Le bandana de Roger Peet pour promouvoir la conservation et l’identification de la faune en République démocratique du Congo (RDC). Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
L’artiste américain Roger Peet – membre de la coopérative d’artistes Justseeds, connu pour ses gravures d’espèces en voie de disparition – se rend en République démocratique du Congo (RDC) pour aider à recenser une nouvelle zone protégée, le parc national de Lomami. Il emmènera avec lui 400 bandanas représentant de superbes images de la faune en danger du parc. M. Peet espère que les bandanas, qu’il distribuera gratuitement aux populations locales, favoriseront non seulement le soutien et la sensibilisation au parc récemment créé, mais aidera aussi les populations locales à reconnaitre les espèces en danger.
Etant donné que la RDC est un des pays les plus pauvres du monde, M. Peet a déclaré que les bandanas, qui peuvent être utilisés de plusieurs façons différentes, constitueront un excellent moyen de promouvoir la conservation et renforcer la fierté des habitants à l’égard de leur faune riche et magnifique. Mongabay.com a récemment interviewé M. Peet, qui vient de lancer une campagne Kickstarter pour financer le projet, à propos de son idée innovante d’utiliser les bandanas comme outil de conservation et de son voyage en RDC.
INTERVIEW DE ROGER PEET
Mongabay: Parlez-nous de votre projet de conservation ?
Roger Peet: C’est un projet qui a pour objectif de créer un outil utile d’identification pour un nouveau parc national en République démocratique du Congo. Mon travail consiste à réaliser un dessin à l’encre de l’ensemble des espèces protégées qui sont abritées dans le parc, et de le scanner sur une pile de bandanas de couleurs vives.
Mongabay: Pourquoi un bandana ?
Roger Peet: Pensez aux affiches de Smokey Bear que le service des parcs nationaux produit aux Etats-Unis. Un bandana est très différent d’une affiche. La seule chose que vous pouvez faire avec une affiche c’est l’accrocher au mur, alors qu’un bandana a de multiples usages : vous pouvez le porter, vous pouvez en envelopper votre enfant, vous pouvez transporter quelque chose dedans, et quand vous l’avez lavé, vous pouvez le faire sécher sur un fil, et ce qui est imprimé dessus est visible par toutes les personnes qui passent à proximité. C’est une source d’information durable et approprié à un environnement hautement rural. J’ai aussi voulu le faire joli.
Mongabay: Comment envisagez-vous que ces bandanas fassent la promotion de la conservation en République démocratique du Congo ?
Roger Peet: Je vais les distribuer aux personnes qui vivent dans la région du nouveau parc de Lomami. Mon espoir est qu’ils aident à promouvoir les valeurs du parc au sein des populations environnantes, et qu’ils servent à rappeler que certaines espèces, dont quelques unes sont chassées pour leur viande, sont protégées dans l’enceinte du parc. Comme les bandanas sont des objets de la vie courante, j’espère que le message qu’ils portent aura un pouvoir plus durable et une gamme de transmission plus large que quelque chose de moins fonctionnel.
Mongabay: Vous allez bientôt vous rendre dans la forêt tropicale de RDC. Qu’y ferez-vous ?
Roger Peet: Je ferai du bénévolat avec une équipe de scientifiques congolais et américains, dirigée par les docteurs John et Terese Hart. Nous allons recenser et répertorier les espèces présentes dans le parc et dans une zone tampon autour de celui-ci, dans laquelle la chasse sera autorisée. Nous allons aussi surveiller le braconnage dans le parc et les zones environnantes. J’espère pouvoir faire beaucoup de croquis et de gravures de la biodiversité du parc. Même si je suis très passionné par tout ce qui est sauvage, je suis complètement fou d’insectes, donc je suis très impatient de découvrir tous les nouveaux insectes et autres arthropodes que j’espère voir là-bas.
Mongabay: Que pouvez-vous nous dire sur le parc de Lomami ?
Roger Peet: Le parc est situé à l’est de la République démocratique du Congo, dans la province de Maniema, près de la ville de Kindu. Il comprend une large zone de forêt tropicale de basse altitude, traversée par trois rivières, la Lomami, la Tshuapa et le Lualaba. L’est de la RDC a été victime de déforestations massives, de destruction de l’habitat naturel et d’une perte de la biodiversité importante au cours des 40 dernières années ; et le parc de Lomami est une des régions en déclin où les ravages de la guerre et des secteurs miniers, d’exploitation du bois et de la chasse de viande de brousse n’ont pas été aussi durement ressentis. C’est une forêt incroyable, qui abrite un nombre vertigineux d’espèces, comme le chimpanzé bonobo, le petit singe aux nombreux partenaires sexuels, qui est un de nos plus proches parents.
Ce qui est très important à propos du parc, c’est la façon dont il a été mis en place : il a été créé à partir de rien, à l’aide de la participation active des personnes qui vivent dans les environs. Contrairement à ce qui se produit normalement, ce sont les populations locales environnantes qui se sont mises d’accord sur sa création, et le processus d’approbation a monté les échelons à partir de là. Je pense que c’est vraiment une bonne façon de contribuer à l’engagement en faveur de l’intégrité du parc. Si les populations touchées par la mise en place de ce parc font partie intégrante du processus, il est davantage probable qu’elles développent un sentiment de propriété et de fierté concernant un endroit qui est un des joyaux du monde.
Mongabay: Comment est-ce que l’on peut soutenir votre projet ?
Roger Peet: En donnant à ma campagne Kickstarter. Je finance ma participation à ce projet avec mes fonds personnels, et chaque donation aide. J’offre des bandanas comme récompense à votre participation à la campagne kickstarter, ainsi que d’autres objets artistiques liés à la conservation. Les gens devraient aussi jeter un coup d’œil au blog géré par les Harts, qui détaille leur travail sur le projet du parc et contient une richesse d’informations et de magnifiques photos.