Une équipe de scientifiques a élaboré les premières cartes haute résolution des forêts éloignées malgaches. Cette initiative qui est rapportée dans le journal Carbon Balance and Management aidera à enregistrer de manière plus exacte la quantité de carbone emmagasiné dans les forêts malgaches, ce qui pourrait ainsi donner à ce pays pauvre un accès au financement carbone dans le cadre du programme proposé REDD (Réduire les émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts).
L’étude a été menée par Greg Asner du Département d’Ecologie mondiale de l’Institut Carnegie dont l’équipe a développé des détecteurs avancés, lesquels fournissent des données sur le carbone et la biodiversité à des milliers de pieds au-dessus de la canopée forestière. La fondation GoodPlanet et le Fonds mondial pour la Nature (WWF) ont aussi participé au projet et cartographié 2,4 millions d’hectares (soit 9160 miles carrés) via tout à la fois des données de terrain, des détecteurs aériens et de l’imagerie satellite.
Pour tester les diverses technologies, les scientifiques ont cartographié deux régions radicalement différentes: les forêts tropicales humides du Nord du pays et une zone incluant la forêt “épineuse” et désertique du Sud. Ils ont pu quantifier les quantités de carbone au travers des multiples écosystèmes et des divers types de végétation.
Régions étudiées à Madagascar: 659 592 ha au Nord et 1 713088 ha au Sud. Photos publiées avec l’aimable autorisation d’Asner et al. |
Exemple de cartographie LiDAR des quantités de carbone au-dessus du sol mettant en lumière: (A) les effets de la déforestation sur les forêts humides et basses de la région nord et (B) un naturel gradient d’altitude et d’eau disponible pour les plantes des forêts sèches à basses canopées dans les plaines jusqu’aux forêts humides montagneuses. |
“Nous avons constaté que les forêts montagneuses humides possédaient les densités de carbone les plus élevées alors que dans les forêts sèches et les plaines où l’activité humaine se trouve être plus importante, il y avait moins de carbone “ a indiqué Asner dans une déclaration préparée à l’avance. “En dépit de la large activité humaine, nous avons constaté que de forts et larges contrôles naturels s’exerçaient sur les quantités de carbone par les terrains et les couvertures végétales en fonction de leur type.”
Sans surprise, l’étude a constaté que les niveaux les plus élevés de carbone se trouvaient dans les forêts de croissance lente ayant récemment été prises pour cible par les bûcherons illégaux à la recherche de bois de feuillus précieux tels que l’ébène et le bois de rose. Les forêts qui ont repoussé ont emmagasiné des quantités variables de carbone.
Asner dit que les résultats montrent que les quantités de carbone peuvent être quantifiées à distance rapidement et de manière précise, une fois calibrées avec le travail de terrain.
“Ces résultats démontrent que nous pouvons obtenir des estimations de carbone vérifiables dans des régions tropicales éloignées, ce qui sera une aide non seulement pour la science et la conservation mais aussi pour les potentiels programmes de compensation carbone,” a-t-il ajouté.
Madagascar a pour l’heure plusieurs projets pilotes REDD qui visent à inciter économiquement à laisser vivre les forêts. L’un de ces projets est mené par GoodPlanet et la WWF de Madagascar en partenariat avec Air France.
Densité de carbone au-dessus du sol (ACD) dans les régions Nord (A) et Sud (B) de Madagascar. La densité moyenne de carbone au-dessus du sol reflète la valeur médiane d’une classe d’habitat couverte et mesurée par le système LiDAR. Les zones noires sont des zones non observées ou des étendues d’eau. |
CITATION: Asner et al.: Human and environmental controls over aboveground carbon storage in Madagascar. (Contrôles humains et environnementaux des quantités de carbone emmagasiné au-dessus du sol à Madagascar) Carbon Balance and Management 2012 7:2.