La forêt tropicale sur la péninsule de Masoala, Madagascar, en octobre 2012. Masoala souffrait de l’exploitation répandue du bois de rose en 2009 et 2010.
Des négociants en bois à Madagascar continueraient à passer en contrebande du bois de rose illégalement coupé malgré une interdiction d’exportation officielle, selon un nouveau rapport par un chercheur malgache.
Le rapport, écrit par Hery Randriamalala et basé sur des coupures de presse, des manifestes de fret et des témoignages de première main, indique que les négociants sont en train de réduire de manière secrète les réserves de bois de rose accumulées pendant une frénésie d’exploitation illégale à la suite du coup d’État de 2009 qui déplaça le président malgache Marc Ravalomanana. Depuis des plages dans le nord-est de Madagascar, les rondins du bois de rose sont transportés par des petits bateaux à des “navires-mères” ancrés justement hors de vue. Autre approche implique la falsification des manifestes de fret, selon le rapport, qui raconte en détail un incident en avril où une entreprise chinoise d’exploitation étiquetèrent des conteneurs pleins de bois de rose comme contenant de l’ilménite.
Chargement des rondins de bois dur probablement coupé dans le parc national de Masoala, à Maroantsetra, Madagascar, en octobre 2009.
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Le rapport cite des noms, y compris deux négociants en bois de rose importants, Jean-Pierre Laisoa et Arland Ramialison, qui, selon l’auteur, sont les propriétaires des “navires-mères” qui portent le bois de rose en Chine, le marché primaire pour le bois de rose de Madagascar. Il prétend aussi qu’il y a un rapport entre la contrebande du bois de rose et un conseiller clé de Andry Rajoelina, le président de la Haute Autorité de transition de Madagascar, qui s’empara du pouvoir après le coup d’État de 2009. Il remarque que le conseiller, Mamy Ravatomanga, est le chef de SODIAT, la société de transport maritime impliquée dans le cas de l’ilménite.
“En déclarant ‘ilménite’ sur les manifestes, les conteneurs échappent l’examen par les autorités de douane à Toamasina,” dit le rapport. “Ce système est appelé le ‘chemin jaune’ parce qu’il semble être consacré à l’approvisionnement aux opérateurs chinois. Cette voie rapide était opérationnelle en novembre 2011, avec des commandes issues directement du chef des douanes… L’opération prospère du ‘chemin jaune’ a besoin de beaucoup de complices à plusieurs niveaux dans l’Administration.”
Le rapport de Randriamalala ajoute qu’au début de cette année une entreprise basée en Chine proposa d’acheter les réserves entières du bois de rose de Madagascar. La proposition serait débattue pendant une réunion en avril 2012 au capital malgache, Antananarivo, à laquelle plusieurs fonctionnaires importants assistèrent, y compris Rajoelina.
Le rapport conclut en conjecturant que “le bois de rose financerait la prochaine campagne électorale de l’un des candidats à la présidence”.
Pendant une visite récente à Madagascar, Mongabay.com ne pouvait pas évaluer indépendamment la validité des affirmations du rapport. Cependant Randriamalala a auparavant publié des exposés sur le commerce en bois de rose à Madagascar, y compris une vue d’ensemble compréhensive dans le journal Madagascar Conservation & Development.
L’abattage du bois de rose et l’ébène a eu un effet particulièrement nuisible sur les forêts tropicales déjà compromises de Madagascar. En 2009 et 2010 des bûcherons envahissaient un nombre des parcs de forêt tropicale les plus riches en biodiversité de Madagascar, pour extraire du bois, chasser la faune sauvage, et menacer des travailleurs en préservation et les communautés locales. L’abattage a depuis été lié à une hausse dans le commerce du gibier des lémuriens.
CITATION: Hery Randriamalala. Madagascar Rosewood: Ongoing, covert exporting: one of the Malagasy president’s close advisors is involved. October 2012.