La forêt équatoriale. Photographie réalisée par Rhett A. Butler.
L’Indonésie devrait prolonger ses deux années de moratoire sur les nouvelles concessions relatives aux 64,8 millions d’hectares de forêts et de tourbières jusqu’aux élections présidentielles de 2014, a déclaré le premier officiel du pays responsable des forêts.
Dans son communiqué de mercredi, le Ministre des Forêts M. Zulkifli Hasan a déclaré que le moratoire devrait se prolonger au-delà de mai 2013, date présumée de sa fin. Il a ajouté que d’après lui, le Président Susilo Bambang Yudhoyono donnerait son support à une extension vu que le moratoire joue un rôle central dans son programme de réduction de 26 % des émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici 2020. Le déboisement et la dégradation des forêts représentent plus des trois-quarts des émissions de gaz à effet de serre, mais les secteurs qui alimentent la majeure partie de ces émissions génèrent moins de 6% du PIB.
Le moratoire de l’Indonésie avait été incité par la promesse d’un milliard de dollars faite par la Norvège en 2010. Selon les termes de l’accord, la Norvège fournirait de l’argent à l’Indonésie en échange de réductions de déboisement documentées. A ce jour, la Norvège a distribué environ 30 millions de dollars dans le cadre de ce pacte, mais l’Indonésie n’a pas encore fourni de données fiables sur le déboisement pour 2011 ou 2012. Des témoins constatent que la réforme du secteur forestier de l’Indonésie est semée de défis: des niveaux de gestion et de réglementation discordants et chevauchants, de la corruption, une insuffisance de données sur l’utilisation actuelle des terres, une absence de régime foncier dans beaucoup de communautés et des droits acquis puissants.
La déclaration de M. Zulkifli s’est faite au moment où le Ministère des Forêts a annoncé la dernière révision de la carte descriptive des zones du moratoire. Cette carte est mise à jour tous les 6 mois avec des nouvelles informations basées sur une évaluation de terrain et une “harmonisation” entre les cartes du gouvernement central et celles du gouvernement local. Cette nouvelle révision réduit la superficie totale des zones du moratoire de 485.655 hectares, soit juste un peu moins d’1%. Le moratoire a étendu provisoirement la nouvelle protection à environ 14,5 millions d’hectares de forêts et tourbières lors de sa signature en mai 2011.
Mais l’appel de M. Zulkifli à une extension n’est pas populaire dans tous les cercles. Le “Jakarta Globe” rapporte que M. Romahurmuzy, le chef de file de la Chambre des députés de la Commission de Foresterie et d’Agriculture, demande que le moratoire prenne fin à sa date d’expiration d’origine.
“Le jeu n’en vaut pas la chandelle” a-t-il déclaré, et d’ajouter que le pays devrait plutôt se concentrer sur l’expansion de ses plantations d’huile de palme.
Greenpeace, quant à lui, a accueillit favorablement les remarques du Ministère des Forêts et a demandé un renforcement du moratoire.
“Pour pouvoir atteindre les objectifs fixés, il faut renforcer le moratoire très rapidement et y inclure une révision de tous les permis existants relatifs au défrichement des forêts ainsi qu’ une protection de toutes les tourbières et terrains forestiers secondaires” déclara M. Yuyun Indradi, le défenseur des forêts au compte de Greenpeace Indonésie.