Nouvelles de l'environnement

Des photographies révèlent la destruction de la forêt équatoriale camerounaise au profit de l’huile de palme

Clearing of trees in a concession area of Herakles Farm’s area for a palm oil plantation. Greenpeace says these clearings are illegal since Herakles' lease has not been given final approval. Herakles Farm did not respond to request for comment. Photo: © Greenpeace/Alex Yallop.
Abattage d’arbres dans une zone concédée à Herakles Farms pour la plantation de palmiers à huile. Selon Greenpeace, ces abattages sont illégaux car le bail d’Herakles n’a pas été définitivement approuvé. Herakles Farms n’a pas souhaité faire de commentaire. Photographie réalisée par Alex Yallop pour Greenpeace.


Les photographies récemment publiées par Greenpeace montrent une destruction spectaculaire de la forêt tropicale camerounaise pour établir une plantation de palmiers à huile gérée par SG Sustainable Oils Cameroon (SGSOC), une filiale de la compagnie américaine Herakles Farms. Cette société agricole prévoit de convertir en plantations de palmiers à huile 73 000 hectares situés en bordure de plusieurs zones protégées, mais elle s’est heurtée à une vive opposition de la part d’environnementalistes. En plus de ces photos aériennes, Greenpeace soutient que les abattages de forêt réalisés par Herakles sont illégaux, car le bail de 99 ans accordé à la société n’a pas encore été intégralement approuvé par le gouvernement camerounais.



« Tout projet industriel de grande envergure mené dans une zone qui est l’un des plus importants bassins versants d’Afrique subsaharienne, situé dans l’un des plus importants foyers de biodiversité du continent africain, est totalement inapproprié », a déclaré Frédéric Amiel, chargé de campagne pour la défense des forêts à Greenpeace, dans un communiqué de presse.



La plantation est située au milieu de quatre zones protégées, dont le Parc national de Korup, qui abrite environ 200 espèces de reptiles et d’amphibiens, 400 espèces d’oiseaux et 160 espèces de mammifères, incluant un groupe de primates parmi les plus diversifiés jamais découverts. Le choix de cet emplacement à conduit l’année dernière 80 groupes de la fonction publique à rédiger une lettre exprimant leurs inquiétudes quant aux impacts de ce projet sur la forêt, les espèces migrantes et les populations locales.



En réponse à cette lettre ainsi qu’à d’autres critiques, Herakles Farms a promis de respecter scrupuleusement les normes environnementales et sociales. Son directeur, Bruce Wrobel, est allé jusqu’à qualifier les membres de son équipe « d’environnementalistes ». Le projet s’est néanmoins enlisé dans la controverse lorsque les communautés locales ont commencé à le contester, et que la société a annoncé qu’elle se retirait de la table ronde sur la production durable d’huile de palme (RSPO), qui fixe les normes environnementales de base pour l’industrie. Plus récemment, Nasako Besingi, président d’une ONG s’opposant farouchement à la plantation, a été arrêté avec trois autres personnes par la police nationale. Ils ont été libérés quatre jours plus tard, après que les communautés locales se soient portées caution.



Un des aspects les plus inhabituels de cette affaire est que Herakles Farms a décidé de céder plus de 6 800 hectares à All for Africa, une organisation caritative dirigée elle aussi par Bruce Wrobel, le directeur de Herakles Farms. Dans le cadre de sa campagne « Palm Out Poverty » (sortir de la pauvreté grâce aux palmiers), les recettes de cette plantation financeront des projets de développement communautaire dans toute l’Afrique. Sur son site Internet, All for Africa demande aux donateurs de financer les palmiers à huile, mais omet de mentionner que la plantation « durable » se fait au détriment de la forêt tropicale et que certaines communautés s’y opposent.



Le site Internet va même jusqu’à déclarer que ses palmiers à huile « absorberont plus de 12 000 tonnes de dioxyde de carbone chaque année. » Cependant, puisque la plantation est réalisée aux dépens des forêts naturelles, elle libérera en réalité du carbone dans l’atmosphère. All for Africa avait déclaré qu’elle retirerait ce langage de son site Internet l’année dernière.



Greenpeace a appelé le gouvernement camerounais à annuler le projet et à mettre en place de nouvelles normes pour l’attribution des terres et la production d’huile de palme dans le pays.



« La plantation Herakles Farms doit être stoppée sans conditions », a conclu Frédéric Amiel.



Herakles Farms n’a fait aucun commentaire, mais a affirmé par le passé qu’elle ne toucherait pas aux forêts à haute valeur pour la conservation (FHVC). La société a également déclaré que le projet créerait des emplois et des sources de revenus pour les habitants de la région.






Oil palm nursery in a Herakles Farm’s concession area. Last year Herakles Farms said it had permission to set up three nurseries covering 100 hectares even before producing a Social and Environmental Impact Assessment (SEIA). Photo: © Greenpeace/Alex Yallop.
Pépinière de palmiers à huile dans une des concessions d’Herakles Farms. L’année dernière, la société a déclaré avoir reçu la permission d’installer trois pépinières couvrant 100 hectares avant même d’avoir fourni une étude d’impact environnemental et social (EIES). Photographie réalisée par Alex Yallop pour Greenpeace.






Rainforest in the concession area. In the past, Herakles stated it would not clear High Conservation Value Forest (HCVF). Photo: © Greenpeace/Alex Yallop.
Forêt équatoriale dans la zone concédée. Par le passé, Herakles a déclaré qu’elle n’abattrait pas de forêt à haute valeur pour la conservation (FHVC). Photographie réalisée par Alex Yallop pour Greenpeace.






Construction equipment in forest cleared by Herakles Farms. Photo: © Greenpeace/Alex Yallop.
Équipement de construction dans la forêt rasée par Herakles Farms. Photographie réalisée par Alex Yallop pour Greenpeace.






Forest and river in Herakles' concession area. Photo: © Greenpeace/Alex Yallop.
Forêt et rivière dans la zone concédée à Herakles. Photographie réalisée par Alex Yallop pour Greenpeace.






An open letter from Bruce Wrobel



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