Eléphants africains au bord de la rivière Chobe au Botswana. Photo Tiffany Roufs.
Le mois dernier, dix nations africaines, sous la houlette du Botswana, se sont engagées à intégrer « la valeur du capital nature » dans l’économie de leur pays. Le capital nature, qui mesure la valeur économique des services rendus par les écosystèmes et la biodiversité (par exemple, la pollinisation, la pureté de l’eau, et la photosynthèse), est une notion récente mais de plus en plus acceptée, qui encourage à réduire la destruction de l’environnement tout en maintenant un développement durable. L’accord, intitulé la Déclaration de Gaborone, a été signé après un sommet de deux jours par les pays suivants : Botswana, Libéria, Namibie, Mozambique, Rwanda, Gabon, Ghana, Kenya, Afrique du Sud, et Tanzanie.
« Nous sortons de ce Sommet en nous engageant fermement et vigoureusement à mettre en pratique les idées échangées durant les débats, et à appliquer les principes énoncés dans la Déclaration de Gaborone non seulement à l’échelle du continent africain, mais aussi mondiale », a affirmé le président du
Botswana, Ian Khama, à la clôture du Sommet. La signature du document a eu lieu moins d’un mois avant le Sommet de Rio+20 sur le Développement durable, marquant la vingtième année depuis le sommet historique de Rio en 1992.
La Déclaration de Gaborone stipule que « le modèle traditionnel d’exploitation des ressources naturelles a échoué dans la croissance durable, l’intégrité écologique, et l’amélioration du capital social ». Constatant que la destruction des écosystèmes représente une menace pour les peuples et le développement de l’Afrique, les dirigeants politiques s’engagent à protéger les écosystèmes et la biodiversité contre la « surexploitation et la dégradation de l’environnement ».
Pour atteindre leurs objectifs, les gouvernements promettent d’incorporer le capital nature « dans les finances nationales et la gestion des entreprises ». De plus, les dix pays dans leur totalité promettent d’amorcer la transition des principaux secteurs d’activités (agriculture, pêche, sylviculture et exploitation minière) vers des pratiques durables, ainsi que de restaurer les écosystèmes endommagés.
« Nous avons réussi à démontrer qu’il est important d’attribuer une valeur au capital nature et nous avons obtenu des dix plus grandes nations africaines la promesse d’en tenir compte dans l’exploitation de leurs terres, pour le bénéfice de leurs peuples, » a déclaré dans un communiqué de presse Peter Seligman, directeur de Conservation International et l’un des hôtes du sommet.
Cependant, il convient de noter que l’engagement du respect des principes de la déclaration ne fait l’objet d’aucune contrainte juridique.
Le président Khama aborde ainsi la question: « Cette rencontre ne servira à rien si nous échouons à atteindre les objectifs qui sont au cœur de ce Sommet, autrement dit, à incorporer la valeur du capital nature dans les finances du pays et la gestion des entreprises. Nous devons continuer à accroître le capital social et à réduire la pauvreté en orientant l’agriculture et les industries minières vers des pratiques qui stimulent l’emploi durable et la protection du capital nature ».
Cependant Seligman considère que la Déclaration de Gaborone est « un grand pas en avant ».
« C’est un exemple à suivre pour le reste du monde, nous l’affirmerons haut et fort au Sommet de Rio ».