L’embâcle de bois sur la rivière Rajang au Sarawak en octobre 2010. L’embâcle de bois long de 50 km s’est formé en aval d’une zone exploitée par WTK group, un client de HSBC.
Un nouveau rapport explosif de Global Witness affirme que HSBC aurait empoché des dizaines de millions grâce au financement de la destruction de forêts tropicales et l’invasion de terres indigènes dans l’État malaisien du Sarawak, sur l’île de Bornéo.
Le rapport intitulé In the Future There Will Be No Forests Left (« Il n’y aura plus de forêts dans le futur ») déclare que HSBC a transgressé ses propres politiques de développement durable en fournissant un service financier aux entreprises responsables de la déforestation à grande échelle et « largement suspectées de fraude et de corruption ». Global Witness estime le bénéfice d’HSBC à 130 millions de dollars de frais et intérêts sur les prêts à ces entreprises.
« HSBC a financé certaines des pires entreprises d’exploitations forestières au monde. Dans certains cas, la banque les a même aidées au lancement grâce à des prêts commerciaux. La destruction que ces entreprises ont causée n’aurait simplement pas été possible sans les services et le soutien de la banque, » a établi Tom Picken, directeur de campagne Forêts chez Global Witness.
Le rapport souligne que les activités d’HSBC pourraient avoir violé les règlementations internationales concernant la lutte contre le blanchiment d’argent. Plusieurs clients de HSBC sont « en étroite relation » avec le premier ministre du Sarawak, Abdul Taib Mahmud, qui fait actuellement l’objet d’une enquête pour corruption, menée par les autorités malaisiennes. Selon les investigations conduites par Bruno-Manser-Fonds, ONG pour l’environnement, la procédure de divorce entre le fils de Taib et son ex-femme a mis en lumière l’étendue des possessions de la famille estimées à plus de 20 milliards de dollars. Global Witness ajoute que l’organisation « a également obtenu des preuves solides confirmant que Taib et les membres de sa famille sont impliqués dans un système de corruption généralisée et de blanchiment d’argent. »
Routes de l’exploitation forestière et forêt endommagée à Sarawak en comparaison avec la forêt saine du Brunei. Photo de Google Earth
Le rapport détaille la transgression par quatre clients actuels de la HSBC au Sarawak de la politique forestière adoptée en 2004 par HSBC, qui « exige que la banque abandonne les clients n’ayant pas une probabilité crédible d’obtenir 70 pour cent de leurs opérations certifiées par le Forest Stewardship Council (FSC) ou organisme équivalent avant 2009 ». Selon une déclaration de Global Witness, « parmi les clients forestiers de la HSBC à Sarawak interrogés par Global Witness, aucun ne détient ledit certificat FSC. »
Global Witness a critiqué les manquements évidents de la part de HSBC, qui traditionnellement vante son engagement social et environnemental.
« En 2004, HSBC a mis en place des politiques forestières internationales progressistes visant à éviter précisément ce genre de relations commerciales pour faire de la banque un leadeur sur le marché en matière de durabilité, » a déclaré Pickens. « La société a continuellement exploité ces engagements en public, mais a toutefois échoué concernant leur mise en pratique. La banque devrait admettre ses erreurs, abandonner ces clients immédiatement et dédommager les victimes pour le désordre dont elle est en partie responsable. »
L’embâcle de bois sur la rivière Rajang. Photo de Hornbill Unleashed |
Contactée par le magazine The Economist pour donner sa version après la publication du rapport, HSBC « a refusé de discuter de ses clients pour des raisons de confidentialité ». La banque a cependant affirmé qu’« il n’est “pas exact” de dire que ses clients sont en violation de sa politique sur les territoires et produits forestiers. »
The Economist a ajouté que la somme prêtée par HSBC à ses clients exploitants forestiers au Sarawak n’était pas certaine, mais que « son implication continue, même limitée, permettait aux sociétés d’exploitation forestière de s’attribuer des titres qu’elles ne méritaient pas. » Par exemple, Ta Ann group, qui est accusé de couper à blanc l’habitat de l’orang-outan en danger critique d’extinction au « cœur de Bornéo », fait la publicité de son certificat de « politique forestière attribué par HSBC », alors que la banque HSBC ne délivre pas de tels certificats.
Rob Sherman de HSBC New York City a déclaré à Mongabay.com que la banque avait commencé à « mettre fin » aux relations avec les client ne respectant pas ses engagements forestiers de 2004.
« HSBC reste engagée pour une banque durable. Nous avons une politique forestière depuis 2004 et nous utilisons des contrôles indépendants pour vérifier que nos clients la respectent. Parmi nos clients du secteur forestier, 99 % sont en conformité ou presque à notre politique. Nous avons commencé à mettre fin aux relations avec le 1 % restant. »
Sherman a également mis en valeur une déclaration publiée par HSBC Global qui affirme que Global Witness aurait déformé la notion de respect de cette politique de la part de ses clients.
« Bref, il n’est pas correct de déclarer que les clients de HSBC sont en violation de la politique de HSBC sur les territoires et produits forestiers, » a-t-il déclaré.
Note de l’éditeur : cette histoire a été mise à jour avec les commentaires de HSBC Amérique du Nord environ 40 minutes après sa publication initiale.