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2600 scientifiques le proclament : le changement climatique détruit les récifs coralliens

Purple coral off the coast of Maui, Hawaii. Photo by: Rhett A. Butler.
Corail violet au large de l’île de Maui, à Hawaii. Photo de Rhett A. Butler.


Témoignant de leur inquiétude comme jamais auparavant, 2 600 spécialistes internationaux des sciences marines (le chiffre ne cesse d’augmenter) ont diffusé un communiqué unanime sur le changement climatique et les récifs coralliens (Consensus Statement on Climate Change and Coral Reefs) qui tire la sonnette d’alarme sur l’état des récifs de la planète. Ceux-ci se dégradent continuellement à cause du réchauffement de la planète et de l’acidification des océans, tous deux provoqués par les émissions de gaz à effet de serre. Le communiqué a été émis lors du douzième symposium international sur les récifs coralliens.



« L’élévation du niveau des mers, la violence accrue des tempêtes, des changements liés à la pollution de l’air et de l’eau – tout cela pèse sur les récifs de corail », a déclaré dans un communiqué de presse Steve Palumbi, organisateur en chef du communiqué et membre du Centre pour les solutions océaniques (Center for Ocean Solutions). « Au moins un quart des récifs coralliens de la planète ont été endommagés. Étant donné l’origine planétaire du changement climatique, seul un effort international peut enrayer ce phénomène. »



La hausse des températures océaniques a occasionné des blanchissements coralliens sans précédent. Cette perte de pigmentation est due à l’expulsion des zooxanthelles symbiotiques et peut conduire à un grave affaiblissement des récifs voire à la mort en masse des coraux. En outre, l’acidification des océans, provoquée par un excès de carbone dans l’océan, fait diminuer le taux le carbonate de calcium et les coraux, les mollusques marins et même certains planctons ont besoin de carbonate de calcium pour survivre. Une étude récente a démontré que l’acidification des océans progressait à un rythme non observé depuis 300 millions d’années, une tendance qui pourrait mener non seulement à la détérioration progressive des coraux mais également à l’extinction de nombreuses espèces océaniques.



Selon le communiqué, « la communauté scientifique internationale spécialiste des récifs coralliens (Coral Reef Science Community) demande à tous les gouvernements de prendre des mesures globales pour préserver les récifs de corail, c’est-à-dire de réduire les émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre et d’améliorer la protection des récifs au niveau local. » Si les gouvernements négocient depuis des décennies afin d’aboutir à un accord sur le changement climatique, les émissions de gaz à effet de serre augmentent globalement. En l’absence d’une action concertée, les températures moyennes enregistrées dans le monde continueront de grimper ; d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), elles augmenteraient de six degrés Celsius (soit onze degrés Fahrenheit) d’ici 2100. Fondamentalement, cela mènerait à une catastrophe climatique au cours de laquelle les températures les plus élevées depuis 50 millions d’années seraient observées.



Terry Hughes, directeur du Centre d’excellence sur l’étude des massifs coralliens (ARC Centre of Excellence for Coral Reef Studies), s’est fait l’écho des avertissements de l’AIE : « Nous avons une certaine marge de manœuvre pour enrayer le changement climatique, mais elle disparaît rapidement. »



Le communiqué signale aussi que le réchauffement climatique n’est pas la seule action humaine se répercutant sur les récifs coralliens. Ceux-ci souffrent également de la surpêche, de la destruction des habitats et de la pollution.



La responsable de l’Administration américaine des océans et de l’atmosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration), Jane Lubchenco, s’est exprimée sur la question lors d’une conférence. « Le monde, ses récifs coralliens et les millions de personnes qui dépendent de ces coraux réclament davantage de mesures audacieuses. Utilisant pour parler du changement climatique des termes forts peu habituels de la part de l’administration Obama,



Lubchenco a souligné qu’en 50 ans 95% des récifs de corail de la planète pourraient être victimes du blanchissement corallien. En outre, l’acidification des océans, qu’elle a qualifiée de « jumeau maléfique du changement climatique », pose selon elle « une menace sérieuse à l’encontre de la plupart des coraux ».



Des chercheurs ont estimé que les récifs coralliens fournissaient des services écosystémiques à hauteur de 170 à 375 milliards de dollars. De nombreuses communautés ont besoin des récifs coralliens pour assurer leur sécurité alimentaire, pour se protéger des tempêtes et de l’érosion ainsi que pour maintenir le tourisme. Les coraux représentent également l’écosystème océanique le plus riche en biodiversité. Ils abritent en effet près d’un quart des espèces marines du monde.


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