Il existe deux sous-espèces de marsouins sans nageoire dorsale. L’une d’elles se trouve dans le fleuve Yang Tsé et l’autre au Japon, à Taïwan et en Corée du Sud. Celui-ci vient du deuxième endroit et a été photographié dans un aquarium au Japon. Photo de : Kenichi Nobusue.
Six ans après avoir déclaré le dauphin de Chine (Lipotes vexillifer), appelé aussi Baiji, « certainement éteint », un autre mammifère marin arrive aux limites de l’extinction dans le fleuve du Yang Tsé complètement dégradé. Selon le WWF, en moins de deux mois, 32 marsouins du Yang Tsé (Neophocaena asiaeorientalis asiaeorientalis), une sous-espèce du marsouin sans nageoire dorsale, ont été trouvé morts dans les lacs Dongting et Poyang.
Les marsouins souffrent des mêmes impacts que ceux qui ont poussé le baiji à l’extinction, tel que l’électropêche illégale, les chocs contre les hélices de bateaux, les poisons et probablement la pollution et les pénuries alimentaires dues au bas niveau de l’eau dû officiellement au changement climatique. Des autopsies montrent qu’au moins deux de ces animaux ont été tués par électropêche et par des hélices de bateaux.
« Cette tragédie montre bien que le marsouin du Yang Tsé doit surmonter d’énormes défis » a déclaré Lei Gan, chef du programme du centre du Yang Tsé du WWF Chine, dans un communiqué de presse. « La mort des marsouins illustre l’avenir incertain de ces créatures remarquables par manque de mesures efficaces pour que la détérioration écologique puisse faire machine arrière. Il nous faut donc agir immédiatement. »
Les chercheurs pensent qu’environ 1 000 marsouins du Yang Tsé survivent dans ce fleuve mais la population décline dramatiquement. Actuellement, l’UICN évalue cette sous-espèce pour voir si la situation justifie la classification de cette population comme étant en danger critique d’extinction.
Les constructions à vitesse grand V, dont une série de barrages, sans égard pour l’écologie du Yang Tsé, a laissé ce fleuve en pagaille. D’autres espèces sont également en train de disparaitre. Le Psephurus gladius, sans doute le plus grand poisson d’eau douce, est en danger critique d’extinction avec seulement deux poissons répertoriés depuis 2002. Les scientifiques ont peur que ce poisson soit bientôt complètement éteint, si ce n’est pas déjà fait, après une enquête menée en 2009 qui n’en n’a pas trouvé un seul. En outre, l’alligator de Chine (Alligator sinensis), l’esturgeon du Yang Tsé (Acipenser dabryanus) et la tortue Rafetus swinhoei sont tous en danger critique d’extinction.
Un nouveau projet hydroélectrique controversé, le barrage de Xiaonanhai, avance tout de même, malgré les inquiétudes, qui exterminera un certain nombre de poissons en danger qui ne peuvent être trouvé nul part ailleurs.
L’extinction imminente en masse d’espèces clés du Yang Tsé et la dégradation généralisée de l’environnement laissent les pêcheurs désemparés devant un fleuve autrefois abondant. Selon un rapport de 2007 de l’administration sur la protection de l’environnement chinois (SEPA), 30 % des affluents du Yang Tsé sont « sérieusement pollués » et 600 kilomètres de rivière sont dans des « conditions critiques ». Une telle dégradation a diminué la pêche annuelle de 77 pour cent entre les années 1950 et 1990. Le rapport du SEPA est pessimiste et considère les dégâts causés au Yang Tsé comme étant « pratiquement irréversibles ».
Malgré de tel défis, Le WWF et les autorités chinoises locales espèrent qu’il n’est pas trop tard pour sauver le marsouin du Yang Tsé. Le gouvernement local travaille sur un plan pour mieux régulariser la pêche et le trafic au sein de l’habitat du marsouin et les écologistes réfléchissent à la manière de déplacer certains de ces marsouins dans un écosystème plus sûr.
Barrage des Trois Gorges Le barrage extrêmement controversé a été terminé en 2006 et a dégradé l’écologie du Yang Tsé. Photo de : Bigstock.