Le gouvernement de transition de Madagascar a levé le mois dernier l’interdiction sur les exportations de bois de rose, d’ébène et autres bois précieux mais, selon des sources locales, cette décision est à présent réexaminée en raison d’inquiétudes relatives à la domination étrangère sur ce commerce. Les écologistes sont néanmoins inquiets de ce qu’un relâchement des restrictions sur le bois de croissance lente pourrait déclencher une autre frénésie d’abattage de bois dans les parcs de forêts tropicales du pays, lesquels sont réputés pour leur biodiversité.
Le 18 janvier, le Ministre de l’Environnement et des Forêts de Madagascar a autorisé de nouveau l’exportation de “toutes les catégories de produits naturels et de base issus de la forêt” pourvu qu’un commerçant puisse prouver leur origine. Mais vu la facilité avec laquelle on se procure des certificats d’origine à Madagascar, ce décret ouvre potentiellement la porte à des exportations à grande échelle de bois interdites dans un décret publié en août dernier. Celui-ci interdisait l’abattage, le transport, l’exploitation et l’exportation du bois de rose et de l’ébène et annulait par ailleurs tous les accords d’exportation existants.
Mais selon des sources locales, ce nouvel arrêté est à présent réexaminé. Le commerce de bois de rose de Madagascar est dominé par des négociants étrangers et un petit groupe de barons locaux généralement qualifiés de “mafia du bois”, ce qui accroît le ressentiment. Il existe aussi une considérable pression de la part des défenseurs de la Nature et de l’industrie du tourisme qui craignent qu’une reprise de l’abattage du bois ne nuise davantage à l’environnement et n’affaiblisse l’industrie touristique du pays qui est basée sur la Nature.
“L’arrêté publié par le Ministère de l’Environnement et des Forêts a mis en émoi la communauté environnementale car cela contredit les discussions en cours et en particulier celles concernant la situation de l’abattage de bois illégal,” a déclaré à mongabay.com Richard Hughes, représentant régional de WWF Madagascar et de Western Indian. “Cela survient à un moment malheureux, celui où le gouvernement cherche une crédibilité interne et externe car, s’il n’est pas rectifié, cela pourrait affaiblir la confiance externe dans le gouvernement.”
“Le problème,” selon Hughes, “soulève en partie des inquiétudes parce que l’arrêté, tel qu’il a été rédigé, touche différentes questions sensibles comme celle de l’abattage de bois illégal tout comme d’autres aspects de la gestion des forêts, en particulier le commerce de bois brut ou partiellement traité tout autant que celui du charbon de bois qui avaient été précédemment interdits.” “Selon la première révision juridique des conseillers juridiques externes, des irrégularités apparaissent dans la formulation de l’arrêté et une seconde révision juridique est en train d’être rapidement menée en vue d’une nouvelle soumission au Ministère. Un certain nombre d’institutions concernées travaillent activement sur cette question et réclament du Ministère une suppression de cet arrêté.”
Le commerce de bois de rose et d’ébène de Madagascar a fait beaucoup de dégâts sur les forêts qui offraient la plus grande biodiversité, à savoir les forêts tropicales de croissance lente du nord-est du pays. Leur abattage cause d’importants dommages collatéraux à la forêt environnante et s’est ajouté au commerce de viande de brousse en expansion, les lémuriens et d’autres espèces en danger étant braconnés pour être vendus à des restaurants. L’abattage de bois illégal a par ailleurs encouragé les conflits sociaux en certaines zones.
L’abattage de bois illégal a empiré à la suite du coup d’Etat de 2009 qui en a chassé le chef démocratiquement élu, Marc Ravalomanana.