu’ils ont recours à l’idée de sorcellerie pour expliquer une grande partie de leurs malheurs et de leurs périodes difficiles. »
Compte tenu de la multiplication des avertissements annonçant des crises environnementales globales, allant de l’extinction de masse au changement climatique, Peet déclare qu’il utilise son art non seulement pour sensibiliser les gens et les encourager à agir, mais aussi comme « catharsis » personnelle.
« Ça m’a aidé à faire face au désespoir qui est à mon avis ressenti par beaucoup d’entre nous, qui sommes sensibles à l’état du monde. Aujourd’hui, je n’ai plus ce même sentiment de dépression qui m’a submergé pendant une grande partie de la dernière décennie. J’ai arrêté de prendre le désastre écologique personnellement, et ça m’a permis de gérer plus facilement ce problème, puisque je refuse de l’ignorer. »
Lors d’une interview réalisée en février 2013, Roger Peet nous a parlé de ses derniers voyages dans la forêt équatoriale du Congo, du rôle de l’art dans un âge de bouleversement écologique, et de l’illustration de paquets de préservatifs pour la défense des espèces menacées.
INTERVIEW AVEC ROGER PEET : L’ART AU SERVICE DES ESPÈCES MENACÉES
Bandana réalisé par Roger Peet pour promouvoir la conservation de la nature et l’identification de la faune en République démocratique du Congo (RDC). Cliquez pour agrandir.
Mongabay: Pourquoi avoir choisi l’impression comme moyen de communication ?
Roger Peet: Ce que j’adore dans l’impression, c’est son aspect multiplicatif et universel. Les imprimés, quel que soit le moyen utilisé, sont conçus pour exister en multiples exemplaires et avoir des destinations multiples. Ce sont des vecteurs d’idées beaucoup plus populistes que d’autres formes d’art qui existent individuellement, et c’est pour cette raison qu’ils ont fait partie de pratiquement tous les mouvements sociaux qui ont eu lieu depuis l’invention de l’imprimerie. Ils limitent le caractère aristocratique regrettable de l’art en le plaçant dans un plus grand nombre de mains. J’adore aussi les diverses qualités que possède l’impression. Les imprimés peuvent tout aussi bien être des objets d’art raffinés que des propagateurs d’image brute et d’expression publique extrêmement primitifs, parfois même les deux à la fois.
Mongabay: Qu’est-ce qui a déclenché votre intérêt pour le monde de la nature ?
Roger Peet: J’ai toujours eu le regard tourné vers la nature, pour le meilleur comme pour le pire. J’ai passé la première partie de mon enfance à plonger avec un tuba dans la Mer Rouge près des côtes de Jeddah en Arabie saoudite, et j’ai vécu une transition brutale entre les bois paisibles du sud de l’Angleterre et le désert aride du sud de l’Arizona au début de mon adolescence. J’ai vécu dans le Minnesota pendant une longue période dans les années 90, où j’ai commencé à remarquer de plus petites choses, comme des araignées mangeuses de roche se taillant un abri à l’intérieur des falaises, mais c’est à travers des voyages dans les forêts et les montagnes de l’ouest des États-Unis à cette même époque que j’ai réalisé, plus ou moins en tant qu’adulte, ce qu’était la nature sauvage, et ce que j’avais manqué jusque là. Depuis, j’ai beaucoup voyagé et j’ai découvert une petite partie du monde et de ses forêts, de ses océans et de ses grands espaces, et ça m’a aidé à développer un sentiment de solidarité écologique mondial avec toutes les choses, dans tous les endroits du monde.
Mongabay: Vous avez une passion pour les insectes. Qu’est-ce qui vous attire chez ces animaux que la plupart des gens ignorent ou détestent ?
Papillon non identifié. Photographie réalisée par Roger Peet. |
Roger Peet: J’adore les insectes parce qu’ils sont tout autour de nous. Ils acceptent d’être examinés, grimpent sur un doigt qu’on leur offre et ils ne mordent et ne piquent pas la plupart du temps. Alors que le reste de la faune se révèle distant et difficile à observer, les insectes font preuve d’intimité, se trouvent à portée de main et se montrent dociles en comparaison. Je pense souvent à ce monde de créatures naïves à peine découvert, où la pression humaine n’a pas encore pénétré, et je trouve que les insectes sont le moyen le plus simple pour la plupart des gens d’accéder quotidiennement à un tel espace culturel. Les insectes sont une forme de vie mobile que l’on peut toucher, que l’on peut saisir délicatement et examiner sans grand besoin d’outils ou de compétences spéciales. Ils ne sont en général pas une source de nourriture, et n’ont la plupart du temps pas de valeur commerciale, et en tant que tels, ils existent hors de notre culture, dans des endroits rares éloignés de la plupart des intérêts humains. Ils sont également extrêmement instructifs en ce qui concerne l’histoire de la vie, la prédation, la fabrication de pièges, la capacité de voler et les comportements sexuels.
Mongabay: En tant qu’artiste, est-ce que vous considérez vos travaux comme une forme d’activisme environnemental ?
Roger Peet: Absolument. Je pense que la meilleure forme d’activisme vise d’abord à éduquer, à secouer la pensée pour la faire sortir de son train-train quotidien, et mon plus grand espoir est d’atteindre ce but dans l’art que je crée. Cela dit, j’ai conscience que c’est une forme d’activisme très confortable, très en recul, qui ne subit pas beaucoup de coups et d’arrestations. J’essaie de tempérer ce que j’encourage en fonction de ce que je suis prêt à faire moi-même.
Mongabay: Une grande partie de vos œuvres évoquent un sentiment d’urgence, presque tragique. Est-ce que cela reflète votre vision de la situation environnementale actuelle ?
Roger Peet: Oui, en effet. J’ai maintenant accepté beaucoup de choses terribles qui constituent l’état du monde, des choses qui me maintenaient auparavant en permanence dans un état traumatique latent. Je suis arrivé à une compréhension de cette crise contemporaine de la biodiversité en prenant les choses plus ou moins à l’envers, en commençant par étudier les extinctions mondiales du Pléistocène et leur lien avec les activités humaines. Après de nombreuses lectures sur ce sujet qui est toujours controversé, j’ai réalisé avec précision l’étendue de ce qui a déja été perdu, ainsi que le caractère extrêmement court de la période sur laquelle ça s’est produit. Puis j’ai étendu mes lectures à l’époque moderne, avec son vaste mélange biologique mondial connu sous le nom d’Échange colombien, et enfin au processus de destruction actuel dont la vitesse augmente de manière exponentielle. La courbe croissante des taux d’extinction est longtemps restée pour moi une source d’horreur presque paralysante.
« Tout ce qui frappe la Terre frappe les peuples de la Terre » — Chef Seattle. Imprimé réalisé par Roger Peet. |
Je pense que la meilleure façon de résumer cette horreur est cette citation des biologistes Michael Soule et Bruce Wilcox : « La fin de la spéciation chez la plupart des grands animaux rivalise avec la crise d’extinction en termes d’importance pour le futur de la nature vivante. Comme nous l’avons dit en 1980, la mort est une chose, la fin de la naissance en est une autre. » Créer de l’art sur ce genre de choses a été cathartique. Ça m’a aidé à faire face au désespoir qui est à mon avis ressenti par beaucoup d’entre nous, qui sommes sensibles à l’état du monde. Aujourd’hui, je n’ai plus ce même sentiment de dépression qui m’a submergé pendant une grande partie de la dernière décennie. J’ai arrêté de prendre le désastre écologique personnellement, et ça m’a permis de gérer plus facilement ce problème, puisque je refuse de l’ignorer.
Mongabay: J’aimerais savoir comment vous avez procédé pour créer de l’art destiné à des préservatifs. Pouvez-vous nous parler de ce projet unique en son genre ?
Roger Peet: Les préservatifs Espèces menacées sont un projet du Centre pour la diversité biologique, l’une des plus grandes organisations militant pour la préservation de la biodiversité et des espèces menacées. Le projet consiste à présenter des préservatifs dans de petites boites attractives arborant des images de créatures menacées, et accompagnées de petites accroches de deux lignes contenant une rime, associant l’utilisation d’un préservatif à la préservation des espèces : « En rut ? Sauvez une tortue luth ! », pour ne citer qu’un exemple. C’est un superbe projet à plusieurs niveaux, notamment parce qu’il tente d’apporter une touche d’humour à un sujet sérieux. À l’intérieur de chaque boite se trouve une petite description de l’animal concerné et un paragraphe associant les extinctions de masse à l’augmentation de la population humaine. Pour moi, c’est une vérité incontournable, mais c’est un sujet très controversé, et beaucoup de gens trouvent dangereux et insultant d’associer population et désastre écologique. Le spectre de l’eugénisme, du contrôle de la population basé sur la race, est encore très présent, et pour certaines personnes, toute discussion portant sur le contrôle de la population tend dans cette direction. Je crois, et je pense que le Centre serait d’accord avec moi, que la situation a atteint un point si critique qu’une discussion raisonnée et attentive sur les effets d’une population de 7 milliards d’individus sur une petite planète bleue doit avoir lieu, et doit avoir lieu maintenant. Ces préservatifs sont un petit pas en direction de ce débat. Ils font rire les gens, ce qui est crucial : il est plus facile de parler de mauvaises nouvelles si l’on peut en profiter pour rire un peu.
Ma collègue Amy Harwood a travaillé pour le Centre l’année dernière, et est venue me voir pour me demander si j’étais intéressé par la création d’une seconde série d’illustrations pour le projet. J’ai évidemment accueilli cette opportunité avec enthousiasme, et face à un délai relativement court, j’ai créé six nouvelles illustrations en une semaine à partir de papier découpé. Les animaux concernés étaient la tortue luth, le pluvier neigeux, l’hippocampe nain, la salamandre-alligator, la panthère de Floride et l’ours polaire. Le Centre a écrit les vers accompagnant les images, et la maquette des boites a été réalisée par la designer Lori Lieber.
À L’INTÉRIEUR DU CONGO
Image obtenue à l’aide d’un piège photographique, montrant la nouvelle espèce de singe découverte dans la région TL2 : le lesula. Le singe se tient sur une termitière dans ce qui est selon Peet une pose caractéristique. Photographie réalisée par l’équipe TL2.
Mongabay: Comment avez-vous atterri en République démocratique du Congo (RDC), un endroit que peu d’Américains ne voient jamais ?
Roger Peet: Je comptais reprendre les études pour trouver une sorte de diplôme qui m’aurait permis de visiter des endroits intéressants et de réaliser des choses intéressantes. J’ai été accepté dans un programme d’anthropologie visuelle au Royaume-Uni, mais après avoir réalisé que je devrais probablement m’endetter à nouveau pour le payer, j’ai renoncé. J’ai déja passé dix ans à me sortir d’une première dette, et je ne compte pas recommencer. Après avoir pris cette décision, j’ai cherché des opportunités un peu partout, et un jour, en lisant « À la recherche des bonobos », l’excellent blog de Terese et John Hart, j’ai décidé de leur envoyer un e-mail pour voir s’ils acceptaient des bénévoles. J’ai rapidement reçu une réponse affirmative, et ils m’ont suggéré de venir trois mois pendant l’automne. J’étais ahuri : j’avais l’impression d’avoir gagné au loto, j’allais éviter les intermédiaires et me rendre directement au Congo ! Environ un mois plus tard, j’ai proposé le projet des bandanas, qu’ils ont accueilli avec enthousiasme, et nous avons discuté sur Skype pour vérifier que j’étais bien une personne saine et raisonnable. Six mois plus tard, j’atterrissais à Kinshasa.
Mongabay: Quelle a été votre impression du parc national encore bourgeonnant de Lomami ?
Punaise non identifiée (Heteroptera). Photographie réalisée par Roger Peet. |
Roger Peet: Le parc est encore, à ce niveau, plus une idée qu’une réalité. Le projet visant à le développer a fait de gros progrès mais doit faire face à un grand nombre d’obstacles massifs à la fois à court et à long terme. L’idée elle-même est présentée avec enthousiasme aux habitants de la région et aux fonctionnaires concernés par une équipe rôdée de scientifiques, de travailleurs de terrain et de chercheurs. Sur le terrain, ils sont confrontés à une opposition de la part des forces organisées de l’exploitation commerciale de la viande de brousse, des bandes de braconniers chassant les éléphants, et des autorités des villages, peu enclines à céder leur autorité sur leur territoire pour une idée qui semble abstraite et étrangère. Il y a également la célèbre corruption du gouvernement congolais à gérer, qui est légendaire à juste titre, et au-delà de ça, le caractère aléatoire du financement et de l’obtention d’aides venant des fondations et des ONG.
Cela dit, cette zone représente probablement la dernière véritable chance de créer un nouveau parc national au Congo. C’est une étendue de forêt qui est principalement inhabitée, et qui est suffisamment éloignée de toute infrastructure pour réduire à néant certaines des pressions auxquelles d’autres forêts congolaises doivent faire face : il n’y a pas d’exploitation forestière commerciale, pas d’extraction de métaux rares et seulement un peu d’extraction sauvage de diamant.
Ce projet est particulier compte tenu de la façon dont les autres parcs nationaux du Congo ont été établis en 1969 par le dictateur Mobutu Sese Seko. Il avait alors émis un décret stipulant que cette zone-là, celle-là et celle-là seraient désormais des parcs, et que toutes les personnes vivant à l’intérieur de ces zones avaient un mois pour faire leurs bagages et partir avant que l’armée ne vienne brûler leurs villages et les expulser arme au poing. Le parc de Lomami est présenté de manière diamétralement opposée, avec pour objectif de montrer à la population locale qu’ils ont tout intérêt à entretenir un parc et à préserver sa nature sauvage. Ils appellent ça la conservation communautaire, et ça représente beaucoup de travail. La forêt qu’englobe le parc est immense et rude, superbe et dangereuse, et pratiquement dépourvue de sentiers. Il est difficile d’y circuler, ce qui rend les patrouilles et le suivi des populations d’animaux et d’oiseaux difficiles. Les gens qui en sont chargés font un travail fantastique.
Mongabay: Pouvez-vous nous parler des bandanas que vous avez amenés au Congo ? Quel était le but de ce projet ?
Roger Peet: Lorsque j’ai parlé de bénévolat aux Hart pour la première fois, j’ai précisé que j’étais un artiste intéressé par l’écologie. Ils ont consulté mon site Internet et répondu que mon style leur rappelait un poster qui avait été imprimé et distribué au Congo dans les années 70, illustrant certaines des créatures rares et spectaculaires de la région. En lisant leur blog, j’ai remarqué qu’un des outils qu’ils utilisaient pour promouvoir le parc était une photocopie couleur plastifiée imprimée des deux côtés, montrant des images des espèces protégées du Congo. En voyant ça, j’ai immédiatement pensé que je pouvais faire mieux. Comment présenter cette information de sorte qu’elle soit visible quotidiennement dans le contexte d’un village congolais reculé, et pas simplement sur une relique en plastique plus ou moins inutile ?
C’est mon amie et collaboratrice Amy Harwood qui a eu l’idée d’un bandana. C’était un trait de génie : un bandana avec des images des espèces protégées du parc imprimées dessus en couleurs vives. L’objectif était de créer quelque chose que les gens voudraient posséder, quelque chose qui piquerait leur curiosité, qui pourrait être utilisé de plusieurs manières, qui serait à la fois durable, fonctionnel et éducatif. J’ai réalisé une illustration détaillée au stylo et à l’encre des espèces protégées que j’ai ensuite sérigraphiée sur environ 500 bandanas que j’ai emporté avec moi. Je les ai distribués aux personnes impliquées dans le projet de parc, à des gens rencontrés sur la rivière, à des chefs de village, des travailleurs de terrain et leurs familles, et même à un seigneur de guerre braconnier et sa bande de déserteurs lourdement armés.
Mongabay: Comment les habitants ont-ils réagi à vos bandanas ?
Sensibiliser les gens à l’aide de bandanas. Photographie réalisée par Roger Peet. |
Roger Peet: Les gens ont plutôt bien réagi, je pense. Tous ceux à qui j’en ai donné avaient clairement envie d’en avoir un, et plusieurs membres du projet de parc m’ont dit que j’aurais dû en amener plus. Lorsque je suis repassé par Opala, la capitale de la région, alors que je retournais vers Kisangani, les gens ont remarqué que lorsqu’ils les portaient à l’extérieur et pendant leurs déplacements, tous ceux qu’ils rencontraient leur demandaient ce que c’était, et ils ont alors pu les utiliser pour leur parler du parc. À Obenge, les travailleurs du parc les portaient comme une sorte d’uniforme, un symbole d’engagement ou de participation, quelque chose montrant leur implication dans le projet. Les femmes participant au projet et les épouses des travailleurs étaient particulièrement enthousiastes. J’ai souvent constaté une coordination assez impressionnante dans les couleurs, notamment à l’église, où les gens avaient tendance à porter leurs plus beaux habits tout en utilisant les bandanas comme foulard.
Mongabay: L’année dernière, des scientifiques ont annoncé la découverte d’une nouvelle espèce de singe dans la région, annonce qui a été reprise par la presse à travers le monde. Pouvez-vous nous parler de vos rencontres personnelles avec les lesulas ?
Roger Peet: Les lesulas sont des créatures intéressantes. Ce sont des singes terrestres, qui n’ont pas l’air de monter très haut dans la canopée, en tout cas pas pendant de longues périodes. On les aperçoit souvent grâce aux pièges photographiques, perchés sur ces étranges termitières brunes en forme de parapluie. Leurs parents proches, les singes à tête de hibou, sont également une espèce terrestre. La raison pour laquelle ces espèces préfèrent le sol de la forêt est sujet à débat, mais je trouve vraiment intéressant de considérer les parallèles entre leur comportement et celui de nos propres ancêtres primates, qui ont eux aussi rejeté les arbres.
Lorsque nous étions en forêt, les singes étaient la faune la plus courante. Une grande variété d’espèces se déplacent à travers les différents niveaux de la canopée, exploitant les mêmes sources de fruits et gardant un œil sur les prédateurs de manière coopérative. Colobes rouges, colobes noirs, guérézas d’Angola, ascagnes et mones de Wolf étaient tous courants et actifs. Je me suis lentement familiarisé avec leurs cris individuels, et j’ai pris l’habitude de me réveiller avant le lever du soleil pour m’asseoir dans la forêt et enregistrer leurs chorales matinales. Pendant ces enregistrements, j’ai entendu le cri du lesula de nombreuses fois : un hurlement sourd, un peu trainant et plaintif. J’avais plus ou moins abandonné l’idée d’en apercevoir un, car j’avais seulement entendu leurs cris à l’aube et nous partions marcher pendant la matinée et le début de l’après-midi. Lors de mon dernier voyage en forêt, nous avons fait le tour de la partie la plus éloignée de la zone d’étude à la fin de l’après-midi. Nous avons alors surpris un groupe de pintades qui se sont envolées vers la canopée dans un concert de battements d’ailes. Au-dessus de nous, un groupe de singes a commencé à prendre la fuite. Ils ont violemment sauté de leurs perchoirs, se courbant dans les airs et plongeant dans les feuillages, balançant leurs membres à travers et bondissant à nouveau. J’ai vu quelque chose se déplacer devant nous sur le transect et j’ai pris mes jumelles : un singe se tenait à environ 3 mètres de haut sur un petit arbre d’un côté du sentier, et descendait rapidement en se balançant. Alors que je l’observais, il s’est penché à découvert et m’a regardé, révélant une bande blanche distinctive sur son nez : clairement un lesula. Puis il s’est tourné vers la forêt et a sauté silencieusement à l’intérieur du feuillage. Je crois que j’ai poussé des cris d’excitation assez embarrassants à ce moment, mais mes compagnons ont été assez polis pour ne pas me le faire remarquer.
Ce qui m’a vraiment fasciné dans cette expérience, c’est de voir le lesula se déplacer à travers la forêt avec les autres singes, en occupant la strate la plus basse de la forêt. Les duikers (des antilopes forestières) suivent parfois des bandes de singes à travers la forêt, pour récupérer de manière opportuniste les fruits que les singes et les calaos font tomber des arbres. Dans cette situation, c’était le lesula qui profitait de cette ressource.
LES DANGERS
Garde forestier brûlant un camp de braconniers. Photographie réalisée par Roger Peet.
Mongabay: La RDC a connu des souffrances terribles à cause de la guerre et de la pauvreté au cours des dernières décennies. Comment avez-vous ressenti la façon dont les gens survivent pendant de telles périodes ?
Roger Peet: Le tristement célèbre article 15 du Sud-Kasaï, un empire de courte durée créé après l’indépendance au sud-est du Congo, déclara à la population : débrouillez-vous. C’était une tentative cynique d’interrompre le flot de demandes venant d’une province remplie de personnes désespérées d’obtenir les services qu’un État était censé fournir, et cette décision ouvra les vannes de la corruption. En clair, Mobutu consacra ce principe comme une loi, ignorant ainsi le pillage de la société et de ses infrastructures perpétré en conséquence par son armée mal payée et les légions de bureaucrates véreux qui constituaient son gouvernement. Lorsque la guerre frappa ensuite, c’est un pays déja en lambeaux qui fut encore plus brutalement ravagé par des vagues de fous armés. C’est un conflit qui n’est pas vraiment terminé, mais qui se trouve actuellement dans ce que l’on pourrait au mieux appeler une période d’accalmie. Il y a tellement de choses que nous considérons comme allant de soi qui sont impossibles au Congo : par exemple, j’ai proposé d’envoyer une carte postale aux personnes qui s’engageraient à verser une certaine somme d’argent à ma campagne de financement, avant de réaliser à mon arrivée qu’il n’existait absolument aucun service postal depuis plus de cinq ans. Les gens endurent. Ils haussent souvent les épaules. Ils rient de leur situation, même si ce sont des rires amers. Ils comptent les uns sur les autres pour s’aider dans les moments difficiles, ils restent proches de leurs familles, et ils partagent leur temps et leurs ressources de façons très surprenantes pour un étranger comme moi. Il faut également dire qu’ils ont souvent du mal à se faire confiance, qu’ils s’accusent de crimes terribles sans fondement, et qu’ils ont recours à l’idée de sorcellerie pour expliquer une grande partie de leurs malheurs et de leurs périodes difficiles.
Mongabay: Quelles sont les principales menaces pesant sur le parc proposé ?
Roger Peet: La plus grande menace est la corruption présente chez les fonctionnaires chargés de superviser le projet jusqu’à son acceptation officielle. La vénalité et la cupidité que le projet TL2 a dû affronter jusqu’ici aurait abattu des personnes moins motivées, et j’ai été assez impressionné de voir John et Terese manœuvrer si habilement pour contourner les rapaces qui s’opposent à eux. Des intérêts commerciaux solidement implantés continuent de menacer la faune du parc à travers des opérations de chasse à grande échelle pour la viande et à travers le braconnage des espèces protégées. À Obenge, le village reculé où j’ai séjourné, on pouvait voir clairement à quel point l’exploitation commerciale de certaines espèces contribuait à la destruction de la forêt. Des espèces cruciales telles que les éléphants et les potamochères sont d’abord chassés hors d’une zone. Ces espèces causent de sérieux ennuis aux agriculteurs car ils déracinent et piétinent les cultures avec un enthousiasme implacable. En leur absence, les gens coupent plus d’arbres et plantent plus de champs, puis ils doivent avancer plus loin dans la forêt pour chasser. C’est comme ça que le processus se perpétue.
Mongabay: Vous avez rencontré des braconniers et des seigneurs de guerre pendant vos voyages. Comment se sont déroulées ces rencontres ?
Départ du colonel Thoms. Photographie réalisée par Roger Peet. |
Roger Peet: Pendant une bonne partie de ces dix dernières années, la principale autorité de fait dans la région du parc a été celle d’un homme appelé le colonel Thoms. Thoms vient d’un village de la région, et a acquis un certain pouvoir pendant la guerre et l’après-guerre en s’imposant comme l’individu le plus impitoyable et le mieux armé de la région. Il traitait les villages de la zone du parc comme des marchés à ciel ouvert, arrivant quand l’envie lui prenait pour se procurer tout ce qu’il voulait : des femmes, de l’alcool, de la nourriture, des porteurs et du divertissement. Il a violé de nombreuses femmes. Il humiliait les gens. Il chassait impitoyablement les éléphants pour leur ivoire et vendait leurs défenses, grâce à des contacts dans l’armée, à des intermédiaires qui les envoyaient ensuite en Chine, en Malaisie et au Vietnam. Puis lorsqu’il est devenu trop gênant pour l’ordre public à la fin des années 2000, il a été attiré jusqu’à Kinsangani, arrêté, accusé de viol, reconnu coupable puis condamné à la prison à perpétuité. Il a passé un an en prison avant de s’échapper, probablement avec l’aide de ses contacts dans l’armée, et il est retourné dans la forêt.
Pendant mon séjour au camp, l’équipe de foot des garçons d’Obenge est parti jouer un match à l’extérieur dans un village situé à environ deux jours de marche. Là-bas, ils ont rencontré Thoms, qui les a interrogés à propos de rapports qu’il avait reçus concernant le harcèlement de la population par les gardes du parc. Il avait entendu dire que les gardes volaient et menaçaient les gens. Par chance, l’équipe était escortée par un homme qui était un allié du projet de parc, et qui a prudemment ôté à Thoms cette idée. Thoms a répondu que dans ce cas, il viendrait à Obenge dans deux semaines pour avoir une discussion en tête-à-tête avec les travailleurs et les gardes du parc à propos de la situation. Personne n’a cru cette histoire lorsque l’équipe est revenue la raconter. Tout le monde pensait qu’il se tiendrait à distance d’un groupe d’agents lourdement armés travaillant pour l’État qui l’avait enfermé.
Environ dix jours plus tard, je me trouvais au bord de la rivière, en train de dessiner des singes, lorsqu’une pirogue est passée devant moi, transportant quatre personnes que je ne reconnaissais pas, et espacées étrangement le long de l’embarcation. Une autre pirogue est passé devant moi, plus proche cette fois-ci, et j’ai vu que certains des passagers portaient des fusils. Ne sachant pas vraiment quoi faire, je les ai salués d’un geste de la main, et le barbu qui se trouvait à la proue m’a chassé d’un revers de main en crachant. Je me suis dit : « Tiens, c’était peut-être le colonel Thoms. » Puis un travailleur du parc a descendu en courant les marches boueuses situées à l’extérieur de la palissade de bambous pour venir me dire, essoufflé, que les braconniers venaient d’arriver.
Ils sont restés deux jours, Thoms et deux déserteurs de l’armée nationale fuyant la guerre située à l’est, ainsi que quatre autres hommes et la femme de l’un des déserteurs. Six d’entre eux portaient des fusils automatiques, et un autre était équipé d’un arc et d’un carquois rempli de flèches empoisonnées. Je n’ai pas été autorisé à quitter le camp pour rencontrer Thoms au village, malgré mes tentatives. « Non, c’est un barbare. Tu restes ici », m’a-t-on dit.
« Le Processus ». Imprimé réalisé par Roger Peet. |
Thoms était venu défendre sa cause. Pendant deux jours de réunions, il a expliqué au Lieutenant et à Pablo et Maurice (les deux travailleurs les plus haut placés du projet TL2) qu’il voulait mettre fin aux rumeurs qui circulaient ici et là. Il a déclaré qu’il savait que certaines personnes falsifiaient sa signature sur des lettres de menaces glissées à l’intérieur du camp pendant la nuit, des lettres déclarant qu’il allait venir brûler le camp et tuer tout le monde s’ils refusaient de partir. Il a également dit savoir que les rapports qu’il avait reçus concernant le harcèlement causé par les gardes du parc étaient faux. Il a proposé une trêve : il resterait dans la forêt située au sud-est et au sud-ouest du camp, évitant la zone d’étude, et s’abstiendrait d’offrir son opposition au parc, mais il poursuivrait le braconnage des éléphants. Il a affirmé qu’il ne savait rien faire d’autre, et qu’il avait des enfants à nourrir et à envoyer à l’école. Il a promis de ne pas harceler les populations locales, et a demandé à ce que les deux groupes armés se saluent puis vaquent à leurs occupations s’ils venaient à se rencontrer dans la forêt. Les travailleurs du TL2 n’ont pas véritablement eu d’autre choix que d’accepter sa proposition. Thoms a également déclaré être au courant qu’un blanc se trouvait dans le camp. Il a dit ne jamais avoir rencontré de blanc, mais qu’il savait qu’ils possédaient des appareils qui pouvaient vous prendre en photo sans que vous le sachiez. Il ne savait pas ce qu’il ferait s’il en rencontrait un : peut-être qu’il le kidnapperait, a-t-il dit en riant. J’ai quand même eu l’occasion de lui dire au revoir lors de son départ le jour suivant. « Salut », nous sommes-nous dit en souriant, tandis que sa pirogue remontait lentement le fleuve.
Mongabay: Vous avez également constaté des tensions concernant le développement du parc. Pouvez-nous en dire plus ?
Roger Peet: Parmi les jeunes d’Obenge, beaucoup s’entendent sur le fait que le parc est une bonne idée. Certains des jeunes hommes apprennent à utiliser des unités GPS, à prendre des mesures, des photos, des notes de terrain, et à compiler toutes ces données pour qu’elles puissent être examinées et exploitées par les scientifiques. D’autres travaillent comme porteurs. Le repositionnement proposé pour Obenge sonne comme un rêve à leurs oreilles : de nouvelles maisons, une station de radiotélégraphie, et un emplacement plus proche d’une ville et d’un marché où les cultures peuvent être vendues et l’argent dépensé. L’ancienne génération est bien moins enthousiaste. Beaucoup d’entre eux se sont retrouvés à Obenge en raison de sa réputation de zone frontière hors-la-loi, où l’État est absent et les lois ne sont pas appliquées. Beaucoup d’entre eux fuient des passés sombres, des mauvais mariages, ou de graves erreurs. Il y a de la tension dans le village, et beaucoup de mauvais tours joués par des gens qui veulent voir le projet de parc échouer. Ça va de la sorcellerie aux lettres de menace, en passant par les rumeurs vicieuses et le sabotage. C’est assez intense. Le chef actuel a été nommé par le colonel Thoms, qui est venu au village destituer le chef précédent pour avoir commis le crime de confisquer des armes illégales aux villageois. Il a fait torturer l’ex-chef pendant une semaine au milieu du village. Le nouveau chef et sa famille sont donc à la botte de Thoms, tout comme le sont certains braconniers et vendeurs de viande de brousse. Le projet de parc, cependant, dispose d’un financement auquel ils n’ont pas accès, possède des ressources qu’ils n’ont pas et un objectif qui n’est pas le leur. C’est une situation compliquée, mais je pense que ce projet de parc peut réussir s’il parvient à vaincre la corruption dans les plus hautes sphères du gouvernement.
Mongabay: Comment votre expérience au Congo va-t-elle influencer vos futures œuvres ?
« Vu d’en haut ». Imprimé réalisé par Roger Peet.
Roger Peet: Je me trouve actuellement dans une résidence artistique dans l’est de l’Oregon, pour un séjour d’un mois où j’essaie d’incorporer dans mon art certaines des idées et des images que j’ai acquises au Congo. Il y a beaucoup de choses à synthétiser. La biologie doit être reliée à la politique, l’histoire à l’avenir, la persévérance au désespoir. J’ai des millions d’idées que je vais devoir impitoyablement trier au cours des quatre prochaines semaines ! Une idée avec laquelle je suis en train de jouer consiste à créer de grosses planches d’impression incorporant des éléments graphiques de la monnaie congolaise, venant à la fois des billets actuels mais aussi de ceux datant de la période belge et de l’ère Mobutu. La monnaie congolaise donne une large place à sa faune, donc cette idée permettrait de parler des problèmes auxquels la nature sauvage et les populations sont confrontées, à la fois dans le contexte congolais et celui de l’économie mondiale. Je travaille également sur une sorte de récit de mon voyage, en essayant d’introduire certains éléments de mon histoire familiale personnelle dans mes expériences : mon père était un pilote mercenaire travaillant pour la CIA au Congo pendant la période de l’après-indépendance, et il a aussi été pilote d’hélicoptère personnel de Mobutu pendant une courte période.
Je n’ai même pas abordé l’énorme avion écrasé que nous avons trouvé dans la forêt, une chose sur laquelle personne n’était tombé avant nous, cinq à dix ans après les faits. Il y a tellement d’histoires incroyables. C’est vraiment un endroit fantastique.
Rouge-gorge forestier. Photographie réalisée par Roger Peet.
Bonobo dans la zone TL2. Photographie réalisée par l’équipe TL2.
Scarabée (Chelorrhina polyphemus). Photographie réalisée par Roger Peet.
Éléphant de forêt et son petit pris par un piège photographique. Photographie réalisée par l’équipe TL2.
Papillon de nuit non identifié. Photographie réalisée par Roger Peet.
Cérémonie au Congo. Photographie réalisée par Roger Peet.
Lesula pris par un piège photographique. Photographie réalisée par l’équipe TL2.
Léopard pris par un piège photographique. Photographie réalisée par l’équipe TL2.
Découverte d’un avion écrasé dans la forêt. Photographie réalisée par Roger Peet.
Roger Peet travaillant sur une pierre tombale pour un garde-forestier emporté par la maladie. Photographie réalisée par Roger Peet.
Carte de la zone TL2.
Quelques espèces menacées de la zone TL2
Mangabey à crête noire (Lophocebus aterrimus), Quasi menacé
Bonobo (Pan paniscus), En danger
Paon du Congo (Afropavo congensis), Vulnérable
Éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis), regroupé avec l’éléphant de savane, Vulnérable
Hippopotame (Hippopotamus amphibius), Vulnérable
Léopard (Panthera pardus), Quasi menacé
Bongo des basses-terres (Tragelaphus eurycerus eurycerus), Quasi menacé
Okapi (Okapia johnstoni), Quasi menacé
Colobe rouge d’Afrique occidentale (Procolobus badius), En danger